Ce prime n'avait pas été des plus agréables. Non, définitivement pas. Car la compagnie avait beau avoir été appréciable, il y avait tout de même un certain nombre de petites choses qui étaient quelques peu restées en travers de la gorge de Mado. A commencer par cette histoire avec Everleigh, cette discussion diffusée dans la rubrique de Sydney et qu'elle ne digérait pas. Cela n'avait pas manqué de lui pourrir une partie de sa soirée, bien qu'elle se soit gardée de s'étendre sur le sujet, autant pour accéder à la requête de Fitz que pour son propre bien, estimant qu'il n'aurait pas été appréciable de ruminer tout le long du prime. Ce qui n'avait pas manqué de la déranger, également, c'était le départ d'Alecia, une jeune femme avec qui elle avait grandement sympathisé et qui laisserait un certain vide au sein du nid. Bien sûr, elles se reverraient, à l'extérieur, mais ça n'était pas la première fois que Mado perdait un camarade qui lui était cher, et l'on pouvait même dire qu'ils s'enchainaient, puisqu'elle avait déjà récemment perdu Nadan et Peyton. Enfin, les nominations de la semaine étaient également parvenues à lui miner le moral, ne serait-ce que parce qu'Ezra et Bob étaient nominés. Et justement, en parlant du second, il avait été malade ce soir, si bien qu'il n'avait pas pu assister au prime. Le principal étant qu'il ait fort heureusement réchappé à sa nomination, qui en plus avait été pour le moins injuste. Il était somme toute un peu tard désormais pour espérer converser avec lui, alors disons que Mado attendrait le matin. Sauf que non, c'était finalement inutile, vu qu'à peine deux minutes après qu'elle se soit glissée dans leur lit, et après avoir passé un certain temps à fumer sur le balcon, elle put constater que son partenaire ne dormait pas. Oh. « J'espère que je ne t'ai pas réveillé » souffla-t-elle alors, en un doux sourire. Elle savait qu'il avait besoin de repos. Mais peut être en avait-il eu suffisamment justement, hm. « Comment tu te sens ? Un peu mieux ? » Parce que bon, la dernière fois qu'elle l'avait vu, c'était juste avant le début du prime, et il avait semblé mal en point. « Je suppose que l'on t'a dit que tu étais sauvé, mais également que tu étais à nouveau nominé » reprit-elle, en soupirant légèrement. Elle aurait aimé qu'il puisse savourer son sauvetage, mais non, il fallait qu'il rempile pour une nomination. Super, hein. Surtout qu'elle, elle était sa partenaire, alors elle trouverait légitime de partager ce genre de choses avec lui. Sauf que non, trois nominations pour Bob, et toujours aucune pour Mado. Qu'on y croit ou non, ça la faisait chier. « Je suis désolée, Bob. Je me sens impuissante face à tout ça, une fois de plus. » Et c'était vrai. Elle avait beau lui assurer de son soutien, elle avait le sentiment que ça n'était pas assez. Elle avait surtout peur, une fois encore, qu'on la sépare de son partenaire. Ce serait un coup dur dont elle aurait du mal à se remettre, assurément.

Cloîtré au lit. C’était comme ça que tu avais passé toute la soirée, et une grand partie de l’après-midi du dimanche. Tu ne tombais pas souvent malade, mais quand c’était le cas, rien ne t’épargnait. Tu avais l’impression qu’on marteau piqueur résonnait dans ta tête, et tu avais aussi bien froid que chaud. La faute à ce temps de merde. Tu voulais ton soleil de Californie, toi. Tu voulais ton eau chaude, tes filles en bikinis, et tes amis. Mais tu voulais également rester ici. Bref, tes pensées étaient contradictoires. Pour changer. Bref. On t’avait appris que tu avais été sauvé ce soir, mais également que tu étais nominé. A juste titre, cette fois. Mais c’était sûrement encore plus blasant. Tu n’avais pas fait tout ce chemin pour partir au bout de la neuvième semaine tout de même. Il fallait pourtant croire que si. Bon. Quand Mado rejoint votre lit commun, tes yeux sont ouverts. Tu penses sans penser, tu n’arrives plus à dormir. D’une part parce que ta tête te fait souffrir le martyre, d’une autre part parce que tu te demandais ce que ça pourrait bien te faire si tu quittais définitivement le nid lors du prochain prime. « Si, c’est parce que tu pues. » Oh non, même malade, tu ne perdais pas le nord. Certes, elle ne puait pas. Mais elle sentait fortement la cigarette. Et même si tu fumais, l’odeur n’était pas des plus agréables pour toi. M’enfin, ça t’importait peu, et ça ne te dérangeait pas en réalité. Tu te tournes sur le côté, ramenant un peu plus la couverture sur toi, posant ton regard sur ta partenaire, même si tu ne pouvais distinguer que sa silhouette. « Je crois bien que je vais rendre l’âme durant la nuit » lui réponds-tu dans un fin sourire, mais d’une petite voix qui t’étais pourtant naturelle quand tu étais malade de la sorte. Tu exagérais, comme la plupart du temps. Tu te sentais un peu mieux, mais pas assez pour avoir le courage de sortir du lit. T’espérais en tout cas que tu ne contaminerais pas ta partenaire, et que tu te sentirais toi-même mieux le lendemain matin avec tous les médicaments qu’on t’avait fait ingurgiter. Tu hoches doucement la tête à ses paroles. Oui, tu savais que tu étais de nouveau nominé. Deux fois de suite, ce n’était pas vraiment cool tout ça. Surtout que tout s’était joué à 0,4 points seulement. C’était si peu. Et pourtant. « Jamais deux sans trois, hm ? Et puis je crois bien que ce sera la dernière. » dis-tu en haussant légèrement une épaule. Pas que tu partes perdant, mais il fallait se faire à l’idée, tu ne faisais pas le poids face aux autres nominés. Même si t’aurais aimé le croire. Mason avait déjà détruit les pourcentages lors de sa dernière nomination, Emilien et Ezra étaient le petit couple préféré, Emmeline était un ange incarné, quant à Mickey, ces dernières nominations avaient prouvé que les gens l’aimaient plus que tu ne pouvais le croire. Il était donc évident que cette semaine allait être la dernière. Et ça te faisait chier. « Au moins, j’aurai pas à défaire mes valises. » expliques-tu dans un léger rire. Il valait mieux en rire qu’en pleurer, hm. Et Mado s’excuse. Un doux sourire se dessine sur tes lèvres. Rien n’était de sa faute, après tout. Tu lui aurais bien caressé la joue, là, mais tu avais bien trop peur de lui refiler un truc avec tous tes microbes. « T’y peux rien. » dis-tu un peu plus sérieusement. « C’est comme ça… Ils l’ont décidé comme ça. » Et tu étais aussi impuissante qu’elle, pour le coup. « Mais toi, toi, t’as intérêt à gagner ce jeu, d’accord ? Il faut que tu les écrases tous. » Elle avait toutes ces chances, et tu portais tous tes espoirs sur ta partenaire. Il fallait qu’elle gagne. Qu’elle rafle tout. Tu venais, quelques minutes auparavant, de perdre le moindre espoir de gagner de l’argent dans ce jeu. Ce qui était ton but premier à la base. Mais tu y avais fait des rencontres extraordinaires, et c’était sûrement le plus important. « Bon et si non.. Parle-moi un peu de ta soirée. » Et de tout ce qui s’était passé pendant le prime, bien entendu.

Mado n'était peut être pas la jeune femme la plus attentionnée du nid, mais quand quelqu'un tombait malade, bien souvent, elle avait tendance à vouloir s'enquérir de son état et s'assurer que les choses restaient raisonnables. Sans doute parce qu'elle avait eu à faire à un petit frère habitué aux grippes et à toutes sortes de maladies qu'elle avait appris à diagnostiquer, et qu'ainsi elle vivait relativement mal le fait de voir quelqu'un dans un état semblable à celui de Bob quelques heures plus tôt. Dites vous bien qu'elle avait un temps songé à ne pas se rendre au prime pour ainsi rester en sa compagnie, mais elle s'était dit qu'il aurait besoin de repos plus qu'il aurait besoin de sa partenaire, et donc qu'elle ferait finalement tout aussi bien de le laisser seul dans la chambre, histoire qu'il récupère un maximum. D'ailleurs, elle s'était légitimement attendue à ce qu'il dorme toujours au moment où elle viendrait se coucher, mais visiblement, ça n'était pas le cas. Elle s'inquiéta alors d'avoir pu le réveiller, et le moins que l'on puisse dire, c'est que Bob ne laissait jamais son humour de coté, même malade. Hm. « Sympathique accueil. Tu me ferais presque regretter de m'être inquiétée pour toi » répondit-elle alors, en boudant faussement. Oh, elle ne le connaissait que trop bien pour savoir qu'il essayait toujours de détendre un peu l'atmosphère. L'important ici étant de savoir comment il allait. Mal, visiblement. Quoi que là, il abusait un peu, hein. « Oh, à ce point ? J'arrive trop tard, alors ? » Bah oui parce qu'elle aurait peut être pu faire quelque chose pour lui quelques heures plus tôt, mais elle avait été au prime, donc bon. En parlant du prime justement, elle ne tarda pas à s'assurer du fait qu'il sache qu'il avait été sauvé, mais hélas renominé. A cause des notes, ce coup-ci. Elle pouvait concevoir que c'était blasant pour lui, à force, car ça l'était déjà pour elle, de voir son partenaire nominé en solitaire à chaque fois. Bob était donc au courant, et il était pour le coup bien pessimiste. Rah. « Ah non, pas de ça Bob. Si tu n'y crois pas un minimum, les gens penseront que tu as baissé les bras, et ça te desservira. Je veux bien y croire pour deux, mais fais au moins un petit effort. » Elle ne voulait pas qu'il parte dans une optique comme celle-ci, car ça pourrait jouer contre lui. Il fallait qu'il montre qu'il croyait encore un tout petit peu en lui, en ses chances. Elle voulait bien le soutenir, faire le plus gros du travail, mais s'il n'y mettait pas un peu du sien, ce serait sans doute bien vain. Il rempilait en reparlant de ses valises, et ça ne faisait pas tellement rire Mado, franchement. Soit, elle n'ajouta rien et se contenta de s'excuser, de déplorer son impuissance. Parce que oui, elle subissait tout ça autant que lui. Il était son partenaire et chacune de ses mises en danger l'angoissait fortement. Il semblait résigné, il faut dire qu'il n'avait pas tellement d'autre choix que de s'y faire, puis il laissa entendre qu'elle avait intérêt à gagner le jeu. Spontanément, un rire s'échappa des lèvres de la grande brune. « Comment se fait-il que tu sembles croire davantage en ta partenaire qu'en toi-même, Bob ? Je ne peux rien te promettre, tu t'en doutes. Je vais simplement tâcher d'aller le plus loin possible en restant moi-même. Ça équivoquerait à une victoire, en quelques sortes. » Oui parce qu'elle n'était assurément pas assez prétentieuse pour dire qu'elle pensait avoir ses chances, alors que ça n'était pas tellement le cas. Oui, elle n'avait jamais été nominée, et oui elle semblait appréciée, mais ça ne voulait assurément rien dire. Bob lui demanda ensuite de lui parler de sa soirée, et elle se mit cette fois-ci à grimacer. Bon, par quoi commencer ? « Je l'ai passée en compagnie de Fitz et Alecia. Ce prime avait de bons et de mauvais cotés, mais j'en suis globalement ressortie désabusée. » Comme si ce jeu finissait par la décevoir, finalement. En fait, elle parlait surtout de l'attitude d'Everleigh, sur les images diffusées. Mais il est vrai que l'élimination d'Alecia et les nominations de candidats méritants ne l'avaient pas laissé indifférente non plus. Soit, ce ne fut pas le prime le plus plaisant qu'elle ait passé, hm.

Certes, Mado ne sentait pas la rose, mais tu ne la repousserais pas. Parce que tu avais besoin de compagnie. De sa compagnie. Et puis, ce n’était pas comme si c’était une odeur insupportable non plus, c’était seulement du tabac. Tu ne peux donc pas t’empêcher de lâcher un petit rire à ses paroles. Rire de malade, hm. « Ne regrette pas, j’suis mourant j’te dis… » Mais oui, bien sûr. Tu étais très crédible. Tu avais beau avoir attrapé une saloperie, tu allais vivre, et ce pour longtemps encore. Même si là, t’aimerai bien ne plus connaître cette souffrance. Souffrance bien évidemment supportable, mais qui te pompais la plupart de ton énergie et ton bien être. Sans oublié que tu venais d’apprendre que tu étais ENCORE nominé. Ça commençait à bien faire tout ça. « Oui… C’est la fin, Mado. La fin de tout. » Oui bien sûr. Hm. Tu allais mourir sur le champ, c’était si évident. Ou pas. Quant à ta phrase, elle pouvait être aussi interprétée pour cette fameuse nomination également. Tu la sentais mal. C’était plus fort que toi. Tu ne pouvais pas t’empêcher de penser que cette semaine était la dernière, et ça n’allait pas t’aider à guérir. Pourtant, tu ne peux pas t’empêcher d’aborder un fin sourire aux paroles de Mado. Peut-être qu’elle avait raison. Peut-être pas. Tu ne savais pas. T’espérais que c’était le cas. Que si tu restais positif, tu aurais plus de chance de rester. Pourtant, au fond de toi, ton ressenti restait le même. Mais tu ferais un effort. Un petit effort. Pour elle. Pour lui montrer que tu ne baissais pas les bras, même si au fond, c’était un peu le cas. Comme si quelqu’un avait décidé de s’acharner sur toi. Et c’était franchement pas très plaisant. « D’accord, d’accord… Oh, c’est trop cool, je vais rester encore super longtemps ! » Ta dernière phrase était prononcé d’une voix faussement enjoué, comme pour remplir la requête de ta partenaire. Bien sûr, tout ça n’était pas dit pour l’agacé, mais seulement pour rigoler un peu. Comme tu le faisais si souvent. Même si franchement, tu en avais moins envie en ce moment que d’habitude. Puis tu dis, plus sérieusement cette fois-ci. « Tu sais très bien que la seule chose que je veux, c’est de rester… mais ça ne dépend pas de moi. » T’en étais certain, oui. Quant à la victoire imminente de ta partenaire, tu y croyais, effectivement. Dur comme fer. Un léger rire s’échappe de tes lèvres aux paroles de Mado. Evidemment que tu croyais plus en elle qu’en toi. C’était tellement plus facile. Et puis, tu étais loin d’être quelqu’un avec une grande confiance de soi, même si tu pouvais en avoir l’air de temps à autres. « Parce que c’est le cas. Je crois en toi. » fais-tu remarquer dans un petit sourire. Tu tousses ensuite un peu, mettant ta main devant ta bouche. « Tu iras en final, compris ? Et tu les dégommeras tous ? Parce que si tu ne le fais pas, c’est moi qui te dégommerais. » Cette menace se voulait motivante. Elle était juste ridicule, en fait. Mais peu importe, tu montrais bien que tu misais tout sur elle. Elle avait tout pour gagner, t’en étais certain. Il fallait qu’elle gagne, tout simplement. Elle était la meilleure. Oui, voilà. Elle l’était. Pour ce qui était de rester elle-même, tu savais bien qu'elle ne se transformerait pas en quelqu'un d'autre, et qu'elle resterait vraie. C'était sûrement une de ses qualités, rester vraie. Même si pour le coup, ça ne voulait pas dire grand chose, toi, tu le comprenais. Puis Mado te parla du prime. Fitz et Alecia. D’ailleurs, tu regrettais déjà cette dernière. Elle allait te manquer. M’enfin, c’était le jeu… Quant à Fitz, et bien Mado était presque collée à lui ces derniers temps alors ça ne t’étonnait pas. Tout semblait aller bien vite entre eux. « Désabusée ? » Pas besoin d’une longue phrase pour qu’elle comprenne que tu désirais en savoir plus sur tout ça.

Comment ça, elle puait ? Non, Mado ne puait pas. Si Bob avait des hallucinations nasales, ça n'était pas de sa faute, hein. Tout de même, il pourrait être un peu plus sympathique, parce que Mado aurait pu ignorer le fait qu'il soit éveillé et s'endormir sans faire attention à lui. En plus, elle s'était inquiétée de le savoir malade. Et voilà comme elle était remerciée ! Ah, pour le coup, elle s'en mordrait presque les doigts. Et il avait beau tâcher de se rattraper en prétextant être mourant, très franchement, elle n'était plus du tout disposée à s'émouvoir de son sort. Elle se sentait trahie, en fait. Ouais. Ainsi, elle se contenta de faire un vaste geste de la main en guise de réponse. Pas sûr qu'il ait vu grand chose dans toute cette pénombre, mais qu'importe. Surtout qu'il exagérait à peine, le Bob, quand il prétendait que c'était la fin, et attention, la fin de tout. Olala, mais oui, il est vrai qu'il était particulièrement courant de mourir d'une petite baisse de régime, hein. « Dans ce cas, meurs en silence, tu seras mignon » souffla-t-elle, faussement contrariée. Oui bon, il était possible qu'elle fasse mine de bouder par rapport à tout à l'heure. Ce serait tout à fait son genre, oui, effectivement. Quant à l'attitude de Bob, au regard qu'il portait sur sa nomination, il est vrai qu'elle trouvait ça assez désolant. Elle comprenait qu'il soit dépité, déçu et même dégouté, mais s'il ne croyait pas un minimum en lui, pourquoi le public aurait-il envie d'y croire, lui ? Il fallait penser à l'image qu'il renverrait, à celle d'un type résigné et n'attendant plus que son départ. S'il voulait des votes, s'il voulait continuer cette aventure, il fallait qu'il s'en donne les moyens et qu'il prouve qu'il voulait conserver sa place au sein du jeu. Ainsi, elle lui demanda de faire quelques petits efforts. Euh petits, hein, pas énormes et improbables, comme maintenant. Gné. « Alors toi, t'es doué pour passer d'un extrême à l'autre, hein » s'amusa-t-elle brièvement, avant de lui asséner une petite tape sur le bras. Non mais oh, c'était sérieux tout de même. Toujours est-il qu'elle ne l'embêterait pas plus longtemps avec ça, vu que l'idée n'était pas non plus de l'accabler. Vu sa situation, ce serait malvenu. « Je sais que ça ne dépend pas de toi, Bob. Ça passera ou ça cassera, mais dis-toi que tu as déjà été sauvé deux fois, et que c'est plus confortable, sans doute, que pour Emilien, qui lui se retrouve en danger pour la première fois. » Bon, ce qu'elle essayait de dire, c'est qu'il savait un peu à quel point il était apprécié, et que ça devait au moins un minimum le tranquilliser. Ou peut être que le raisonnement de Mado était pourri. Oui, c'était probable ça aussi. Bob semblait en tout cas croire en sa partenaire, et c'était autant touchant que déstabilisant. Même Mado ne croyait pas autant en elle-même, alors qu'elle se faisait confiance pour tout un tas de choses. Pour gagner, non, pas vraiment. « On ne peut pas voir aussi loin, tu sais bien. On ne peut pas dire qui sortira dimanche, comme on ne peut prédire ni la demi-finale, ni la finale. Je ne dis pas que je n'aimerais pas en être, bien sûr que si, j'aime aller au bout des choses, mais j'aurais sans doute tort de trop me projeter. Si ça se trouve, la finale, elle sera pour toi. » Cela pouvait marcher dans les deux sens, ce genre de prédictions. De toute manière, pour le peu de temps qu'il restait, ils sauraient bien assez tôt ce qu'il en serait, hein. Alors autant ne pas trop se projeter, effectivement. Peut être auraient-ils de bonnes surprises. Quant au prime, et bien, Mado ne savait pas trop quoi lui en dire. Il est vrai qu'il avait été contrasté, en demi-teinte, et que tout n'avait pas été plaisant. Ainsi, elle employa le terme "désabusée". Un terme sur lequel ne manqua pas de rebondir Bob, évidemment. « Je n'ai pas l'habitude d'être déçue par les gens, tout simplement parce que je n'ai pas l'habitude de prêter une réelle attention à leur comportement. Mais ici, je crois que je me suis découverte une certaine sensibilité. Je me rends compte que certaines choses peuvent m'atteindre, alors que je me suis toujours pensée invulnérable. » Elle pourrait lui dire clairement de quoi il retournait, mais sans doute jugerait-il qu'elle se plaignait. Et puis, elle n'était pas forcée de citer un nom, après tout. « Je me trouve naïve, Bob. Naïve d'avoir pensé que les choses resteraient simples et plaisantes. Mais je n'ai pas envie de culpabiliser de me sentir bien, parce que c'est tellement rare qu’égoïstement, je veux me foutre du reste. Il ... il ne se doute pas qu'il a tout changé pour moi. » Bon, là encore, elle ne citait aucun nom. Peut être parce qu'au fond, elle pensait qu'il comprendrait tout d'une traite. Il lisait bien dans les pensées, non ? Non ? Ah.

Mourir en silence ? Hors de question. Si tu venais à clamser, autant le faire bien. Tu secoues donc doucement la tête. Parce que si tu le faisais violemment, tu risquais d’aggraver ta migraine. Ou pas, hm. Bref. « Silence ? Ne connais pas ce mot. » Prétends-tu, un petit sourire au coin des lèvres. Tu avais beau être en train de mourir quelques instants auparavant, maintenant que Mado était de retour à tes côtés, tu retrouvais quelque peu le sourire. Oh oui, elle avait ce pouvoir-là. Mais qu’importe, il n’était pas nécessaire qu’elle le sache. Quant à ta nomination, tu commençais un peu à en avoir marre. Encore, si c’était la première fois, ça irait. Mais là, ce n’était pas le cas. La troisième fois. Trois nominations. Bref, tout ceci étant blasant, en plus de ta maladie. Et tu le faisais plus ou moins comprendre à ta partenaire. Tu exauces sa requête mais une fois de plus, Mado avait quelque chose à redire. Pas si étonnant que ça au final, vu ce que tu venais de dire. « Je suis doué pour tout plein de choses, c’est vrai. » Autant tourner ça en ta faveur, non ? Oui, sûrement. C’était la meilleure solution. Même si forcément, ta partenaire n’avait pas tort. Les extrêmes, c’était ton truc, sans que tu le fasses pourtant exprès. Hum. Au sujet de sa petite tape sur le bras, tu ne manquas pas de lui rendre. Non mais. Par contre, tu aimerais vraiment rester. Tu voulais aller le plus loin possible. C’était évident. Tu n’étais pas venu ici pour faire bronzette, mais dans l’espoir de gagner. Parce que tu aimais gagner. Mais tu savais perdre, aussi. Chose qui allait forcément arriver, au final. Mais qu’importe. Le raisonnement de Mado ne tenait pas debout. Le fait qu’Emilien se trouve pour la première face au sort que lui réserverais le public ne voulait rien dire. Parce que ni elle ni toi ne saviez si le public l’appréciait, ou non. Bref. « Je sais pas… Tu as peut-être raison. Peu importe, pas la peine de faire des pronostics. On verra bien dimanche soir. Si je pars, et bien.. c’est sûrement que les gens ne voulaient plus me voir ici. Mais ça te fera un fan de plus derrière son écran télé. » dis-tu dans un léger rire. Oh, t’espérais rester une semaine de plus, pour ne pas dire deux. Tu aimerais aller loin, mais tu n’avais aucun pouvoir. Adviendra ce qu’il adviendra. Ce qui était sûr, c’était être certain de savoir que Mado avait tout pour gagner. Il fallait seulement qu’elle ne foire pas tout. Qu’elle y aille à fond. Qu’elle fasse comprendre aux autres qu’elle méritait cette victoire. Et c’était le cas. Alors oui, tu croyais en elle, en sa victoire. Ses paroles foireuses, tu n’y croyais pas trop. Tu avais la certitude que Mado, cette Mado-là allongée en face de toi dans ce lit, irait en finale. « Tu sais bien que j’ai toujours raison, essaye pas de me contredire. » Non, en fait c’était faux. Tes certitudes ne s’étaient pas toujours avérées vraies, mais peu importe. Là n’était pas le but. Tu ne voulais seulement pas discuter du fait que rien n’était fait. Bref. Mado parle alors de la soirée. Soirée que tu avais manquée. Et qui n’avait pas l’air de s’être si bien passée, au final. Tu l’écoutes sans rien dire, attentif. Bizarrement, tu pouvais la comprendre. Oui, tu comprenais Mado. Pas dans le sens où tu étais dans son cas, mais justement, tu faisais tout pour ne pas l’être. Tu essayais d’apporter le moins d’importance possible aux choses pour ne pas être déçu. Parce qu’au final, quoi qu’il se passe, tu finissais toujours déçu. Pourtant, t’étais du genre à t’attacher aux gens. Bref. « T’as beau faire semblant pendant autant de temps que tu veux, au final, tout t’atteint Mado. Tout atteint tout le monde. C’est comme ça. » Tu parles de ta voix de malade, mais tu parles sérieusement. Elle avait beau avoir l’air de marbre durant les premières semaines, tout le monde avait des sentiments. Tout le monde prenait certaines choses à cœur. C’était comme ça. Malheureusement. Pour la seconde partie de ses dires, il ne fallait pas être un génie pour deviner qu’elle parlait de Fitz. Même si elle n’avait pas prononcé son nom, tu le savais. A moins qu’elle soit secrètement en train de craquer sur Mason. Chose qui était assez improbable. M’enfin. T’étais content pour elle. Vraiment. Même si tout n’avait pas l’air d’aller bien. T’étais content qu’il ait tout changé pour elle. Mado méritait d’être heureuse. « T’es pas naïve, Mado. Tu veux juste ce qu’il y a de mieux pour toi. Tu… Je ne vais pas te dire de faire quoi que ce soit par rapport à qui que ce soit. Tu sais très bien ce qui est bon, et ce qui ne l’est pas. Tu connais aussi tes priorités. Alors.. ne change rien. Si tu veux te foutre du reste, alors fous-toi du reste. Du temps que tu es heureuse… » Tu hoches doucement la tête. Il fallait qu’elle le soit. Toi, tu savais que tu ne pourrais pas faire ça. Parce que tu étais de ce genre de personnes qui pensaient au bonheur des autres avant le sien. C’était comme ça, t’y pouvais rien. T’aimais ça. Ton bonheur à toi, c’était celui des autres. Mais il était ici question de ta partenaire. Partenaire que tu voulais voir heureuse, tout simplement. « Alors dis-le-lui. » soufflas-tu quant à sa dernière phrase. Et même si Mado ne disait rien, Fitz devait tout simplement s’en douter. Et rien que pour ça, il n’avait pas intérêt à faire le moindre faux pas avec la brune qui se tenait à côté de toi, sinon il aurait affaire à toi.

Bob était un vilain garçon. Il ne respectait même pas l'inquiétude de son adorable partenaire, qui s'était véritablement fait du soucis pour lui et qui était bien gentille d'adapter ses heures de sommeil à celles du grand malade qu'il était. Car à cette heure-ci, elle aimerait bien dormir, quand même, tandis que lui s'était probablement suffisamment reposé. Pourtant, elle restait éveillée, à lui faire la conversation, ne serait-ce que pour s'assurer du fait qu'il aille un peu mieux. Mais Bob n'était visiblement qu'un sale petit ingrat, vu qu'il trouva le moyen de laisser entendre que Mado puait. Alors ça, elle ne le lui pardonnerait pas de si tôt. Même si bon, elle connaissait suffisamment son humour douteux et son second degré pour se douter qu'il n'était pas sérieux. Encore heureux. Pour autant, elle faisait mine de bouder - l'un de ses nombreux talents - et alla même jusqu'à le prier de clamser en silence, si vraiment il ne pouvait pas faire autrement que de mourir. Et lui, que trouvait-il le moyen de répondre à ça ? Qu'il ne connaissait pas ce mot ? Ah bah ça, pour se le coltiner depuis des semaines, elle ne le savait que trop bien. Ainsi elle se contenta de soupirer, ne pouvant toutefois s'empêcher de sourire légèrement, sans rebondir, parce que ça n'aurait aucun intérêt. La suite en avait déjà plus. Il était question de la nomination de Bob, sa troisième, qu'il vivait probablement mal, et avec un certain pessimisme. Alors oui, Mado se permit de lui demander de faire un petit effort, pour positiver, pour voir le verre à moitié plein, parce qu'après tout, rien n'était joué, et encore moins perdu. Sauf qu'il vira dans un autre extrême, si bien qu'elle ne put que le lui faire remarquer. Il disait être doué pour tout plein de choses et elle afficha un sourire amusé. Mouais, s'il voulait. Quant à savoir s'il partirait, personne n'en savait rien. Mais comme elle le disait, il avait un peu l'habitude, alors peut être qu'il était plus tranquillisé que quelqu'un comme Emilien, pour qui se retrouver en danger était nouveau. « N'y pensons pas pour le moment, laissons ça à dimanche, oui. Tu sais, j'ai aussi peur pour Ezra, et ces nominations, globalement, je les trouve difficiles. Rien ne sert effectivement de penser aux éliminations dès maintenant, on en aura connaissance bien assez tôt ... » Deux éliminés, sur ces six candidats méritants, ce serait relativement difficile à vivre. Mado avait les pires scénarios en tête, sachant que de toute manière, il était peu probable qu'elle se satisfasse pleinement du moindre résultat. Quant à sa remarque, celle sur le fan qu'il serait s'il sortait, elle la fit rire légèrement. Elle préférerait le garder près d'elle, évidemment. Lui, il laissait en tout cas entendre qu'elle avait intérêt à gagner, ce qu'elle ne pouvait pas lui promettre évidemment. Mais elle tâcherait de rester elle-même, de prouver qu'elle avait envie de se battre pour aller le plus loin possible. Ça, oui, elle pouvait le lui promettre par contre. « Toujours, toujours ... Mouais, hein. Nous verrons bien, là encore. On ne peut pas se fier à grand chose, de toute manière. » Elle pensait notamment à la côte de popularité. Y être première depuis deux semaines n'indiquait pas pour autant qu'elle irait en finale, sinon autant demander à y passer directement, hein. Bon. Quant au prime, il est vrai qu'il fut contrasté, et plus ou moins agréable. Et il est vrai, aussi, que Mado avait pleinement pris conscience du fait qu'elle puisse accorder de l'importance aux actions des autres, au point de pouvoir en être blessée. En somme, Bob avait raison, elle était comme tout le monde à ce niveau-là. « J'ai passé des années à me fermer aux autres, à refuser de me lier aux gens, en tâchant de me protéger d'eux et du mal qu'ils pourraient me faire. Ici, j'ai appris à baisser ma garde, à ne plus être autant sur la défensive ... Je me suis laissée approchée, apprivoisée, charmée ... Je me suis liée à de belles personnes, j'ai appris à leur faire confiance. Oui, je me suis rendue compte que j'étais comme tout le monde, finalement, et que j'avais simplement passé beaucoup de temps à me voiler la face, à croire que j'étais intouchable, inatteignable. Mais c'est faux, évidemment. » Au fond, il n'était pas plus mal qu'elle se soit sociabilisée, même si cela lui valait d'en souffrir quelques peu aujourd'hui. Il fallait bien qu'elle accepte d'être comme tout le monde, aussi vulnérable et humaine, oui. Quant au fait d'être naïve, oui elle l'avait surement été, quand elle avait cru que tout pourrait rester plaisant, à tous les niveaux. En soit, elle s'était rapprochée de Fitz, s'était épanouie à ses cotés, et n'avait pas vu que sa relation avec Everleigh en pâtirait à nouveau. A croire que tout n'était pas compatible, alors qu'elle avait voulu le croire. Les propos de Bob, en tout cas, la firent doucement sourire. Elle caressa son bras, comme pour le remercier de la comprendre, ou en tout cas de l'écouter. Elle se confiait à lui parce qu'elle en avait sans doute besoin. C'était plaisant. « Tu sais, je n'ai pas la prétention de penser que je mérite d'être heureuse, parce qu'une partie de moi se déteste profondément et se souhaite tout le malheur du monde. Mais j'ai besoin de dépasser certaines choses, car j'ai été incapable de le faire pendant des années ... Et j'ai le sentiment d'avoir fait la bonne rencontre, celle qui me permettra, peut être, de tourner toute une page de ma vie. Alors oui, j'ai envie de penser à moi, d'essayer d'aller de l'avant, pour la première fois depuis trop longtemps. » Vivre dans le passé et s'empêcher d'avancer, ça n'était assurément pas la solution. Ou qu'une solution de facilité, comme elle avait eu tendance à la voir ces dernières années. Bob reprit la parole, comme s'il avait compris de qui elle parlait, ce qui n'avait rien d'étonnant, il semblait la comprendre à ce niveau. « J'aimerais le faire, j'aimerais oser, parce que j'ai besoin qu'il sache qu'il a changé beaucoup de choses pour moi en quelques semaines. Mais j'ai peur que ça sonne comme un bilan, alors que je ne veux pas le perdre. J'ai encore besoin de lui et il importe beaucoup trop pour moi à présent. » Elle craignait assurément que la fin imminente de l'aventure l'éloigne de celui qui comptait tant pour elle, à qui elle devait tant de choses mais de qui elle en attendait d'autres. Fitz était l'un des piliers de son aventure, et peut être, oui peut être qu'elle aspirait à ce qu'il devienne plus généralement l'un des piliers de sa vie.

Tu préférais ne plus penser aux nominations, plus maintenant. C’était la fin, ceux qui seraient sauvés dimanche soir auraient une place en demi-finale, après tout. Il restait plus que trois semaines, et ton parcours restait plus ou moins respectable. Même si tu espérais aller plus loin, bien évidemment. Bref. « L’effectif est de plus en plus réduit, alors forcément… Quant à Ezra, ce n’est pas comme s’il allait partir loin, hm ? C’est ton frère, tu le reverras bien vite. » Elle n’avait pas d’inquiétude à avoir. S’il partait dimanche –ce que tu n’espérais pas – ils seraient séparés seulement pendant deux semaines. C’était peu, deux semaines. Ils faisaient partie de la même famille, et habitaient sous le même toit – dans tes souvenirs – alors Mado ne serait pas en manque pendant trop longtemps. C’était le côté positif de partir en fin de l’aventure. Même si c’était assez rageant de partir si près du but. Bref. Et puis, bien sûr que tu avais toujours raison. Elle ne pouvait pas en douter, tout de même. Bon, si, un peu. Juste légèrement. Mais ce n’était pas la peine de le faire remarquer, tu préférais rester dans l’illusion. Tu ne tombais pas non plus de haut en sachant que tu n’avais pas toujours raison. Beaucoup de choses te l’avaient prouvé. Tu ne fais donc aucun commentaire. Ce n’était pas utile, tu n’avais rien à redire quant à ses dires. Vous ne pouviez pas deviner ce qui allait arriver dans le futur. Même si t’aimerais bien savoir, parfois. Savoir ce qui allait t’arriver, ce qui allait lui arriver. Comment le futur allait s’annoncer. Mais c’était impossible. Plus tard, peut-être. Quand la technologie le permettra. Hum. Et puis Mado t’expliques qu’elle s’est rendue compte être comme tout le monde. Pouvoir être blessée et déçue par certaine personne. Chose qui ne t’étonnait pas, étant donné que tout être humain normalement constitué ne pouvait pas s’empêcher d’être déçu. D’en attendre trop de certaines personnes. « Vivre, c’est aussi prendre des risques. Tu vois bien que tu ne peux pas vivre bien longtemps en te protégeant constamment des autres. Et prendre des risques, ça admet pouvoir être blessée et déçue à maintes reprises. Mais c’est comme ça, on n’y peut rien. Tu ne pourras pas ensuite t’en vouloir de ne pas avoir donné ta chance à certaines personnes. » Tu hausses doucement les épaules. Il ne fallait pas qu’elle regrette d’avoir fait ce qu’elle avait fait. Mado avait fait un énorme pas en avant, il ne fallait pas qu’elle en fasse deux en arrière. « Evidemment que c’est faux Mado. Malgré tout le mal qu’on a pu te faire dans le passé, tu ne pouvais pas éternellement te cacher de tout ça. De la réalité. » Tu la laisses te caresser le bras, et tu évites de ton côté de la toucher, par peur de lui transmettre des microbes. T’aimais bien te retrouver là, avec elle, à parler. Ces moments allaient te manquer, la nuit dans votre lit, à parler de tout, de choses aussi sérieuses que futiles. Mado toute entière allait te manquer. Tu étais toi aussi content d’avoir fait cette aventure, finalement. Même si c’était pour partir perdant, les rencontres que tu y avais faits restaient inoubliables. Tu avais trouvé en Mado une personne à qui tu pouvais te confier, à qui tu pouvais tout dire sans gêne, finalement. Parce que tu avais trouvé en elle une personne bien. Une belle personne. Et ça te faisait du mal de savoir qu’elle avait cette partie d’elle qui se détestait. « Moi je te le dis, tu mérites d’être heureuse Mado. Tu dois en avoir conscience, ou du moins commencer. T’es .. Tu as le droit de penser à toi. Ces choix que tu fais, ils ne doivent dépendre que de toi, du présent. De tes envies. » C’était aussi simple que ça, bien que plus facile à dire qu’à faire. T’en avais bien conscience. Et ta partenaire te parla donc de Fitz. Rien d’étonnant. Leur relation avait avancé depuis le temps. Genre beaucoup. Tu te doutais bien que Fitz avait changé beaucoup de choses pour Mado. C’était évident. « Tu ne vas pas le perdre. Il n’y a pas de raison. Et même si tu ne lui dis pas, je suis sûr qu’il s’en doute. Il a vu la Mado d’avant, et celle d’après. Il ne faut pas être débile pour savoir ce qui se passe dans ta petite tête. » Tu parlais d’une petite voix, pour ne pas réveiller les autres. Parce que tu n’avais pas besoin de parler fort pour qu’elle t’entende. Tu avais rajouté le « petite tête » pour enlever le côté sérieux de la chose, même si tes paroles l’étaient. Tu te doutais que Fitz et Mado étaient proche comme jamais, et que ce n’était pas la fin du jeu qui y changerait quelque chose. Pas à tes yeux, du moins. Peut-être qu’il avait tout changé pour elle, mais ce n’était pas pour autant qu’il serait l’homme de sa vie. Il serait l’homme qui lui aurait ouvert les yeux. Bon, l’un n’empêchait pas l’autre, tu ne pouvais pas savoir, mais voilà. Bref. Et puis là, la grosse blague. La musique. Ça devait sûrement être la millième fois qu’elle tombait pour toi et Mado. Et c’est plus fort que toi, tu ne peux pas t’empêcher de lâcher un rire. Parce que Cupidon s’acharnerait sur vous jusqu’à la fin, sans aucun doute. « On n’est pas obligé, tu sais. » que tu murmures. Pas que tu ne veuilles pas, parce que ça restait toujours aussi agréable d’embrasser ta partenaire, seulement, tu ne voulais pas créer d’embrouilles. Parce que si les images étaient rediffuser, que les choses étaient mal interprété, et tout… Surtout que tu ne savais pas si elle était officiellement en « couple » avec Fitz. Bref. Toi, l’embrasser ne t’apporterait rien de négatif ; mais c’était possible que ce soit le cas pour elle. Alors tu respecterais son choix. Et puis, tu étais malade. En gros, tu la laissais prendre la décision, et tu ne lui en voudrais pas si elle décidait de perdre un peu d’argent plutôt que de t’embrasser.

Rien ne servait de penser dès maintenant aux éliminations de dimanche soir, autant parce que c'était un coup à se miner définitivement le moral que parce que les jeux n'étaient pas fait et que ça ne dépendait de toute façon que du public, et certainement pas d'eux. Il ne fallait pas partir défaitiste, car ce serait un coup à donner l'impression que l'on baisse tout simplement les bras, mais plus généralement, il valait mieux éviter de se lancer dans le moindre pronostic. Mado n'avait évidemment pas envie de voir partir son partenaire - d'autant plus parce qu'il était nominé pour la troisième fois et toujours en solitaire, sans elle - tout comme elle n'avait pas envie de voir partir Ezra, son petit frère, de qui elle avait besoin pour la suite, pour le peu de temps qu'il pouvait rester. Bob avait évidemment raison lorsqu'il disait que ça n'était pas comme s'ils n'allaient pas se revoir tout de suite après le jeu, puisqu'il est vrai qu'ils vivaient ensemble, et qu'être frère et sœur était la garantie qu'ils ne se perdraient jamais de vue, pour autant, Mado avait un peu de mal à le prendre comme ça. « Oui, c'est certain. C'est juste que ... Ezra et moi, nous sommes venus ici ensemble. Sans lui, je n'aurais sans doute pas eu l'idée de participer à ce programme. C'est peut être idiot, mais ces quatre dernières années, nous n'avons jamais été séparés plus de quelques heures, du coup, j'angoisse un peu. » Et c'était vrai. Ils vivaient sous le même toit et se croisaient naturellement plusieurs fois par jour, quelles que soient leurs activités respectives et bien que leurs horaires de travail soient pour le moins différentes. Sans Ezra, elle se sentirait bien moins forte, bien moins soutenue. Parce qu'il n'était pas seulement son frère, il était aussi son socle. Quant au reste, il est vrai que Mado s'était rendue compte, au fil des semaines, qu'il était bien vain d'essayer de se convaincre qu'elle ne pouvait pas souffrir et être atteinte comme les autres, qu'elle était au dessus de tout ça, parce que ça ne pouvait pas être le cas. Bob avait en tout cas raison sur tout ce qu'il disait. « Oui, tu as raison. Des risques, j'en prenais partout, sauf avec les autres. Je pense que j'ai bien fait de laisser tomber ma carapace en compagnie de certaines personnes, parce que j'aurais amèrement regretté d'être passée à coté d'elles. » Okay, elle avait souffert de certains comportements, de certains éloignements, mais au final, ça ne faisait que lui prouver qu'elle était plus humaine qu'elle le pensait en arrivant. « J'avais pris l'habitude de mettre tout le monde dans le même sac, de me méfier de n'importe qui, parce que c'était plus simple. Mais c'était une erreur, j'ai fini par le comprendre. On ne peut pas faire payer à tout le monde les actes d'une seule personne. » C'est pourtant ce qu'elle avait longtemps fait, en se braquant, en refusant de s'attacher. Ici, les choses avaient heureusement changé et lui avaient permis de comprendre que le passé devait rester le passé et que les actes d'un individu ne devaient pas l'empêcher de laisser une chance à ceux qui n'y étaient pour rien. Mado avait malgré tout tendance à penser, ne serait-ce que par moments, qu'elle ne méritait pas d'être heureuse. Mais ça, c'était encore un autre problème, un problème plus actuel, plus douloureux finalement. Autant le dire, elle n'avait pas une haute estime d'elle-même. La réponse de Bob la fit en tout cas tendrement sourire. Lui, il semblait dire qu'elle méritait le bonheur. Une chose était en tout cas sûre : elle avait envie de ne plus s'en priver. « Ce n'est malheureusement pas aussi simple de se persuader qu'on mérite d'être heureux, quand on a passé plusieurs années à se maudire. Malgré tout, j'ai vraiment envie de suivre mes envies, oui. » Techniquement, c'était déjà ce qu'elle faisait depuis quelques temps, à petites doses. Elle commençait à se faire passer en premier, à s'autoriser certaines choses, et ça avait tendance à lui réussir, dans un sens. Quant à la personne qu'ils évoquèrent ensuite, il va de soi qu'il s'agissait de Fitz, qu'elle n'avait pas cru bon de nommer, tout simplement parce que Bob avait bien vite compris de qui il était question. Ainsi, Mado avait quelques peu peur de perdre Fitz, tout simplement parce qu'elle craignait qu'en lui disant qu'il avait tout changé pour elle, ça sonne comme la fin de quelque chose. A ce jour, elle n'était pas encore tout à fait certaine de ce qu'elle voulait, mais elle savait qu'elle ne voulait décidément pas le perdre. Elle avait encore besoin de lui, et s'était bien trop attachée pour que ça prenne fin ainsi. Bob reprit alors la parole et la jeune femme sourit de façon amusée à la fin de ses propos. « Je ne sais pas ... J'ai mis du temps à me laisser apprivoiser, et encore maintenant, j'ai peut être un peu trop de fierté pour lui dire clairement les choses. Pourtant, j'ai envie qu'il sache, qu'il soit sûr qu'il a joué un rôle majeur dans mon évolution au sein de ce jeu ... C'est le genre de choses qu'il faut dire, non ? » C'est ce qu'elle commençait à penser. Qu'importe ce qu'elle risquait, il fallait qu'elle le fasse, tant qu'elle le pouvait. Peut être qu'elle ne le perdrait pas. Elle ferait en sorte que ce ne soit pas le cas, c'est certain. Si le destin était de son coté, pour une fois, il l'épargnerait. Sinon, elle ne pourrait rien y faire, de toute manière ... Mais voilà que maintenant, et à une heure aussi improbable que celle-ci, la musique annonçant un baiser se mit à retentir. Ah ça, c'était courant les concernant. Ils ne comptaient plus les fois où ils avaient du s'embrasser à cause de cette musique. Finalement, en y réfléchissant bien, c'était cette musique qui leur avait permis de se rapprocher. A ce jour, et sans l'épisode de la piscine, ils seraient peut être toujours aussi froids l'un vis à vis de l'autre. Oui, si ça se trouve. Bob fit en tout cas savoir à la française qu'ils n'étaient pas forcés de s'embrasser, et elle ne put que sourire doucement à cette confession. Bien sûr qu'elle savait que rien ne les y forçait, mais elle savait aussi que rien ne les y empêchait. Ce n'était qu'un baiser, ce n'était que le jeu. « Bob, toi et moi, on a toujours joué le jeu, alors ça ne risque pas de changer ce soir » souffla-t-elle gentiment. On ne pourrait pas sortir les images de leur contexte - en plus on n'y voyait pas grand chose, dans cette chambre - donc elle ne s'inquiétait de rien. Ainsi, elle approcha son visage du sien et déposa ses lèvres sur les siennes. Pas de baiser langoureux, simplement un doux baiser, sans autre signification que l'affection qu'elle lui portait, sans autre but que le désir de ne pas vouloir perdre d'argent et jouer jusqu'au bout. Reculant ses lèvres, elle tenta de capter son regard, malgré l'obscurité. « Voilà, je doute qu'il y ait eu mort d'homme » souffla-t-elle, en riant légèrement. On ne pourrait pas leur reprocher de jouer le jeu, et ce genre de baisers n'impliquaient rien. Mado n'embrassait pas Bob comme elle embrasserait Fitz, par exemple. Sans offense pour son bouclé préféré, évidemment.