fitz.

Tu n'allais pas mentir, tu détestais te retrouver avec quelqu'un d'autre dans la salle de bain. C'était comme ça. Tu avais bizarrement besoin de cet espace pour toi tout seul. Pour des raisons qui t'étaient personnelles, obligatoirement. Hum. Pourtant tu te retrouvais là, dans la salle de bain, en pyjama (c'est à dire en bas de survêtement, et sans t-shirt) devant un des lavabos afin de te brosser les dents. Et peu après ton arrivée, Fitz se joignit à toi. Oh. Ça faisait longtemps que tu ne lui avais pas parlé, au gaillard. Et d'après ce que tu avais pu entendre ou voir, tout n'était pas tout rose pour lui. M'enfin, il avait tout de même deux femmes à ces pieds. Ce n'était pas négligeable. Mais il avait toujours l'air autant blasé. Bon. Tu lui souris, même si tu croyais pouvoir te brosser les dents seul. Tant pis. - Tu crois que celui qui a inventé la brosse à dent, il s'est dit d'un seul coup " La vache, une odeur nauséabonde sort de nos bouches, si on frottait nos dos à une sorte de brosse, peut-être que tout ira mieux ..." ? Tu crois qu'il s'appelait Monsieur Brossdant ? Ou Monsieur Broshdent, peut-être. Monsieur Brussdan. J'sais pas... ces trois noms de famille sont laid de toute manière. Quoi, c'était inutile et totalement débile ce que tu disais ? C'était normal, il était vingt-trois heures passé. Et à ces heures là, ton cerveau était débranché.

Tu partais dans un délire bizarre, avec tes brosses à dents. Mais tout de même, c'était intéressant à savoir, ce genre de choses. Non ? Si, tout de même. Toi, en tout cas, ça t'intéressait. T'étais peut être un peu trop curieux. Sûrement, oui. Ça ne t'empêchait pas de te poser tout pleins de questions inutiles, sûrement trop souvent. - J''y aura jamais pensé, moi... Tu hausses les épaules. C'était clair, si on ne t'avait pas directement donné une brosse à dent en main, tu aurais jamais eu cette idée. Bref. Tu hoches la tête à sa question, et le regarde. - J'ai quoi en échange ? est-ce que tu étais en train de faire du chantage ? Pas du tout. Tu lui souris et lui tends finalement ton dentifrice. Ça serait tout de même con de se brosser les dents sans dentifrice. - Tiens. Et puis la question te fait sourire. Etre libre ? Le bonheur total. Vraiment. Tu n'attendais que ça à partir du moment où on t'avait attaché à Enora. Surtout qu'avec le départ d'Isis, tu n'avais pas la tête à rester h24 avec une personne. - C'est fabuleux de pouvoir faire ce que l'on veut, quand on le veut. De pouvoir rester seul parfois, aussi. C'est cool. J'aime la liberté. Ma liberté. Et toi .. ? Tu t'en sors, avec tout ça ? Le tout ça pouvant être interprété comme il le voulait. Ça ne devait tout simplement pas être simple tous les jours pour le pauvre petit Fitz.

Tu n’arriverais sans doute jamais à comprendre les gens de l’époque. Comment pouvaient-ils vivre sans brosse à dent ? Tu te le demandais bien. C’était une énigme pour toi. Vraiment. Et tu voulais vraiment essayer de te mettre dans la tête des autres, en vain. Tu n’étais pas doué pour ce genre d’effort. Tu ne comprenais jamais comment les autres pouvaient penser d’une autre manière que toi. Voilà tout. C’était sûrement pour ça que tout le monde te paraissait étrange. Bref, peu importe. Ca ne t’empêchait pas de te poser un milliard de questions plus inutiles les unes que les autres. Et puis quoi ? Du shampoing ? Sérieusement ? – J’ai l’air d’avoir besoin de shampoing, peut-être ? Oh, il allait sûrement te sortir une vanne douteuse sur tes cheveux. L’habitude faisait que tu n’en avais plus rien à faire. Si ça amusait toujours autant la galerie, pourquoi pas. Bon. Tu lui souris et tu lui tends ensuite ton dentifrice. Ça serait con qu’il s’endorme avec une mauvaise haleine, hein. En tout cas, tu savais que tu ne pouvais pas compter sur lui pour faire du troc, il était nul en échange. Parce que bon, du shampoing, ça craignait quand même. Et pas qu’un peu. Tu lui poses ensuite une question, sur comment il s’en sortait et tout ça. Tu hausses les épaules à ses paroles. Tu te rendais bien compte que ça ne devait pas forcément être facile pour lui. Surtout que, bon, c’était un jeu. Et ils trouvaient tout de même un moyen de se prendre la tête. Et ça, franchement, ça ne devait pas être plaisant. – Du temps qu’elle ne pleure pas tous les soirs à cause de toi, je ça me va. Tu poses ton regard sur Fitz. – Et puis, c’est vraiment compliqué les femmes. Et je crois bien que t’as pas choisi les plus faciles. Tu lâches alors un petit rire. Tu ne connaissais pas vraiment Everleigh, mais elles avaient toutes deux l’air d’avoir un caractère bien à elles. Ce qui ne devait en rien faciliter la vie à ce pauvre Fitz. – Je sais que tu te fiches bien de mon avis, mais je pense que vous vous prenez bien trop la tête. Vous tous. Je ne crois pas que c’était le but de ta venue dans le jeu, pourtant, si ? Oh après tout, pourquoi pas. Mais ça te paraissait tout de même louche qu’il soit venu ici pour se faire chier à être entre deux personnes. Bref. – Pourquoi il a changé la donne ? Oui, t’étais un peu à l’ouest. Comme souvent, en fait. Donc tu attendais qu’il t’explique. En fait, t’aimerai bien comprendre tout ça, mais tu savais que ça allait être compliqué.

Oh, tu ne le prenais pas mal. Après tout, tout le monde avait un problème avec tes cheveux. Excepté Mason et Isis. Et eux, c’était des gens biens. Oui, ils l’étaient seulement parce qu’ils aimaient tes cheveux. Et alors ? Bref, tu souris à la réponse de Fitz. Ah, c’était déjà beaucoup mieux, tout ça. – Oui, une bière c’est mieux. C’est plus utile, aussi. Bon, tu ne pouvais pas te laver les cheveux avec une bière, mais tant pis. Tu préférais ça. En soit, t’offrir une bière ne signifiait rien dans ce nid, puisqu’il ne payait pas vraiment, mais ça te satisfaisait tout de même. Tu hausses alors tes épaules. Elles l’avaient choisi. Tant mieux pour lui, non ? C’était mieux que d’être tout seul, hm. – Non mais, j’comprends. Ça doit être bien chiant et compliqué tout ça… Ouais, t’en aurais marre à sa place. Clairement. Même si tu ne comprenais pas tout en fait. Fitz t’explique ensuite ce que tu n’avais pas compris. Et ça t’éclaire, d’un seul coup. Toi, tu ne savais pas vraiment ce qui se passait avec Everleigh. C’était encore plus compliqué que ce que tu pouvais penser. – Mais… qu’est-ce que tu veux ? demandes-tu simplement alors, ne commentant donc pas la partie d’Everleigh et Myles. Parce qu’il prétendait faire tout ce dont il voulait, désormais. Mais apparemment, personne ne savait ce qu’il voulait. Toi, poser trop de questions ? A peine, voyons.

Il y avait certaines choses que tu ne comprenais pas, certaines choses que tu essayais de comprendre tant bien que mal, et certaines choses que tu ne cherchais même pas à comprendre. Et cette histoire d’amour triangulaire se plaçait au milieu de tout ça. Tu ne jugeais pas, tu ne pensais pas. T’espérais seulement que personne ne souffrirait là-dedans, surtout Mado. Elle ne faisait pas confiance aux hommes, et elle n’avait pas besoin d’un drame en plus. Après tout, vous n’étiez pas tous des cons, si ? Bon, ton cas ne comptait pas, hm. – Tes intentions ne sont pas mauvaises. C’est sûrement ce qui t’honore le plus là-dedans. Et aussi ce qui faisait encore plus mariner les deux jeunes femmes, sûrement. M’enfin, peu importe. Au moins, t’étais certain qu’il ne ferait pas de mal à Mado. Du moins, qu’il ne ferait pas exprès, s’il le faisait. Tu te doutais que sa situation était … délicate. Mais même si tu essayais de rester objectif –parce que rien de tout ça n’était tes affaires- ton côté était déjà tout choisi. Celui de Mado. Tu hoches la tête aux paroles de Fitz. Tu le comprenais, en quelque sorte. Tu détestais qu’on te dise quoi faire, qu’on essaie de faire de toi une sorte de marionnette sans permission de soumettre ton avis ou tes pensées. – Hm.. ça me semble une bonne idée. Enfin, je suppose que rien n’est une bonne idée là-dedans, puisque au final, une personne l’aura mauvaise. Tu hausses les épaules. C’était vrai après tout. Puis tu souris à ses paroles. – On pourrait lui couper une jambe qu’elle ne pleurerait pas, je m’en fais pas pour ça. Dis-tu dans un rire. Bon, en fait, t’en n’étais pas si certain. Mais tu le pensais. Elle avait beaucoup trop de fierté pour pleurer pour un homme.