Mon ventre crie famine. Et moi j’écoute toujours mon estomac quand il se manifeste. Je ne peux pas me permettre d’ignorer ses cris de souffrances. Cela serait bien cruel. Alors je décide de me rendre à la cuisine dans le but de le contenter. Oui je suis comme ça moi, je suis aux petits soins pour mon estomac. J’aime lui faire plaisir et qu’il se sente bien. Bref, en entrant je sens une odeur, quelqu’un est en train de cuisiner à l’évidence. Mickey. Derrière les fourneaux. Et au vu des quantités, il prépare le repas pour un bon paquet de gens. Etonnant. « Parmentier d'épinards et saumon, tu te sens d'en manger ? Et les autres, tu penses qu'ils aimeront ? » On fait plus alléchant comme repas. Tu donnes ça à un gosse, il va tirer la tronche. Heureusement que nous sommes des adultes alors. On ne fait plus une mine dégoutée à la vue d’épinards. Comme beaucoup, je ne dérogeais pas à la règle, étant petit, je détestais ça. Mais maintenant j’aime bien, fin bon ce n’est pas non plus mon repas préféré. Rien ne vaut une bonne pièce de bœuf et des pommes de terre. « A moins que tu ne l’ai empoisonné ça devrait aller » Donc oui je me sens d’en manger. Quant à savoir pour les autres…Qu’est ce que j’en sais ? « Je suppose que pour les autres aussi. A moins qu’ils ne fassent la fine bouche » Y a toujours des chieurs. Bon j’en suis un certes, mais pas là. « N'hésite pas à sortir une vingtaine, voir une trentaine d'assiettes. Ce sera toujours du travail en moins pour moi ensuite. » Il faut que je l’aide en plus ? Mais bon comme il fait des efforts, je dois bien pouvoir en faire aussi. Alors j’ouvre le placard et récupère les assiettes, pour les poser sur le comptoir. Je ne vais pas non plus mettre la table, d’autant qu’on ne sait pas combien on sera. Les gens vont et viennent à leur guise, chacun faisant sa petite vie dans son coin. Bien que je n’en doute pas, beaucoup seront ravis de savoir qu’on s’est déjà occupé de la cuisine. Moi le premier. C’est toujours agréable de ne pas avoir à s’en occuper. Surtout pour quelqu’un comme moi qui n’aime pas cuisiner. « Que t’arrive-t-il dis moi ? C’est l’amour qui te fait sentir d’humeur généreuse ? » Que je lui demande, tout en récupérant d’autres assiettes. N’avait il pas décidé de se la jouer solo depuis plusieurs semaines ? Que nous vaux ce revirement de situation, cette soudaine générosité ? Engin générosité…C’est un bien grand mot. Le but premier ne doit pas être de nous faire plaisir. A vrai dire je ne sais pas trop quel est le but d’ailleurs.

Mickey a décidé de préparer à manger pour tout le monde. Parmentier d’épinard avec du saumon. Ça peut être très bon. Je plaisante quant au fait qu’il aurait pu vouloir empoisonner mon assiette. Sait-on jamais. « On dit que la mort aux rats est insipide. » Ah voilà, donc il est tout à fait possible qu’il m’empoisonne sans que je ne m’en rende compte. Bref, je l’aide, en sortant les assiettes du placard, ce que je suis gentil quand même. On ne me reconnait plus n’est ce pas. Un nouvel homme est né. N’importe quoi. En fait, c’est plutôt du côté de Mickey que le réel changement a lieu. Pas seulement juste parce qu’l prépare à manger pour tout le monde. Mais dans son attitude en général. J’ai vu des choses…Tout le monde a vu de choses en fait…Puisque ça a été diffusé au prime. On a eu le loisir de le voir en compagnie d’Emmeline, poussé par quelques instincts primaires…Ceux là même qu’il déclarait ne pas ressentir deux minutes plus tôt dans son interview. Sacré Mickey. « Je te demande pardon, l'amour vraiment ? » Oui bon, c’est peut être exagéré. Ou pas. « C’est juste une façon de parler » dis je en haussant les épaules. « Je reviens à mes vieilles habitudes, cuisiner pour tout le monde... il faut croire que ça m'a manqué d'être snobé et de me faire arracher le plat des mains. Oh après tout c'est tellement agréable, la meilleure des récompenses à n'en pas douter. Mais... profitez-en, ce sera éphémère. » Pauvre petit. On l’a vraiment traumatisé avec nos mauvaises manières. Qu’est ce qu’il aurait voulu ? Qu’on construise une statue à son effigie pour le remercier ? « T’inquiètes, on en profitera bien. » Tant qu’on peut oui oui. « Alors dis-moi…Qu’est ce que ça te fait de savoir que tu es en train de devenir comme nous autres mâles ? A éprouver la tentation de la chair ? » Peut être que maintenant il comprendra mieux comment parfois, on peut agir de manière bien stupide, guidé par certains instincts. Ceux là même qu’il ne pouvait guère appréhender auparavant. Or il me semble bien maintenant que c’est le cas.

Spoiler:

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Suite à ma question, Mickey se stoppa net dans la confection de son repas. Il pose son regard sur moi. Hm, je sens qu’il n’apprécie pas tellement ma question. Et en effet. « C'est très déplacé ce que tu es entrain de faire, laisse-moi te le dire. » Quoi, on ne peut plus converser tranquillement ? C’est juste un sujet comme un autre. Bon d’accord, peut être pas pour lui… Mais bon, après tout, ça ne coutait rien d’essayer d’en parler. « T'as un de ces culots, quand même... Punaise. » En même temps ce n’est pas nouveau ça. J’ai tendance à ne jamais me gêner pour dire les choses ou évoquer certains sujets, qui pour les autres seraient tabous. C’est mignon son « punaise ». Il ne dit jamais de grossièreté. « Ne me compare pas à vous autres, merci. En tout cas pas à toi, Myles, je n'ai pas la moindre envie d'être comparé à un type dans ton genre. » C’est qu’il en deviendrait presque insultant à mon égard. Surtout que je ne parlais pas de moi, mais de l’espèce humaine en général. Je retiens que ça serait l’insulte suprême d’être comparé à ma personne. Non pas que ça soit étonnant venant de lui. « Ça va, c’est juste une question comme ça, on se calme mon grand. » Pas besoin de s’exciter comme ça. Si j’avais vraiment cru qu’il voudrait en parler avec moi, ou n’importe qui d’autre du reste ? « Que veux tu, j’ai dû oublié l’espace d’un instant que tu n’es pas très ouvert. » Clairement pas. Pour rabaisser les gens, pointer leurs défauts tout ça, il est bavard, mais dès qu’il s’agit de parler de lui…Y a plus personne. « Je soulignais juste le fait que y avait du progrès. Qu’au bout du compte tu n’es pas un cas si désespéré que ça... A ta place j’en serais heureux. » Bah ouais, il devrait être content de ressentir ce genre de choses…Après tout ce temps. Mais j’ai plutôt l’impression que ça le rend limite honteux. « Mais bon, peut importe. » Il ne veut pas en parler, il ne veut pas en parler, très bien. Je n’insisterais pas sur le sujet. Je ne cherchais même pas à en savoir plus concernant sa relation avec Emmeline, mais juste évoquer les changements en tant qu’homme qui se produisaient en ce moment chez lui… « Tu vas faire quoi une fois le jeu terminé ? Tu vas retourner directement chez toi à Dudley ? » Hm attendez. « De ça, j’ai le droit d’en parler ? Tu devrais peut être me faire une liste des sujets à ne pas évoquer » Cela sera plus simple comme ça.

« Alors là je t'arrête tout de suite, j'estime m'être plus qu'ouvert aux autres dans ce nid. Seulement parler de ma libido, désolé, je n'y tiens pas. Je ne vois pas en quoi ça te concerne qui plus est. Et je pense que tu as bien assez à faire avec la tienne. » C’est intéressant de l’entendre parler de sa libido. Cela signifie qu’il en a une…Or il y a quelques jours de cela il vous aurait dit qu’il n’en avait pas la moindre. Mais bon après je comprends qu’il ne veuille pas en parler, seulement il n’est pas obligé de se montrer désagréable envers ma personne. « C’est certain. » Oui, j’ai bien assez à faire avec la mienne, je lui accorde ça. En tout cas il est évident qu’il a du mal à se faire à ce soudain bouleversement chez lui. Limite s’il ne voit pas ça comme une tare. Pense t’il que ça va le rendre plus faible. Pas digne de sa personne. « Je m'en satisferai peut-être lorsque je l'aurai accepté. » Je ne doute pas qu’Emmeline saura lui faire accepter, juste une question de temps. Comme Mickey, a montré clairement qu’il ne voulait pas évoquer le sujet, je suis sympa, je n’insiste pas, et dévie donc la conversation. Je pose une question banale, juste pour passer à autre chose. Mais apparemment, ça aussi ça le fait chier. Je le fatigue. Heureusement la réciproque est vraie. Enfin peut importe. Je lui ai demandé s’il comptait rentrer directement chez lui après l’émission. « Et bien oui, où veux-tu que j'aille ? Ma vie est là-bas, même si je redoute presque de passer la porte de chez moi, ou plutôt ce que je vais y trouver. En trois mois je pense que la poussière a eu le temps de s'incruster un peu partout, alors je vais avoir pas mal de travail. Et il me tarde d'estimer l'ampleur des dégâts. » La première chose dont il va se soucier à l’extérieur lui, c’est la poussière dans sa maison ? Et en plus il lui tarde d’estimer l’ampleur des dégâts ? Sérieusement, il est grave. « Tu n’as pas engagé de petit personnel pour s’en occuper durant ton absence ? » Je m’y serais presque attendu tiens. Remarquez, à la réflexion, personne ne doit surement avoir le droit de toucher à ses affaires. « Et tu ne redoutes pas les médias ? L’attention médiatique, les journalistes, les paparazzis ? Non parce que si tu me trouves indélicat, ce n’est rien comparé à ce que tu risques de subir une fois à l’extérieur… Les questions gênantes, tu peux être sur que t’y auras le droit. » Oh oui, moi je suis gentil là comparé aux requins qu’il va devoir affronter dehors. A sa place, je commencerais déjà à m’en inquiéter.