+ lizfanny
Le début de jeu, c'était excitant, n'est-ce pas ? Rencontrer les autres, apprendre à les connaître davantage, les questionner sur leur vie afin d'en avoir un bon aperçu, apprécier certaines personnes, en détester d'autres, ne pas en supporter certains. Oui, c'était plutôt amusant. Espérons que ça ne devienne pas lassant trop rapidement. Elle verrait bien. Le jeu ne faisait que commencer, elle ne souhaitait pas prédire la suite. Elle pourrait bien prédire, de toute façon, rien ne se passerait comme elle le déciderait. C'était aussi ça qui rendait la vie si intéressante. On fait des plans, on compte s'y tenir et d'un coup, d'un seul, tout se casse la gueule. Il suffit d'un minuscule truc pour changer la donne, pour changer totalement de route. Les imprévus, quoi que les gens pouvaient en dire, elle, elle adorait ça. Qu'importe. La température étant clémente, elle opta pour passer un petit moment sur le balcon, espérant secrètement pouvoir trouver de la compagnie en route. Être seule, c'était bien à petite dose. Le reste du temps, elle appréciait d'avoir quelqu'un à son côté pour la distraire ou ne serait-ce que pour faire semblant de l'écouter pendant qu'elle parle et parle et parle encore. Constater qu'elle n'allait pas être toute seule comme une imbécile sur ce balcon lui soutira un sourire. « Bonjour. Je suis Emmy. » laissa-t-elle entendre en direction de la jolie blonde qui était déjà installée. « J'espère que je ne te dérange pas, je suis partie pour parler et quand je dis parler, ça veut dire bavarder pendant des heures jusqu'à ce qu'on me supplie d'arrêter. » Auto-dérision, bien sûr. C'était presque ça, il faut dire. Elle savait qu'elle parlait trop. Elle ne faisait rien pour s'arranger, cela dit. « Ou alors, on peut avoir une discussion. Enfin, disons que je te laisserais parler au lieu d'être dans mon monologue. Il paraît que c'est mieux, d'après certaines personnes. » Sourire railleur. Après tout, elle avait bien envie de lui poser des questions, d'en savoir plus sur elle. Ça ne ferait pas de mal, puisqu'elle ne se souvenait même pas de son prénom. C'était toujours plus intéressant quand ça se passait comme ça que quand elle parlait toute seule. Enfin, en général.

Une télé-réalité d’enfermement n’est pas vraiment une télé-réalité d’enfermement si on a accès à l’air frais. Héhé, quelle phrase magnifique ! Nan mais sérieux. On a un jardin à notre disposition, un balcon, tout ça. Je trouve ça parfait. Je crois que je resterai bien ici quelques temps, tiens. On est nourri gratuitement, logé gratuitement, mais, dites-moi, c’est vachement génial ici. Le chalet est beau. J’aime. Bon, évidemment, il y a des gens. Beaucoup de gens. On doit être une trentaine en tout. Ca fait peur, d’un coup. Parce que moi, j’habite toute seule dans mon petit appartement, avec mon chat. Bon, évidemment, je reçois la visite de mes parents très souvent. C’est à dire tous les jours. Ils sont paranos. Ils ont peur que je me fasse cambrioler, que mon chat m’étouffe avec sa queue ou que je saute de mon balcon. Ils sont mignons. Mais, pourtant, hey, je leur dis que je vais bien. Non, je le répète, inlassablement. Mais ils sont du genre obstinés ; je me demandais d’où me venait ce trait de caractère, d’ailleurs. D’ailleurs, ils n’ont pas trop appréciés que je vienne ici. Allez savoir pourquoi. « Mais, il y aura des gens, tu sais » oui merci je sais « tu seras enfermée » oui c’est le principe maman « mais il y aura .. » « OUI BON CA VA, OK, JE FAIS MA VIE JE SUIS MAJEURE. » et j’ai claqué la porte. Avec eux derrière. J’aime mes parents, je les aime plus que tout mais y a des fois où il faut me laisser.. « grandir ». J’ai la vingtaine maintenant, il est loin de temps de mes seizes ans. Mais, en même temps, je ne les blâme pas, j’aurai pu tomber sur pire, c’est vrai. Ils sont justes protécteurs, trop protecteurs, très protecteurs. A tel point que parfois ça m’étouffe. Mais je fais avec. Ils ne m’empêchent pas « non plus » de vivre ma vie puisque, la preuve est là ; je suis ici. Et pour l’instant je me plais bien. Et là, assise sur une chaise du balcon, j’attends. L’air me caresse l’échine, mes cheveux volent. J’attends. Si quelqu’un entre sur le balcon à ce moment précis et me demande ce que je fais là, je ne saurai quoi répondre. J’avais juste envie de .. sortir ? Sur un balcon, je sais, on fait plus glamour. Mais, bon, c’est tout ce que j’avais sous la main, alors bon. Et là, en parlant du loup on en voit la queue, mon regard se cale sur une rousse qui vient d’arriver sur le balcon. Première chose que je remarque ? Ses cheveux. Ils sont MA-GNI-FIQUES. Je me demande ce que je pourrai faire avec ça. Rien, sans doutes, ils sont parfaits, tiens ! Elle se présente. Emmy. Ca doit être un diminutif, il ne me semble pas avoir déjà entendu ce « prénom » ici-même auparavant. « … bonjour. Je suis Lizfanny. » des yeux, je la supplie pour ne pas se foutre de la gueule de mon prénom. Non parce que voilà. Bon après je dis pas, y a pire ici. Je ne juge pas, mais « Marthe » ou « Mickey » ou bien « Bob », enfin voilà quoi. Remarque Mickey c’est la classe, Bob ça fait très éponge qui vit dans un ananas sous la mer ? BOB L’EPONGE CARREE. Et Marthe, en fait, ça fait très.. très.. bon merde passons. Et là, d’un coup, ma « camarade » se met à parler toute seule. Enfin elle se tape un monologue. Je me sentirai presque mal parce que je suis d’un naturel assez timide, alors la pauvre, elle va devoir parler toute seule. La dernière partie de sa phrase me fait sourire. Elle a l’air gentille. Elle a l’air bavarde aussi. Mon contraire. Bavarder pendant des heures. Elle a vu la vierge, ou ? Mais.. bon. « Eh bien.. je te supplie de t’arrêter ! » je tente un sourire. Non ? Non ? Bon beh .. « Ouais enfin je blague, hein, parle, ça me fait plaisir.. je suis pas bavarde du tout. Mais par contre je peux te dire que t’as des cheveux magnifiques. C'est déjà ça j'imagine.. » Voilà, c’est fait. Sous-douée tente un compliment. Ca promet.

Oui, bavarde. Cela pouvait tenir du fait qu'elle pensait à voix haute relativement souvent. Ou bien qu'elle appréciait juste la communication avec ses camarades. Que ça soit la première possibilité ou la deuxième, le résultat restait le même. Elle parlait. Beaucoup. Que ça puisse agacer les gens ou non. La plupart du temps, en effet, quelqu'un finissait par lui dire de la fermer, puisque c'était totalement insupportable. Elle pouvait le comprendre. Elle s'agaçait parfois elle-même, c'est dire. Que voulez-vous, on ne se refait pas. Surtout qu'il y avait pire comme défaut que d'être bavarde. Elle n'était pas malhonnête, ni méchante, ni froide. Alors, franchement, ses bavardages, elle les acceptait avec plaisir. Même si ce n'était pas le cas de tout le monde. Lizfanny, puisque tel était le prénom de la demoiselle, était susceptible de ne pas accepter bien longtemps le monologue de la rousse. Mais c'était trop tôt pour supplier, voyons ! Haha, naïve ! Ça ne fonctionnait qu'au bout de plusieurs heures, voyons, pas avant. C'était bien tenté, cela dit, elle voulait bien l'admettre. Elle avoua avoir blagué avant de lui adresser un compliment sur sa chevelure. « Je te remercie ! » Ce n'était pas si souvent que cela que quelqu'un approuvait ses cheveux roux. Les gens avaient étrangement des préjugés bizarres, presque ridicules sur les personnes rousses. Comme s'ils étaient sortis d'une autre planète, vous voyez. Non, vraiment, les gens étaient bizarres. Être roux n'était pas un fléau ou une maladie contagieuse hein, que tout le monde se rassure ! Enfin, bref, c'était gentil de la part de Lizfanny d'apprécier sa couleur de cheveux. « Je pourrais aisément te faire bien des compliments à mon tour mais ça pourrait prendre pas mal de temps. Donc oui, tu peux considérer ça comme un compliment aussi. Même comme plusieurs compliments regroupés. Un groupe bizarre de compliments, en fait. » Et sinon, elle pouvait se taire, oui, oui, elle savait. « Bon, je te propose de commencer par les questions faciles. » Lizfanny n'avait, de toute évidence, pas vraiment le choix sur le sujet. Sauf si elle préférait un autre moyen de communication, bien sûr. La discussion avec des questions restait bien souvent le plus simple, cela dit. À voir. Peu importe. « Donc... pourquoi tes parents t'ont prénommée ainsi ? » Haha, c'était une question comme une autre.  Elle devait admettre que l'origine de ce prénom la rendait curieuse. « Ou alors, tu peux juste me dire ce que tu fais dans ce jeu. » A elle de voir. Mine de rien, là, elle lui laissait le choix. Ce qu'elle était gentille, quand même !

Elle me remercie. Beh.. de rien ? Elle s’occupe bien de ses cheveux, il fallait que je lui dise ça, au moins, tout de même. C’est la moindre des choses, tiens. Par contre, c’est vrai qu’elle parle beaucoup. Si j’avais été méchante, je lui aurai gentiment demander de « la fermer ». Mais étant donné que je ne suis même ne serait-ce qu’un peu agacée, je ne dis rien. Je la trouve drôle, elle me fait rire à parler comme ça. Les monologues, c’est sur que moi, je pourrai pas m’en taper comme elle fait, elle. Je suis assez timide, c’est vrai. Surtout que la demoiselle, « Emmy », parle de tout et n’a pas hésité une seule seconde pour venir me voir. C’est bien. J’apprécie. Allez, je vais me forcer à lui parler, à la nana. Parce que je suis gentille et j’aurai honte si, la pauvre, elle finirait par parler toute seule. Elle continuait de parler, fiou, mais c’est une véritable tornade cette fille ! d’habitude ça m’aurait gênée mais elle est rousse, alors ça passe, ça passe vachement bien même voilà. Les rousses ont la classe et si je n’aimais pas autant être blonde j’aurai très rapidement changé de couleur également. Mais en même temps je me dis que je ne pourrai pas rivaliser avec Emmeline qui est tout simplement magnifique. Mais je me retiens de lui dire, un compliment à la fois, voulez-vous ! Soit. Je me perds un peu dans ses paroles avec les compliments tout ça, mais je ne cherche pas à comprendre, elle finit simplement par l’idée qu’on puisse se poser des questions. D’habitude je n’aime pas qu’on me questionne sur ma vie, c’est simplement car je n’en ai pas envie ou simplement parce que j’aime garder une part de mystère, j’en sais trop rien. Mais je ne dis rien ; si ça se trouve la demoiselle ne posera que des questions faciles et vagues. On verra bien. Elle ne me laisse même pas le temps de souffler que déjà elle commence. Ca parle de mes parents. Ah, euh. Grande histoire, hein. Mon prénom. Hm. Qu’est-ce qu’il a mon prénom ? Il est particulier c’est vrai. Il n’est pas « moche » mais bizarre, je crois que je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui portait le même prénom. Et je ne sais pas si je dois me sentir chanceuse ou pas. Parce que c’est soit parce qu’il est original, ou soit parce qu’il est pourri. J’hésite. Sa deuxième question est un peu plus privée ; enfin dans mon cas ça l’est. Respire, un deux, trois quatre, go. « Mes parents aiment l’originalité je crois.. je sais que ma grand-mère s’appelait Fanny.. ça vient peut-être de là. Quant à ma venue dans ce jeu.. c’est avant tout parce que je n’ai pas confiance en moi. J’ai toujours l’impression que ce que je fais est nul, que je suis nulle, que je suis inintéressante. C’est sans doutes vrai, d’ailleurs. Et je suis venue ici pour être un peu moins.. réservée. On dirait pas comme ça, mais je le suis. » parce que je révèlerais jamais rien de ma vie, parce que j’en ai un peu honte et que ça ne regarde que moi et certaines personnes. Mais c’est tout. Une fois ses questions répondues, je me sens obligée de retourner la pareille. Bon, bon, bon. « Tu penses que l’idéal existe ? Penses-tu qu’il y aura un jour la paix dans le monde ? Tu crois aux extra-terrestres ? Tu as des frères et sœurs ? » oops. I did it again. Je repars dans mes délires bizarres sur la paix dans le monde. J’aurai pu également lui demander ce qu’elle pensait de la peine de mort ou du mariage homosexuel mais je me suis arrêtée là. Elle va me prendre pour une folle, sinon. « Désolée, ce ne sont pas vraiment des questions très personnelles. » et c’est pas spécialement ce qui m’intéresse, en même temps.

désolé, c'est nul x_x

Emmeline pouvait être curieuse sur tout et n'importe quoi. A ce moment-là, c'était concernant le prénom de la demoiselle. Elle n'avait jamais entendu parler d'une quelconque Lizfanny auparavant alors elle s'interrogeait. Surtout qu'il fallait bien parler de quelque chose, n'est-ce pas. Pour commencer, c'était déjà pas mal. Avec attention, elle écouta la demoiselle répondre à sa première question, enchaînant directement sur la deuxième, qui concernait sa raison d'être dans ce jeu. Emmeline fronça les sourcils. Il semblerait que sa camarade ait une opinion d'elle-même relativement mauvaise. Voilà qui était... elle ne savait pas, disons triste ? Dommage ? Oui, quelque chose comme ça. Du coup, elle ne savait plus quoi dire. Elle ne s'était absolument pas attendue à une telle réponse, non. Elle avait plutôt supposé qu'elle était là un peu pour les mêmes raisons que tout le monde : pour profiter, pour l'aventure humaine ou bien pour l'argent, l'amour, le jeu. Pas pour regagner un peu de confiance en elle. Se taire ne lui arrivait pas souvent, toutefois, là, elle ne voyait pas ce qu'elle pourrait raconter, elle se contenta donc d'acquiescer simplement. Ce n'était peut-être pas non plus la meilleure réaction hein mais à défaut de mieux... A son tour, Lizfanny lui posa quelques interrogations. Bien plus originales que celles que la rousse lui avait précédemment posé. L'idéal, la paix, les extra-terrestres, frères et sœurs. Pas très personnelles ? Ce n'était pas grave, les questions n'avaient pas forcément à l'être. « Elles sont biens, rassure-toi. Je vais commencer par la plus simple hein. Donc, oui, j'ai une sœur. Plus jeune que moi. Elle s'appelle Olivia. » Olivia était sa sœur adoptive, à vrai dire. Toutefois, elle l'avait toujours considérée comme sa sœur, juste sa sœur, sans avoir à ajouter une quelconque précision sur le sujet. « La paix dans le monde, même si je suis pour, je doute franchement qu'on y arrive un jour. Les êtres humains sont bien trop stupides pour baisser les armes et régler les choses calmement. Malheureusement. En ce qui concerne les extra-terrestres, oui, je pense que c'est possible qu'ils existent. Je vois difficilement comment on pourrait être les seuls dans tout l'univers. Et au sujet de l'idéal, j'hésite. C'est assez subjectif, alors si l'idéal pouvait exister pour un, ça ne voudrait pas dire qu'il existerait aussi pour un autre. En tout cas, personne ne se mettra un jour d'accord sur un idéal commun à tous, ce n'est pas possible, les gens ont tous leurs opinions ; les goûts, les couleurs, tout ça. Au final, je ne sais pas tellement. » Et elle n'avait, pour le moment, rien de plus à ajouter. Étant un moulin à paroles, il y avait de grandes chances pour qu'elle ouvre la bouche à nouveau sous peu hein. Par exemple, dans trois, deux un... « Je ne voudrais pas te mettre mal à l'aise avec mes questions, n'hésite pas à me dire si je vais trop loin, cela dit, je dois admettre que tu as piqué ma curiosité. » Petit regard désolé, lèvres pincées. C'était plus fort qu'elle. « Pourquoi n'as-tu pas confiance en toi ? Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ou bien c'est juste ton environnement,» Ou la société en général. « qui a fait que, ou... ? Ne te force pas à me répondre si tu n'en as pas envie hein. » Qui ne tente rien n'a rien, alors elle essayait. Toutefois, elle ne souhaitait pas mettre Lizfanny dans l'embarras, loin de là, elle espérait sincèrement que cette question ne la dérangerait pas. Et même si c'était le cas, elle ne lui en voudrait pas de ne pas y répondre. Elle se ferait même une joie de passer à autre chose, à vrai dire.

La pauvre Emmeline. Elle est bavarde, je ne le suis pas, on fait la paire. Elle aime bien savoir la vie des gens, discuter, rencontre des personnes. Mais le seul hic est qu’elle est tombée sur moi, malheureusement pour elle. Parce qu’elle est tout le contraire de moi. Oh, non, nous partageons une qualité ; nous sommes gentilles toutes les deux. Du moins pour ma part c’est un fait – je ne me considère pas du tout comme méchante, à vrai dire. Je ne critique que rarement et encore, la plupart du temps c’est fondé – et quant à elle, ce n’est qu’une impression. A vrai dire c’est la première impression, ne dit-on pas que c’est souvent la bonne ? J’espère qu’elle l’est. En tout cas, cette jeune rousse ne m’a pas l’air capable de faire du mal à une mouche, et j’avoue que jouer le rôle de la mouche ici m’aurait moyennement plu, c’est vrai. Soit. Mon mini-discours paraît un peu « fataliste » sur le coup mais je dois reconnaître que ce n’était pas mon objectif premier. Mon but n’est pas de faire pleurer dans les chaumières, ni de montrer les pires aspects de ma « courte » vie, mais juste de raconter mon état d’esprit à cet instant précis. Elle a voulu savoir, elle a su. Je veux sortir de ma bulle. Il est clair que là, je réaliste qu’Emmeline est un très bon exercice. Vous avez vu le débit de paroles ? Elle est incroyable. J’aimerai être comme elle, du moins, avec la même assurance. Elle n’a pas l’air préoccupée par ce qu’elle dit, elle a même plutôt l’air sûre d’elle. J’en serai presque jalouse. Presque. Parce que je suis déjà in love de sa chevelure alors si on force trop après je vais commencer à accrocher des posters d’elle dans la chambre. Et généralement quand je fais ça, on me prend pour une tarée.. je blague évidemment. La suite est une sorte de questions-réponses, et quand vient mon tour de lui en poser, je pars dans mes délires pas du tout personnels, le genre de trucs chiants pour la plupart des personnes, qui préfèrent raconter leurs vies que répondre à des questions existentielles, du moins, pour moi. Elle commence par « la plus facile ». Elle a une sœur, donc, Olivia. J’avoue avoir posée cette question pour alléger un peu le truc, pour ne pas paraître trop « lourde ». J’ai pas envie qu’on me prenne pour une folle dès le début, voyons. Mais je suis ravie de savoir qu’elle a une sœur. Je n’en ai pas, moi, je me demande ce que ça fait. Elle continue donc sur les autres questions et je suis complètement d’accord. Ce n’est pas un mystère, l’Homme est le pire danger pour lui-même, phrase philosophique bidon mais voilà. Les extra terrestres, je ne suis pas d’accord. J’ai longtemps pensé qu’il y avait un genre de monde parallèle, identique aux notre. Les mêmes gens, la même terre. Comme si on avait prit notre galaxie et qu’on avait une symétrie. Si par extra-terrestres nous entendons « petits bonhommes verts » et bien non, pas pour moi. Je hôche la tête quant à sa réponse concernant l’idéal ; si j’étais curieuse je lui demanderai quel serait le sien. La plupart des gens me répondent « être heureux, avoir des enfants, une femme, un mari, une belle maison, et un chien ». Mais, ça veut dire quoi, « être heureux » au juste ? Avoir tout ce que tout le monde veut ? Ce n’est pas très original. Mon idéal à moi, serait d’être capable de me regarder dans le miroir en me disant « je suis fière de toi » non pas parce que je m’aime spécialement mais bien parce que je le serai, fière de moi. Et par n’importe quel moyen. Le bonheur est vaste. Je souris finalement. Elle n’est pas idiote, cette fille, elle a des idées, elle réfléchit. J’aime. Elle repart cependant avec ses questions.. elles sont plus perçantes, j’hésite à répondre. Mais étant donné ce que je lui ai dit plus tôt, être moins « réservée ».. il faudrait que je me livre, non ? « Euhm, eh bien.. » je ne sais pas quoi dire. Je ne sais jamais quoi dire en général, mais là, je stresse presque. Encore un peu et je pleure. Mais, bon. « Il s’est en effet passé quelques trucs. Mais c’est un truc que j’ai depuis que je suis toute petite, ça, le manque de confiance en moi. Je ne sais pas pourquoi c’est tombé sur moi, j’imagine que c’est la vie, hein. Ce trait de caractère a surtout grandit au fil des années, et plus elles passaient, plus je restais dans mon coin. C’est dur de lâcher une habitude, tu vois. J’ai jamais été proche de quelques personnes en particulier, je n’ai jamais vraiment eu d’amis à proprement parler, que des connaissances. Des gens sans intérêts ou des gens bêtes, simplement. Je sais que ça n’explique pas tout mais ne dévoilons pas tout tout de suite, ce ne serait pas marrant sinon.. » dans tous les cas ce ne le sera pas. Je sais qu’elle va se dire « euh okay j’ai rien compris » mais à ce stade c’est tout ce que je peux faire. Je ne pensais pas que quelqu’un aurait pu me poser cette question aussitôt dans l’aventure, je suis surprise. Et si on continuait ce jeu, hm ? « Tu as des passions dans la vie ? Tu pratiques un sport, ou autre ? Et t’habites où ? » et si je la fermais ?

Le manque de confiance en soi n'était pas une chose dont souffrait Emmeline. À vrai dire, elle était tout le contraire. Bien confiante, sûre d'elle, parfois même trop. Elle n'hésitait jamais, ne se remettait pas souvent en question et appréciait autant son caractère que son physique. N'allons pas non plus jusqu'à croire qu'elle avait un ego-surdimensionné, ce n'était pas le cas. Elle ne se dénigrait pas, elle ne se vantait pas. Ou disons pas souvent. Elle supposait être un juste milieu sur le sujet, cette fine ligne qui l'empêchait de frôler l'excès. Si bien qu'elle s'interrogeait un peu sur la façon dont vivait Lizfanny. Tout comme elle se demandait comme cela lui était venu. Est-ce que c'était un trait de sa personnalité ? Est-ce qu'elle avait développé un manque de confiance en elle après x événement ? Elle ne savait pas. Alors, autant poser la question, c'était plus rapide hein. Du moins, si la blondinette voulait bien lui répondre, elle n'allait pas la forcer. Non, Emmeline n'était pas du genre à obtenir des réponses de force. Enfin, si, de temps en temps. Même souvent, en fait. On vous a prévenu hein : quand elle souhaite obtenir ou faire quelque chose, elle s'en donne les moyens. Alors quand elle désirait vraiment une réponse, elle faisait tout pour l'avoir, ce qu'elle supposait normal. En tout cas, là, elle ne comptait pas harceler Lizfanny si jamais elle ne souhaitait pas passer aux confessions. Après tout, certains sujets étaient délicats, elle le comprenait. Malgré tout, sa camarade prit le temps de lui répondre et c'est toujours avec cette même attention qu'elle l'écouta puis se contenta de hocher la tête simplement. Elle supposait qu'elle avait tiré suffisamment sur la ficelle et qu'elle n'allait pas pouvoir en savoir davantage. Elle comprenait ça aussi. Ne reprenant toujours pas la parole, elle laissa tout le loisir à Lizfanny de la questionner. Y réfléchissant une seconde, elle ouvrit enfin la bouche. « Je crois que je n'ai pas encore trouvé ma ""plus grande passion"", tu sais. Ça serait sûrement cliché de dire que la vie est ma passion, cela dit, c'est plutôt vrai. J'aime la vie, j'aime en profiter. » Elle n'avait pas une passion artistique ou du moins, elle ne devait pas l'avoir trouvée. La vie, c'était ce qu'elle aimait le plus. Question suivante donc. « Je ne pratique pas de sport. Pas récemment, du moins. » En étant plus jeune, bien entendu qu'elle avait pratiqué tout un tas d'activités. Mais depuis quelques années, ce n'était plus trop ça. À part un peu de footing lorsqu'un ami la forçait hein... « Et je viens du Royaume-Uni. » Oui, voilà, tout simplement. Si elle ne détaillait pas davantage, c'est parce qu'elle n'en ressentait pas le besoin. À son tour maintenant, n'est-ce pas. Des fois que vous ne l'auriez pas déjà compris, oui, elle adorait poser des questions et faire la fouine. La curiosité était loin d'être un mauvais défaut. « Dis-moi, s'il ne te restait qu'une journée à vivre, tu voudrais quoi faire ? » Intéressante, comme question, n'est-ce pas ? Quoique, en y repensant bien, ça pouvait avoir un côté flippant quand même. Parce qu'on ne parle pas de son dernier jour à quelqu'un qu'on connaît à peine. Oh, peu importe. Elle ajouta un sourire afin d'adoucir sa question. Non, parce qu'elle voyait le bon côté des choses dans cette interrogation, pas le côté mourant ou agonisant, tout ça.