Une envie de bulle, de douceur, de détente, une envie de solitude - encore. Chaleur, détente, bulles, j'étais certaine de trouver mon bonheur en me rendant dans la jacuzzi. C'est donc vêtue d'un simple maillot de bain, enroulée dans une serviette - pas pudique pour deux sous la fille - que je me rendis dans ce fameux endroit. Je souris, il était vide. Laissant tomber la serviette sur mon corps, elle tomba sur le sol dans un mouvement des plus ... stupide. Je m'empressais de glisser, à mon tour, dans l'eau bouillonnante et laissa échapper un gros râle de satisfaction en sentant l'eau chaude sur ma peau froide. Je fermais les yeux, pensant. Pensant à tout et rien à la fois, pensant à l'aventure, à l'extérieur, à ma vie, au plat que j'allais manger ce midi, à qui je demanderais une énième fois un café, qui ferait quoi et rien. Je tentais de ne penser à rien mais je m'aperçus bien trop vite que c'était impossible alors, je laissais mon petit canard en plastique jaune se balader dans les bulles, riant presque d'une telle niaiserie. C'est à ce moment qu'apparu Hyram, je tournais la tête vers lui et l'accueillis avec un sourire. « C'est con un canard en plastique, regardes, il coule ! » En effet, le pauvre petit jouet de bain peinait à remonter à la surface, entrainé par les remous de l'eau. Je le laissais là pour reporter mon attention sur mon partenaire « C'est par hasard que tu me suis encore où tu peux vraiment pas de passer de moi? »Un petit regard attendrissant et rieur, j'aimais beaucoup sa présence et c'était le seul avec lequel j'avais entièrement confiance. Peut être parce qu'il ne pouvait qu'être franc avec moi, il connaissait mon secret, et moi le sien.

Je me réveille. Elle n'est plus là. Je me redresse, collant mon dos contre le mur. Je regarde la pièce, songeur. Je jette un coup d’œil à mon réveil. Presque dix heures du matin. Il n'est pas trop tard pour un petit-déjeuner express. Je me lève, j'enfile mon peignoir en velours puis descends. J'arrive dans la cuisine. Je sens l'odeur du café flottée dans les airs. J'inhale cette douce arôme. Je soupire de plaisir avant de m'en servir une tasse. Une gorgée de ce délicieux nectar me procure un bien fou. Le café, c'est la vie. J'en bois tellement qu'il ne fait même plus effet. A Paris, j'ai mon torréfacteur attitré. Au bureau, je demande le meilleur café. Mon assistant s'en arrache les cheveux tellement je suis exigeant. Mais il sait comment j'aime mon café. Je décide de faire une petite promenade de santé, ma tasse à la main. J'arrive près du dôme, je pénètre dans la terrasse puis me retrouve non loin du jacuzzi. J'aperçois ma partenaire de dos. Je m'approche d'elle, un sourire amusé aux lèvres. Nos regards se croisent. Un sourire illumine son visage. - C'est con un canard en plastique, regardes, il coule ! Je regarde cet objet avec arquant un sourcil interrogateur. A son âge, elle joue encore avec un canard en plastique. Je ris tout de même un peu, non pour me moquer d'elle. C'est juste que je trouve la situation amusante. Je m'assois sur le bord du jacuzzi et la regarde en train de barboter dans l'eau. - C'est par hasard que tu me suis encore ou tu peux vraiment pas de passer de moi ? Je feins de réfléchir, en prenant la pose digne du Penseur de Rodin. C'est le hasard qui m'a mené jusqu'ici. Néanmoins, on peut voire ça autrement. - Ou aucun des deux ? Disons que je te surveille. On ne sait jamais. Tu pourrais te noyer ? Je ris. Okay. C'est peu probable. Surtout dans un bain à remous. A part si elle dérape, se cogne la tête contre le bord et perd conscience ... C'est à tout a fait possible également. - Alors, ma p'tite Luce. Mine de rien. Je ne connais rien de toi. A part ... Tu sais quoi. Parle-moi de toi. Je plonge mon regard dans le sien tout en reprenant une gorgée de mon café.

Le jacuzzi avait été une très bonne idée jusqu'à ce que Hyram décide de m'y rejoindre, alors les caméras n'auraient pas forcément pointées leur viseur sur moi et alors, je n'aurais pas eu besoin de me ridiculiser devant des millions de personnes - encore. J'adorais les canards, je collectionnais presque les canards en plastique et celui ci avait quelque chose de particulier pour moi, il représentait ce quelqu'un que je n'avais pas pu avoir parce qu'une fois encore, on me l'avait interdit. J'avais rêvé, imaginé, sourit et j'étais heureuse dans cette perspective d'avenir, et mon monde s'écroula. Encore. Je ne relevais pas le petit rire de mon partenaire, pas envie de lui prendre la tête, pas envie de me prendre la tête, après tout, chacun ses petites confessions. Je lui demandais ce qu'il faisait là et il ne trouva rien de mieux à me répondre que « Ou aucun des deux ? Disons que je te surveille. On ne sait jamais. Tu pourrais te noyer ? » J'étais déçue et à la fois contente, un peu frustrée également de savoir qu'il me considéré comme un enfant capable de me noyer dans un simple jacuzzi, je laissais mes lèvres faire une sorte de moue mécontente, fronçant les sourcils et tentant de le frapper sur l'épaule gentillement, je rétorquais « Non mais, J'peux encore me surveiller toute seule. J'ai beau jouer avec un canard en plastique, ça ne fait pas de moi un bébé » J'avais envie de cette innocence enfantine mais je savais être une adulte calme et responsable. Sauf que j'avais décidé de jouer ... « Alors, ma p'tite Luce. Mine de rien. Je ne connais rien de toi. A part ... Tu sais quoi. Parle-moi de toi. » Je fis une nouvelle grimace, encore une fois, j'avais réussi à y échapper une semaine entière mais le jeu et la découverte des autres reprenait le dessus et cette fois ci, c'était mon partenaire qui me le demandais. Je n'avais aucunement l'envie qu'on découvre mes petits secrets, mes faiblesses et forces, j'avais envie de demeurer mystérieuse et je ne demandais rien en retour. Je ne posais de questions à personne dans l'unique but qu'on ne m'en pose pas. Je soupirais finalement avant de répondre « Je sais pas trop quoi te dire, à part que je m'appelle Luce -ouitulesais - que j'ai vingt-cinq ans - bientôt 26 même - et que je suis originaire de Paris où j'y travaille comme Infirmière ... Enfin, travaillais » Je l'avais fixé du regard du début à la fin, un sourire vint conclure ma brève présentation. « Qu'est ce que tu veux savoir d'autre? » Je ne savais pas de quoi je pouvais et devais parler dans ces moments là, je le laissais donc diriger notre conversation.

Tout le monde a plus au moins entrepris dans sa vie une sorte de collection. Moi, par exemple. Je collectionne les ouvrages rares du XVIIIème siècle, avènement des Belles Lettres. Ma partenaire, c'est les canards vraisemblablement. En riant, je ne me suis pas moqué d'elle. J'ai juste été frappé par son apparent innocence. Il y a quelque chose d'attendrissant dans la manière dont elle a joué avec son canard en plastique. Plus je la regarde, plus j'ai l'impression que j'ai affaire à une gamine. Je me trompe sans doute, mais ça m'amuse de la considérer comme telle alors qu'elle a tout l'air d'une femme indépendante qui n'a pas besoin de ma "protection" dans l'immédiat. Mais au cas où, elle sait que je serai là pour elle. Il y a quelque chose qui nous lie. C'est quelque chose de fort. - Non mais, j'peux encore me surveiller toute seule. J'ai beau jouer avec un canard en plastique, ça ne fait pas de moi un bébé. Ce n'est pas faux. Elle marque un point. J'ai dis ça pour l'embêter. Pour l'instant, je ne m'inquiète pas trop pour elle. Elle saura se débrouiller. Malgré sa petite taille et son côté un peu niais, je la trouve mignonne comme tout. En général, ce ne sont pas ce genre de personnes qui m'attirent (pas physiologiquement parlant, hein) aux premiers abords. Dans mon agence, j'ai tendance à les martyriser. Donc, les vieilles habitudes reviennent. Malheureusement pour Luce, ça ne va pas s'arranger. Mine de rien. Je connais très peu de choses sur ma partenaire. - Je sais pas trop quoi te dire, à part que je m'appelle Luce -ouitulesais - que j'ai vingt-cinq ans - bientôt 26 même - et que je suis originaire de Paris où j'y travaille comme Infirmière ... Enfin, travaillais. Elle est donc française, c'est une compatriote. Je suis ravi d'entendre qu'elle vient du même pays que moi. Je crois qu'il y a pas mal de français dans le Nid. Ça me démange presque de parler français, parce que j'adore cette langue. - Qu'est ce que tu veux savoir d'autre ? Je réfléchis. Je n'aime pas poser des questions bateaux, parfois il y a des questions qui deviennent très vite incongrues. Je ne suis pas doué pour ça par contre. J'ai tendance à foncer dans le lard. La preuve : - Alors, qu'est-ce qui te fait vibrer dans la vie ? As-tu des passions à part les canards en plastique ? Oui, ce n'est pas la meilleure question du siècle. Je fais ce que je peux.

Il l'avait voulu, cette foutue présentation, je détestais parler de moi, je détestais ces sujets bidons genre "t'aime faire quoi dans la vie?" et si on aimait rien? Et si notre plus grand plaisir était de rester coucher dans son lit 20H par jour (oui j'inclus quand même les pause pipi) et si ... En fait, non. Je me présentais vaguement à mon partenaire et apparemment, ça le satisfaisait, j'en étais soulagée, j'en avais conclus par le fait qu'il devait poser les questions, espérant presque que ça le saoule et qu'il change de sujet, mais non, il cherchait et me lançait un Alors, qu'est-ce qui te fait vibrer dans la vie ? As-tu des passions à part les canards en plastique ? J'avais effectivement des canards en plastique qui vibrait dans ma vie, mais ce n'était certainement pas ce genre de choses dont il voulait parler, je fis mine de réfléchir, cherchant réellement ce que je pouvais bien lui dire sans trop en dévoiler. « J'dirais que j'aime la mode, enfin, coudre ... Si jamais je pouvais refaire ma vie, je n'écouterais pas mes parents et je ne suivrais pas d'études de médecine, non, je partirais dans des études de stylisme ... » C'était une bonne réponse ça, c'était ce à quoi je passais mes heures libres, à coudre, à créer. « J'aime aussi les rues de Paris, on y rencontre des gens ... fabuleux » Je fixais du regard Hyram, un sourire en coin, soutenant son regard jusqu'à ... Cette maudite musique. Je l'entendis et elle me fit frissonner. Je pensais que ce délire machiavélique de Cupidon était terminé, je pensais en finir avec cette histoire - comme l'histoire des présentations à vrai dire mais non ... Elle retentissait et je soupirais. Regardant de nouveau mon partenaire, j'ouvris la bouche « J'crois que ça veux dire que tu dois me baiser les pieds ça ... Non? » J'accompagnais ma réplique d'un petit air moqueur tout en sortant un pied de l'eau pour le diriger vers lui.