Elle ne savait pas s'y prendre avec lui. Alecia devait avoir la simple intention de briser un peu la glace mais plus elle en faisait, moins ça marchait. Mickey n'était pas un homme qui s'esclafferait devant une bonne petite plaisanterie salace, qu'on se le dise. Au contraire tout ceci le gênait beaucoup et donc elle n'aurait pas dû débiter celle-ci ce soir. Surtout qu'elle était prévenue, ce n'était pas la première fois après tout. Dire qu'il s'était imaginé que la soirée qu'ils avaient tous deux passé dans la chambre secrète la veille lui ferait prendre conscience que certaines choses valaient mieux ne pas être dites devant lui. Bah tant pis pour elle alors. Elle ne faisait pas le moindre effort pour le mettre un tant soit peu à l'aise, et donc elle récoltait ce qu’elle semait, forcément. Et encore là il demeurait relativement calme, mais s'ils n'avaient été que tous les deux, s'ils n'avaient pas renoncé au fait de se donner en spectacle ce soir, croyez-bien qu'il aurait haussé le ton car une fois ça allait, mais à force cela devenait profondément blasant. Elle avait un humour très porté sur la chose, hein. Et lui n'avait pas le moindre humour. Donc là inutile de dire que la communication devenait difficile subitement. Il ne la ménageait pas, car il tentait de lui faire comprendre que ses allusions étaient tout à fait malvenues. Mais le saisissait-elle seulement... Maintenant il s'en fichait. Donc qu'elle aille prendre un verre et surtout, oui, qu'elle laisse de côté le rôle qu'on lui avait attribué pour la soirée car il ne désirait pas, en plus de cela, la voir ramper à ses pieds. Mickey n'avait plus qu'une hâte à présent, se trouver pendant un temps éloigné d'Alecia. Et l'occasion allait lui être donnée figurez-vous, à la venue d'Emmeline dans le jardin. Une rousse dont il était censé être fou amoureux, parait-il. Oui et bien, cela ne sauterait pas aux yeux ce soir, excusez-le de ne pas être très démonstratif hein. La demoiselle alla saluer la mariée et hm, c'était un rôle plutôt délicat dont elle avait écopé ce soir et il allait la sortir de là au plus vite. Alors il quitta le buffet, y laissa Alecia et emporta son verre avec lui avant de rejoindre Emmeline et, par la même occasion le petit groupuscule formé autour d'elle. « Tu es à croquer dans cette petite robe. » lui glissa-t-il à l'oreille, en veillant bien évidemment à ne pas la toucher ou ne serait-ce que l’effleurer. Le vert émeraude, du meilleur goût sur une rousse. « Je peux t'apporter à boire, peut-être... besoin de te désaltérer ? » reprit-il. Bon, il n'était pas certain que par ici, sa présence soit tolérée mais d'un autre côté, laissait-il le choix à quiconque de déterminer si oui ou non, il pouvait rester là ? Non, il s'imposait, voilà tout. Que cela plaise ou déplaise, l'anglais resterait au côté de sa chère et tendre. Oui, bien sûr, comme c'était crédible...

Pour une fois dans ma vie j’étais presque prête à remercier le ciel de m’avoir offert un camarade comme Cameron. Aujourd’hui il avait une certaine utilité et me permettait de ne pas répondre trop méchamment à Mickey alors qu’il l’aurait mérité, l’anglais avait tendance à oublier qu’il ne pouvait pas avoir un comportement aussi agressif avec tout le monde, j’étais celle qui le défendait bec et ongles, même s’il ne m’avait jamais rien demandé j’aurais espéré un minimum de reconnaissance de sa part parce que je détestais entendre les autres dire du mal de lui. Il n’avait pas apprécié ma plaisanterie certes douteuse mais il n’y avait rien de méchant à percevoir là-dedans, il n’était de toute manière pas dans mes habitudes de faire des blagues à prendre au premier degré, être sarcastique oui mais jamais très blessante. « Je savais que tu n'étais pas aussi folle que maman le disait... » Je n’oubliais pas mon rôle de petite dernière de la famille qui n’approuvait pas le mariage, viendrait le moment opportun pour entrer en action et illuminer le jardin de ma présence lumineuse… Ou pas d’ailleurs. « Je ne suis pas folle quoi qu’il en soit… Juste… Réaliste ! » Je souriais laissant mon ‘frère’ rejoindre le reste de notre famille sur le point d’être mélangée, du moins le temps d’une soirée et son épouse qui, admettons-le était magnifiquement habillée, j’en aurais presque eu la larme à l’œil. Quoi ? Il y avait toujours une fille qui pleurait à un mariage, je voulais bien être celle-ci… Oh non j’oubliais, c’était impossible, j’étais celle qui devait faire la misère à tout le monde ce soir. Je redéposais toute mon attention sur Mickey qui ne décolérait pas, je n’allais pas non plus me mettre à genoux, libre à lui d’être à fleur de peau. « Ce n'est pas à moi que ça va déplaire. » Je ne donnais pas suite à cet échange qui allait tout droit dans le mur me contentant de rejoindre le petit groupe formé depuis tout à l’heure par la plupart des candidats encore en lice, Harlow, Cameron, Everleigh, Myles… Approchant d’Everleigh je disais très fort à son attention. « Il parait que vous auriez longuement joué au scrabble avec mon frère récemment… Info ou intox ? » J’étais à fond dans mon personnage, il était temps de mettre un peu d’ambiance après tout.

Il était bien mieux là, clairement. Non pas qu'il appréciait tout particulièrement le fait de s'être immiscé au sein de ce petite groupuscule - encore, et toujours le même, à croire que ces quatre là étaient juste indécollables - mais disons qu'Emmeline, elle au moins savait comment agir avec lui. C'était bel et bien la différence majeure entre Alecia et elle, hm. Alors oui, il préférait se trouver auprès de la rousse, puisque de toute façon le rôle qui lui avait attribué stipulait qu'il devait lui courir après. Alors heu bon, à défaut de le faire réellement, il pouvait quand même lui tenir un peu compagnie. Quel homme bon de Mickey, on ne le dirait jamais assez. Désormais au côté d'Emmeline, l'anglais la complimenta tout d'abord. On pouvait croire que c'était pour son rôle, mais non, il le pensait sincèrement. Enfin, pas qu'elle était à croquer, hein... enfin, bref, elle était très bien vêtue voilà tout. Il lui proposa ensuite d'aller lui chercher à boire. Le buffet était à trois pas de là, il pourrait faire un aller-retour sans problème. Mais avant même qu'il n'ait pu ajouter quoi que ce soit, voilà qu'Emmeline lui dérobait le verre qu'il avait entre les mains. « Oh, oui, merci ! » Mais... pourquoi tant de haine ? Il ne lui avait rien fait, pas de remarque déplacée de débitée, rien, au contraire il lui avait glissé des mots doux à l'oreille. Alors là vraiment, il ne la comprenait pas. Et du coup si elle buvait dans ce verre, c'est sûr, elle pourrait le garder car il n'en voudrait plus ensuite. Pas question de reboire après elle, vous imaginez. Ah non sans façon. Mickey resta planté à la regarder siffler les trois quarts de son verre. Alors ça, c'était de la grosse soif où il ne s'y connaissait pas. Mais apparemment, c'était un petit peu fort pour elle. Ah bah oui, Mickey était un adepte des alcools puissants. « Qu'est-ce que c'est ? » Ah, elle voulait le savoir hein... mais méritait-elle qu'il lui réponde ? Bon, ce n'était pas un secret d'état non plus. « Du Rhum Cubain. » Et oui, c'était costaud. Peut-être était-ce la première fois qu'Emmeline en avalait, d'ailleurs. Sinon si elle l'aurait probablement reconnu. « J'aurais pu t'apporter autre chose si tu m'en avais laissé le temps. Quelque chose de moins fort, ça va de soi. » Maintenant, à elle la mauvaise haleine. Et du coup hum, Mickey devait-il se chercher un autre verre ? S'il avait encore soif, oui. Mais ce n'était pas le cas, pour le moment il pouvait faire sans. « Où est ton frère, il se cache ? » lui demanda l'anglais, scrutant tout autour de lui par la même occasion. Il s'agissait d'Emilien, vous l'aurez saisi. Non parce qu'apparemment, ils étaient censés être frère et sœur, ce soir. Et donc, où était le jeune homme, pourquoi n'était-il pas à son bras où tout du moins, non loin d'elle ? Hm. Hm hm.

« Si tu tiens tout ça à coeur, je ne peux définitivement pas te décevoir... » J’espère bien. « Oh oui, tu l'aurais vu il a marché toute la nuit, en insistant pour que je marche à ses côtés pour être parfait aujourd'hui... » En rajoute une couche ma chère et tendre épouse. Oui bon ça va. Elle serait limite moqueuse. « Excusez moi de vouloir que tout soit parfait » Tsss. En attendant la Everleigh ne se gêne pas pour me prendre la main. Je veux bien qu’on soit tout mielleux et cons dans nos paroles, pas besoin en plus de rajouter les marques de pseudo tendresse. Si ? Apparemment, surtout c’est ce que font Cameron et Harlow…Et d’ailleurs ils ont une grande nouvelle à nous annoncer. Elle est enceinte. Ça ne m’étonne qu’à moitié tiens. Je comprends mieux pourquoi ils ont voulu précipiter ce mariage. Ma moitié s’accroche à mon bras. Hm je suis censé la réconforter ? Dire quelque chose ? Actor studio la demoiselle, pour un peu on s’y croirait vraiment. « La grand-mère sera plus jeune que le père, c’est t’y pas merveilleux. » Quoi ? Une remarque comme une autre. Je ne vais pas sauter au plafond non plus. Ils ne connaissaient pas les préservatifs ? Bon sang. Quelques personnes arrivent pour nous saluer, les mariés tout ça. Alecia a son tour. « Il parait que vous auriez longuement joué au scrabble avec mon frère récemment… Info ou intox ? » dit elle à ma femme. « C’est quoi cette histoire ? » Que je demande à la principale intéressée.

Roh mais bien sûr que Fitz avait été beau le jour de leur mariage. De toute façon, il était difficilement imaginable qu'il puisse porter une tenue qui ne le mette pas en valeur. C'était un peu comme si tout était destiné à lui aller, en fait. Du coup, l'on pouvait aisément supposer que sa petite femme avait simplement envie de le taquiner un tantinet, mais tout à fait gentiment, cela va de soi. Il semblait dire qu'il pourrait finir par se vexer, et très franchement, ce serait dommage. Pour autant, Mado n'avait pas nécessairement envie de faire machine arrière, maintenant qu'elle était lancée. De toute façon, tout n'était que pour de faux ce soir, alors autant s'amuser un petit peu. « Il n'y a que la vérité qui blesse, c'est bien ce qu'on dit. Je n'y peux rien, moi, si tu t'étais pointé en tenue de touriste, hein. Tu m'avais fait un peu honte, c'est un fait. J'avais même douté de la réponse que je donnerais au maire, lorsque j'avais vu ta tenue. C'est dire combien tu étais négligé ! » Oui, elle n'y allait pas avec le dos de la cuiller, mais encore une fois, rien de tout ça n'était véridique, vu qu'a priori, ils n'étaient pas réellement mariés hein. Bon. Par contre, Mado n'appréciait que moyennement le fait que Fitz laisse maintenant entendre qu'elle ait pu le saouler pour se faire faire un enfant. Il ne manquait pas d'air, celui-là. Quand on y pense, ils n'avaient pas de bol. Ils avaient le gosse, mais pas les souvenirs de sa conception. Même pour Mado, vous savez, c'était frustrant. Surtout que c'était elle qui portait le gamin, et qu'il était lourd. Enfin, si c'en était vraiment un, quoi. Bref. « Ah bah, justement, on ne tardera pas trop. Tu sais bien que j'en veux douze, alors il n'y a pas de temps à perdre. » Douze gamins, oui. Oh bon sang, elle n'avait décidément rien à voir avec le rôle qu'elle jouait ce soir, hm. Car Mado regrettait déjà d'avoir un gosse, alors douze, pitié non. Fitz parla ensuite de brioche, et ça l'amusa. Parce qu'il semblait parler de Cameron, et que c'était un peu vache, quand même. Surtout qu'il était quand même beau garçon. Moins fin que Fitz, c'est certain. « Ah, l'amour fraternel ! » s'enthousiasma-t-elle, en riant légèrement. Oui parce que, ça restait un peu salaud, comme remarque, d'autant plus venant de quelqu'un qui était censé parler de son frère, de celui qui était à l'honneur ce soir. Soit. A noter que Mado jouait ce soir une pauvre cruche qui avait une triste vérité sous le nez mais qui ne voyait rien. « Effectivement, c'est moi ta femme. En plus, elle pourrait être ta grande sœur. » Oh euh, rien à voir avec la réalité, hein. Enfin, voilà quoi. Hm. « Oh tu sais, je ne risque pas de pondre aujourd'hui, hein. Ça la foutrait un peu mal, d'ailleurs. » D'accoucher en pleine fête en l'honneur du mariage d'Harlow et Cameron ? Oui, un tantinet quoi. « Ah, je comprends mieux également. Du coup, c'est drôle, il y aura toujours une vingtaine d'années d'écart, que ce soit entre le mari et l'épouse ou la mère et l'enfant. » Effectivement, c'était drôle. Ou pas. Disons que cette petite fête permettait simplement à Mado de faire le point sur les âges des candidats. Troublant. Oh, elle s'occupait comme elle pouvait, hein.

Je parle avec Myles et Everleigh et il semblerait que tout le monde prenne leur rôle bien à coeur ce soir. J’imagine que c’est le but de ce genre de soirée. Bien que ça reste tout de même très particulier comme ambiance. On parles de Myles, mon beau-père, qui s’est entraîné toute la nuit pour être parfait lorsqu’il m’accompagnera jusqu’à l’autel. Je lui confirme donc que je ne prendrai pas la fuite, pour qu’il n’ait pas fait autant d’effort pour rien. On a pas le temps de continuer la conversation, puisque mon futur époux nous rejoint et m’attirant contre lui, ce qui n’est pas non plus déplaisant. Mais moi les marques d’affections devant public, ce n’est pas trop mon truc. Et en plus, il ne doit pas voir la mariée avant le mariage. C’est une règle non écrite je crois. « Je ne supporte pas être trop éloigné de toi ma puce, parce que je t'aime... » Mon dieu. Il a perdu la tête là je crois. Je n’arrête pas de me répéter que ce n’est qu’un jeu, que rien de tout cela est vrai, mais je ne me sens vraiment pas à l’aise avec tout ça. Et ils le savent tous. Je fais de gros efforts en ce moment. Je tourne la tête pour lui jeter un regard pour lui faire comprendre que je n’aime pas vraiment toute cette situation, mais à la place, je me sens comme attiré par lèvres. Comme un besoin de l’embrasser pour me calmer. Et ce devant tout le monde. Je suis totalement contradictoire entre mes pensés et mes actions. Mais c’est plutôt un baiser court, puisque Cameron parle de la nouvelle, et on dirait qu’il fait exprès pour me mettre encore plus inconfortable. Et la réaction d’Everleigh me laisse bien comprendre que cela ne l’enchante pas du tout. Mon dieu, on dirait presqu’elle le pense sérieux. « Une merveilleuse nouvelle oui... » Je n’ai pas vraiment d’enthousiasme dans ma voix, mais bon, je m’en fous un peu. « La grand-mère sera plus jeune que le père, c’est t’y pas merveilleux. » Myles, toujours là pour faire chier. Je lui lance un regard noir, ça ce n’était pas nécessaire comme remarque. On ne va pas se mettre à parler de notre différence d’âge ici, oui. « T'es un fin observateur, le beau-père ! » Mais il aurait pu le garder son commentaire. Et Emmeline débarque, et j’avais oublié qu’elle était ma meilleure amie. Cette soirée est de mieux en mieux dites donc. « Oh, ma puce, tu es tellement belle ! Je suis tellement contente de tout ce qui t'arrive ! Et j'ai hâte que tu me racontes touuuuus les détails de ta nuit de noce. Aaah, vous êtes tellement parfaits, tous les deux ! » Je force un sourire, venant déposer mes mains sur celles de Cameron qui entoure ma taille. « Wow merci ! Je suis teeeeellement heureuse que tu sois ma demoiselle d’honneur ! Évidemment que je vais tout, tout, tout te raconter ma nuit de noce ! J’ai déjà mon déshabillé sous ma robe !! » Dans le genre fille super excitée de la vie, je me surprend même moi-même. Évidemment, je perd mon sourire deux secondes après, puis Mickey vient d’arriver, alors ça va occuper Emmeline. Cameron se penche à mon oreille et je souris. « On échangera nos verres discrètement si tu veux... » Il lit dans mes pensés oui. Il vient m’embrasser à nouveau et cette fois-ci je me tourne complètement pour lui faire face, profitant du baiser un peu plus longtemps. Je crois que j’en oublie un peu les gens qui nous entoure, dont ma mère. « On pourrait pas juste sauter par dessus le mariage et aller à la nuit de noce ? » Je murmure contre ses lèvres alors que passe mes bras autour de son cou, caressant sa nuque du bout des doigts. Ça serait bien, non ? C'est Emmeline qui m'a fait pensé à la nuit de noce. Moi je trouve que c’est un bon plan.