Le sommeil n'était donc pas décider à s'éprendre du corps de la jeune Carmen. Exaspérée par ses nombreuses tentatives foireuses, la belle s’emmitoufla dans un robe de chambre épaisse et sortit de la chambre sur la pointe des pieds, en direction du balcon. La météo était plutôt favorable ce soir, seul jour de la semaine où la production décidait de pousser un peu le chauffage et faisait disparaître la neige. Ses yeux se baladèrent dans le vide, incapables de discerner quoique ce soit, pas un arbre, pas une lumière, rien. Du moins, jusqu'à ce que son partenaire ne la rejoigne. Ils ne s'étaient pas parlé depuis quand déjà ? Deux bonnes semaines, au moins. S'envoyant les politesses d'usages à la tronche comme on s'envoie une baffe. Nadan se révélait inexistant pour Carmen et il le lui rendait d'ailleurs plutôt bien. « Je suis déçu. Pour une fois que j'avais l'occasion de te nominer, tu n'es même pas en danger. » la belle le toisa d'un regard mi méprisant, mi amusé. Elle lui lança un regard équivoque. S'il savait. Qui savait ? « De mon côté, je suis plutôt satisfaite. » répliqua-t-elle le plus monotonement du monde. Il lui avait lancé une perche, elle la prenait sans rechigner. Pouvoir taquiner Nadan était une chose qui allait certainement lui manquer s'il venait à quitter le nid. « C'était ma petite vengeance pour le premier soir... Raté. »  Raté, oui. Cela dit, il était clair que Nadan ne s'était pas fait prier pour coucher dans le nid. Isis en était la preuve flagrante. Pourquoi donc prenait-on encore Carmen pour une prostituée lorsqu'elle se révélait être presque la seule à ne pas avoir exhibé ses miches (quasi inexistantes) au monde entier – ou presque. « Je gagne toujours, chéri. » lui répondit-elle d'un ton de velours. Ils se taquinaient, depuis le début. Pourquoi cela changerait maintenant que Nadan était en danger ?

La provocation régnant entre le couple se révélait plutôt amusante. Un jeu auquel Carmen s'abandonnait bien volontiers, usant avec plaisir de cette facette enfantine et provocatrice d'elle. Sourires mutins, regards équivoques, Nadan n'échappait à rien. Et ce soir, la perche qu'il lui avait tendue était bien trop grosse pour qu'elle ne la saisisse pas. Bien que l'idée de devoir partager son lit avec un autre lui déplaise. En effet, même si la jeune femme déplorait le fait d'apprécier Nadan, elle ne se voyait pas en couple avec un autre homme. Il était elle, en homme. Son homonyme et leurs caractères s'opposaient fiévreusement, tant et si bien que la demoiselle ne se voyait pas avec quelqu'un d'autre que lui. « Tu serais bien la première. » « Mais pas la dernière » renchérit-elle, bien décidée à avoir le dernier mot de cette conversation quelque peu houleuse mais toujours animée. Elle aimait ça. Adorait ça, même. Et imaginer que Nadan puisse s'en aller dimanche lui laissait un goût quelque peu amer de regrets. Non, il n'allait pas partir. « Est-ce que tu regrettes que nous n'ayons pas formé un super couple? » Le visage de poupon de Carmen se tourna de manière à lui faire face. Son regard le toisa, un instant, puis se fit plus tendre. « Tu n'es pas encore parti, Nadan. » répliqua-t-elle quelque peu sèchement, bien trop altérée à l'idée qu'il ne parte. Son caractère de chienne enragée ne voulu pas le montrer mais sa voix, ses mimiques, la trahissaient totalement. Elle le voulait encore quelque peu auprès de lui. « Je suis certaine que l'on pourrait encore remédier à cela. » continua-t-elle plus avenante, son corps s'étant rapproché du sien, presque inconsciemment.