Imprudenza. Un mot qui caractérisait n fait à merveille la jeune italienne, incapable de s'en tenir au limite, tentant d'aller toujours plus loin. C'est d'ailleurs une idée imprudente qui traversa son esprit tandis qu'une plâtrée de spaghetti s'enfournait avec délice dans sa bouche d'enfant grande ouverte. A l'Aquila, pas de quoi se divertir, pas de quoi patiner, en somme. C'est en se remémorant sa visite du premier jour dans le nid que la patinoire sauta aux yeux de la jeune italienne. Elle n'avait jamais eu l'occasion de patiner si ce n'était sur le verglas durant l'hiver. Et souvent, son coccyx en prenait un coup. Finissant goulûment son plat de pâtes, la blondinette repassa rapidement par sa chambre, évitant soigneusement son partenaire. Lorsque Carmen avait une idée bien précise en tête, d'une il était impossible de la lui faire oublier et de deux, rien ni personne ne réussissait à passer outre. Aussi, Nodan était, ce soir, quelque chose de totalement invisible, tout comme le reste des candidats pour le moment. Patinoire. Elle enfila un jean, un gros pull et sortit de cette façon sous la neige, trottinant jusqu'à l'endroit de ses rêves. Ses patins fièrement accrochés à ses pieds, l'italienne s'approcha du bord de la glace, osa un pieds, puis l'autre, s'accrochant solidement à la rambarde, les jambes tremblantes, la mine grave et.. le cul par-terre dans un grognement plaintif. « Bordel de ta mère la chienne ! » hurla-t-elle sans retenue. Carmen devenait violente et insolente. Un homme dans un corps de femme, en somme. Tentant à plusieurs reprises de se relever, la blondinette dû se résoudre à abandonner quand sa main se retrouva fermement enlacée dans celle d'un candidat qu'elle remercia par un simple regard. Une moue de cocker en phase terminale sur le visage, elle se releva avec difficulté, articulant au passage un minuscule « merci ». Trop de fierté, évidemment. « J'ai.. trébuché, en fait. » rectifia-t-elle lorsqu'enfin sur ses pieds et de nouveau accrochée à la rambarde, elle osa poser ses billes bleues sur le candidat lui faisant face.

Ses patins pourtant solidement accrochés à ses chevilles, Carmen était frêle. Ses jambes fines ne tenaient décidément pas le coup. Poupée fragile, poupée insolente. Loin d'imaginer qu'elle était en fait épiée par autre chose que par les caméras présentent dans les quatre coins de la patinoire, c'est avec une certaine surprise qu'elle accueillit en fait le candidat qui se présenta à elle. L'italienne ne sait pas réellement comment l’interpréter. Il ne sourit pas. Il n'a aucune expression. Il est doux, pourtant et la demoiselle met un temps avant de lâcher sa main, préférant garder une certaine distance avec son sauveur – elle niera cette éventualité, d'ailleurs. Ses patins s'enclenchent, suivant le mouvement de son interlocuteur et, peu à peu, Carmen prend un peu d'assurance. Son visage est emplit d'une mutinerie qui ne la quitte pas depuis le début du jeu. « C'est aussi le nombre de fois que tu es tombé avant de faire un tour complet ? » lui demanda-t-elle, reprenant ses mots, son intonation, tout. Se moquer, oui, mais gentiment. Continuant à patiner doucement, laissant ses bras suivre le mouvement, laissant son visage se décontracter au fur et à mesure qu'elle prit de l'assurance, l'italienne se sentit presque surpuissante. « C'est quoi ton n.. » Elle avait parlé un peu trop vite, finalement. Ses patins s'emmêlèrent, son corps plongea à plat ventre et ses mains se rattrapèrent à son interlocuteur, in extremis. « Ton nom ? » finit-elle par cracher, genoux à terre, ses billes bleues ancrées dans les siennes, son visage encore et toujours mutin et espiègle. « On est quand même à plus de la moitié, c'est plutôt pas mal » lui lança-t-elle, se relevant avec difficulté contre l'homme dont elle ne connaissait même pas le prénom. Malheur.

Carmen n'avait honte de rien, pas même de se retrouver à genoux au pieds d'un homme pour lui demander son prénom. Les circonstances n'étaient pas exactement celles-ci mais.. c'était tout comme. Israel. La blague vaseuse en rapport avec le pays avait dû être faite une bonne centaine de fois et l'italienne n'était de toute façon pas friande des jeu de mots vaseux. Son prénom avait d'ailleurs suscité aussi quelques blagues concernant un opéra connu et reconnu, bref. « C'est pas commun, j'aime bien. » répondit-elle simplement en se relevant avec difficulté. Ils avaient plusieurs fois faillit se retrouver les quatre fers en l'air mais, finalement, il était clair que l'équilibre était de mise. Israel s'en sortait plutôt pas mal, il patinait d'ailleurs en arrière tandis que la blondinette n'était pas même certaine de savoir avancer toute seule, sans aide. Enfin, quoiqu'il en soit, ses patins glissaient d'eux même, ses mains fermement accrochées à celles de son interlocuteur qu'elle se plaisait d'ailleurs à regarder avec espièglerie. « Mais pas du tout, c'est plutôt moi qui t'aide à patiner, là. » rectifia-t-elle d'un ton faussement outré, le poussant un peu plus fort encore afin de tester un peu plus son équilibre. Carmen aimait dominer jusque dans les situations les plus futiles. « Sauf si ma présence t'es désagréable » minauda-t-elle d'une voix mielleuse, continuant à patiner docilement jusqu'à ce que le tour ne soit terminé. Elle lâcha les main de son professeur et s'accroche à la rambarde. « Tu viens d'où Israel ? Et qu'est-ce que tu fais dans la vie ? Bref, les questions d'usage, quoi. » sourire mutin, moue adorable, Carmen aimait apprendre sur les gens, les découvrir et ce fait valait aussi pour Israel.