Les semaines avançaient, j'étais toujours au sein de ce jeu et je pense que ça devait surprendre pas mal de personnes dans ma famille. J'pense que ma mère meurt d'un manque et que mes soeurs sont assez fières d'elle. Il ne faut pas oublier que c'est à cause, ou plutôt grâce, à eux que j'en suis arrivé là. J'pensais pas les remercier mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Mon niveau de cuisine par contre, n'avait aucunement changé. Bon, j'avais bien entendu essayer quelques cuissons mais je ne pouvais pas encore me vanter de pouvoir faire top chef. Loin de là même. J'pense que j'en suis au niveau de cuire des pâtes. Hum mouais, je vais donc pas proposer aux autres candidats de leur faire un buffet. D'ailleurs, je remercie tous les candidats grâce à qui je survie aujourd'hui. Il y a pas photos, je serais surement devenu terriblement maigrichon si ils n'étaient pas là pour me nourrir. D'ailleurs, ce soir, j'ai pas osé mendier et j'ai pas encore manger. Mon ventre est pas content, il me fait la gueule et se tord dans tous les sens. J'veux pas faire mon rebelle plus longtemps et je me dirige vers la cuisine. J'ai à peine eu le temps de pousser la porte que j'entends Mickey. Ouais, il me propose quelque chose est c'est assez tentant je dois dire. « Peyton. Est-ce que tu aurais une envie de fruits, là tout de suite ? » Là, tout de suite, j'suis tellement affamé que je boufferai même un chien, un bras ou des croquettes pour chats si on me le proposait alors des fruits, ça me parait génial. Il est quand même sympa le Mickey de me proposer de partager ce qu'il a préparé. Je ne m'y attendais pas venant de lui, mais je vais pas cracher dessus. Puis au moins, je suis sûr que ça a été fait proprement et qu'il s'est lavé les mains en me préparant ça. C'est important l'hygiène quand on se situe dans une cuisine. J'vous promets que parfois, si je sais que c'est un crade qui a fait la bouffe, je peux avoir un blocage et ne plus rien avoir envie d'avaler. « J'veux bien, merci. » Je m'avançais alors en direction de l'écrivain pour jeter un petit coup d'oeil à ce qu'il avait préparé. « J'prends lequel ? » De bol j'veux dire. Bon, ça me semble la même chose dans tous, mais on sait jamais qu'il ai une petite préférence. « En tout cas, j'ai suivis ton conseil depuis la dernière fois ! Je me balade plus à pieds nus. » Hein ouais qu'il va être fière de moi mickey ? Tout en disant cela, je me mets assis à côté de lui.

« Hm. » Le suspens était à son comble pour moi et pour tous les téléspectateurs. C'est évident, nous sommes tous pendus aux lèvres de Mickey, attendant avec impatience qu'il désigne l'un des bols qu'il vient de faire. Bon, en vrai, je suppose qu'il n'y a que pour moi que ce suspens comptes. Les téléspectateurs s'en battent le steack, ils ne crèvent pas la dalle eux. « Han. Il y a deux cubes de pamplemousse en plus dans celui-ci. T'as pas le choix, tu dois l'attaquer et manger ces deux cubes en premier afin de rétablir l'équilibre. » Il était déconcertant ce type, j'en croyais pas mes oreilles ! Avait-il vraiment compter les cubes de fruits ? Ca aurait été n'importe quel autre candidat, je ne l'aurais jamais cru mais venant de lui, hum, j'osais même pas faire de l'humour en lançant un petit " c'est une blague" ou "tu rigoles". Non, Mickey ne devait pas rire avec ce genre de choses et je suppose que c'était important pour lui. Ce mec est beaucoup trop maniaque à mon goût, mais j'sais me montrer compréhensible alors je ne le déteste pas pour autant. J'pense que c'est quelque chose ou quelqu'un qui l'a rendu comme ça ... Un évènement quoi. Parce qu'on ne naît pas avec la furieuse envie de nettoyer tout ce qui traîne à ce point-là, c'en est presque maladif. J’obtempère , attrape le bol qui vient d'être désigné et comme il me le demande, je mange les deux bouts en trop. J'ai l'impression d'être un gros soumis, mais j'ai pas envie de le contrarier, même si je suis curieux de voir ce que cela pourrait donner un jour. Me mettant assis, je lui fais rapidement remarquer que j'ai suivis son conseil en portant quelque chose à mes pieds. Ses histoires de mycoses, ça m'avait un peu effrayé à vrai dire. Puis ma mère aussi a tendance à me demander de porter quelque chose aux pieds, alors ça ne me change pas de la maison. « Peyton, je dois dire que je suis agréablement surpris. Tu es bien l'un des seuls à prendre en compte ce que je peux dire, ou demander. » Et là, c'est moi qui suis étonné. Ca veut dire que les autres s'en foutent de ce qu'il dit ? D'accord, c'est pas le plus sympa de la bande, mais tout de même, je trouve qu'il dit des trucs intéressants. J'pense que c'est un mec intelligent et que si il me conseille quelque chose, c'est qu'il doit avoir raison. « En témoignage de ma gratitude, car tu sais que c'est important pour moi, je vais rajouter un peu de pêche à tout ça. » Trop aimable ! En plus, c'est l'un des fruits que je préfère la pêche. Je regarde donc Mickey coupé des morceaux et les poser dans des bols. Je les comptes et oui, il a bien équilibré les pots. « Mickey, est-ce que tu as toujours été comme cela ? » Je ne savais pas comment m'exprimer, mais il devait comprendre. Etait-ce des TOC ? je ne sais pas, je ne m'y connais pas assez dans le domaine que pour porter un avis quel qu'il soit. « Enfin, tu as toujours été un peu .. à cheval sur le ménage et sur l'équilibre des choses ? » C'était un peu plus clair. Je ne cherchais pas à le vexer, juste à le comprendre un peu. Je ne sais pas ce qu'il en est de lui, mais j'ai déjà vu des reportages à la télé, sur des gens qui n'ont plus aucune vie à cause de ce genre de comportement; aucune vie de couple, aucune vie de famille, des gestes à répéter tout le temps pour éviter un quelconque malaise. Bref, j'voulais savoir si il était de ceux-là. « Je t'aurais bien proposé de la banane, mais vois-tu je suis allergique au latex et donc, impossible d'en manger, ou d'en couper. » Pas très grave. J'pense qu'il y a déjà bien assez de fruits dans ce bol. Par contre, il vient de m'apprendre qu'il y avait un lien entre le latex et les bananes, je me coucherai moins idiot ce soir. « T'en fais pas, j'en raffole pas vraiment. On attaque ? » J'attendais maintenant son feu verre avant de planter ma cuillère à nouveau.

Les fruits, c'est pas vraiment ce que je préfère en fait. J'trouve que c'est pas assez caloriques, pas assez gras à mon goût. J'suis un adepte de tout ce qui peut me faire grossir et ma mère me demande souvent de faire attention d'ailleurs. Elle veille à ce que je mange de façon équilibrée. Elle sait bien que si ça ne tenait qu'à moi, je mangerai des frites tous les jours. Ou alors, je mangerai Mcdo. Mais ils sont cons chez mcdonalds, ils ont pas encore pensé à faire des livraisons à domicile alors je dois toujours demander à mes soeurs de se déplacer pour moi. Elles n'acceptent pas tout le temps et souvent, ça me fait chier. Je n'ai pas pour habitude que l'on ne cède pas à mes caprices. Ma maman n'a jamais vraiment osé me dire non. Elle m'a élevée comme elle a pu, de la façon qu'elle pensait être la meilleure pour moi. Je n'ai pas eu la même éducation que mes soeurs. Elles n'ont pas été considérées comme des princesses, elles sont bien plus indépendante que moi. Puis ma mère les laissait sortir elles. Moi, elle a arrêté de m'autoriser les sorties quand j'avais neuf ans. J'ai suivis les cours à domicile à partir de ce moment là et je n'ai jamais vraiment remis le nez dehors. J'ai développer une certaine phobie des gens et du monde extérieur surtout. Ma mère en est responsable. Je pense qu'elle le sait mais que ça l'arrange de me garder à ses côtés. Bref, je divague. Je parlais donc de fruits. Mickey m'a préparé des fruits et oui, je viens de dire que ce n'est pas ce que je préfère mais là, j'suis affamé. Affamé et prêt à bouffer n'importe quoi. Mickey étant troublé par deux bouts de pamplemousses en trop dans l'un des bols, je me 'sacrifie' et avale rapidement ces deux morceaux. Le pamplemousse, j'aime pas trop. J'grimace un peu d'ailleurs mais je ne veux vraiment pas vexer l'anglais qui m'accompagne. Je n'aime pas vexer les gens, peu importe qui ils sont. J'aime faire plaisir plutôt. Puis, même si je veux pas le vexer, je me sens obligé d'évoquer ses troubles justement. Ceux-ci, sont à mon goût, fort présents dans la vie du candidat. Jamais, je ne pourrais être comme il est. Je dirais même que je suis aux antipodes de ce qu'il est. Je ne suis pas vraiment autonome, je ne suis pas maniaque, je ne suis même fainéant en fait. Un rien me fait soupirer. Que voulez-vous, j'suis pas habitué. Je n'ai même jamais passé le balai de ma vie et pourtant, j'suis pas un gosse de riche. Mon père, pense que c'est un truc de nana, alors on ne me demande pas de le faire. Mais on ne me demande pas non plus de tondre la pelouse, parce que selon ma mère c'est bien trop dangereux. Vous l'aurez compris, je ne fais rien. Rien du tout. « Aussi loin que je m'en souvienne, oui. » Je l'écoute et j'attends d'en savoir un peu plus à son sujet. « Des troubles obsessionnels compulsifs et une épouse envahissante sont les deux meilleurs ingrédients que je connaisse pour anéantir un mariage. » Et là, bam, le scoop. Mickey était marié. Je ne m'y attendais pas. Je pensais pas qu'il pouvait être le genre de mec à se marier lui. « Parce que tu étais marié ? » J'fais des yeux ronds comme des billes à cause de l'étonnement. « ça veut dire que t'étais amoureux, que t'as fais des trucs romantiques et tout ? Moi qui te voyais comme un vieux loup solitaire. » Enfin, si je comprenais bien ce qu'il venait de me dire, son mariage n'avait pas fonctionné. Je songeais alors au mariage arrangé par ma mère. Je lui donne de moins en moins de chance de fonctionner correctement. Je commence à croire qu'on ne peut vivre avec quelqu'un que l'on aime pas envers et contre tout. Ne connaissant pas cette fille, je ne peux dire si je l'aime ou non. Je lui suis indifférent. Complètement indifférent. Armé de ma cuillère, je lui proposais donc d'entamer les bols. Ignorant toutes ses maniaqueries et ses 'problèmes', je préférais lui demander avant d'oser enfourner quoi que ce soit dans ma bouche. « Oui, attaquons. » Le top départ venait d'être donné. Je plongeais la cuillère, la remplissant au possible. Ca débordait de tous les côtés tandis que je la portais à mes lèvres. hum. Pas dégueulasse du tout. « Je ne connais rien qui vaille ça. » Mouais, avec du chocolat fondant ça aurait été encore mieux. Mais j'vais être sympa et lui donner raison. « Ouais, t'as fais ça comme un chef.» Puis au moins, je suis sûr de pas trop grossir avec ça en fait.