NEILA

Je me suis réveillée tôt ce matin, et la première chose qui a accroché mon regard, c’était cet étrange reflet blanc, visible de par les fenêtres. Ah, bien sûr, Miss Météo l’avait prédit : la neige c’était mise de la partie. Et le froid qui s’en suivait aussi, de toute évidence. Au diable la course en extérieur pour aujourd’hui, je crois sincèrement que le tapis roulant de la salle de sport fera amplement l’affaire. En fait, la seule chose qui pourrait bien me tirer dehors, c’est sûrement cette patinoire, mais pas avant d’avoir pris un bon petit déjeuner. Et un café, surtout. En priorité, même. Semble-t-il que ne suis pas la seule à avoir besoin de sa bonne dose de caféine, puisque dès que j’entre dans la cuisine, j’y trouve une jeune femme dont l’identité m’est complètement inconnue – laissez-moi une chance, quand même, ça fait à peine trois jours qu’on est là, toutes les deux. Mais bon, après une heure ou deux, on sera devenue super copine, c’est évident. Surtout si elle a fait assez de cafés pour deux. « Tu crois que tu pourrais aussi me servir une tasse quand il sera prêt? » que je lui demande en m’installant à table après avoir agrippé une pomme dans une corbeille laissée sur comptoir. Je ne lui en donne pas l’ordre, mais j’apprécierais vraiment si elle pouvait me rendre ce petit service. Ce n’est pas trop demandé, si? Je peux même lui faire les yeux doux si ça peut finir de la convaincre. Oui, je suis pathétique à ce point quand je n'ai pas pris mon café matinal, quel honte.

Neila n’arrêtait pas de se demander ce qu’elle faisait en dehors de son lit à cette heure si matinale, elle tournait en rond et bientôt elle décida que comme elle n’allait de toute façon pas retourner se coucher elle ferait mieux d’aller prendre un café histoire de se sortir la tête des nuages. Elle descendit alors jusque dans la cuisine où elle trouva le saint graal : le café. C’est à ce moment-là qu’une autre candidate fit son apparition. Neila tourna la tête vers la jeune femme alors que celle-ci lui demandait clairement un café. Elle hocha la tête. « Bien sur. » Elle attrapa deux tasses, sortit le lait et le sucre et se tourna vers la candidate. « Et sinon c’est quoi ton p’tit nom ? » Fit-elle avec un sourire mutin. Elle posa le lait et le sucre sur le comptoir avant de remplir les deux tasses de café. La brune n’avait qu’a se servir si elle voulait du sucre et/ou du lait, non ? La danseuse tendit une tasse à son interlocutrice avant de plonger deux sucre et un doigt de lait dans sa propre tasse. Elle buvait le café comme une gamine, et alors ?

Le temps que je croque dans ma pomme bien juteuse, ma nouvelle meilleure amie acquiesça à ma petite demande en deux petits mots bien simples, mais qui firent ma matinée. « Bien sûr. » Elle était d’une étonnante gentillesse, quand même, vous ne trouvez pas? J’aurais personnellement invité l’être qui m’aurait fait une telle demande à aller se faire… hm, d’accord, c’est bon, restons poli, il est à peine huit heures. Je continuais ma dégustation matinale alors que la demoiselle s’affairait dans la cuisine, sortant le nécessaire à café. « Et sinon c’est quoi ton p’tit nom ? » qu’elle me demande, affichant un sourire espiègle sur ses lèvres. « Brynja. » laissais-je filtrer entre deux bouchés, en évitant de parler avec la bouche pleine – ce n’est pas bien, me disait toujours maman… et j’ai retenu la leçon, en jeune fille bien élevée que je suis. Elle verse le café dans deux tasses, puis en tend une dans ma direction. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle s’occupe de sa finalisation, je me lève donc, me débarrassant au passage du cœur de ma pomme que j’ai déjà dégusté dans une poubelle non loin, avant de récupérer ce qui m’est dû. « Merci… tu me rappelles ton nom? » Je n’ai pas une mémoire de poisson rouge, mais presque. Impossible d’en mettre un sur son visage, d’autant plus qu’on a jamais été formellement présentée, elle et moi. Je goûte au café, brûlant sur mes lèvres, et décrète intérieurement qu’il sera bien ainsi, sans artifice. Corsé, tout à fait comme je les aime. « Tu fais partie des rares qui traîne en cuisine tôt le matin, ou ton horloge interne est tout simplement déréglé? » Une façon comme une autre de causette... ce qui n'a jamais été mon fort, je dois l'avouer. Mais je fais des efforts surhumains depuis que je suis dans le coin, je m'impressionne.