Carmen regarda négligemment par la fenêtre. Un large sourire éclaira son visage. La production ne leur avait pas mentit alors et le soleil volait haut dans le ciel. Rapidement, la jeune femme s'approcha de son dressing et en sortit un bikini rouge de quoi mettre en valeur sa peau laiteuse. En passant par la salle de bain, elle attrapa une serviette de toilette et, c'est comme si elle se trouvait en vacances, dans un camping qu'elle se dirigea vers la terrasse du dôme dans l'optique de faire brunir quelque peu cette peau bien trop blanche à son goût. Pourtant italienne de pure souche, Carmen avait mit longtemps avant de comprendre pourquoi sa peau avait été dépourvue de tout bronzage. Il avait fallu à sa mère et elle beaucoup de patience pour remonter leur dynastie et comprendre que parmi ses arrières, arrières grands parents se trouvait une femme née en Russie, mariée à un italien. La génétique avait quelque chose de drôle finalement et c'est bien malgré elle que l'italienne hérita de la peau très claire de son arrière, arrière grand mère. Qu'importe, l'Italie était, depuis quelques années, devenue une terre de mélange et ainsi, sa peau blanche n'avait pas de quoi faire objet de moquerie. Avisant un transat à quelques mètres de là, la blonde leva d'abord son visage et apprécia quelques instant le soleil caressant sa peau. Doucement, lascivement, elle atteignit ensuite le transat précédemment choisis et s'y installa tranquillement tandis que, non loin de là, Hyram s'approchait, pour son plus grand plaisir. Ses lunettes de soleil sur son nez, Carmen le laissa s'approcher pour finalement relever les dites lunettes sur le haut de son crâne et poser son regard océan sur le français. « Tu me mets de l'huile ? » furent les premiers mots qu'elle prononça à son intention, mutine, aventureuse, joueuse.

Ils ont annoncé un climat plutôt ensoleillé pour cette semaine. L'occasion idéale pour se promener. Apparemment la température va augmenter, avoisinant vers les trente degrés. J'hallucine. On passe du chaud au froid comme ça. Il y a une semaine, on se serait cru au Pôle Nord. Maintenant, on est aux îles Baléares. Ce n'est pas pour me déplaire hein. Je préfère ça qu'à la neige tout compte fait. Je troque mon pull pour une chemise blanche dont je retrousse les manches. J'enfile un pantalon en lien bleu marine, puis des mocassins couleur crème. Je n'oublie pas mes binoculaires solaires de forme ronde. Je suis prêt pour quelques déambulations à droite et à gauche. C'est l'après-midi. Le soleil tape un peu fort. Temps idéal pour bronzer. Je m'aventure près du dôme, un ouvrage sous le bras et un verre de limonade à la main. J'arrive sur la terrasse. Je reconnais les courbes graciles de l'exquise Carmen. Un sourire enjôleur s'affiche sur mon visage. Elle m'observe derrière ses lunettes protectrices. Elle les ôte. Ça me rappelle une scène dans le film Lolita de Kubrick. Carmen, c'est un peu ma nymphette le côté incestueux en moins bien sûre. - Tu me mets de l'huile ? Je soutiens son regard clair. Mon sourire s'accentuant un peu plus, je porte mon verre à mes lèvres. Je bois une gorgée de limonade bien fraîche. Un rictus énigmatique continue de flotter sur ma bouche pulpeuse. Je réponds d'une voix suave, en plongeant mes prunelles dans les siennes. - Avec plaisir, ma chère. Je pose mon bouquin et mon verre par-dessus. Je viens m'asseoir sur le bord du transat, attendant qu'elle me passe cette fameuse huile qu'elle veut que j'enduise sur son corps longiligne. Je ne me défais pas de mon sourire mutin. Elle sait comment attirer l'attention des messieurs.

Hyram s'approcha, un verre de limonade et un bouquin à la main. Bizarrement, et la question lui avait été posée, l'italienne aurait mit sa main au feu ou aurait parier une centaine d'euros que les mains du français auraient été encombrées d'un verre et d'un livre. C'est ce qui, selon la blonde, le caractérisait à merveille. Et c'est également comme cela qu'elle l'avait connu. D'abord avec un verre de rouge. Désormais avec de la limonade. Espiègle et quelque peu provocatrice, il ne fallu pas longtemps à Carmen pour engager la conversation de manière plutôt osée. « Avec plaisir, ma chère. » Carmen sourit, laconiquement. Étrangement face à Hyram, Carmen ne ressentait aucune once de gêne. Aussi, elle lui tendit le pot d'huile et, mutine, attrapa le verre du français dans lequel elle trempa ses lèvres. Le liquide frais la fit frissonner et la chair de poule parcouru sa peau laiteuse. Sous le contact des mains du français, la belle frissonna d'autant plus. Était-ce la froideur de sa paume ou le simple fait qu'il ne la touche, Carmen n'en savait foutrement rien. Ce dont elle était sûre, cependant, le français possédait une attraction certaine sur elle. Et le simple fait qu'il ne lui passe de l'huile sur le corps suffisait à la faire se sentir incroyablement bien. Apaisée. « Pourquoi ais-je l'impression d'être incroyablement proche de toi alors que nous ne nous connaissons pas ? » murmura-t-elle, les yeux clos. Une façon pour elle de ne pas avoir à guetter sa réaction et ne pas constater qu'elle était en fait la seule à ressentir ce sentiment étrange. « Tu as des doigts de fées. » grogna-t-elle doucement, appréciant les caresses que lui procurait Hyam.

Je crois que cette fille commence à m'obséder. Ce n'est pas une très bonne chose pour moi. Je n'ai pas oublié ma première impression de départ, c'est-à-dire que son charme peut être dévastateur. J'ignore si elle joue avec moi, si elle me manipule. Je me méfie car je ne suis pas le seul à être insensible à sa beauté. Peut-être que ceci n'est qu'une mascarade. Je réfléchis trop. Je laisse mon jugement prendre le dessus. Je n'aime pas ça. J'aimerai être moins sur la défensive, mais c'est plus fort que moi. En plus, elle ne m'aide pas. Elle ne fait qu'empirer les choses pour moi. Je reste tout de même prudent. J'essaie de ne pas craquer, d'être maître de mes émotions. Quand elle me demande de la masser, j'avoue avoir hésité un instant. Mais son sourire enjôleur a fini par me convaincre. Je cède alors à mes plus bas instincts. Je change d'avis comme de chemises. Je me déteste, bon sang. Elle me tend le pot à huile, elle se saisit de mon verre de limonade. Je ne cille pas. J'ouvre le pot et j'enduis mes mains d'un peu d'huile. Mes mains se déposent sur son dos et commencent à le masser en douceur. Sa peau est irrésistiblement douce. Une véritable peau de satin. Une vraie peau de porcelaine. Même dans mes rêves, sa peau ne me paraissait pas aussi agréable. Je me concentre pour ne pas faire de vagues. En un joli murmure, elle me confie : - Pourquoi ais-je l'impression d'être incroyablement proche de toi alors que nous ne nous connaissons pas ? J'ignore pourquoi. Je ressens la même chose quand je suis près d'elle. Ça me trouble un peu, à vrai dire. Je n'arrive pas à mettre des mots sur ces sentiments qui sont sur le point d'émerger. Je partage ce qu'elle ressent, mais c'est encore trop tôt pour moi de le dire à voix haute. - Tu as des doigts de fées. Dois-je prendre ça comme un compliment ou un offense à ma virilité ? Je me contente de rire et masse plus fermement ses épaules. Je dévisage son dos nu, un dos sur lequel j'ai envie de déposer mes lèvres. Je me retiens. C'est mieux ainsi. - Je crois que tu m'as ensorcelé, jolie Carmen., dis-je d'une voix suave. Mes doigts viennent s'infiltrer dans son cou, effleurant légèrement sa nuque. Elle semble se détendre tandis que je lutte contre mes pulsions en silence.

Carmen n'avait aucun idée de l'endroit où elle s'embarquait. Il y avait les doigts d'Hyram, traçant un chemin sur son dos, faisant frissonner sa chair, laissant son esprit complètement trouble. L'italienne n'avait aucune idée de comment prendre la chose, comment appréhender cette relation tout à fait étrange qui la prenait aux tripes et la laissait pantoise. Les frissons parcourant son échine lui faisaient un bien fou, la transportaient plus loin que ce fichu nid où chacun de ses ressentis était multiplié. Le français avait l'art et la manière de la flatter, de la faire se sentir vivante. La blonde préférait se méfier cela dit, ses sentiments lui ayant fait défaut plusieurs fois déjà. Aucune réponse à cette confession, Carmen fronça les sourcils, les yeux aussi. Alors, il ne ressentait pas la même chose. Le silence était équivoque selon elle et le fait qu'un long silence suivent cette déclaration voulait tout dire. Hyram ne ressentait nullement ce sentiment étrange et ne savait pas comment le lui annoncer. Quoi de mieux qu'un long silence afin de se faire comprendre ? Qu'importe, ce n'était pas la première déception qu'encaissait la jeune italienne et ça ne serait certainement pas la dernière. Carmen encaissa, ne montrant nullement la douche froide qui s'était abattue sur elle. Au contraire et parce que la vie lui avait apprit à ne jamais se démonter et surtout, surtout, profiter, l'italienne se laissa aller. Elle détendit ses muscles. Attrapa de nouveau le verre du français posé à quelques centimètres et y trempa ses lèvres. Le silence n'avait finalement rien de déconcertant et instaurait quelque chose d'agréable, de serein. Et l'italienne avouait se sentir extrêmement bien en la présence du français, silence ou non. Le côtoyer depuis quelques semaines déjà lui avait apprit pas mal de chose. Il ne parlait pas beaucoup. Mais chacun des mots qu'il prononçait avait un impact, forte et violent. Et Carmen ne savait pas si bien dire.. « Je crois que tu m'as ensorcelé, jolie Carmen. » Les muscles de ses épaules se raidirent, subitement. La blondinette se laissa néanmoins caresser docilement, tant les mains d'Hyram pouvaient être apaisantes. Lorsque ses mains atteignirent sa nuque, elle y déposa les siennes et se tourna, afin de lui faire face. « Comment suis-je sensée le prendre ? » lui demanda-t-elle concernée par cette conversation la prenant étrangement aux tripes. En haleine, elle attendit la suite, accrochée aux lèvres du français.

Je n'ai pas envie qu'elle voit en moi un coureur de jupons invétéré. Je ne suis pas comme ça. Je ne l'ai jamais été. Je ne veux pas qu'elle pense que je profite d'elle ou que je la courtise pour le jeu. Je viens à peine de sortir d'un mariage mouvementé et compliqué. Je ne sais pas si je ferai confiance à une femme de nouveau. Peut-être un jour. Donc, je me méfie pour l'instant. Et c'est normal. Néanmoins, je ne peux réprimer le désir que je ressens quand elle se tient près de moi, quand elle boit mes paroles. Ça fait longtemps qu'une femme ne m'a pas regardé ainsi. C'est enivrant, c'est flatteur également. Je la pense sincère dans ce qu'elle m'avoue. Une confession qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Ses mots résonnent encore dans ma tête. J'essaie de les déchiffrer dans l'espoir d'y trouver un piège là où il n'y en a pas. Je doute d'elle alors que je ne devrais pas. La voir proche de d'autres hommes remonte à la surface d'anciennes querelles. Je n'ai pas envie de revivre ça. Ce silence qui a suivi son aveu n'était pas volontaire. Je cherchais quoi répondre, mais rien ne me venait. Quelque chose me bloquait de l'intérieur. Mes lèvres n'ont pas voulu remuer. J'ai peur qu'elle interprète mal mon mutisme de tout à l'heure. Quand ça devient sérieux, j'ai tendance à me défiler un peu et de masquer mon trouble derrière l'humour ou le sarcasme. Devant elle, je ne peux tricher. Je suis en train de dresser des remparts entre nous. C'est ce que je ne souhaite pas au fond, bien que je sois terrifié à l'idée de la décevoir. Ce que je refuse de concevoir. Je continue à la masser un peu distraitement, perdu dans mes pensées. Mes mains arrivent au niveau de sa nuque. Les siennes viennent se poser sur les miennes. Je la dévisage, déconcerté. Heureusement que mes lunettes cachent plutôt bien mon émoi, car je suis incapable de soutenir son regard océan. - Comment suis-je sensée le prendre ? Elle m'a ensorcelé, dans le sens où je n'arrive plus à calmer mes ardeurs en sa présence. Mon désir est palpable. Rien que de l'effleurer me procure des frissons incontrôlables. J'essaie de rester stoïque. - Ce que je veux dire, c'est que tu ne me laisses pas indifférent. Je ne pouvais pas être plus vague que ça non ? Ma main vient caresser ses lèvres. Je sens son souffle contre la pulpe de mon pouce. Je retire précipitamment mes doigts pour venir effleurer sa colonne vertébrale.