cameron

Il avait été sauvé. Je savais que j’avais raison de garder espoir. Pourtant, je suis rarement optimiste, mais voilà, je crois que mon désir de le voir rester l’avait emporté sur tout. Je n’allais pas lui sauter au cou tout de même, ce n’est clairement pas mon genre, mais ma simple main dans la sienne signifie quelque chose. J’aime mieux agir et ignorer ce que cela peut signifier de toute façon. Et puis, comme il reste, il a le droit à tout ce qu’il veut de ma part, c’était bien ça l’entente pour son anniversaire. Et évidemment, nous n’avons pas tardé à rejoindre son lit pour que je puisse lui offrir son cadeau. Enfin, que je puisse m’offrir, parce que techniquement, j’étais son cadeau. Si ce n’est que moi, c’est le plus mauvais cadeau de la terre. Mais c’est son choix à lui après tout. Je ne sais pas à quelle heure nous nous sommes endormies, ou plutôt écroulé sous la fatigue et l’épuisement. Je ne me suis même pas demandé si Alecia, la partenaire de Cameron allait réclamer sa place dans le lit, mais bon, y’a une tonne de lit vide maintenant, elle a juste à s’en trouver un autre. Et heureusement, nous n’avons pas été dérangé. J’ai tellement dormi profondément que j’ai l’impression de sortir d’hibernation lorsque je me réveille le lendemain matin. Les yeux toujours fermés, je sers mon bras qui se trouve autour de Cameron alors que souffle viens s’écraser au creux de son cou. Je suis complètement nue, collée contre lui sous les couvertures et je suis bien. Je me sens bien. C’est si rare que je ressente un tel sentiment, que j’ose à peine bouger, de peur de tout gâcher. Parce que j’ai beau dire n’importe quoi, je suis contente qu’il soit encore là ce matin. Et évidemment, l’idée de me lever et de partir de cette chambre en vitesse me traverse l’esprit, pourtant je ne bouge pas. Pas encore. Je crois qu’il est réveillé aussi, je le sens un peu bouger. Je viens donc tranquillement déposer mes lèvres contre son cou, une fois, puis une deuxième. Je suis presque certaine qu’il est réveillé maintenant. « Bon matin... » Je murmure faiblement, mes doigts caressant son torse puis sont ventre délicatement. « Et non, tu ne rêves pas... t’es encore ici. Malheureusement pour tout le monde. » Ouais, personne n’est content de le voir encore ici, même moi ça me fait chier. C’est évident. N’importe quoi.

Je savais bien qu’il était éveillé. Et puis voilà qu’il me sert contre lui alors que je m’applique à déposer des baisers dans son cou. Je garde encore les yeux fermés, ayant l’impression que si je les ouvre, plus rien de cela ne sera réalité, ce qui est quelque peu idiot. Il me traite de bel ange, et ça me fait sourire. Je sais bien que j’ai rien d’un ange, j’en suis surement même à l’opposé. Puis je lui dis qu’il n’est pas dans un rêve, peut-être que c’est pour me convaincre moi aussi. J’avais eu peur qu’il parte, vraiment. Mais le public avait été bon, pour une fois. J’ouvre finalement et difficilement les yeux lorsqu’il me demande si moi aussi j’aurais préféré qu’il ne reste pas dans le chalet une semaine de plus. « Mais oui... Même moi. C’est évident... » Genre. J’ai déjà vu plus crédible tout de même. Mes doigts parcours son corps, profitant de cet instant qui est plutôt nouveau pour lui et moi. On a pas trop l’habitude d’être comme ça. Il me vole un baiser et mon sourire s’étire légèrement, relevant ma tête doucement pour pouvoir le regarder. Contrairement à hier lors du prime, je ne proteste pas face à son baiser, mais j’imagine que c’est simplement parce que nous ne sommes pas sur le prime. « Tu penses que si on soudoie Cupidon y'a moyen de changer de partenaire ? » S’il savait le nombre de fois que j’y ai pensé. Changer de partenaire, mon rêve depuis que j’ai mis les pieds dans cette aventure. Ça serait tellement mieux, de dormir ainsi avec Cameron. Je me sentirais plus à l’aise... plus moi-même. « J’aimerais tant... Mais il aime bien faire chier son mon le ptit cupidon... Alors je crois qu’on peut toujours rêver. » Je fais une petite moue à mon tour, m’approchant lentement de ses lèvres, les frôlant, mêlant mon souffle au sien. C’est vraiment juste, j’aurais bien aimé avoir Cameron comme partenaire. On aurait été un magnifique duo. « Mais, y’a aucun règlement qui dit qu’on a pas le droit de dormir ensemble... Donc, elle aura juste à se trouver un autre lit. » Je dis un peu n’importe quoi. Parce que je crois qu’on est en quelque sorte obligé de partager le lit de notre partenaire. Et je ne crois pas qu’Alecia accepterait que je prenne sa place à tous les soirs. Je sais pas, je ne la connais pas. Je viens finalement embrasser Cameron doucement, puis un plus passionnément, comme si je n’étais pas capable de me retenir en sa présence. Faut tout de même avouer que ses caresses sont plutôt agréables et si je n’étais pas très bien réveillé il y a quelques minutes, je le suis bien en ce moment. Je me détache après un moment, restant tout de même près de lui, le regardant, un peu plus sérieuse. « Je crois... Je crois qu’on commence à être un peu trop attaché l’un à l’autre Cameron... » Je murmure, mon regard ne décrochant pas le sien. C’est plutôt impulsif comme déclaration, et je sais que je dis "on" alors que ce n’est peut-être pas son cas à lui. Mais moi, je commence à être trop attachée. Et ça me fait peur. Juste y penser, j’ai une boule au ventre.

« Qu'est-ce que tu fais encore là alors ? » Excellente question, oui. Je me le demandais aussi justement. Qu’est-ce que je fais encore là. Je devrais peut-être me lever et partir, puisqu’il me donne l’occasion parfaite de me sauver. Ce serait bien mon genre de la saisir, de briser ce moment à deux que nous avons ce matin. « T’as raison, je devrais peut-être partir... » Je murmure contre son cou. Pourtant, je reste là, je reste près de lui. C’est surement sa façon qu’il me tient dans ses bras qui me fait changer d’idée. Je ne sais plus, mais on change de sujet et c’est peut-être une bonne chose finalement, de parler d’échanger nos partenaires. La situation serait parfaite dans ce cas. Bien que se soit impossible, je ne vois pas pourquoi je ne prendrais pas l’habitude de me glisser sous les draps de Cameron chaque nuit, je m’en fous un peu si ça ne plait pas à Alecia. « D'accord, je te garde pour moi alors. Et puis Alecia pourra toujours dormir avec Mickey, il me semble qu'ils s'entendent bien ces deux là. » J’hausse les sourcils en l’entendant, alors que je suis tout près de lui, mes lèvres venant encore frôler les siennes. « Ah ouais ? Y’a quelqu’un ici qui réussit à endurer Mickey ? » Je plaisante, mais y’a une certaine part de vérité dans ce que je dis. Ce n’est pas de ma faute si mon partenaire et moi ne sommes pas les meilleurs amis du monde. Enfin, oui, c’est peut-être un peu de ma faute. Bref, je viens enfin poser mes lèvres sur celles de Cameron dans un doux baiser avant d’y mettre un peu plus d’intensité. Je n’y peux rien, je n’ai pas de contrôle, et encore moins avec lui je crois. De toute façon, il est aussi pire que moi donc ça va, c’est pas si pire. Et c’est loin d’être désagréable comme perte de contrôle. Reste que cela éveille mes sens et en contradiction avec mon envie, je me sépare de ses lèvre. On est trop attaché l’un à l’autre. C’est un fait, on ne peut plus le nier, lui comme moi. Et il l’a remarqué aussi, comme je m’en doutais. Il caresse ma joue doucement, et ça ne m’aide clairement pas à y voir plus clair. « C'est pas si grave... Si ? » Je soupire pour toute réponse puisque je pense que c’est tout de même un peu grave. Qu’à la base, ce n’était pas censé se dérouler de cette façon. Dans ma tête, ce devait être différent. « Enfin ce que je veux dire c'est que c'est normal, on passe beaucoup de temps ensemble. On est sur la même longueur d'onde, on est canon tous les deux, et je me suis découvert une passion pour tes lèvres alors... » Je n’ai pas le temps de répliquer qu’il est déjà à l’assaut de mes lèvres. Et je ne peux m’empêcher de répondre au baiser, me laissant soulever pas cette passion nouvelle et plutôt douce. Je laisse mes mains parcourir son corps, caressant chaque parcelle de peau sur leur chemin. Avant de me séparer que de quelques centimètres pour entre autre reprendre mon souffle. « Et pourquoi t’es aussi doux dernièrement... ? Pourquoi je te sens changer avec moi... » Je plonge mon regard dans le sien, me perdant légèrement dans ce bleu si profond. Je ne sais pas pourquoi je pose la question. Mais j’ai peur, mon dieu que j’ai peur. « T’es pas bien pour moi... Tout comme je ne suis pas bien pour toi. » Ma voix est faible, et je suis incapable de lâcher son regard alors que mon corps en entier est collé contre le sien. Pour une conversation matinale, j’y vais un peu durement. Mais je ne peux m’en empêcher.

J’ai pas trop envie de parler de Mickey là, maintenant. En fait, j’en ai même vraiment pas envie. J’ai plus envie d’embrasser passionnément Cameron à vrai dire, et je ne me gêne pas pour le faire. À croire que c’est rendu plutôt indispensable lorsqu’on se retrouve ensemble. Mais c’est tellement agréable, que je ne peux m’en empêcher. Mais c’est aussi à cause de ce sentiment de bien être que je me met à me poser des questions. C’est pas moi, je ne suis pas comme ça habituellement. Et lui non plus, depuis que je le connais, ce qui ne fait pas si longtemps que ça maintenant que j’y pense. Mais faut aussi dire que les rapprochements ont été, disons, très rapide entre nous. Mais bon, voilà que je le questionne, et je m’en veux un peu de briser le moment que nous passons ensemble. Mais ça me semble trop parfait, je suis tellement pas habitué à ce genre de comportement. « Parce que je me suis attaché a toi, parce que j'aime cette complicité qu'on a développé, parce que... Parce que je ne suis pas qu'un gros con, parce que ça fait huit ans que je ne suis pas senti aussi bien avec une femme. Et c'est devenu naturel... » Je ne sais pas quoi répondre à ça. Il est tellement honnête que s’en est déroutant. Et j’ai peur de paniquer là maintenant. Ça fait huit ans qu’il ne s’est pas senti aussi bien avec une femme. Et là, j’imagine qu’il parle de sa femme justement. J’ai une boule au ventre. On en a jamais parlé ensemble. J’imagine qu’il ne veut pas en parler non plus, et je le comprend. C’est parfaitement compréhensible oui. Je viens caresser sa joue, comme il le fait lui aussi. Comme si on cherchait à se rassurer mutuellement. Ça fonctionne pas vraiment pour ma part, puisque je suis entrain de lui dire qu’il n’est pas bien pour moi et que je ne suis pas bien pour lui. « Pourquoi ça ? Parce que c'est immorale ? Parce qu'on a vingt ans d'écart? Je te comprends tu me comprends. » Oui pour tout ça. Tout ça et encore plus j’en ai bien l’impression. Je n’aime pas penser comme ça, et vraiment, j’aimerais pouvoir simplement apprécier. Apprécier ce qu’il m’offre, cette douceur, cette attention. Mais je me connais, je me connais trop bien, c’est ça le problème. « De quoi tu as peur ? On ne devrait pas se poser de questions. On est bien ensemble pour l'instant pourquoi ne pas profiter de ses moments sans se prendre la tête ? Et quand l'un de nous sortira la question ne se posera plus... » J’ai l’impression de ne plus me sentir aussi bien. Je dois être pâle, il doit bien se rendre compte que tout cela me rend mal à l’aise. Pas face à lui, mais face à cette situation qui me semble une montagne alors que c’est plutôt simple. Parce que je sais qu’il a raison, je sais que ça donne rien de s’en faire et qu’on devrait profiter. Mais moi tout m’inquiète. Et ce qui m’inquiète encore plus, c’est de perdre le contrôle de mes émotions face à lui. J’en ai tellement marre d’être faible tout le temps. Ça devient tellement lourd de vivre avec moi continuellement. « J’ai peur de tout... J’ai peur de toi, de moi. Je donne tellement cette impression que je suis au dessus de tout... Je suis une grosse trouillarde. Je complique toujours tout. » Oui, ça finit toujours de la même façon. On pourrait même croire que c’est ce que j’aime, tout défaire en un claquement de doigts. « Mais je suis tellement bien là... Si tu savais à quel point je me suis sentie bien en me réveillant à tes côtés. À te savoir près de moi... » Je soupire, parce que j’ai l’impression que mes paroles dépasse la réalité, alors que tout ce que je lui dis en ce moment n’est que la pure vérité. C’est moi qui va lui faire peur maintenant. Je le regarde un moment, silencieuse. Puis je retourne l’embrasser, plus doucement, comme pour lui faire comprendre à quel point je suis sincère. Mais moi dans tout ça, je ne comprend plus rien. J’ai l’impression de me perdre alors que je n’ai plus envie de séparer mes lèvres des siennes.

Toute cette situation est déroutante. Et je ne sais pas comment agir pour l’avenir. Une donne de sentiments, de désirs, mélangé avec l’angoisse et l’anxiété font que cette relation me semble être une montagne. Alors qu’en fait, elle ne l’est pas vraiment. Ça n’a rien de si compliqué que ça. Et si je me sens si bien dans ses bras, ce n’est pas pour rien. Pourquoi est-ce que j’en viendrais à le repousser. À ne plus vouloir passer du temps avec lui ? Parce que je suis moi. Je suis comme ça. Je voudrais avoir le contrôle sur tout, alors qu’en réalité, c’est totalement l’opposé qui se produit. Je l’embrasse tout de même, avec douceur, et j’ai l’impression que mon baiser est beaucoup plus significatif. Que je ne le fais pas pour rien et qu’il y a un certain sens à ce dernier. C’est tellement étrange comme situation, j’aimerais bien pouvoir ne plus y penser, ne plus me poser de questions, comme il me l’a dit. « Pourquoi tu te concentres pas sur le fait que tu te sentes bien avec moi. Je me sens bien moi aussi. C'est tout ce qui compte non ? » Je le regarde, forçant un sourire léger, qui est tout de même sincère malgré tout. « Oui... J’imagine que c’est tout ce qui compte. » Parce qu’il est bien avec moi, il aime passer du temps avec moi et que je devrais y croire. Que rien de tout cela est forcé, que c’est naturel et que je devrais en quelque sorte l’accepter. « Si jamais tu venais à te sentir étriqué, si ta vraie nature venait à ressortir, c'est pas grave, j'arriverais à gérer. Et sinon tant pis pour moi... » J’aime mieux ne plus y penser. Parce que si pour l’instant il m’a convaincu à laisser les choses comme elles le sont et à en profiter, peut-être que demain je serais prise d’un nouveau doute qui me fera porter des gestes envers lui pour le repousser. Pour ne pas avoir à faire face à ce que je commencer à ressentir pour lui. Parce qu’au fond, c’est bien ça le problème. J’essaie de lui montrer mes doutes, parce que j’ai peur de ce que je ressens lorsque je suis près de lui. Je soupire à nouveau alors qu’il me sert encore un peu plus dans ses bras. Je viens nicher mon visage dans son cou, silencieuse, avant de déposer mes lèvres sur sa peau à nouveau, comme si j’étais incapable de m’en empêcher. « On devrait se lever... Et aller prendre une douche. » Voilà qui est une bonne idée. Et je ne dis pas ça parce qu’on va se sauter de dessus ou quoi que se soit. Non puisqu’il risque d’y avoir des gens dans la salle de bain. J’ai juste envie de passer la journée avec lui. Et de profiter, comme on vient d’en parler. Je viens l’embrasser une dernière fois tendrement avant de m’étirer et de mettre la main sur mes vêtements pour les enfiler et sortir du lit, lui souriant, attendant qu’il me vienne me rejoindre.