Carmen s'était plaint hier soir, au prime. Elle avait naïvement pensé que son partenaire serait réceptifs à ses élucubrations et ses déceptions concernant l français. Mais non. Non sans grogner, il l'avait envoyée paître n'en résulte une jeune italienne complètement perdue, renfermée sur elle-même, sans aucune possibilité de s'épancher. Toute la nuit, la blonde avait ressassé les paroles d'Ezra ainsi que ce prime, complètement contradictoire. Ainsi, la belle ne comprenait pas pourquoi il lui intimait d'attendre, de 'attendre lui, quand la production montrait exactement l'inverse. A savoir, qu'il avait choisis et qu'il était clair qu'elle ne faisait pas partie de ce choix, malheureusement. Déambulant sagement dans le nid, faisant un petit tour par l'extérieur, Carmen se dirigea vers la cabane en bois, non pas pour buzzer mais parler. A elle-même. A elle ne savait qui. Tant qu'il était possible qu'elle ne débite ses phrases à une vitesse folle et avec violence sans que jamais personne ne la contredise. Le silence lui suffisait et, enfantine, elle imaginait qu'un blanc pouvait être assimilé à un oui. Oui Carmen, tu as raison. Oui Carmen, Ezra t'as pris pour une conne. Oui Carmen, ce n'est qu'un pauvre con. Non Carmen, tu ne te méprends pas. « Je pense tout simplement que ce connard essaie d'assurer ses arrière. Avoir un plan B au cas où son plan A, Emilien, donc, ne lui fasse faux bond. Seulement son plan B, Ezra pourra se l'enfoncer bien profondément dans son putain de cul de gay. » La violence des propos de Carmen ne datait pas d'hier et la profonde déception qu'elle ressentait faisait ressortir le tout plus intensément encore. Cela dit, la belle était bien loin de s'imaginer que cette phrase, une certaine française l'avait certainement entendue puisqu'elle se trouvait derrière elle. L'italienne la scruta un moment, un sourire gêné aux lèvres. Peut-être était-elle arrivée plus tard ? Quoiqu'il en soit, le début tout comme la fin de sa tirade avaient été violents et dégradants pour Ezra. Puis qu'importe, Carmen ne devait finalement pas être la première à l'évoquer de la sorte. « Je crois que j'ai réellement été blessée. » lui confia-t-elle avec aplomb, espérant qu'ainsi la française ne tienne pas rigueur de cette première phrase..

Cette cabane en bois, Mado espérait pouvoir la découvrir dans un autre contexte que celui-ci, prochainement. Car si en ce jour elle ne s'y rendait que pour se familiariser un tantinet avec ce lieu qui lui restait inconnu, il est certain qu'elle avait prévue de buzzer sans tarder, commençant à avoir de sérieuses pistes sur l'un de ses camarades. Donc oui, elle avait la ferme intention d'y buzzer dans les prochains temps, mais pour le moment, elle n'avait en tête que d'y passer un bref moment, juste le temps sans doute de visiter brièvement les lieux. Sauf que ce qu'elle avait été loin d'imaginer avant d'y entrer, c'est que quelqu'un s'y trouve déjà. Et ce quelqu'un, c'était Carmen. Carmen qui se trouvait donc seule à l'intérieur de la cabane. Carmen qui semblait y parler, toute seule donc, peut être parce qu'elle avait simplement besoin d'extérioriser certaines choses. (Ce n'était pas Mado qui la jugerait, vu qu'elle partait quelques fois toute seule, elle aussi.) Mais Carmen qui, surtout, se trouvait à tenir des propos assez durs, tout de même. Il y était question d'un connard, d'un plan A et d'un B, d'Emilien, et donc d'Ezra, logiquement. Oui, c'était très probablement de lui dont elle parlait ici. Le problème, voyez-vous, c'est qu'elle ajouta des propos relativement crus, si on peut dire. Non pas qu'il ne fasse pas plaisir à Mado d'entendre qu'Ezra avait un "cul de gay" et qu'il pourrait s'y enfoncer bien profondément le plan B que semblait donc être Carmen, mais voilà, le fait est tout de même que ça n'était pas le genre de choses qu'une grande sœur aimait entendre au sujet de son cadet. Alors bien sûr, Carmen était une femme blessée, ça elle l'avait bien compris. Et d'ailleurs, dans un sens, elle avait tendance à la comprendre. Mais bon, sa camarade aurait tout de même tort de penser que cela lui donnait le droit de tenir des propos pareils, hein. Heureusement pour elle, Mado était dans un assez bon jour, aujourd'hui. Justement parce qu'elle avait pu discuter avec son frère dans la nuit. Donc, hm, elle allait tâcher de relativiser les choses, disons. « Dans un autre contexte, je pense que j'aurais déjà commencé à te creuser une tombe » annonça-t-elle, dans une moue perplexe. Bah oui, parce qu'insulter Ezra, c'était tout de même dangereux, généralement. Mais il est vrai qu'ici, c'était tout de même un peu particulier, et que Mado serait hypocrite de lui tomber dessus à bras raccourcis alors qu'elle avait tenté de la soutenir dernièrement. « Mais je sais que cette histoire te place dans une situation dont tu te serais bien passée, que tu te sens humiliée et abusée. Carmen, je sais ce que c'est d'être à ce point mortifiée. » Vraiment, pour avoir déjà vu son honneur être bafoué, elle en savait quelque chose, oui. « Toutefois, je mentirais si je disais que les propos que tu viens de tenir, à l'égard de mon petit-frère, ne me révoltent pas légèrement. » Elle avait beau ne pas cautionner l'attitude d'Ezra à certains niveaux, il est vrai qu'elle était blessée par ce qu'elle venait d'entendre. Bien sûr qu'elle comprenait la détresse de Carmen. Mais Ezra restait Ezra, quoi qu'il fasse.