Carmen ruminait depuis quelques jours déjà, sa pseudo relation avec Ezra. Certes, il ne lui appartenait pas. Certes, ils ne se connaissaient pas tant que cela. Le fait était tout simple, l'italienne s'était entichée de lui, sa possessivité lui jouait désormais des tours et elle estimait qu'il se foutait éperdument d'elle. Il jouait avec ses nerfs. Se plaisait à la faire souffrir, certainement. Non, Carmen n'imaginait pas un seul instant que le français puisse être innocent et simplement en plein questionnement sur sa sexualité. Bien sûr que non. Il n'était qu'un des nombreux connards qu'elle avait croisé dans sa vie, s'amusant à la torturer comme une poupée désarticulée pour la laissée sur la carreau. Oui, la blonde n'était qu'un excessive. Qu'importe ce qu'en pense le monde. Ses yeux émeraudes se posèrent d'ailleurs – le destin lui voulait définitivement du mal – sur le visage du français, posté dans l'encadrement de la porte. Un long soupire s’échappa de ses lèvres carminées. Il ne tomba pas bien et la belle comptait bien le lui faire comprendre. Qu'il s'en aille. Qu'il ne la laisse. Elle le toisa, hautaine, lionne blessée et quelque peu rancunière. Si les sentiments de Carmen étaient naturellement exacerbés, le nid augmentait encore un peu cette excessivité. « Tu aurais pu me prévenir que tu aimais les hommes avant que je ne m'attaches, quand même. » lui lança-t-elle d'un ton neutre et morne, son visage de poupon pourtant toujours expressif, anormalement fermé. « J'aurais aimé que tu ne me suives pas dans les bois, ce jour là. » Carmen ne faisait pas les choses à moitié. Drama Queen. Vexée. Déçue. Les trois en même temps et mélangés. Au moins.

Si il y avait bien une réaction que je n'avais pas anticipé, c'était bel et bien celle de la jeune femme, Carmen, qui de toute évidence, n'avait pas bien pris mon pseudo rapprochement avec Emilien. Du moins, si on pouvait réellement appeler ça comme ça. Non, en effet, et depuis maintenant quelques jours, voire une bonne semaine, celle ci s'amusait à me filer entre les doigts, n'osant aucune confrontation, ne voulant même pas mettre à plat ses pensées. Je l'avais blessé ? Peut-être. M'en voulais-je ? Absolument. Après tout, je n'avais jamais été engagé dans une quelconque relation auparavant, et étais en général habitué à ce que les femmes s'attachent à moi sans que le contraire soit réciproque. Mais sur ce point là, c'était différent. D'autant plus qu'il ne s'était en tout honnêteté par passé grand chose avec la belle italienne. Ou du moins, pas encore. Ainsi, je la croisais, au détour d'une chambre, m'accoudant à l'encadrement de la porte pour jeter un coup d'oeil à la jeune femme. Et là, un miracle se produisit. Ses lèvres s'entre-ouvrirent. « Tu aurais pu me prévenir que tu aimais les hommes avant que je ne m'attaches, quand même. » mon sourcil droit s'arqua alors que je cherchais la provenance de ses paroles. Sur quels faits pouvait-elle baser son raisonnement ? Peut-être jouait-elle des cartes avant même qu'elles ne soient tirées. « J'aurais aimé que tu ne me suives pas dans les bois, ce jour là. » je baisse un instant la tête, mon regard s'écrasant volontier contre le sol de la chambre. Voilà, elle l'avait dit. Elle aurait aimé ne jamais avoir affaire à moi. « Tu ne le penses pas réellement. » lâchais-je d'une voix grave, mon regard remontant jusqu'au sien « Et je ne suis pas attiré par les hommes. » du moins, pas à ma connaissance. Je n'avais d'ailleurs jamais eu de relation avec aucun d'eux, cette pensée me répugnant plus qu'autre chose pour tout vous dire. « Ne te ferme pas Carmen... Parle moi. »

Ezra n'était véritablement qu'un homme de plus. Comment pouvait-il comprendre le caractère – plutôt complexe – de la blonde qui ne lui laissait, d'ailleurs, aucun répit ? Excessive et complètement éprise par cette sensation de honte face à la terre entière, elle le méprisait et aurait voulu, lorsque son visage était apparu dans l'encadrement de la porte, l'étouffer avec son oreiller. Au lieu de cela, Carmen préféra adopter un ton condescendant et froid et un regard hautin, plus qu'équivoque à son égard. S'il ne comprenait pas avec cela.. « Tu ne le penses pas réellement. » Non, elle ne le pensais pas. Simple provocation visant à le troubler, le blesser. La blonde se défendait comme pouvait le faire une adolescente déçue et vexée. En lançant des piques, espérant ainsi atteindre brillamment sa cible. « Et je ne suis pas attiré par les hommes. » Se fichait-il d'elle ? Et comment osait-il, d'ailleurs ? Elle ria jaune, un moment et s'arrêta tout aussi net. « Personne n'a évidemment remarqué ton rapprochement avec Emilien.. et Israël. Ce sont des hommes, il me semble. » répondit-elle toujours aussi froidement, lionne blessée dans son orgueil, cherchant des réponse à travers son agressivité débordante. « Ne te ferme pas Carmen... Parle moi. » Bien sûr qu'elle se renfermait. Il l'y obligeait. Le monde entier l'y obligeait afin qu'elle ne paraisse pas plus ridicule qu'à cet instant. « Tu te fiches complètement de moi, hein ? » Question purement rhétorique tant la réponse lui paraissait évidente. Bien sûr qu'il se fichait d'elle. Il n'osait d'ailleurs même pas lui avouer cette attirance pour Emilien. Alors comment pouvait-elle lui parler sans être certaine de s'adresser à un mur ? « Mais pas moi. Et je crois que c'est bien là le problème. » continua-t-elle avec aplomb, rassemblant ses maigres forces afin de planter son regard dans le sien, arrogante.

J'avais bien essayé de lui parler, la semaine passée, mais notre conversation n'avait été que vents et marées, et j'avais clairement perdu le cap depuis bien longtemps. La dernière chose que je souhaitais était de la blesser, alors qu'elle semblait se persuader du contraire, comme si j'estimais qu'elle le méritait, chose totalement fausse. Je ne voyais même pas en quoi cela était possible. Toujours est-il que je remarquais de plus en plus une certaine jalousie d'autant plus dans ses prochaines paroles. « Personne n'a évidemment remarqué ton rapprochement avec Emilien.. et Israël. Ce sont des hommes, il me semble. » et il y avait ça, oui. Bien que je n'étais pas encore sûr de quoi il s'agissait exactement. Je la laissais ainsi terminer pensant que cela lui ferai très certainement du bien de se lâcher sur moi. « Tu te fiches complètement de moi, hein ? Mais pas moi. Et je crois que c'est bien là le problème. » dit-elle en plantant son regard dans le mien, comme pour chercher à me déstabiliser, ce qui ne marcha évidemment pas. Je savais déjà ce que je devais lui répondre. Je savais que tout ceci n'était qu'incompréhension et non pas réelle embrouille. Et je voulais qu'elle le sache aussi. Qu'elle en prenne enfin conscience, plutôt que de se contenter de me fuir encore et toujours. « Si je me fichais de toi Carmen, je ne me tiendrais pas ici, là, devant toi. » je m'autorisais à faire un pas, puis deux vers elle, restant cependant à une certaine distance de la jeune femme. « Il n'y a rien entre Israel et moi. » commençais-je, avant de finalement reprendre « Pour ce qui est d'Emilien, en toute franchise, je n'en sais rien. » et sur ce je choisissais de me répéter en appuyant cette fois ci sur chacun de mes mots « Mais je ne suis pas gay, Carmen. » j'avançais alors d'un nouveau pas. « Et je suis totalement attiré par toi. Par ton physique, oui, mais également par ce qu'il y a à l'intérieur. Par ta fragilité, ton innocence, ta fougue. » et à chaque énumération venait un pas supplémentaire. Finalement j'arrivais là, debout, face à la jeune femme qui elle se trouvait assise. « Alors frappe moi, là, tout de suite, si tu penses que ça pourra te faire du bien, et si tu penses que je le mérite. »

« Si je me fichais de toi Carmen, je ne me tiendrais pas ici, là, devant toi. » Carmen ne voulait pas en croire un mot. Ezra était ici pour enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, voilà tout. Il s'était joué d'elle, l'avait appâtée comme on appâte un lapin qui se fait prendre au piège. Enfant, elle s'était simplement laissée faire. Joueuse, elle s'était tout simplement laissée faire, sans sourciller. Du moins, jusqu'à ce que sa fierté et son amour propre n'en prennent un coup. Quiconque touchait à cette partie de son caractère risquait de se faire détruire, totalement. Cela dit, elle resta silencieuse. Au fond, l'animal blessé cherchait la conversation. Accablé Ezra ne servirait à rien, si ce n'était l'accablée elle même d'autant plus. Ainsi, la blonde se tut, laissa son regard jouer avec le par-terre tandis qu'il continuait ses élucubrations, s'approchant peu à peu d'elle. « Il n'y a rien entre Israel et moi. » Mon cul, voulu-t-elle répondre du tac au tac mais se retint. Il y avait quelque chose entre Ezra et tout le reste du nid. « Pour ce qui est d'Emilien, en toute franchise, je n'en sais rien. » Son visage de poupon se releva et ses émeraudes se dardèrent sur le visage du français. Elle le toisait, durement. Ils n'avaient pas la même vision de leur pseudo relation, il fallait croire. Ils ne voyaient pas les choses de la même manière et Carmen s'en rendait compte peu à peu. Cela dit, une partie d'elle ne désirait pas le repousser. « Mais je ne suis pas gay, Carmen. » « Gay ou bi, peu importe, Ezra. » lui répondit-elle, cette fois-ci bien incapable de tenir sa langue. Quelque soit sa sexualité, il bousculait le nid et n'avait même pas l'air de s'en rendre compte. « Et je suis totalement attiré par toi. Par ton physique, oui, mais également par ce qu'il y a à l'intérieur. Par ta fragilité, ton innocence, ta fougue. » Elle leva les yeux au ciel, presque excédée. Il tentait de l'amadouer, maintenant ? Face à elle, tout près, trop près. Elle s'obligea à lever la tête et le contempler de cette même façon hautaine. « Tu n'en montres rien, en tout cas. » Comment pouvait-elle le savoir ? Il s'obstinait à la blesser, l'humilier en publique et lui sortait désormais qu'il était attiré par elle ? Carmen n'était pas certaine de bien comprendre. « Alors frappe moi, là, tout de suite, si tu penses que ça pourra te faire du bien, et si tu penses que je le mérite. » Elle se leva, doucement. Et la gifle qui partit lui avait démangé la paume de la main depuis plusieurs semaines maintenant. Tout aussi calmement, elle se rassit. « Je crois que ça va mieux, ouais. » constata-t-elle, massant sa main douloureuse sous l'impact de la joue du français. La violence du coup représentait assez bien la douleur qu'il lui prodiguait. « Je partagerai pas, Ezra. Alors débrouille toi comme tu veux, fais ce que tu veux mais je ne partagerai pas et je n'attendrai pas éternellement de connaître ton choix. J'suis pas ta poupée. » conclu-t-elle d'un ton monocorde. Et il avait plutôt intérêt à être convaincant.

Oui, je ne savais pas bien où j'en étais avec Emilien. Il était maintenant certain que j'étais attiré par le jeune homme, et ce même si cela me semblait tout bonnement impossible. J'avais moi même du mal à l'accepter. Après tout, n'étais-je pas l'archétype de l'homme à femmes par excellence ? J'étais confus, et au final peut-être n'aurais-je mieux fait de ne pas mettre les pieds dans un endroit comme celui ci. Cette expérience était des plus troublantes, d'autant plus lorsque Carmen se trouvait dans les environs, puisque la dernière chose que je souhaitais, était de la blesser. Cependant, plus cet instant s'écoulait, et plus je me rendais compte à quel point je semblais important dans son aventure, peut-être même dans sa vie, qu'elle soit actuelle ou non. Je ne savais pas bien comment réagir face à cette situation, comme si j'avais affaire à une impasse bien trop rugueuse pour pouvoir en sauter les murs. « Gay ou bi, peu importe, Ezra. » j'échappe un soupir. Je ne suis aucun des deux. Du moins pas à ma connaissance. Ou du moins il ne me semblait pas. Je ne savais plus. Plus rien. « Tu n'en montres rien, en tout cas. » dit-elle en réponse à mes confessions la concernant. C'est ainsi qu'elle le voyait ? N'était-ce pas la seconde fois que je venais implorer son pardon, si bien que ça en devenait presque ridicule ? Un peu de sérieux. Là dessus, l'humiliation continua puisqu'elle en vint à me gifler, une chaleur envahissant peu à peu ma joue, rosée sous le coup échangé. « Je crois que ça va mieux, ouais. » je passais un instant une main sur ma mâchoire, comme pour la remettre en place, même si elle n'avait clairement pas la force nécéssaire pour me la déplacer. « Je partagerai pas, Ezra. Alors débrouille toi comme tu veux, fais ce que tu veux mais je ne partagerai pas et je n'attendrai pas éternellement de connaître ton choix. J'suis pas ta poupée. » « Et je ne t'ai jamais prié de l'être. » après tout, c'était la vérité non ? Je n'avais en aucun cas exprimé une quelconque possession envers la jeune femme, même si la voir un jour faire un peu plus qu'ami ami avec quelqu'un d'autre me gênerait certainement fortement. « T'as un sacré crochet du droit pour une meuf. » finalement un léger rire s'échappa de mes lèvres.