Bon stop, ça ne pouvait plus durer. C'était catastrophique et il était temps que ça cesse. Mado ne savait pas patiner et ça n'était pas normal. Non, une sportive de son niveau ne pouvait pas rester dans une pareille situation. Cela n'était tout bonnement pas concevable, vous comprenez. Ainsi donc, il était grand temps d'y remédier et de s'employer à changer les choses. Jusqu'à présent, elle était globalement tombée sur des gens tout aussi nuls qu'elle, si ce n'est parfois plus. Et clairement, ça n'était pas ce qu'il lui fallait si elle voulait apprendre une bonne fois pour toute à patiner. Ce qu'il lui fallait, au fond, c'était un champion. Oui, un champion. Quelqu'un qui saurait lui apprendre à patiner en un temps record, par exemple. Et ce quelqu'un, et bien, ça pourrait tout à fait être Peyton. Oh oui, lui, il avait une tête de champion. Ou disons en tout cas qu'elle avait envie de croire qu'il était irréprochable en tous points, et donc qu'il savait patiner. Ainsi, la jeune femme ne manqua pas de le choper au détour d'un couloir pour le trainer jusqu'à la patinoire. Elle avait ce grand sourire accroché aux lèvres qui était assurément censé vouloir dire « Rassure-toi Peyton, je ne compte pas abuser de ton corps dans un coin sombre puis l'asperger d'acide. » Mais sans doute ne la croyait-il pas capable d'une telle ignominie, hein. C'est en tout cas ce qu'elle osait espérer, hm. Arrivés à la patinoire, elle ne lâcha pas la main qu'elle avait saisit pour qu'il la suive et se planta devant lui, toujours relativement souriante. « Je veux apprendre à patiner, Peyton. Je vis très mal le fait d'être nulle. J'ai l'impression d'avoir raté ma vie, et je n'ai clairement pas besoin de ça. » Oui bon, elle ferait peut être bien d'aller droit au but, en fait. Se plaindre sur ô combien son existence était désespérante, hm, pas sûr que ça l'aide à faire des progrès. « Apprends-moi à patiner, s'il te plait. Je veux dépasser tout ça. J'en ai besoin. C'est même vital. Je ne veux pas rester sur tous ces échecs. » Et c'était vrai. Et même qu'elle avait quelques exigences. « Le but étant, naturellement, d'avoir le niveau d'Holiday on ice, mais ça tu t'en doutes » s'amusa-t-elle alors. Mais bientôt, elle eut comme une révélation. Ou disons en tout cas qu'elle repensa à un fait troublant. A ce qu'elle n'avait même pas pris la peine de lui demander, mais qui revêtait une certaine importance, tout de même. « Hm au fait, rassure moi, tu ... tu sais patiner, hein ? » Ah oui, il était peut être temps de s'en préoccuper, effectivement. La question à un million d'euros, sans nul doute.

Il ne restait plus tant de candidats que ça, je me surprenais d'ailleurs à faire encore parti du lot. Mais je n'allais clairement pas m'en plaindre, cela me convenait parfaitement. Malheureusement, après tant de temps passé ici, on avait vite fait le tour des activités. J'avais mis un pied dans toutes les pièces et avait même pu établir un classement de celles que je préférais. Bien entendu, c'était la chambre ma préférée. Aucune surprise étant donné que je suis de ceux qui adorent dormir des heures et des heures. Puis je pourrais rester dans ce lit des journées entières moi. Bref. Aujourd'hui était justement l'une des journée où j'aurais mieux fait de rester coucher puisque rien d’intéressant n'était à noté. Que voulez-vous, on ne peut pas toujours avoir des journées extraordinaires, c'est pas possible. Je décidais donc de regagner ma chambre, jusqu'à ce que Mado interrompe mes projets. La candidate avait visiblement d'autres plans pour ce début de soirée. Et bien entendu, j'avais décidé de lui faire confiance et de la suivre aveuglément alors que celle-ci me tirait par la main en direction de je ne sais quoi. Je savais juste que je devais la suivre puisqu'elle ne m'avait rien dit et s'était contenté de me tirer par la main. ha les femmes. -ouais, je me la joue connaisseur alors que pas du tout. Nous arrivons à la patinoire. Mouais. Elle veut donc que l'on patine un peu tous les deux ? C'est ça ? « Je veux apprendre à patiner, Peyton. Je vis très mal le fait d'être nulle. J'ai l'impression d'avoir raté ma vie, et je n'ai clairement pas besoin de ça. » Mado me fera toujours rire. Elle a cette aptitude à toujours tout exagéré. Ouais, c'est pas la première fois qu'elle me joue ce jeu-là. Suffit de se rappeler notre passage dans la bibliothèque et sa presque mort lors de sa chute. Je ne sais pas vraiment quoi lui dire, je me contente de lui sourire comme un idiot. De toute façon, elle n'a pas fini de parler. « Apprends-moi à patiner, s'il te plait. Je veux dépasser tout ça. J'en ai besoin. C'est même vital. Je ne veux pas rester sur tous ces échecs. » Le problème étant que je ne patine pas. Je suis monté pour la première fois sur des patins en ce début d'aventure et je m'en étais sorti très moyennement. J'avais plutôt passé l'après-midi collé au mur adjacent la piste de patinage. J'veux pas la décevoir moi Mado. « Le but étant, naturellement, d'avoir le niveau d'Holiday on ice, mais ça tu t'en doutes » Je fronce les sourcils, je sais pas trop ce qu'est ce niveau là. « Et c'est un bon niveau ça ? Genre olympique ? » Le patin et moi, ça faisait clairement milles. J'y connaissais rien. « Hm au fait, rassure moi, tu ... tu sais patiner, hein ? » Le moment de vérité. « Bien sûr que oui, pour qui tu me prends » J'ai quand même ma fierté, j'ai pas envie de lui dire que je suis nul. Enfin, de toute façon, elle va bien finir par le voir. Je baisse alors la tête, je fixe mes chaussures comme si je les découvrais pour la première fois « En fait, j'en ai presque jamais fais. Une seule fois. Et on peut pas dire que ce fut très glorieux. Mais on pourrait s'entraider pour progresser tous les deux . » Ouais, ça me paraissait une bonne idée.

Okay, attraper Peyton d'une telle manière, c'était peut être un peu louche. Pour autant, les intentions de Mado étaient on ne peut plus innocentes, en cette fin d'après-midi. La preuve, elle se contenta de le conduire à la patinoire, où elle n'avait prévu aucun plan machiavélique, c'était certain. Tout ce qu'elle voulait, en fait, c'était apprendre à patiner. Car elle vivait décidément très mal le fait de n'être toujours pas disposée à tenir en équilibre sur la glace. La première fois qu'elle s'était rendue à la patinoire, elle avait voulu faire sa maligne et avait glissé. Puis elle avait du attendre l'intervention d'Enora pour se sortir de ce pétrin. Ce fut un premier traumatisme. La seconde fois qu'elle était venue ici, elle avait naïvement cru que Nadan disait vrai lorsqu'il prétendait savoir patiner, alors elle avait fondé de grands espoirs pour bien peu de choses, vu qu'ils avaient fini par se gameler lamentablement et par avoir le plus grand mal, également, à s'en sortir. Second traumatisme. Enfin, la semaine passée, c'est Alecia qui l'avait rejointe en ce lieu. Elle avait d'abord soupçonnée la jeune femme d'être bien mal intentionnée, et n'avait toujours pas fait le moindre progrès. C'était déjà moins un traumatisme, mais tout de même, le problème restait entier : elle ne savait pas patiner. Alors oui, elle avait tendance à voir en Peyton la possible chance de changer cela. Peut être savait-il parfaitement patiner, lui ? Car si ça n'était pas le cas, c'est que 90% du nid était incapable de tenir debout sur de la glace, hein. Et c'aurait un coté franchement inquiétant, quand même. Donc oui, elle avait tendance à vouloir penser qu'il saurait lui venir en aide, car elle avait très franchement envie de faire des progrès phénoménaux. Bon d'accord, peut être pas au point de rivaliser avec Holiday on ice, comme elle venait bêtement de le prétendre, mais tout de même un minimum quoi. A noter que Peyton ne semblait pas tellement voir de quoi elle parlait là, hm. Est-ce qu'elle était censée s'inquiéter pour la suite ? Non parce que s'il n'était pas bien sûr de voir où elle voulait en venir, c'est peut être que la suite serait remplie de désillusions. Mais elle n'avait pas envie d'y penser pour le moment. « Un très bon niveau, je dirais. Olympique, je ne sais pas. Mais professionnel, ça c'est certain. » Parce que oui, quand même, c'était un spectacle réputé et une sorte de référence dans le monde du patinage artistique. Clairement, ça n'était pas particulièrement sa came, mais vu qu'elle voulait progresser, il lui fallait s'y intéresser un minimum, quand même. Bien qu'elle reste suffisamment lucide pour savoir qu'elle n'atteindrait jamais un tel niveau, hein, évidemment. « Dans un cas comme dans l'autre, ça reste à mille lieux de mon niveau actuel. » Bel et bien lucide, donc, oui. Peyton lui fit alors savoir qu'il savait patiner. Oh bon sang, sérieusement ? Elle ne put que grandement sourire à cette idée. Mais tandis qu'elle voulut s'en réjouir, elle constata bien vite que son camarade était gêné, finalement. Il baissa la tête, regarda ses chaussures ... Ah, peut être s'était-elle réjouie un peu vite, hm. Car il lui avoua la vérité et elle fut inévitablement déçue. Il aurait pu le lui dire directement, mais bon, il ne lui avait menti que quelques secondes. C'était peu, alors ça allait. Et c'était toujours mieux que Nadan qui, lui, avait attendu qu'ils se vautrent pour confesser la vérité. Là, elle savait d'où ils partaient, au moins. De loin, en somme. Quant à son idée de s'entraider, elle lui plaisait bien. Avec Peyton, elle était partante pour tout il faut dire. « Au moins, tu seras tout aussi ridicule que moi » s'amusa-t-elle alors, préférant en rire plutôt qu'en pleurer, oui. Parce qu'ils étaient probablement aussi nuls l'un que l'autre, mais qu'il y avait pire dans la vie. « Bon, chaussons-nous » proposa-t-elle alors. Parce que patiner avec des patins aux pieds, allez savoir pourquoi, ça lui paraissait tout recommandé, hm. Une fois la chose faite, elle récupéra la main de son camarade. « Donc hm, première étape, survivre au moment où l'on pose un pied sur la glace. » Oui bon, elle dramatisait toujours tout. Mais bon, il suffirait d'un rien pour que ça sonne déjà leur fin, vous savez. Ainsi, c'est très minutieusement qu'elle se laissa glisser sur la glace, se cramponnant d'une main à la rambarde, histoire de jouer la sécurité, et inciter de la seconde son camarade à se lancer lui aussi. « Si tu tombes, je tombe aussi et la rambarde vient avec nous. » Autant dire qu'elle se tenait trop fermement pour que quiconque glisse à cet instant précis. C'était pour le rassurer, oui. Elle était bien assez angoissée pour deux, soyez en sûrs.

Mado m'avait emmené sans prévenir et bêtement, je l'avais suivis. Faut être lucide, elle n'aurait pas su déplacer ma masse et ce, même avec toute la bonne volonté du monde si je n'y avais pas mit du mien. Mado, je lui fais confiance et je la suivrais les yeux fermés. N'importe où d'ailleurs. Je la connais suffisamment pour savoir qu'elle ne me ferait pas de plan foireux. D'ailleurs, je ne la questionne même pas lors de la durée du trajet. Je préfère me lancer dans un petit jeu de devinette en me demandant où est-ce qu'elle m'emmène comme ça. Déjà, c'est à l'extérieur et j'espère qu'on ne va pas rester dehors parce que je n'ai pas penser à prendre une veste. Bon, j'suis un homme, je crains pas le froid. C'est ce que tous les mecs disent alors je fais pareil ... même si c'est pas tout le temps vrai. Les mecs sont des mythos, c'est maaaaal. haha. J'suis presque sûre que les nanas aussi sont mythomanes de toute façon alors je ne vais certainement pas m'en vouloir de mentir une fois de temps en temps. Nous arrivons finalement à la patinoire. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle en fait. Je ne suis venu qu'une fois ou deux et j'suis pas un as des patins. J'suis même plutôt médiocre. Pour ma défense, je n'y avais jamais vraiment été lors de mon enfance ou mon adolescence, faudrait que je pense à remercier ma mère pour ça. Vivre enfermé, ça n'a pas que des avantages, j'vous le dis. Même si c'est ce que ma mère a essayé de m'entrer dans la tête plus d'une fois. J'étais un gamin naïf, je le suis toujours un peu. Ce que maman dit, c'est toujours pour mon bien. Enfin, je crois. La française avec qui je suis arrivé jusqu'ici, me supplie presque de l'aider à apprendre à patiner. Hum. Elle parle d'un truc "on ice" et j'en ai jamais entendu parlé. D'ailleurs, je lui pose une question à ce sujet, j'essaie de voir à quoi peut correspondre ce niveau là. Est-ce un bon niveau ? Un niveau d'enfant ? Ou alors un excellent niveau ? J'en ai aucune idée à vrai dire mais faut pas qu'elle s'attende à avoir un niveau de rêve hein. « Un très bon niveau, je dirais. Olympique, je ne sais pas. Mais professionnel, ça c'est certain. » Oh que non. J'peux pas l'aider à atteindre ce niveau là et je me sens un peu nul. J'aime vraiment pas décevoir les gens. Mais j'vais quand même pas lui dire que je suis trop nul. Elle risquerait de vouloir changer de partenaire et ça, j'veux pas. « Dans un cas comme dans l'autre, ça reste à mille lieux de mon niveau actuel. » J'suis sûr qu'elle exagère hein. Elle peut pas être si nul que ça. « Tu exagères Mad', j'suis sûr que t'es pas si nulle que ça. » J'suis bien curieux de la voir sur des patins. J'lui fais croire un très cours instant que je suis un crack des patins mais je culpabilise très vite. C'est vraiment pas fait pour moi le mensonge. Heureusement, je n'ai pas beaucoup à le faire ici. Personne ne me pose de questions qui me pousseraient à mentir. Si c'était le cas, je pense que je serais démasqué dans la seconde. « Au moins, tu seras tout aussi ridicule que moi » Je m'esclaffe aussitôt. Elle ne m'a jamais vu sur des patin, j'suis sûr que je suis pire qu'elle. « Voir plus ridicule encore. Peut-être que c'est toi qui va devoir me relever vingt fois. » Je ne lâche jamais le bord, mais c'est un peu enfantin. J'espère bien y parvenir aujourd'hui, surtout qu'habituellement j'ai un bon équilibre en fait. Il faut juste vaincre cette crainte et lâcher la rambarde à un moment donné. J'suis sûr qu'avec Mado je peux prendre confiance et le faire. Puis j'aimerais bien l'épater un peu. « Bon, chaussons-nous » Bonne idée. Je m'empresse d'aller chercher des patins à ma taille. J'enlève rapidement mes chaussures et enfile mes patins. C'est vraiment pas confortable ces trucs-là. J'ai mal à la plante des pieds quand je chausses ça. Mais j'râle pas. La main de Mado retrouva la mienne tout naturellement, sans que cela soit ambigüe ou quoi que ce soit. Pas de ça entre nous. Y a que Cupidon et les chroniqueurs qui veulent faire monter l'audience en inventant des trucs. Ouais, Cupidon il est venu deux fois avec sa musique déjà. Genre le mec, il y tient à ses baisers. « Donc hm, première étape, survivre au moment où l'on pose un pied sur la glace. » ça, je pense que je peux le faire. Je la laisse passer devant moi, elle s'agrippe à la barrière et c'est à mon tour de rejoindre la glace. J'hésite un instant, je ne serais donc pas accroché à la rambarde mais à sa main. J'lui fais confiance, une fois de plus. « Si tu tombes, je tombe aussi et la rambarde vient avec nous. » Comment ne pas être complètement en confiance avec de telles paroles hein. Je m'élance donc en tenant fermement sa main dans la mienne. J'vais pas tomber, j'suis un warrior, faut que je trouve mon équilibre. « Me lâche pas Mado. Me lâche pas. » Dis-je alors un peu apeuré. Il était désormais tant d'avancer, un pas devant l'autre. Je pense que j'tiens l'équilibre. Mon regard se pose alors sur Mado. « A ton tour, lâche la rambarde. Je ... Aie confiance Mado. » Oui, j'étais certain qu'on tiendrait et ce, même si je n'suis pas cramponné au bord. On peut le faire, on est pas plus cons que des autres. « Merci d'avoir été là pour moi pendant le prime. Merci beaucoup. » Elle avait été d'un énorme soutien et ça m'avait touché, comme toujours.

De toute évidence, Mado était plus têtue que ça n'était permis. Elle avait beau s'être viandée par deux fois sur cette glace, n'être jamais parvenue à y apparaitre autrement que sous les traits d'une cruche sans équilibre, elle était pourtant bien décidée à retenter le coup aujourd'hui, quitte à perdre pour de bon sa dignité. Et le pire finalement, c'est qu'elle n'était décidément pas disposée à s'humilier en solo. Non, elle avait ce besoin incontournable de s'entourer de quelqu'un, histoire sans doute de l'entrainer dans sa chute, dans tous les sens du terme. Et ce quelqu'un, aujourd'hui, c'était Peyton. Ce jeune homme, elle l'aimait beaucoup et se sentait très proche de lui. Alors oui, il est vrai qu'elle avait utilisé leur complicité pour partir du principe qu'il n'oserait pas lui faire l'affront de refuser de la suivre. De toute manière, Peyton était un amour, et il savait probablement qu'il pouvait avoir confiance en elle, qu'elle ne lui ferait jamais le moindre tort. Il la suivit un peu comme un aveugle, mais peut être n'aurait-il pas du, finalement. Non pas qu'elle représente le moindre danger pour lui aujourd'hui, mais lorsque Mado avait une idée en tête, il était généralement très difficile de la lui enlever. Et aujourd'hui, elle était absolument décidée à progresser en patinage. C'était comme ça, elle avait décidé que ce jour resterait celui où elle ferait de grands progrès. Grands étant peut être un mot un peu trop optimiste étant donné qu'elle partait quand même de loin, mais soit, elle avait franchement envie d'y croire. Cela lui faisait du bien, quelques fois, d'être un peu optimiste. C'était si rare, hein. Quant à Holiday on ice, il est vrai que ça n'était pas rien, et certainement pas un niveau de novice. C'était clairement professionnel comme truc, ça paraissait même logique, et peut être serait-il complètement illusoire d'espérer atteindre un niveau pareil. Heureusement que Mado était tout de même suffisamment lucide pour savoir que ça n'était pas pour elle, et qu'un moindre progrès serait en soi suffisant. Parce que son niveau à elle était ce qu'il était, à savoir catastrophique. Non mais vraiment, elle en avait un peu honte. Peyton, lui, lui offrit le bénéfice du doute, alors qu'il n'y avait vraiment pas de quoi hein, elle était nulle et elle se devait tout simplement de l'accepter, hm. « Premièrement, je n’exagère jamais. » Et si quelqu'un osait affirmer le contraire, oulala, ça allait gentiment chier hein. « Et deuxièmement, je t'assure que je suis d'une nullité incontournable. On ne fait probablement pas pire, en fait. Sur l'échelle du patinage artistique, tout en haut il y a Candeloro, vers le milieu il y a n'importe qui de pas trop con pour saisir le concept, à la fin il y a les belettes myopes et les ragondins à trois pattes, et en dessous du niveau zéro, il y a Mado, une grande nouille qui plus d'une fois a cherché à vérifier que le ridicule ne tuait pas et qui espère aujourd'hui passer du niveau -25 au niveau -24. » Donc non, comme elle venait très justement de le dire, elle n’exagérait jamais. Quelle idée. Elle espérait en tout cas vivement que son camarade soit effectivement capable de l'aider à progresser. Parce qu'il en était capable, n'est-ce pas ? Au départ, elle fut tentée de penser que oui, vu qu'il lui fit savoir qu'il savait patiner, mais elle ne tarda hélas pas à comprendre qu'il n'était finalement pas plus doué qu'elle, autrement dit que ça n'était pas encore aujourd'hui qu'elle progresserait véritablement. Mais qu'importe, à deux ce serait amusant. Et de toute façon, avec Peyton, faire quelque chose était toujours très agréable. Alors qu'importe qu'ils risquent le ridicule, hein. De toute manière, c'était devenu un vieux pote à Mado, à force, donc bon. « Ah oui, peut être que tu seras l'exception qui confirmera la règle selon laquelle Mado est la plus nulle. Dans ces cas-là, je me ferais une joie de te relever, évidemment. » Parce que laisser les gens dans la merde, si elle aimait parfois le faire pour blaguer, ça ne faisait clairement pas partie de ses principes. Et puis bon, ici il s'agissait de Peyton, son Peyton, et jamais elle ne le laisserait affronter seul le ridicule. Limite, elle se savait capable de se jeter sur la glace pour le partager avec lui. Sa bonté n'avait pas de limites, oui, elle était au courant. Toujours est-il que c'était bien beau de parler, mais que se lancer serait probablement plus intéressant encore. Ainsi, la jeune femme proposa de se chausser, ce qu'ils firent sans tarder, histoire quand même de ne pas trop tenter le diable non plus en y allant avec des chaussures de ville. Ce serait un coup à se casser quelque chose, sans doute. Une fois qu'ils furent chaussés, Mado prit l’initiative de passer devant, parce qu'après tout ils étaient là à cause d'elle. Agrippée - fermement - à la rambarde, elle incita son camarade à se lancer également, tandis qu'elle tenait toujours sa main. « Je ne te lâcherai pas » affirma-t-elle, sincèrement, le sentant un peu angoissé. Elle n'était pas franchement rassurée non plus, mais passer pour une andouille, elle allait éviter pour l'instant. Pas déjà, quoi, non. Mais voilà qu'il semblait finalement plutôt à l'aise sur la glace, si bien que maintenant, c'est lui qui lui demandait de lâcher la rambarde et d'avoir confiance. « Je te fais confiance » souffla-t-elle, tandis que sa main lâcha progressivement la rambarde, jusqu'à l'inciter à se rapprocher un peu de son camarade. Ils tenaient sur la glace. Oh oui bon sang, ils tenaient. Bon, peut être serait-ce éphémère, mais ils pourraient au moins se vanter d'avoir tenu, à un moment donné. Peyton la remercia alors d'avoir été là pour lui lors du prime et un tendre sourire naquit sur les lèvres de la française. « J'aime tellement passer du temps avec toi, Peyton. Et j'avais si peur de te perdre. Ça m'aurait fait trop mal, alors j'ai eu envie d'y croire. Et je crois que j'ai bien fait. Ils ne s'y sont pas trompés, tu as ta place au sein du jeu. Tu te souviens de ce que tu m'avais dit, lorsque tu avais été sauvé la première fois ? Que tu t'étais pensé transparent. Maintenant, tu sais que tu ne l'es pas. Ni à mes yeux, ni aux yeux du public. » Mado n'était pas du genre à se laisser aller à ce genre de confessions, à ces démonstrations d'affection orales, mais là, elle avait véritablement besoin de lui dire qu'il comptait pour elle, que son départ l'aurait affectée et qu'il avait décidément sa place ici. « Je suis désolée pour ... les questions des chroniqueurs. Je ne sais pas si ça t'a mis mal à l'aise, j'ai tendance à penser que oui, moi ça m'a surtout blasée. Je crois qu'ils ne veulent décidément pas qu'on les aime, ceux-là ! » Elle se mit à rire en repensant à Connor qui, de son temps, avait également merdé. Pff, ces chroniqueurs n'étaient que de sales petits curieux avides de potins. « J'ai envie de te faire un câlin, mais c'est peut être trop risqué ? Tu comprends, je ne voudrais pas que l'on chute à cause de moi. Même si bon, j'ai quand même les bras qui me démangent. » Dilemme, dilemme. Elle n'osait pas bouger, là, en fait. Parce que franchement, oui, elle craignait de se vautrer et de l'entrainer dans sa chute. Alors que tout allait si bien pour le moment. N'empêche, ce câlin, elle en avait besoin elle aussi. Tss, quelle idée aussi de patiner !

Suivre Mado n'avait pas été un soucis pour moi. Lui faisant entièrement confiance, je ne craignais rien. Je me demandais par contre ce qu'elle me réservait comme surprise. Jusqu'à maintenant, nous avions toujours passé de bons moments et ce, peu importe l'endroit dans lequel nous nous trouvions et y a aucune raison pour que cela change. J'suis certain de passer un excellent moment alors pourquoi s'inquiéter ? Arrivés à destination,il ne me fallut qu'une demie-seconde pour comprendre où je me trouvais. J'aurais peut-être du lui dire dès le début que la patinoire c'était pas vraiment mon rayon. Ca lui aurait enlevé tout espoir dès le début mais on aurait changé de projet. Sauf que non, je m'étais tut au début. Je l'avais laissé me supplier et maintenant, je ne pouvais clairement pas lui refuser une petite balade sur la glace. Enfin, une glissade plus ou moins contrôlée quoi. Jouant franc jeu et même si cela ne me valorise pas vraiment, j'admet être nul sur des patins. Au moins, elle part en tout connaissance de cause si elle accepte malgré tout de monter sur la glace avec moi.« Premièrement, je n’exagère jamais. » Evidemment, elle n'exagère jamais rien ? Ça, j'en suis vraiment pas persuadé. N'avait-elle pas exagéré les conséquences de sa chute la semaine passée ? Allant même jusqu'à évoquer une mort certaine ? Il me semble bien que si. Alors oui, parfois, elle a tendance à exagérer les choses. Un truc de nana sans doute. Ouais. Mais comme je suis bien éduqué, je ne vais pas relever cela. Je préfère la laisser poursuivre sans l'interrompre en fait. . « Et deuxièmement, je t'assure que je suis d'une nullité incontournable. On ne fait probablement pas pire, en fait. Sur l'échelle du patinage artistique, tout en haut il y a Candeloro, vers le milieu il y a n'importe qui de pas trop con pour saisir le concept, à la fin il y a les belettes myopes et les ragondins à trois pattes, et en dessous du niveau zéro, il y a Mado, une grande nouille qui plus d'une fois a cherché à vérifier que le ridicule ne tuait pas et qui espère aujourd'hui passer du niveau -25 au niveau -24. » Une nouvelle fois, j'éclatais de rire. Bah oui, ayant une imagination débordante, je ne pu m'empêcher d'imaginer des belettes sur de la glace. Avouez, c'est drôle quand même. Ajoutez à ça des éléphants, un lévrier handicapé et je suis comblé. Enfin, si elle est si nulle qu'elle le prétend, on risque de voir la glace de très près plus d'une fois. Allez, c'est un risque à prendre, j'en suis convaincu. « Allez, j'suis quand même prêt à courir le risque de tomber milles fois en ta compagnie. » Au pire, je n'avais pas grand chose à perdre en cas de chute si ce n'est deux bras, deux jambes et une paire de jolies fesses. Le sacrifice est minime pas vrai ? « Ah oui, peut être que tu seras l'exception qui confirmera la règle selon laquelle Mado est la plus nulle. Dans ces cas-là, je me ferais une joie de te relever, évidemment. » Quelle gentillesse ! Je pense que beaucoup de candidats ne savent pas à quel point c'est un amour ma Mado. Oh que oui, un amour ! Je n'en doute pas et j'pense ne pas en avoir douté depuis que j'ai pris la peine d'apprendre à la connaître. Franchement, ça valait le coup d'ailleurs. J'suis bien content de ne pas avoir gardé de préjugés de notre première rencontre. D'ailleurs, celle-ci est presque effacée de ma mémoire tant elle a peu d'importance. Ce qui est bien plus important, c'est le rapprochement lors des semaines qui suivirent celle-ci. « Si jamais c'est toi qui tombe, je te sauverai aussi. » En tout cas je promets d'essayer et en soit, c'est déjà pas mal du tout. Après avoir enfilé nos patins, il est temps de se lancer sur la glace. C'est Mado qui s'y lance sans aucune hésitation tandis que je respire un grand coup pour prendre mon courage à deux mains. Je n'ai pas accès à la rambarde, alors j'ai un peu peur de tomber dès le début. Faut pas que je me dégonfle. Une autre respiration et je pose enfin le pied sur la glace tandis que ma main se resserre d'avantage autour de celle de Mado. Je la supplie de ne pas me lâcher, sinon je crains vraiment le pire. J'ai besoin de trouver mon équilibre et ensuite, tout se passera bien. « Je ne te lâcherai pas » Mon regard se fixe dans le sien et mes pieds se stabilisent un peu. J'pense que je l'ai mon équilibre. J'pense que c'est bon. A son tour de lâcher la rambarde. A son tour de me faire confiance. On part cette fois avec un désavantage, je n'ai plus accès à rien pour me cramponner. On doit juste faire confiance à mes jambes je crois. « Je te fais confiance » Elle lâcha peu après la rambarde sur laquelle était posé sa main. Je fermais les yeux un instant, craignant la chute mais je fus agréablement surpris. Nous tenions debout. Oui, nous étions tous les deux debout et tout semblait bien se passer.C'était incroyable. Fantastique. Je me sentais soudainement puissant ! J'en profite d'ailleurs pour la remercier d'avoir été d'un soutien sans faille lors du prime. Elle m'a apporté beaucoup de motivation lors de ce dernier et elle m'a aidé à ne pas trop démoralisé suite à cette nomination que je n'attendais pas vraiment. Une mauvaise surprise de Cupidon. J'espère qu'il ne compte pas m'en faire trop souvent des surprises comme celle-là. Je ne suis pas certain que mon coeur tienne le coup, je pourrais faire une crise cardiaque moi. « J'aime tellement passer du temps avec toi, Peyton. Et j'avais si peur de te perdre. Ça m'aurait fait trop mal, alors j'ai eu envie d'y croire. Et je crois que j'ai bien fait. Ils ne s'y sont pas trompés, tu as ta place au sein du jeu. Tu te souviens de ce que tu m'avais dit, lorsque tu avais été sauvé la première fois ? Que tu t'étais pensé transparent. Maintenant, tu sais que tu ne l'es pas. Ni à mes yeux, ni aux yeux du public. » Venant de Mado ça ne peut que me toucher profondément. Ses paroles ont beaucoup d'importances. Plus que celles de beaucoup de personnes d'ailleurs. Son jugement a beaucoup de valeur à mes yeux. « Je te l'ai déjà dit, c'est réciproque. C'est toujours agréable d'être en ta compagnie et ça me parait tellement naturel d'ailleurs. Quand je suis avec toi, je me sens à ma place. Alors j'pense qu'il est normal de te remercier de croire en moi plus encore que ce que je crois en moi. J'suis pas vraiment quelqu'un de confiant. Tout le contraire même. Je doute très souvent et très rapidement de moi-même. Je me dévalorise sans doute trop. Sans toi, ça aurait été déprim-land ce prime, je te jure ! Et oui, je m'en rappelle et je suis bien content de ne pas être vu de cette façon par plusieurs personnes. Principalement par toi. » Articulais-je alors un fin sourire sur les lèvres tandis que je continuais de me concentrer pour ne pas nous faire chuter tous les deux. « Je suis désolée pour ... les questions des chroniqueurs. Je ne sais pas si ça t'a mis mal à l'aise, j'ai tendance à penser que oui, moi ça m'a surtout blasée. Je crois qu'ils ne veulent décidément pas qu'on les aime, ceux-là ! » Oui, foutu chroniqueur ! Pourtant, ils ont été à notre place à un moment donné de leur vie. Ils devraient être sympa avec nous alors pourquoi nous font-ils subir tout cela ? Pourquoi nous embarrassé à ce point ? Pour avoir des scoops sans doute. Pour faire de l'audience. « Tu as raison, j'étais un peu embarrassé parce que je ne m'y attendais pas en fait. Cette question m'a paru tellement bizarre. Je ne me l'étais jamais posé personnellement en plus. Enfin, ça m'a surpris en fait. Mais c'est leur métier, ils sont payer pour ça. Faut qu'il fasse de l'audience, tout ça. » En résumé, j'ai tenu le coup et je ne leur en veux pas plus que cela de m'avoir posé cette question. « J'ai envie de te faire un câlin, mais c'est peut être trop risqué ? Tu comprends, je ne voudrais pas que l'on chute à cause de moi. Même si bon, j'ai quand même les bras qui me démangent. » Pas besoin qu'elle en dise plus pour que je la fasse glisser un peu plus près de moi et que j'enlace sa taille. Ouais, moi aussi j'en avais besoin de ce câlin alors il n'est pas de trop. Puis on se débrouille plutôt pas mal. « Dans mes bras Mado. » Chuchotais-je alors doucement au creux de son oreille juste avant de déposer un baiser sur le haut de son front. Ce moment me semble parfait, c'est fou comme c'est plaisant le contact humain.

Exagérer ? Non, ça n'était pas un verbe qui faisait partie de son vocabulaire. Et ça ne lui correspondait absolument pas. Non, vraiment, elle n'était pas du genre à exagérer, hein. Jamais. Alors dire qu'elle exagérait, c'était un peu de la diffamation. D'ailleurs, elle ne manqua pas de rétablir la vérité, histoire que personne n'aille quand même imaginer qu'elle était du genre à exagérer une moindre chose. Hm ... Bon okay, il est vrai que Peyton était dans le vrai et que Mado était exactement le genre de personne à faire prendre des proportions folles à des choses parfois insignifiantes ou sans grande gravité. Elle avait toujours eu tendance à en faire beaucoup, à dramatiser un rien et à partir dans d'improbables extrêmes à la moindre occasion. Pour autant, elle avait envie de faire preuve d'un tout petit peu de mauvaise foi, là. De toute manière, Peyton commençait à bien la connaitre, alors il savait pertinemment qu'elle était simplement dans le dénis et qu'il avait tout à fait raison. Quant au niveau de Mado en matière de patinage artistique, et bien, autant dire qu'il était assez désastreux. Heureusement, elle était beaucoup plus disposée à l'assumer. Donc oui, elle avait naturellement conscience d'être une remarquable cruche dès qu'il était question de glace, et croyez-bien qu'elle avait surtout tendance à le déplorer. C'est bien simple, toute personne qui se penserait nulle aurait de grandes chances d'avoir l'air franchement douée en comparaison. C'était comme ça, on ne faisait sans doute pas pire en la matière. Et c'était bien pour ça que Mado avait dans l'idée de changer les choses, de gagner ne serait-ce que quelques niveaux, au moins histoire d'être un tout petit peu moins ridicule. C'était possible ça, non ? Elle se plaisait à le croire, en tout cas. Peut être était-ce un poil utopiste et qu'elle était au fond destinée à rester une grande quiche empotée et sans équilibre, mais elle avait quand même envie de penser que ça n'était pas une fatalité. Des gens apprenaient à patiner tous les jours alors pourquoi pas elle, hm ? « Dois-je comprendre que j'en vaux particulièrement la peine ? » souffla-t-elle, sur un ton partiellement amusé. Bah oui, elle avait envie de le prendre comme ça, hein. C'était gentil, non ? Bien sûr que oui. Et de toute manière, elle-même n'aurait que faire de se vautrer tant que Peyton était prêt d'elle. Comprenez qu'il comptait pour elle et que chaque instant passé en sa compagnie lui faisait le plus grand bien. D'ailleurs, c'était tout autant pour cette raison qu'elle ne le laisserait évidemment pas au sol s'il venait à chuter. Déjà parce que généralement, elle n'était pas aussi garce que ça, mais aussi et surtout parce qu'il s'agissait de Peyton et qu'elle n'en dormirait pas de la nuit si elle venait à le laisser dans une telle galère. Lui-même semblait prêt à intervenir pour l'aider si les rôles étaient finalement inversés, ce qui ne manqua pas de la faire grandement sourire. Lui, c'était de toute manière dans sa nature. Il était adorable, quoi qu'il arrive. « Oh ça, je le sais. Je vais peut être même faire exprès de chuter, juste pour que tu viennes à mon secours. Tant pis pour ma dignité, hein. Elle n'en sortira pas indemne, quoi qu'il arrive, alors bon ... » Oui, elle se savait tout à fait capable de feindre une chute simplement pour qu'il intervienne. Bon, elle se ferait probablement mal si elle venait sérieusement à se jeter sur la glace, mais ça en vaudrait largement la peine. C'était même certain. En tous les cas, il était encore préférable de voir comment ils étaient susceptibles de se débrouiller. Ainsi, il leur fallu se lancer. Mado y alla la première, estimant que s'il devait arriver un pépin à quelqu'un dès le départ, ce serait plutôt à elle, étant donné que tout ça était son idée. Bah oui, quand même. Elle se tint alors fermement à la rambarde, autant pour se rassurer elle que pour rassurer Peyton et l'inciter à se lancer à son tour, ce qu'il fit courageusement, ne tardant d'ailleurs pas à l'épater. Car il put par la suite tenir sur la glace, avec un équilibre assez remarquable, demandant bientôt à la jeune femme de lâcher la rambarde histoire de l'y rejoindre. Alors ça, très franchement, elle ne l'avait pas du tout senti. La jeune femme avait effectivement eu tendance à craindre qu'au moment où sa main quitterait la rambarde, ils chuteraient tous deux lamentablement. Pourtant, elle eut envie d'y croire, autant pour être positive que parce que son camarade lui demanda d'avoir confiance. En elle ? Ce n'était pas franchement le cas. En lui ? Là par contre, déjà beaucoup plus. Car oui, elle avait pleinement confiance en lui et savait qu'il ne lui ferait pas de coup tordu à la Nadan, notamment. Ainsi, elle tâcha de la jouer courageuse et lâcha enfin la rambarde. Et quel bonheur se fut pour elle - mais assurément pour lui aussi - de constater qu'ils parvenaient à tenir. Aucune chute pour le moment, et c'était grandement plaisant. Son camarade la remercia alors d'avoir été là pour lui dimanche soir, ce à quoi elle répondit par un flot de paroles qu'elle eut besoin d'exprimer, tant elle voulait qu'il sache qu'il avait sa place au sein du jeu, malgré le fait qu'il puisse être un peu plus discret que d'autres candidats, ce qui n'était pas nécessairement un mal d'ailleurs. De ça, ils en avaient déjà quelques peu discuté l'autre jour, mais ici le contexte était quelques peu différent. Tous deux avaient angoissé à l'idée qu'il puisse quitter l'aventure, une chose que la française aurait assurément trop de mal à supporter. Il était l'un des candidats qu'elle appréciait le plus, il lui était même particulièrement cher à ce jour, alors elle voulait le garder près de lui. Parce qu'elle avait besoin de lui, qu'elle avait le sincère sentiment qu'il lui faisait du bien, mais surtout, qu'il la rendait meilleure. A l'entendre, elle avait l'impression de compter pour quelqu'un d'autre que pour Ezra, et c'était incroyablement plaisant. Elle n'avait jamais tellement eu d'amis et ne s'était jamais autant sentie sur la même longueur d'ondes que quelqu'un. Il était un peu comme l'équivalent masculin d'une partie d'elle qu'elle avait un peu de mal à assumer. Une partie sensible et maladroite qu'elle n'aimait pas laisser s'exprimer. Mais peut être le devrait-elle plus souvent, car avec lui, elle se sentait plus épanouie qu'elle ne l'était avec beaucoup d'autres personnes. « Je sais que tu manques de confiance en toi, je l'ai plus d'une fois constaté. Je trouve ça incroyablement touchant. J'estime que c'est ce qui contribue, en partie, à faire de toi quelqu'un d'infiniment attachant. Tu es quelqu'un de bien, quelqu'un de beau. J'ai l'impression que tu parviens à faire ressortir le meilleur de moi, qu'en ta compagnie je gagne en humanité. Je me sens différente quand tu es près de moi, mais je n'ai pas pour autant l'impression d'être quelqu'un d'autre. » Sa présence lui était chaque fois bienfaitrice, elle le sentait en elle. Il parvenait à réchauffer un cœur qu'un monstre avait glacé, à lui faire le plus grand bien sans avoir à faire quoi que ce soit de particulier. Il était simplement une magnifique rencontre, un ami cher et quelqu'un qui parvenait à lui donner envie de sourire en permanence, de prendre les choses du bon coté. Les questions des chroniqueurs, en tout cas, n'avaient pas manqué de les gêner. Il faut dire que c'était un peu tombé comme un cheveu sur la soupe et que ce fut de surcroît relativement indiscret. Mais ils auraient peut être du s'y attendre, vu qu'ici, tout rapprochement était inévitablement commenté. « Comme toi, je n'ai même pas compris d'où ça sortait. C'est à croire qu'ils se font des films tous seuls. Je comprends qu'il leur faille poser ce genre de questions, mais j'ai toujours tendance à prendre ça comme ... des reproches. Oui, comme si on nous reprochait d'être attachés l'un à l'autre, finalement. » Et ça, en fait, ça résultait probablement du fait qu'en début d'aventure, elle ait eu l'impression qu'on lui reprochait son rapprochement avec Fitz. Elle avait eu le sentiment de vivre un peu la même chose, mais à travers les questions des chroniqueurs cette fois. Oui, Mado était quelqu'un de franchement bizarre et avec des raisonnements un peu farfelus. Mais parait-il qu'elle le vivait bien. « Et puis, en général, je n'aime pas rendre des comptes. » C'était aussi vrai au niveau de ses relations que du reste, de ce qu'elle pouvait faire globalement. Elle tenait à l'idée selon laquelle elle faisait tout simplement ce qu'elle voulait, sans avoir à s'en justifier. Finalement, la jeune femme soumit l'idée de lui faire un câlin, mais ne put que laisser entendre qu'elle craignait tout de même d'engendrer une chute. Comme si bouger d'un centimètre allait les faire chuter, hm. Son camarade prit finalement les devants et la rapprocha, créant une étreinte à laquelle elle s'empressa de contribuer, souriant au baiser qu'elle le sentit déposer sur son front. Elle se blottit alors un peu plus contre lui, déposant bientôt sa tête au niveau de son torse. « Tout s'est un peu trop bien passé pour l'instant, tu trouves pas ? Du coup, j'ai peur qu'au moment où on cessera de s'enlacer, ça merde quelque part. De ce fait, je nous vois dans l'obligation de rester dans cette position pour toujours. » Et tant pis pour les crampes hein, c'était du sérieux là, leur intégrité physique en dépendait. « Une objection ? » soumit-elle, dans un rire. Oui, c'était une façon comme une autre de lui faire savoir qu'elle était bien, dans ses bras. Même si la peur de tomber restait bien présente, effectivement.