Mais dans quoi est-ce que tu t'es fourré ? Ça t'apprendra à être trop curieux. Ça t'apprendra à vouloir faire le malin, et aller essayer de patiner tout seul. Alors que tu ne sais pas patiner. Alors t'es là, au milieu de la piste, tout seul, incapable de bouger. Immobile. Tu ne sais pas comment faire, et c'est un peu le bordel dans ta tête. C'est la première fois que tu fais du patin de ta vie ... Et sûrement la dernière. Mais bordel, comment est-ce qu'on peut bien avancer avec un truc comme ça au pied ? C'est juste impossible. Im-po-ssible. Tu détestes ça, et en plus, ça te serre les chevilles. T'es coincé. En plus, comme par hasard, il n'y a personne dans les environs. « Au secouuuurs. » murmures-tu, à toi même. Puis tu répètes, mais plus fort, c'est fois-ci. « AU SECOURS ! » t'as pas envie de passer la fin de ta vie ici. Et si personne ne vient t'aider, c'est ce qu'il va arriver.

Mais qu’est-ce qui t’es passé par la tête ? Pourquoi t’as fait ça, alors que tu voyais très bien qu’il n’y avait personne d’autre à la patinoire ? Surtout que tu sais que tu n’es pas très doué pour les sports de ce genre. Quel crétin. Au milieu de la patinoire, bloqué, tu te maudis toi-même. T’es certain que tu passeras la restant de tes jours ici, tu ne vois pas d’autres solutions. Tu cries au secours parce que c’est ta dernière option. Tu veux sortir d’ici. Et puis là, magie : quelqu’un. Une blonde, qui vient à toi comme si c’était naturel de savoir patiner. Injustice. Enorme injustice. « Euh.. besoin d’aide ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Maintenant qu’elle est là, t’as honte. Enormément honte. T’es vraiment un pas doué. C’est malheureusement pas nouveau. « Tu t’es blessé ? » Oh non, même pas. Si seulement, ça te donnerai une meilleure excuse. Tu rougis un peu. Pourquoi ? Parce que t’es embarrassé. « Non, c’est juste que ..hm.. je ne sais pas patiner. » Voilà, c’est dit. « J’arrive pas à bouger, c’est trop compliqué. » Chochotte. Tu te rends compte que si quelqu’un d’autre était à ta place là maintenant tout de suite, tu serais actuellement écroulé de rire. « C’est pas drôle… » dis-tu par prévention, du coup.

Bien sûr, ça doit être une jolie fille qui se ramène sur ses patins. Ça n’aurait pas pu être un laideron, ou un technicien, ou quelque chose dans le genre ? Non, bien sûr que non. Ça n’aurait pas été assez drôle, sinon. Tu perds toute crédibilité devant elle mais tant pis, t’as pas le choix. Il faut bien que quelqu’un vienne de sauver. Et en l’occurrence, c’est elle. Tu restes immobile, tu n’oses pas bouger. Parce que t’as peur de tomber. Pas parce que tu ne veux pas te faire mal, ça, tu t’en fiches. Seulement parce que tu sais qu’ensuite, tu serais incapable de te relever. Toi, pas doué ? C’est juste que tu as la finesse d’un rugbymen, en fait. Le patin, c’était décidemment un truc de fille. Puis la belle bonde sourit. Bien sûr, il y’a de quoi sourire. Cette situation est vraiment trop bizarre. Beaucoup trop bizarre. Et en plus, elle t’annonce que c’est « mignon ». Beh. « Ce truc est définitivement pas fait pour moi… C’est juste impossible que des gros mollets comme les miens tiennent sur une lame aussi fine. Ça tue les chevilles ce truc ! » Oh, arrête un peu de râler, Bob. Remercie-la plutôt. « Merci… Je te revaudrai ça.» murmures-tu finalement. Puis tu lui attrapes finalement la main sans discuter. Tu veux juste sortir de là. Main qui est carrément froide, au passage. Alors que toi, ça a beau faire quinze minutes que t’es coincé là, la chaleur de ta main n’a pas disparu. En fait, depuis que t’es petit t’as toujours eu le corps en ébullition. Le froid, tu ne connais pas trop. « J’aurai clairement préféré que tu sois un thon. » avoues-tu finalement. Quoi, c’était un compliment, non ?

Tu te laisses "porter" par la fille. Tu ne connais même pas son prénom d'ailleurs, ça ne t'est pas passé par la tête de lui demander. Pas encore. Tu te trouves vraiment ridicule, en ce moment même. T'as assez honte, il faut l'avouer. Comment ne pas avoir honte, franchement ? Bref. Vous avancez doucement, et il faut avouer que tu sers peut être trop fort sa main. T'as peur de tomber. Tu fais du mieux que tu peux pour tenir debout, et ne pas perdre l'équilibre. « Oh, de rien. » Pour toi, il coulait de source que cette personne savait qu'elle était belle. Enfin, c'était juste une évidence en fait, plus qu'un compliment. A part si elle manquait cruellement de confiance en elle, cette femme devait savoir qu'elle ne devait laisser personne indifférent. Puis, tu ne peux t'empêcher de rire quand elle te dit qu'elle a peut être vu pire, mais qu'elle n'était pas sûre. « Oui, j'ai affreusement honte. Je dois sûrement perdre toute crédibilité en ce moment même. » Là, à lui tenir la main pour pouvoir avancer. « Ma vie dépend de toi, là, tu vois. Tu me lâches, je tombe. Vulnérable personne que je suis. » Toi, dire n'importe quoi ? hm, c'est malheureusement assez fréquent chez toi. Tu lui souris, assez amusé de la situation, au final. « T'as vraiment pas vu pire...? » demandes-tu finalement, assez inquiet. Parce que sinon, ça serait vraiment la honte, en fait. Il ne te resterait plus qu'à t'enterrer. Puis elle te demande ton "petit" nom. Pour le coup, il est vraiment petit, ton nom. Coïncidence, coïncidence. « Bob. Assez court pour toi ? » ris-tu. « Et toi ? » Tu lui souris, tout en pensant que tu lui devra une fière chandelle, à cette jolie personne.