J'ai l'impression de fouler le sol du bistrot à chaque fois que je suis torturé. Que quelque chose me dérange. Aujourd'hui, tout s'accumule. J'ai l'air ridicule de m’apitoyer de cette façon. Ce n'est qu'un jeu. Ce ne sont que des nominations. Et ce n'est qu'une fille. Pourtant, j'ai le coeur au bord des lèvres. J'ai l'estomac et la gorge noués. J'ai envie de m'enfuir, d'effacer tout ça. J'ai envie d'arracher chacun des sentiments que je ressens pour elle. J'ai l'impression d'avoir été trahit. Je comprends qu'elle puisse sauver sa partenaire à mon détriment. Mais ça me vexe. Raphael lui au moins.. Je m'assieds sur le comptoir et j'attrape une bouteille, n'importe laquelle, du scotch, je crois. J'en avale une longue gorgée, sans prendre la peine de soulager ma gorge qui se brûle sous l'alcool fort. J'ai juste envie de m'évader un peu. De partir loin de ce nid d'amour, amour mon cul, ouais. Je comprends maintenant que l'amour est une belle merde. Et qu'il suffit de se laisser berner pour être vacciné. Et ça fait un mal de chien. Je porte de nouveau la bouteille à mes lèvres. Je m'allonge même sur le comptoir. Et je regarde le plafond. Je me laisse doucement bercé par les vapeurs d'alcool. J'ai pas mangé depuis un baille, il me monte directement au cerveau. Mes yeux se ferment, un long moment. Je ne saurais pas dire combien de temps. Quand mes yeux s'ouvrent de nouveau, j'ai presque vidé la bouteille. Mon regard se pose sur Elliot et je souris, je suis niais, et saoul. « Ah ben tiens, j'ai cru que t'avais disparu. » je marmonne presque de façon inaudible. Je lâche la bouteille qui s'échoue un peu plus loin. J'ai l'air ridicule, vraiment. Avec ma moitié de gueule de bois. Tout ça pour une fille. Tout ça pour elle, au finale. Je revois son visage éteint prononcer mon prénom et mon coeur se serre. Je ne prends même pas la peine de la regarder plus longtemps. Je fixe le plafond qui m'a l'air bien plus intéressant. Je comprends et, en même temps, à l'annonce de ma nomination, quelque chose s'est brisé en moi.

Oui, je l'ai mauvaise. Oui, j'en rajoute. Et oui, je comprends parfaitement le choix d'Elliot lors de ces nominations. Mais en attendant, je ne peux pas faire taire le fait que je sois vexé. J'ai eu beau tenter jusqu'ici d'être le plus compréhensif, de tenter d'encaisser ce coup, mais je n'y arrive pas. Elle apparaît dans l’entrebâillement de la porte et je souris, tel un niais. Les vapeur d'alcool me rendent la vue trouble et la raison un peu embuée. Mais malgré tout, je reste totalement présent. Sa réplique est acerbe, elle m'agresse presque et je me redresse instantanément. Je ne l'ai encore accusée de rien et je ne comptais même pas le faire. Je l'ai déçu et je ne sais même pas pourquoi. En quoi se saouler est un crime ? « Pour l'instant, c'est toi qui à l'air d'en mourir d'envie. Je ne t'ai pas agressé, que je sache. » je réponds calmement, posément. Je retiens ma frustration. Je n'ai pas envie qu'elle sorte. Elle est injuste, de toute manière. Je me fais violence. Mon ventre est un champ de bataille. Ma gorge est nouée. Je la détaille, un long moment. Et si nous nous étions gouré ? Et si nous n'étions finalement pas faits l'un pour l'autre ? Et si nous nous buttions brutalement et comme il faut contre un mûr ? Je soupire, longuement. « J'aurais choisis Tris, si la situation avait été inversée. » je dis, afin de briser le silence. Nous nous regardons en chiens de faïence, s'en est douloureux. Nous n'avons plus rien à nous dire, plus rien à partager. Les autres nous éloignent et nous nous laissons faire sans broncher. « Mais.. c'est douloureux, quand même. » j'ai sortis mon sac. Calmement. Je n'ai pas crié, je n'ai pas haussé le ton, l'alcool me rend docile, de toute façon. J'aurai certainement été bien plus sec si je n'avais pas été saoul. J'aurais certainement été d'autant plus vexé par sa réplique crachée pour m'agresser, sans aucun doute. Et je continue de sourire, comme un niais. Je veux que jamais l'alcool ne se dissipe de mon corps. Je suis heureux, bien que la situation soit tendue.

L'alcool me prend au tripes, me prend au coeur. J'aimerais qu'il fasse disparaître également toute cette attirance qui m'enveloppe délicieusement depuis qu'elle est là. Et même si ses mots sont rudes, qu'elle m'agresse à demis mots, j'ai envie de prendre possession de ses lèvres. De son corps tout entier. De me nourrir de son essence, d'être à elle. J'aurais aimé que le scotch me fasse oublier cette sensation désagréable, qu'il fasse taire les battement de mon coeur et mes sueurs. Je meurs d'envie de la prendre contre moi, de la serrer jusqu'à ce qu'elle étouffe du trop plein de sentiments que je ressens pour elle. C'est douloureux mais putain qu'est-ce que c'est bon.. Elle s'approche de moi et mon palpitant loupe un de ses battement. Le temps s'arrête, il est en suspens. Je la fixe, d'un regard gourmand, plein d'envies. Je n'ai jamais été aussi sincère, même quasiment saoul. Je ferme les yeux sous le poids de ses caresses. Toute pression retombe. Je suis envahi d'une chaleur pleine de volupté qui m'apaise. - J'ai besoin de toi, Arès. Ses mots arrêtent le temps, transpercent ma peau et atteignent directement mon coeur. Ils l'enveloppent, j'ouvre de nouveau les yeux et j'enroule mes bras autour d'elle. Plus rien n'a d'importance. Il n'y a qu'elle, et moi. Je suis tellement peu apte à lui répondre, à trouver les mots pour la rassurer. J'embrasse son front, avec le plus de tendresse possible. « Je suis là.. je serai toujours là. Je te le promets. » je lui susurre en espérant ne pas être trop ridicule. Mais, je suis sincère. J'aimerais être là pour ele, que nous formions un couple, un vrai. Je n'en reviens pas de penser ça, c'est tellement nouveau, tout frais, et ça me prends au tripes. J'ai peur de ne pas être à la hauteur de son caractère si volcanique. Nous somme si différents et si proches en même temps, s'en est déstabilisant. Je ne sais jamais comment me comporter avec Elliot. Quoi faire pour ne pas la vexer. - Tu me manques terriblement. je mors ma lèvres inférieure. On ne m'a jamais adressé de tels mots. J'encadre son visage de mes mains et je l'embrasse, doucement, tendrement. J'attire son corps encore un peu plus contre le miens. Que nous ne fassions qu'un, juste un instant. « Laisse-nous une chance.. » je murmure tout contre ses lèvres avant d'en embrasser la commissure. Mes mains descendes jusqu'à la chute de ses reins. Ce corps que j'ai déjà pu caresser ma paraît pourtant étranger. Je veux le redécouvrir, en apprendre chaque parcelle. Qu'il n'ait plus de secret pour moi. Qu'Elliot toute entière n'est plus de secret pour moi.

Ma coquille s'ouvre. Avec ses regards langoureux, sa voix rauque et chantante, ses mots tendres et ses baisers, elle me rend faible. Et pour la première fois, j'accepte cette faiblesse. Je ne me sens pas vulnérable, loin de là. Bien au contraire. Je me sens vivant. Les sentiments qu'Elliot éprouvent pour moi me rendent plus fort, ils me font mûrir. Pour la première fois depuis des années. Pour la première fois depuis vingt-quatre ans. J'aime cette tendresse qui m'enveloppe avec volupté. J'aime ressentir ces grésillements dans mon ventre. J'aime ma gorge qui se noue lorsqu'elle s'approche. Que mes yeux se posent sur son visage de poupon. Qu'ils épousent son corps avec délicatesse. J'aime l'électricité que produisent ses mains se posant sur mon corps. La sensations de nos deux corps qui s’emboîtent à la perfection. Celle de ses yeux qui me fixent et dans lesquels je sens la peur. Peur qui me pousse à être courageux pour nous deux. Parce que je la veux. Je veux tenter. Et tant pis si nos sentiments nous dirigent contre un mûr. Tant pis si nous nous détruisons. J'aurai vécu. Je ne regretterai rien, j'en suis certain. Je veux simplement vivre. Connaître ce sentiment pour lesquels des générations se sont battu. Je veux aimer, je veux ressentir de la jalousie, je veux être possessif, je veux ressentir cette peur de l'inconnu, de ne pas savoir de quoi sera fait demain. Je veux l'aimer. Je la serre contre moi jusqu'à étouffer d'elle. Jusqu'à ce que mon coeur puisse battre contre elle. Je la détaille, longtemps. Ses mots sont doux, précis, je souris. - Prenons notre temps, d'accord ? Pour se connaître et tout. N'allons pas plus vite que la musique. J'acquiesce d'un sourire enfantin. Je n'en attendais pas plus, pas moins. Je veux la connaître par coeur. Connaître chacune de ses peurs, chacun de ses désirs. J'embrasse le bout de son nez avec tendresse. Mon coeur bondit dans ma poitrine. C'est l'effet qu'elle me procure. C'est ce à quoi je deviens accro. Elle devient peu à peu ma came. Et ma raison à beau vouloir tout arrêter, tenter de commander mes jambes afin qu'elles prennent la fuite, je ne veux plus fuir. Je veux faire face à ce que je ressens. A ce que nous pourrions vivre. - Pourquoi moi, Arès ? Je me fige. Cette question me prend de court. Je n'ai aucune raison à lui donner. Tout s'est embrouillé en moi. Tout n'est que noir immense et intense. Je plante mon regard dans le sien. Je ne souris plus. « Je.. je ne sais pas. » Et je ne sais réellement pas. J'aimerais faire un éloge de sa personne. Trouver toutes les caractéristiques qui m'ont fait chaviré mais tout ne serait qu'un pure tissus de mensonges. Je n'ai aucune raison d'être tombé fou d'elle. « Depuis notre première rencontre, à la bibliothèque, je n'ai eu de cesse de penser à toi. A ton visage de poupon. A ta culture. A ton accent français adorable. A ton corps. A tes lèvres. A tes yeux. Tu es avec moi, tout le temps. Et j'ai eu beau m'efforcé, tenter de me débarrasser de ton visage, de ta voix, tu reviens sans cesse. Et ça ne m'est jamais arrivé. » je suis ridicule. J'ai peur de la blesser. Et pourtant, je tente cette expérience inédite simplement parce qu'elle me hante. Et que je n'ai jamais été hanté de la sorte. Je frôle ses lèvres de mon index. Puis sa mâchoire, et enfin son cou. Mes yeux suivent le même chemin. « Et il va de soi que je te retourne la question.. » je fini par cracher à demi-mots. Je crains la réponse, cependant. J'ai peur de tout. C'est une sensation adorable de laquelle je me délecte. Je n'ai jamais pris peur face à une femme.