follow the arrow (le 05/02, à 13h00)

ft. mickey

Un bruit court et sec retentissait encore et toujours dans la salle de jeu depuis une trentaine de minutes. Si Nadan s'était retrouvé en compagnie d'autres habitants, ces derniers seraient devenus certainement fous. Ou alors ils se seraient joint à lui, à voir selon les candidats. Mais cela faisait bien trente minutes que l'anglais était en train d'amenuiser petit à petit les stocks de fléchettes sur la cible placée au mur, et ce, depuis son fauteuil en contrebas. Au début, il y avait eu des échecs, mais très vite, et en prenant le bon angle de visée et la bonne force, le milliardaire était enfin arrivé à pouvoir planter les objets dans le tableau. Pour ne pas avoir à se relever, il avait fait en sorte de prendre tous les stocks de flèches possibles. Flemmard? Lui? Non. Juste confortablement installé au fond de son fauteuil en cuir, imperturbable dans ses pensées les plus profondes, à lancer sans interruptions ses fléchettes. Voila que ses méninges travaillaient encore et encore.

Il n'avait pas l'habitude. De ne rien faire. D'avoir du temps à tuer. De regarder voler les mouches. A cette heure-ci, il devrait être à un repas d'affaire ou à une réunions avec des collaborateurs ou charger son assistante de ses multiples tâches du jour. Au lieu de ça, il jouait au fléchettes. Alors au lieu de faire ça, oui, il pourrait s'investir dans la recherche de secrets, jouer au jeu auquel il s'est lui même inscrit, mais il perdrait vite patience. Tout le monde ici était parfait menteur. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

Nadan sursauta alors, quand la porte de la salle de jeu s'ouvrit et bizarrement, son poing lança tout de même la flèche, qui s'encastra dans l'embrasure de la porte qui venait juste de s'ouvrir, au nez et à la barbe de l'habitant qui venait de le troubler...

Ainsi donc la production avait installé dans le nid une véritable salle de jeux, comprenant billard, baby-foot et autres jeux d'adresse abrutissants. Eh oui, même si cela relevait encore du mystère pour l'écrivain, certaines personnes préféraient passer leurs journées à manier des figurines en bois à l'aide de barres à actionner sur un plateau censé représenter un terrain de football... mais tout ceci restait assez approximatif, vous en conviendrez, et l'utilité d'un tel jeu dépassait l'entendent du britannique. C'est sans doute parce qu'il n'y en avait aucune, tout compte fait. C'était une invention pour crétins, et dans le même genre il y avait apparemment de quoi faire, dans cette salle de jeux aménagée pour, sans doute, divertir les candidats après leurs rudes journées. Tout ceci était ironique vous l'aurez compris, puisque ici excepté Mickey, personne n'en fichait une ramée. Il fallait avoir le bon sens de le reconnaitre tout de même, il était le seul à travailler tandis que ses petits camarades, eux, se la coulaient douce. Après avoir entendu parler à droite à gauche de cette fameuse salle, Mickey eut la curiosité d'y faire un tour, ce mardi après le déjeuner. Pour lui, c'était surtout l'occasion de repérer les lieux pour un éventuel ménage, car après une semaine de jeu il demeurait encore quelques rares endroits où il n'avait jamais mis un pied. Cette salle faisant partie du lot. Mais tandis qu'il y faisait son entrée sans un instant se méfier, un fléchette lui passa au ras du nez et termina sa course dans l'embrasure de la porte. Un peu plus et celle-ci le défigurait, ou lui crevait un œil dites donc. Immédiatement, son regard se posa sur le seul individu présent dans la pièce pouvant être rendu coupable d'un tel geste. Un bonhomme se trouvait assis sur un fauteuil en cuir non loin de là et de toute évidence, c'était lui et personne d'autre qui s'adonnait en ce début d'après-midi à un lancer de fléchettes. Mickey fit quelques pas en sa direction, s'arrêta net devant lui et, tout en fronçant les sourcils, pointa du doigt la malheureuse fléchette qui l'avait raté de peu. « Ça va comme tu veux, tranquille, pépère ? » Surtout qu'il ne s'affole pas, après tout Mickey avait juste failli se retrouver avec une fléchette plantée entre les deux yeux, mais sinon, rien de bien grave. La justesse de son lancer était, quand à elle, à revoir visiblement. « C'était un mauvais tir ou tu m'as juste raté ? Qui t'envoie ? » Et hop, Mickey repartait de plus belle dans sa paranoïa. Oh, rien de bien dramatique, ça lui passerait sans doute rapidement. Mais voilà, ce n'était pas le premier incident du genre auquel il échappait miraculeusement ici, alors il était maintenant en droit de se poser certaines questions. Lui en voulait-on ? Pourquoi ? Ah, étaient-ce là les fameuses réactions auxquelles Fitz avait fait référence, la semaine passée ? Virulentes, quand même, ces réactions.

Nadan cligna plusieurs fois des yeux avant de les poser sur sa malheureuse cible qui avait bien failli se faire offrir un relooking gratuit. Il ne cilla pas, observant la silhouette postée sur le pas de la porte. A sa voix courroucée, le pauvre avait vraiment pensé y passer. Navré bonhomme, ce ne sera pas pour aujourd'hui, songea Nadan en retenant du mieux qu'il pouvait un soupire de lassitude. Qu'avait donc tout ces candidats habités par la paranoïa? Certes, il l'était un peu lui même, mais à l'extérieur. Et il avait toutes les raisons du monde de l'être : sa notoriété, son argent, son statut. Mais ici? Autant dire qu'il était en sécurité, bouclé dans cette maison, H24 filmée par des caméras.

« Le gouvernement de sa Majesté. » lança-t-il avec ironie alors qu'il levait les yeux au ciel.

Le milliardaire amorça un geste pour se lever pour marcher jusqu'à Mickey. Comme l'ensemble des candidats, même s'ils n'avaient pas eu de contact direct, il avait mémoriser les prénoms. Au bout d'une semaine quand même... Bref, il s'avança jusqu'à la porte pour venir saisir la fléchette encastrée dans le cadran de la porte. Il y avait mit du coeur dis donc. Il passa l'objet devant le visage du candidat, avant de se ressaisir. Il avait tous les droits de se sentir attaqué.

« Toutes mes excuses. Tu m'as juste surpris. »

Nadan retourna auprès de la cible pour aller saisir les fleches qu'il avait envoyé, son stock étant devenu bien faible.

Allez savoir ce qui était passé par la tête de ce type lorsque l'écrivain entra dans la pièce. S'était-il dit 'oh, voilà le romancier dont tout le monde parle et qui a la critique facile... réglons-lui son compte une bonne fois pour toute, qu'il cesse de tous nous enquiquiner'... ? Mickey, après qu'une fléchette lui soit passé au ras du nez et ait manqué de peu de l’éborgner, était présentement disposé à prendre en compte chaque hypothèse, même si cela devait le faire passer pour un grand paranoïaque. Dans une telle aventure, où l'hypocrisie et la fourberie n'étaient jamais bien loin, le complot avait peut-être également sa place, après tout. Alors, qui envoyait ce grand bonhomme ? « Le gouvernement de sa Majesté. » Ah mince, il les savait à ses trousses, mais venir s'en prendre à lui jusqu'ici, tout de même... Cela n'enlevait de toute façon rien à la bêtise du geste de son camarade. S'il avait encore ses deux yeux pour voir, il ne le devait qu'au seigneur. Ce grand type aux reflets roux, Nadan si cet incident n'avait en rien endommagé son intégrité mentale, vint récupérer la flèche qu'il avait lancée un peu plus tôt, celle-là même qui avait bien failli coûter à Mickey une restructuration du visage. « Toutes mes excuses. Tu m'as juste surpris. » Oh, s'il se laissait surprendre à la moindre intrusion et ouverture de porte, quand même... Enfin, au final Mickey s'en sortait indemne, et pouvait donc toujours croire en sa bonne étoile. Là-haut, c'est sûr, quelqu'un veillait sur lui. « Pourquoi t'adonner à une activité aussi dangereuse et stupide quand, par exemple, tu pourrais opter pour un bon petit bouquin à lire au coin du feu ? » Idéal aussi pour passer le temps, non ? Ah oui, c'est sûr, il tentait encore et toujours de convaincre ses camarades de préférer la lecture à n'importe quelle autre activité dans le nid mais on en attendait sans doute pas moins venant d'un écrivain. « M'enfin, ce que j'en dis... » Il se fichait peut-être bien de l'avis de Mickey après tout. Néanmoins quand il s'agissait de le donner, l'anglais ne se faisait bien entendu pas prier. Eh oui, c'était dans sa façon d'être, n'en déplaise à certains.

Nadan s'attelait à enlever chacune des fléchettes qu'il avait planté dans la cible et dans le mur tout autour. A la suggestion du candidat, il s'arrêta l'espace de quelques secondes avant de lui lancer un regard furtif, les sourcils froncés. Il était sérieux là? L'éventualité de lire un livre était certes attrayante, mais se rendait-il compte de la façon dont il lui avait sorti ça? Comme si il visualisait une scène toute droite extraite d'une série type Petite Maison dans la Prairie. L'anglais se ressaisit et fini sa tâche tranquillement.

« J'en ai déjà terminé trois depuis que je suis ici. » avoua le milliardaire en parlant des livres. « Et j'avais besoin de réfléchir. » termina-t-il en chuchotant, plus pour lui même.

En pivotant sur lui même, il fit un petit sourire contrit à Mckey et retourna s'installer dans son fauteuil, comme s'il n'avait pas été perturbé depuis le début de son activité. Il saisit une première flèche, joua avec entre ses doigts, avant de la planter avec violence dans la cible.

« Et qu'est-ce qui t'amènes ici, alors que tu pourrais bouquiner tranquille au chaud? »

Le regard que lui lança son camarade laissa penser à Mickey qu'il venait de sortir une énormité ou alors, qu'ils n'étaient issus du même monde ni ne parlaient la même langue. Bon, on allait mettre cela sur le compte... de la réflexion. Oui, c'est ça, il devait être en train de réfléchir à la réponse qu'il allait lui donner. Pas facile, hein, de justifier auprès d'un écrivain le fait d'avoir préféré à un peu de lecture un jeu aussi stupide qu'il était dangereux. Mickey pouvait en témoigner. « J'en ai déjà terminé trois depuis que je suis ici. » Et il s'attendait probablement à ce que l'on décerne une médaille ? Dommage, cet aveu n'impressionna en rien son acolyte britannique. Cela le conforta juste dans l'idée selon laquelle il n'avait certainement pas le plus sot des candidats face à lui, ce qui était assez réconfortant tout de même. « Et j'avais besoin de réfléchir. » poursuivit-il d'une voix quasi-inaudible. Oh, certaines choses le tourmentaient-elles ? Bah, si c'était le cas, Mickey ne voulait rien en savoir car il n'avait que faire des soucis d'autrui. Il avait déjà bien assez à faire avec les siens, auxquels il accordait bien plus d'importance. Son camarade retourna s'assoir, et Mickey ne le quitta pas des yeux. Si vous voulez, maintenant, il se méfiait. Il craignait quelque peu de le voir dégainer à toute vitesse une nouvelle fléchette qui, cette fois-ci, ne le raterait pas. C'est d'ailleurs ce qu'il fit, mais fort heureusement celle-ci termina sa course dans la cible, non sans violence par contre. Mickey lui, ne put s'empêcher de sursauter à nouveau. Il y avait de l'animosité chez cet homme, voilà ce qu'il en pensait. « Et qu'est-ce qui t'amènes ici, alors que tu pourrais bouquiner tranquille au chaud? » Certes. Mais s'il ne faisait que le ménage et lire tout au long de ses journées, bientôt Mickey finirait par faire tout simplement partie des meubles du chalet, ce qui n'était pas tellement dans ses projets d'avenir, en fait. « Bah, il faut bien que je sorte la tête de mes bouquins de temps à autres, sinon je risque de passer à côté de choses formidables comme... et bien la mort, par exemple ! » Oh, juste une petite référence sarcastique à la fléchette qui avait failli lui couter un œil, rien de plus. Et alors quoi, lui aussi avait le droit de s'essayer à un peu d'humour, non ? Pas sûr que cela fasse rire son camarade par contre. Tant pis. « Et tu nous viens d'où, au juste ? » Formalité pour poursuivre cette discussion. Ça ne l'intéressait pas grandement mais bon, des fois que cela n'éveille en lui un soudain intérêt pour cet homme.

Nadan stoppa subitement son geste et son regard se posa sur Mickey. A la remarque de ce dernier, pas un rire, un soupir ou même un mot, juste l'expression de son visage qui en disait long. Genre mec, sérieusement? Ce n'était pas sa faute, au candidat, de vouloir détendre l'atmosphère comme il pouvait, et ce n'était pas sa faute non plus si Nadan était à l'heure qu'il est, pas réceptif pour un sou? Cependant, le trentenaire se retint d'ajouter quoique ce soit et retourna à son occupation principale.

« Angleterre. Londres. » se contenta-t-il de répondre alors qu'une énième fléchette allait s'écraser dans la cible.

Mickey était un grand lecteur? Comme quoi il n'était pas le seul à trouver que les livres de la bibliothèque était une bonne façon de passer le temps. Mais si ça relevait d'un passe-ennui pour le milliardaire, ça avait l'air tout autre pour son interlocuteur... ou pas? A vrai dire, il était difficile à cerner le gus. Que savait-il de lui? Déjà son nom. C'était déjà assez.

« Par choses formidables, qu'est-ce que tu entends? Rencontrer l'amour de ta vie? » demanda Nadan, ayant tout de même saisi l'ironie et faisant un effort pour enrichir la discussion.

Plaisanter au sujet de la fléchette infernale aurait pu détendre tout le monde mais au lieu de ça, Mickey sentit une nouvelle fois que ses propos étaient mal interprétés par son camarade. Bon, il ne saisissait donc pas l'humour. Même s'il était question d'humour noir, en l’occurrence. Quel spécimen celui-là. D'où est-ce qu'un tel homme pouvait bien venir ? « Angleterre. Londres. » Tiens donc, ce monsieur était lui aussi anglais, alors ? Mince, Mickey n'avait pas décelé chez lui le moindre accent pouvant le mettre sur la voie, tandis que celui de l'écrivain était plutôt prononcé. Soit, c'était désormais plus qu'un simple camarade là, c'était carrément un compatriote britannique. Un de plus. S'il lui avait révélé venir de Russie, Mickey serait resté parfaitement impassible, s'il lui avait affirmé être français, il aurait certainement ricané mesquinement mais puisqu'il était anglais, et bien, il remontait en quelque sorte dans l'estime de l'écrivain. Ce qui n'était pas rien, qu'on se le dise. « Quelle fantastique nation. Il se trouve que j'en viens également, sauf que plutôt que de donner dans le cliché, j'habite à Dudley, dans les Midlands de l'Ouest. » Toujours une critique à émettre ce Mickey. Eh oui, un anglais vivant à Londres, c'était comme un vénézuélien vivant à Caracas... tellement prévisible. Mais ne l'étaient-ils pas tous après tout, ici ? Mickey n'avait encore jamais été surpris par quiconque dans ce nid, ou alors il avait la mémoire courte mais pour un esprit sain comme le sien, c'était quand même peu probable. Réagissant ensuite au sarcasme du gringalet à lunettes, son camarade rétorqua « Par choses formidables, qu'est-ce que tu entends? Rencontrer l'amour de ta vie? » Oh seigneur, plus leur conversation suivait son cours, et plus ce bonhomme donnait dans le cliché. Trouver l'amour dans une émission nommée Fake Lover, non mais pourquoi ne pas aller à la boulangerie pour acheter du pain aussi. De plus cette question, déjà dépourvue de tout sens logique après l'intervention tout à fait ironique de Mickey, était également stupide. Comme si un homme comme lui pouvait venir trouver l'amour de sa vie ici. Hm, comme si il lui était possible de le trouver tout court, d'ailleurs. Les hommes savants comme Mickey finissaient bien souvent seuls. Un destin qui ne lui faisait pas peur, et auquel il s'était fait. « Dieu me préserve, non ! Et puis l'amour, l'amour... c'est d'un niais. Ce n'est pas fait pour moi, j'ai été amené à m'en rendre compte récemment. » Quatre ans de mariage et pas le moindre sentiment pour son ex-épouse, fallait quand même le faire. Dans cette histoire une femme avait beaucoup souffert de ne pas être aimée en retour mais Mickey, lui, s'en était bien fichu. Son travail et ses écrits passant bien avant cette Grezla qui demeurait, contre toute attente, terriblement accro à lui. La pauvre, elle aurait mieux fait de se faire une raison. « Mais si tu me demandes ça, c'est peut-être parce que toi, en revanche, tu crois en ces idioties... c'est ce que tu es venu chercher ici, d'où ta présence dans ce nid ? » Sait-on jamais, sarcasme à part, il pouvait amplement concevoir que l'on puisse se faire de telles illusions et croire à l'amour dans une télé-poubelle comme celle-ci. Tout le monde était libre de perdre la raison après tout...

« Un cliché? »

Cela avait échappé à l'anglais qui lança encore une fois un regard plein d'incompréhension au candidat. Où était le cliché de vivre à Londres? La ville était belle, peuplée, et était l'endroit parfait pour un siège d'une grande entreprise qui employait des milliers de personnes rien que dans le comté.

« Je vis à Londres certes, mais je suis natif de Portsmouth. » se sentit-il l'envie de préciser, alors que Mickey lui parlait de sa ville natale.

Nadan ne comprenait vraiment pas l'individu qu'il avait en face de lui. Il savait à peu prêt qui il était, ayant entendu des candidats jaser à son sujet, mais il fallait le voir pour le croire en fait. D'un côté comme de l'autre, les deux anglais ne saisissaient pas les sarcasmes qu'ils s'auto-balançaient. Et le milliardaire n'était pas d'humeur.
Mickey n'était donc pas là pour l'amour... Soit, pourquoi alors? Il ne semblait pas à sa place ici. Ou alors, peut être participe-t-il à ce jeu pour renflouer son égo? Chacun sa méthode.

« C'est là qu'on remarque nettement le fossé qui nous sépare toi et moi... Tu m'as l'air sans arrêt dans le jugement, dans la critique. » Nadan relança une flèche, qui au lieu de s'encastrer dans la cible, fini sa course dans le mur juste à côté. « J'ai enfin trouvé quelqu'un de plus condescendant que moi. »

Le tout prononcé sans animosité, sans l'ombre d'une émotion sur son visage. Dans tout ça, il ne lui avait même pas répondu.

Nadan vivait à Londres. Pour un anglais, Mickey trouvait cela tout à fait banal, commun - et à ses yeux, cela relevait même du cliché pur et simple. « Un cliché? » Quoi, il allait devoir lui expliquer le sens de ce terme ? Non, pas sérieusement. Bah, si Mickey pouvait une nouvelle fois étaler sa science, il n'allait quand même pas s'en priver. « Une idée préconçue, un stéréotype quoi. » rétorqua-t-il, d'un air dédaigneux et franchement hautain. Il savait très certainement ce qu'était un cliché, mais à le voir s'interroger de cette façon sur l'utilisation qu'en avait faite Mickey quelques instants plus tôt, ce dernier n'avait pu s'empêcher d'endosser le rôle de monsieur-je-sais-tout, une fois encore. Ce rôle lui allait comme un gant, il fallait bien l'admettre. Ce n'était même pas un genre qu'il se donnait en plus, et c'était sans doute ça le pire. « Je vis à Londres certes, mais je suis natif de Portsmouth. » poursuivit son camarade, sur qui Mickey reporta son regard, un peu blasé c'est vrai par cette nouvelle information à assimiler dont, très honnêtement, il n'avait vraiment pas besoin. « Charles Dickens aussi y est né, tu le savais ? » Pas sûr, non. Ce n'était pas ce dont on se souvenait quand on évoquait le grand romancier qu'était Dickens. On gardait d'avantage en mémoire son célèbre Oliver Twist, que tout individu se devait d'avoir lu par ailleurs. Oui c'était un classique, un indispensable. Mis à part cela, son camarade eut l'occasion d'apprendre que non, ce n'était absolument pas la recherche de l'amour qui avait mené Mickey jusqu'ici. Lui ne croyait guère en ces idioties, mais qui sait, ce Nadan était peut-être plus candide, plus naïf. « C'est là qu'on remarque nettement le fossé qui nous sépare toi et moi... Tu m'as l'air sans arrêt dans le jugement, dans la critique. » Et à ces mots, il lança une nouvelle fléchette qui termina sa course dans le mur, non loin de là. C'était quoi au juste, une tentative visant à l'impressionner, l'intimider peut-être ? Voyons, il se donnait beaucoup de mal pour rien. « J'ai enfin trouvé quelqu'un de plus condescendant que moi. » termina-t-il, sans pour autant hausser le ton. Mickey, lui, afficha un léger sourire moqueur et fourra ses mains dans ses poches, avant de rétorquer « Je ne m'en cache pas, c'est tout à fait moi. Et par ailleurs j'assume totalement celui que je suis, et ce, même si mon attitude peut déplaire, déranger, irriter aussi parfois. » Il se souvenait encore de ses mots lors de son entretien avec la production pendant les castings : 'je ne suis prêt à changer pour personne'. C'était toujours aussi vrai, et il n'était pas prêt de changer d'avis. « Tu sembles avoir volontairement esquivé ma question. Celle-ci te mettrait-elle mal à l'aise ? » Ou alors il s'agissait d'un oubli, mais il avait déjà plus de mal à y croire. Il pouvait aussi tout à fait avoir été ignoré par son camarade et si c'était le cas, il allait s'en remettre ne vous en faites pas. Juste, généralement il aimait obtenir des réponses aux questions qu'il posait.

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