Du soleil, du soleil, et encore du soleil. Avec les températures qui vont avec. Chaud, chaud, chaud. Un temps où on a envie de rien faire. Ou on se traine de pièce en pièce telles des loques tellement la température est insupportable. Alors certes, du soleil, ça fait plaisir quand même. Ça égaye la journée. Contrairement aux nuages sombres, à la pluie, le froid… Mais aussi chaud ? Je ne suis pas sur que ça soit préférable, je ne sais pas. Au moins, on va pouvoir bronzer un peu. Dommage qu’ils n’aient pas pensé à foutre une piscine en extérieur. Avec les moyens financiers qu’ils ont franchement, qu’est ce que ça leur aurait couté de creuser un trou dans le jardin, et de nous construire un bassin ? Rien. Tant pis. Heureusement, en cette matinée, les températures n’ont pas encore atteint leur maximum. Ça reste encore raisonnable. Alors je décide, de faire une petite bronzette dans le jardin. J’ai proposé à Mason aussi, qui a accepté. Conclusion on se retrouve sur le sol, sur des serviettes, en maillot de bain, à profiter du soleil. Evidemment, on a pensé à la crème, pour éviter de cramer. Et le parasol est toujours à côté si jamais on en a marre. Je fixe le ciel bleu, perdu dans mes pensées. Ça cogite pas mal la dedans. Au bout d’un moment, je me tourne sur le côté, et regarde Mason. « Dis Mason… Pourquoi tu ne m’as jamais posé de questions sur nos parents ? » Oui, ça me taraude depuis pas mal de temps. Après la révélation de notre secret, je m’étais attendu à ce qu’il ait pleins d’interrogations… Ce qui aurait été normal. Mais rien. Il s’est juste focalisé sur moi, le mensonge. Mais pas sur le reste.

Il fait beaucoup trop chaud ces derniers jours, c’est horrible, je passerais bien toutes mes journées à côté d’un ventilateur moi. J’aime bien le soleil mais quand même ya des limites. Je regrette qu’il y ait pas un lac dehors pour qu’on puisse tout se baigner, ce serait vraiment, vraiment trop cool. Ils auraient pu creuser mettre de l’eau dedans c’est quand même pas compliqué hein. Mais bon en attendant Myles me propose d’aller bronzer dehors. Oui d’accord mais on n’oublie pas la crème solaire j’ai pas envie d’être rouge à la fin de la journée, alors d’abord on a pris un tube de crème solaire, des serviettes puis on s’est installé dans le jardin en maillot de bain. Bon j’ai l’air un peu maigre par rapport à lui mais ça j’ai l’habitude et puis je pourrais pas être aussi musclé que lui c’est quand même pas possible. Et puis je m’en fiche, même si c’est vrai que j’ai maigri depuis un mois, j’espère qu’il va pas me gronder, parce que c’est vrai que j’ai plus beaucoup de muscles quand même. Puis je le vois se tourner vers moi pour me poser une question. « Dis Mason… Pourquoi tu ne m’as jamais posé de questions sur nos parents ? » Ah … Je dois dire que je m’étais pas trop attendu à ce qu’il me pose cette question-là. « Je sais pas … Je crois que j’étais trop énervé contre toi pour le faire. » Oui pourtant j’avais eu plein de questions, des tonnes de question, mais je crois que la seule chose à laquelle j’avais pensé sur le moment c’est qu’il m’avait menti, et je lui en avais tellement voulu que j’avais fini par oublier toutes ces questions. « Ils sont morts comment ? » je commence par lui demander. J’ai d’autres questions en tête, mais une après l’autre, je suis pas sûr sinon de pouvoir tout gérer d’un seul coup.

Le soleil tape sur notre tête. On va veiller à ne pas rester trop longtemps non plus, afin d’éviter l’insolation. Mais un peu de soleil ne fait pas de mal quand même. Je ne dis pas non à bronzer un peu. Mais l’idéal serait franchement d’avoir un lac, avec une plage. De se prélasser sur un matelas au milieu de l’eau, les pieds trempant dans l’eau fraiche. Oh oui ça serait super. Seulement on n’a rien de tout ça. Alors on doit malheureusement se contenter de ce jardin et sa pelouse verte… Au pire, on a les jets d’eau automatique je crois, pour arroser. Ouais, ça pourrait être pas mal d’aller dessous. Mais pour l’heure y a plus important. Je demande à Mason pourquoi il n’a jamais évoqué avec moi nos parents. Ma question peut sembler soudaine, mais ça fait un petit moment que j’y pense. Je n’ai simplement jamais osé aborder le sujet jusqu’à présent. Parce que ce n’était pas le bon moment. Mason était bien trop énervé contre moi, j’enchainais les conneries à me faire pardonner… Donc on n’a pas vraiment eu le temps de se poser deux minutes, pour parler sérieusement. Et la semaine dernière, je voulais profiter de notre complicité retrouvée sans avoir à aborder des sujets bien trop sensibles. Seulement là je me dis que c’est le moment. « Je sais pas … Je crois que j’étais trop énervé contre toi pour le faire. » Oui, c’est la conclusion que j’en avais tiré. Même si moi je crois, que j’aurais voulu connaître toute l’histoire en détail de suite. M’enfin il est évident que tous les deux nous sommes complètement différents. « Ils sont morts comment ? » Finalement je suis en train de demander si c’était une si bonne idée que ça d’évoquer le sujet. Parce que ça veut dire faire remonter des souvenirs à la surface… Certains qu’on préfère garder enfouis. Sauf que Mason a le droit de savoir. Non, doit savoir. Alors je suis bien obligé d’en passer par là. « Ils sont mort dans un incendie… Notre maison a brulé. » Que je lui avoue. C’est brutal. En même temps je ne peux pas dire les choses autrement. J’essaie de déceler chez Mason une réaction. Peut être que ça va déclencher des souvenirs ? « Tu ne te souviens vraiment de rien ? » Parce qu’il était présent. Oh oui, bel et bien présent. Mais il ne conserve même pas une bribe de souvenirs ? Un flash ? Une odeur ? Moi cette journée restera gravée à jamais dans ma mémoire.

Il fait quand même beaucoup trop chaud, on aurait pu avoir un peu moins de chaleur quand même ça aurait été sympa, et puis même pas on a un lac dehors alors bon. Au moins on peut quand même profiter du soleil, le matin la chaleur est encore supportable, du coup on peut s’allonger dans l’herbe tranquillement, même si on reste trop longtemps on va finir par attraper chaud quand même. Et ce serait pas bien quand même, non vraiment pas bien. En attendant je ferme les yeux, je sens que je vais finir par m’endormir, sauf que Myles me parle. Il me demande pourquoi je lui ai jamais posé de questions sur nos parents. Je sais pas au final, j’en ai toujours eu des tonnes à lui poser, mais pendant un temps la seule chose que je pouvais voir c’était son mensonge, et j’étais trop énervé contre lui pour penser à autre chose. J’y arrivais pas, et puis après j’essayais simplement de passer à autre chose, de lui pardonner. Je sais pas si j’y suis encore tout à fait parvenu mais je crois que je peux lui poser certaines questions maintenant. Je crois que j’aimerais savoir comment ils sont morts d’abord, parce que j’en ai aucun souvenir. « Ils sont mort dans un incendie… Notre maison a brulé. » Notre maison a brûlé ? Mais … « Et on était dans la maison nous ? Pourquoi elle a brûlé ? » Oui ça brûle pas toute seule une maison quand même. « Tu ne te souviens vraiment de rien ? » Alors ça veut dire qu’on a vu la maison brûler quand même, mais même en sachant ça je me rappelle de vraiment rien. Absolument rien, je me souviens même pas qu’on avait une maison avant en fait. « Non … Et ils étaient comment ? Ils nous aimaient ? » Oui moi je sais pas, si ça se trouve ils nous aimaient pas, même si je pense pas quand même. Je me souviens pas trop de comment ils étaient, ni de leurs visages, j’ai jamais vu une seule photo de ma maman alors. J’arrive pas à imaginer que j’ai eu un autre père que Myles en fait, j’arrive pas à le faire rentrer dans ma tête, je comprends pas trop comment c’est possible. Je me sens vraiment bête quand je pense à tout ça, je sais pas j’arrive pas à faire sortir cette idée de ma tête.

Je profite de cette belle (trop belle) journée, et de ce moment à nous deux, pour évoquer un sujet sensible. Mais important. Il est temps que Mason connaisse ses origines. Qu’il en apprenne plus sur ses parents. Ou plutôt qu’il en apprenne tout court. Puisqu’il ne se souvient pas d’eux. Ce qui est bien triste… Ils l’ont quand même élevé pendant 6 ans. Et rien. Il avait même occulté l’existence de son père, pensant que c’était moi. Alors heureusement que je suis toujours là pour honorer la mémoire de nos parents. Ils ont toujours cette place dans mon cœur. Je confie donc à Mason les circonstances tragiques de leur décès. Un incendie. De notre maison. « Et on était dans la maison nous ? Pourquoi elle a brûlé ? » Une question légitime. A laquelle j’ai déjà préparé une réponse… Je ne compte pas lui partager tous les détails. Il y a des choses, pour son bien, qu’il vaut mieux qu’il ne sache jamais. « Oui on était là…On habitait à Galway à l’époque. Mais je ne vivais plus avec vous. J’étais à la fac, j’avais mon propre appart. Je suis rentré pour le week end. Et… C’était juste un stupide accident. Tout est arrivé si vite… J’ai eu le temps de te sortir de là, mais nos parents…C’était…Je n’ai pas pu… » J’entendais encore leurs cri dans ma tête. Je me sentais si impuissant à n’avoir rien pu faire pour eux. « C’était trop tard. Mais ils n’ont pas vraiment souffert au moins. » Oui, ils sont morts asphyxiés, et pas brulés, dieu merci. Même si le résultat reste le même. Ils ont perdu la vie en ce tragique samedi soir. Que Mason est complètement occulté cet évènement de la mémoire n’a rien d’étonnant, au vu du traumatisme subi. Ce qui l’est plus c’est d’avoir complètement zappé l’existence même des parents. Il veut savoir comment ils étaient. C’est bien normal. « Oui ils nous aimaient, bien sur. T’étais leur petit miracle. Après moi, ils ont tout tenté pour avoir un deuxième enfant, en vain… Avec les années, ils s’étaient finalement résignés. Et puis un beau jour, t’as pointé le bout de ton nez, sans que personne ne s’y attende. » D’où notre grande différence d’âge. « Ils n’ont jamais été aussi heureux je crois, que le jour de ta naissance. » Avec le mien bien sur. Même si lui c’était encore plus fort je crois. « Notre mère était douce, attentionnée, à l’écoute…Une vraie mère poule. Un peu trop envahissante mais vraiment…On n’aurait pas pu rêver meilleure mère. » Envahissante c’est peu de le dire. Avec mon départ à la fac, elle ne cessait de m’appeler, venait me rendre visite… On s’est prit la tête quelques fois à ce sujet oui. « Notre père lui…Il était plus distant. Plus réservé. Il ne parlait jamais pour rien dire. Il était beaucoup absent aussi je dois dire. Il travaillait énormément, du coup on ne le voyait pas souvent… C’est peut être pour ça que tu ne te souviens pas de lui, je ne sais pas. »

J’étais beaucoup trop énervé contre Myles pendant un temps pour pouvoir lui poser les questions que j’avais en tête. La première était bien entendu de savoir comment nos parents étaient morts. J’ai jamais réellement su pourquoi maman était morte, alors bien évidemment j’ai absolument aucune idée de la façon dont ils sont morts tous les deux. Je suis un peu choqué de savoir qu’ils sont morts dans un incendie, surtout de savoir que notre maison a brûlé. J’en ai absolument aucun souvenir. « Oui on était là…On habitait à Galway à l’époque. Mais je ne vivais plus avec vous. J’étais à la fac, j’avais mon propre appart. Je suis rentré pour le week end. Et… C’était juste un stupide accident. Tout est arrivé si vite… J’ai eu le temps de te sortir de là, mais nos parents…C’était…Je n’ai pas pu… » Un stupide accident ? J’ai du mal à réaliser qu’on était tous les deux dans la maison. J’ai pas vraiment de souvenir avant mes six ans en réalité. « C’est où Galway ? Et ça veut dire que tu m’as sauvé la vie alors ? » Oui si c’est lui qui m’a sorti, ça veut forcément dire que sans lui aujourd’hui je serais mort, mais bon ça m’étonne pas en fait. « C’était trop tard. Mais ils n’ont pas vraiment souffert au moins. » Bon c’est déjà ça alors. « On ira les voir au cimetière un jour ? » Enfin voir leur tombe quoi, je sais pas, j’aimerais bien je crois, c’est surtout pour rendre tout ça plus réel parce que j’ai encore beaucoup de mal à réaliser que tout ça est vrai. Mais j’ai encore beaucoup de temps, j’ai besoin de savoir comment ils étaient, et s’ils nous aimaient aussi. « Oui ils nous aimaient, bien sur. T’étais leur petit miracle. Après moi, ils ont tout tenté pour avoir un deuxième enfant, en vain… Avec les années, ils s’étaient finalement résignés. Et puis un beau jour, t’as pointé le bout de ton nez, sans que personne ne s’y attende. » Je suis un peu comme un miracle du coup non ? Je me sens trop fier alors. « Ils n’ont jamais été aussi heureux je crois, que le jour de ta naissance. » C’est normal je suis tellement adorable, je les comprends. « Ah oui c’est vrai ? Et toi t’étais content d’avoir un petit frère ou pas ? » Je sais que je fais que lui poser des questions tout à l’heure mais je peux pas m’en empêcher. « Notre mère était douce, attentionnée, à l’écoute…Une vraie mère poule. Un peu trop envahissante mais vraiment…On n’aurait pas pu rêver meilleure mère. » Ca m’étonne pas en fait. « Je crois que je me souviens un peu d’elle. Dis … Tu me montreras une photo d’elle ? » Je sais pas s’il en a en fait, mais s’il en a une j’aimerais bien la voir. « Notre père lui…Il était plus distant. Plus réservé. Il ne parlait jamais pour rien dire. Il était beaucoup absent aussi je dois dire. Il travaillait énormément, du coup on ne le voyait pas souvent… C’est peut être pour ça que tu ne te souviens pas de lui, je ne sais pas. » Oui c’est peut-être pour ça que j’ai fini par l’oublier, je me contente de hocher la tête. « Merci … De t’être occupé de moi. » Oui je sais pas ce que j’aurais fait sans lui.

« C’est où Galway ? Et ça veut dire que tu m’as sauvé la vie alors ? » Mason et la géographie… Je pourrais lui dire que c’est en France, il me croirait. « C’est dans l’ouest de l’Irlande. » C’est tout ce que je peux lui préciser, parce que bon si c’est pour lui dire c’est à côté de telle ou telle ville, il ne sera pas plus avancé. « Et oui je t’ai sauvé la vie… » Dieu merci, j’avais été présent ce fameux week end. Dire qu’en plus à la base, je ne devais même pas être là, ayant des projets avec ma fiancée, mais elle avait eu un empêchement à la dernière minute. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il se serait passé… J’aurais surement perdu toute ma famille. « On ira les voir au cimetière un jour ? » Galway c’est loin… Et je n’ai pas remis les pieds là bas depuis tellement de temps. Ça risque de faire remonter des souvenirs… Mais je suppose qu’on pourra bien faire ça. Je ne me vois pas lui refuser. « Oui on ira les voir, promis » Je lui parle ensuite de sa naissance. Comment il était un une sorte de petit miracle. Plus personne ne l’attendait, et il a fini par pointer le bout de son nez. « Ah oui c’est vrai ? Et toi t’étais content d’avoir un petit frère ou pas ? » Hm comment dire… C’est que je l’ai vu comme une intrusion. Surtout qu’à sa naissance, toute l’attention s’est direct focalisée sur lui. Mason par ci, Mason par là…Et ça ne c’est certainement pas arrangé avec le temps, surtout au vu de ses problèmes…Il demandait double attention que la normale. Et j’entrais dans l’âge très con aussi. « Bien sur… Même si j’étais un peu jaloux, toute l’attention était pour toi…Et quand t’as l’habitude d’être fils unique durant 13 ans, d’être le seul et unique centre d’attention des parents, ce n’est pas évident à gérer au début. » D’un autre côté, j’avais plus de liberté puisqu’on me surveillait moins pour le coup. « Je crois que je me souviens un peu d’elle. Dis … Tu me montreras une photo d’elle ? » Oh vraiment, il s’en souvient un peu ? C’est une bonne chose. « Non je n’ai pas de photos, elles ont toutes brulées… Mais en cherchant bien, je devrais pouvoir trouver ça. » Je ne sais pas, en faisant quelques recherches, en demandant à leurs amis. Doit surement y avoir un moyen. « Merci … De t’être occupé de moi. » Il me remercie ? Vraiment ? Il a juste mit 19 ans pour ça… « C’est normal. C’est ce qu’on fait entre frères…On prend soin l’un de l’autre » Enfin en l’occurrence, entre nous ça marche que dans un sens, m’enfin… Je suis le grand frère, alors voilà.