On ne le répéterait jamais assez : les robes et Mado ne faisaient pas bon ménage. C'était un peu comme Superman et la kryptonite, à la différence que Mado ne risquait quand même pas de mourir si elle restait trop longtemps dans une robe. Encore heureux, hein. Toujours est-il qu'elle avait tendance à penser que puisqu'on avait voulu la mener jusqu'à la finale, elle pouvait bien faire un ultime effort, et pas des moindres. En effet, à l'occasion du grand prime de dimanche soir, la jeune femme songeait très sérieusement à revêtir une robe. Mais attention, ça n'était pas quelque chose qu'elle prenait à la légère, car cela demandait tout de même une certaine organisation. Voilà pourquoi elle préférait s'y prendre plusieurs jours à l'avance, histoire d'être sûre que ce soit chose faisable, car le tout était encore de savoir si elle pouvait passer une robe sans avoir l'air trop quiche, mais surtout la garder le temps de tout un prime, ce qui serait à peu de choses près un record, vu que jusqu'à présent, elle n'en avait enfilé qu'à l'occasion de la soirée de la Saint-Valentin - qui fut en quelques sortes écourtée - et de quelques petites soirées - auxquelles elle ne s'attarda pas non plus. Autant dire que c'est un défi de taille qu'elle se lançait là. Un défi en trois temps, d'ailleurs. Premièrement, il lui faudrait trouver une robe. Et rien que ça, ce ne serait pas une mince affaire. Ensuite, il lui faudrait s'assurer du fait qu'elle lui aille, et pas qu'un peu, car autant tourner les choses de façon à être franchement à son avantage, hein, sinon ça n'aurait aucun intérêt. Enfin, il faudrait qu'elle soit apte à supporter cette tenue sur la durée, mais ça, elle ne pourrait probablement le savoir que le moment venu, hein. Alors disons qu'elle allait surtout miser sur l'esthétisme pour le moment, hm. Sauf que bon, Mado étant qui elle était, à savoir une nana complètement larguée en matière de robes, ça allait être un tout petit peu difficile. Car des robes, elle en avait quelques unes, mais elle était bien incapable de savoir si elles étaient portables, parce que bon, c'était Ezra qui l'avait forcé à les acheter puis à les emmener ici, et elle n'y avait jamais tellement fait attention. Ainsi donc, elle bloquait devant ses affaires depuis déjà un moment, quand tout à coup, Emilien débarqua. Oh, alors lui, il tombait franchement bien. « Emilien, ne bouge surtout plus » lança-t-elle alors, en s'avançant vers lui. « J'ai l'honneur de t'annoncer que tu as été choisi pour sélectionner ma tenue pour la finale. Oui, je sais, c'est formidable, absolument merveilleux, totalement inouï ... Je t’assure, je sais tout ça. Comme je sais que c'est un peu le rêve de toute une vie qui se réalise, hein. Tu peux pleurer de joie si tu veux, ou pleurer tout court d'ailleurs, qu'importe. » Oui, Mado avait tendance à vouloir le lui annoncer en mettant les formes, parce que bon, il n'était pas dit qu'il soit de base franchement partant, alors autant être aussi solennelle que si elle lui remettait un Oscar, hein. « Il faut juste que tu saches que je compte porter une robe, mais que je ne suis pas encore certaine que mon épiderme supportera cet affront. Donc on va devoir négocier dur avec lui, mais surtout, plus important encore, on va devoir trouver une robe qui dise "elle l'a fait ! elle porte une robe ! ployons tous devant cette femme !" » A noter qu'elle illustra ses propos à coup de grands gestes des bras, histoire d'être sûre qu'il voit où elle voulait en venir. « Tu vois l'idée ? » Ce n'était concrètement pas bien difficile, hein. Surtout que Mado expliquait toujours très clairement les choses, hm.

La dernière semaine. Encore quelques jours et tout cela se terminait, tout cela sera derrière lui. Evidemment, tout cela aurait très bien pu se terminer plus tôt. Il vivait ici sa première semaine au sein de ce jeu en tant que candidat éliminé. Alors, c’était donc cela une semaine de nominé au sein du chalet. Adieu pression, stress, et angoisse de l’opinion du public. Tout cela était derrière lui. Après tout, c’était le public qui avait décidé du sort du suisse. Il n’allait pas en vouloir à quelques nombreux inconnus. Oh ça non. Ca faisait partie du jeu. Il ne voulait qu’une chose que l’on soit fier de lui, que ses proches le soient. Son père, ses frères, par exemple. Après tout, c’était à cause d’eux s’il avait participé à ce jeu. Ainsi, dans quelques jours, il ne pourra plus reculer. Il devra sortir de là. Il avait pu retarder l’échéance pour cette semaine, mais il le savait qu’il ne pourrait pas rester éternellement ici. Il risquerait de finir fou, certainement. Il allait goûter à son ancien quotidien qui rythmait, fut un temps, sa vie. Il allait y regoûter. Evidemment, il redoutait ce moment. Comme n’importe quel candidat. Il trouvait cela presque libérateur de se dire qu’il était éliminé. La pression de la finale, certainement l’aurait-il craint. Un peu trop. Il ne voulait pas s’imaginer à la place de l’un de ces finalistes. Tout simplement parce qu’il ne le sera jamais. Puis, ce statut de demi-finaliste le satisfaisait amplement. Ainsi, il lui restait une semaine, enfin, encore quatre jours, à vivre en communauté. Emilien traversa la chambre lorsqu’une voix l’interpella. Elle lui disait de ne plus bouger. Ne plus bouger ? Emilien fronça légèrement les sourcils, lançant un bref regard à son interlocutrice. Evidemment, il cessa tout mouvement. Mado. C’était donc elle qui lui avait demandé de ne plus bouger. Elle l’avait donc choisi pour désigner la tenue qu’elle allait devoir porter lors de la finale. Il sourcilla doucement à l’écoute des paroles prononcées par la jeune femme. Pourquoi lui ? Certainement, parce qu’il venait de passer à tout hasard dans la chambre, au mauvais moment. Elle avait ainsi jeté son dévolu sur le jeune suisse. Il se racla la gorge, avant d’hocher la tête pour finalement approuver. Demander à Emilien de lui choisir sa tenue, elle ne savait vraiment pas à qui elle s’adressait. Il ne s’y connaissait pas vraiment en chiffon. « Oui, oui… Ce serait avec grand plaisir ! » souffla-t-il. Il voyait l’idée. Vaguement, certes. Puis, il n’allait pas le nier que malgré tout, ça lui faisait un peu plaisir d’aider Mado. Certes, il aurait très certainement préféré l’aider dans un autre domaine. Comme la musique, par exemple. « Hum… tu avais déjà une petite idée de la robe que tu voulais porter ? » lui demanda-t-il. Il lança un bref regard en direction des quelques habits qui se trouvaient en face d’eux. Il fronça doucement les sourcils. Après quelques minutes de réflexion, il se frotta le menton. « Au pire, j’ai toujours eu un petit côté Christian Dior… on peut s’amuser à te faire une robe nous-même. » lâcha-t-il soudainement presque sûr de lui. Une robe inventée et faites par Mado et Emilien. Faire une robe soi-même, c’était une bonne idée ça, n’est-ce pas ? Il était certain que personne d’autre n’aurait une robe comme Mado. Personne. Evidemment, Emilien n’avait aucune notion en couture, ni stylisme, et encore moins en mode. Les habits. Il avait déjà bien du mal à choisir les siens lors des primes. Il n’était pas sérieux dans ses mots, il espérait surtout que Mado ne l’ait pas cru.

Être au mauvais endroit, au mauvais moment, ça ne réussissait à personne. Et ça n'était certainement pas Emilien qui viendrait dire le contraire, lui qui venait d'être pris en otage par une Mado déterminée à se trouver une tenue pour le prime de dimanche soir, et qui s'était subitement mise en tête que le jeune homme ici présent serait son styliste pour l'occasion. Bon, pas sûr que ce soit le genre de choses qui fassent franchement envie - surtout quand on connaissait Mado et le fait qu'elle soit atrocement chiante et difficile, par moment - mais il fallait quand même considérer les faits de façon positive : avoir la responsabilité de sélectionner la tenue qu'elle porterait lors d'un évènement de cette importance, ça n'était pas rien. Et globalement, s'occuper des affaires de Mado, ça n'était pas rien non plus. Ainsi donc, Emilien ferait bien de voir les choses du bon coté et de se dire que cela allait non seulement l'occuper en cette fin d'après-midi, mais le rendrait hypothétiquement fier dimanche soir, lorsque la jeune femme porterait la tenue qu'il lui aurait choisi. Mais encore faudrait-il qu'il accepte, parce que bon, Mado lui avait quand même sauté dessus, et ne lui avait même pas laissé l'occasion de s'enfuir. Donc en fait, s'il voulait le faire, c'était un peu maintenant ou jamais. Même si bon, il va de soi que Mado espérait qu'il ne lui fausserait pas compagnie, et surtout qu'il accepterait bien gentiment de l'aider à se trouver une tenue pour dimanche. Dieu sait qu'elle avait besoin d'aide pour le choix d'une robe, parce qu'autant elle savait accorder des hauts et des bas, autant les robes n'étaient décidément pas ce qu'elle connaissait le mieux. Et fort heureusement, son ancien camarade ne tarda pas à lui faire faire savoir que, non seulement il voyait où elle voulait en venir, mais qu'en plus il était d'accord pour lui venir en aide. Bon, la vie était belle là, clairement. « "Avec grand plaisir", carrément ? Je savais que tu m'adorais, mais à ce point, c'en devient embarrassant Emilien. » Oui, c'était une façon comme une autre de lui exprimer sa reconnaissance, de le remercier pour la patience dont il s'apprêtait à faire preuve. Parce que clairement, il allait lui en falloir. Etait-il seulement préparé à ce qui l'attendait ? Oh, mieux valait sans doute ne pas l'inquiéter. Pas tant que la porte n'était pas condamnée, en tout cas. « Idéalement, quelque chose de ni trop court, ni trop criard. Mis à part ça, je n'ai pas tellement visualisé les choses, ça reste très abstrait dans mon esprit. » Oui parce qu'elle n'avait évidemment pas une idée très précise de la robe de ses rêves en tête, hein, sinon ce serait beaucoup trop facile, et l'on savait tous qu'elle était plutôt branchée complications, hm. C'est alors qu'Emilien lui fit une bien étrange proposition. Celle de confectionner une robe eux-même. Sur le moment, elle ne put que ricaner, parce que ça ressemblait quand même vachement à une blague. Sauf que non, il semblait quand même assez sérieux, alors elle prit éventuellement pour un fou. « Attends, c'est légal, ça ? Parce que bon, on risquerait de créer quelque chose d'assez improbable quand même, donc je suis presque certaine qu'y aller nue serait finalement moins périlleux que de porter quelque chose qu'on aurait fait nous-même, hm. » Non pas qu'elle doute de leurs talents en matière de stylisme, mais bon, elle avait quand même tendance à supposer que c'était le genre de choses qui ne s'improvisaient pas, et que tout le monde ne pouvait pas prétendre savoir faire des vêtements. Ah, au fait, elle n'avait même pas pensé à se demander s'il ne se foutait tout bonnement pas de sa tronche. Il n'oserait pas, si ?

Mado avait sûrement demandé l’aide d’Emilien par dépit. Certainement, si elle l’avait pu, elle aurait demandé à Ezra ou bien à Fitz, mais pas à Emilien. Elle était quelque peu inconsciente de lui avoir confié une telle mission. Emilien, choisir une robe. C’était… comment dire… un peu improbable. Il avait déjà bien du mal à choisir ses tenues. A vrai dire, il finissait toujours par prendre les premiers habits qui tombaient hasardeusement entre ses mains. Evidemment, il prenne malgré tout le soin que le tout soit agencé. Emilien n’était d’ailleurs pas quelqu’un de très contrariant. Lorsqu’on lui demandait son avis, il trouvait cela toujours bien. Sûrement pour ne pas froisser son interlocuteur. Et qu’il ne le veuille ou non, le suisse n’avait, semblerait-il, pas son mot à dire et n’avait pas l’occasion de s’échapper de cette lourde tâche. Celle d’élire la robe que Mado devra revêtir pour la finale qui aura lieu ce dimanche même. Il ne pouvait pas lui refuser cela. Après tout, ce n’était pas comme s’il n’appréciait pas la jeune femme. Au contraire. Les dernières semaines passées lui avaient bien montrées qu’il y avait une bonne entente entre eux. Tout avait commencé par une assiette partagée, puis un cours de piano, et pour finir un séchage de cheveux. Aujourd’hui, il allait sélectionner une robe. Il était certain que ça ne serait pas au tout début de leur relation –tendue– que Mado lui aurait fait une telle requête. Elle aurait sûrement eu trop peur qu’il lui choisisse la robe la plus hideuse qu’elle avait bien pu avoir. Ou, il aurait tout simplement refusé de l’aider. Mais tout cela était derrière eux à présent. Emilien avait donc accepté de lui prêter son aide. Avec grand plaisir, qui plus est. Un petit sourire amusé s’esquissa timidement sur les lèvres du suisse. Il l’adorait… Il aurait plutôt dit qu’il l’apprécier. Mais y avait-il une différence entre adorer ou apprécier une personne ? Certainement, un certain degré d’affinité. Ce n’était qu’un détail. Emilien avait fini par lui demander si elle avait une idée sur la tenue qu’elle voulait. Il faisait en sorte de prendre la situation en main. Elle voulait donc quelque chose qui ne soit ni trop court, ni trop criard. Ce fut donc les deux seules contraintes mentionnées par Mado. Mais il était presque persuadé que la jeune femme était bien plus difficile que cela. Elle était enquiquinante Mado. Alors, elle trouverait certainement un défaut à n’importe quelle proposition émise par le suisse. Il lui avait d’ailleurs proposé qu’ils confectionnent une robe eux-mêmes pour Mado. Evidemment, il n’était pas sérieux dans sa proposition, malgré ce qu’il avait bien pu laisser paraitre. Certainement, qu’elle le croirait. Cela, il ne l’espérait pas. Elle savait bien qu’Emilien disait n’importe quoi en sa présence, voyons. Oui, parce que c’était de la faute de la jeune femme si le suisse passait son temps à la taquiner. Ca ne pouvait pas être de sa faute à lui, ou d’un autre. La française semblait quelque peu perplexe face à la proposition du jeune garçon. Si c’était légal ? « Evidemment ! » souffla-t-il, en levant les yeux en l’air comme si cela était une évidence. On n’allait pas les punir d’avoir tenté de jouer les stylistes en herbe, n’est-ce pas ? Certainement pas. Emilien fronça doucement les sourcils à l’écoute de Mado. Elle semblait douter en leurs compétences en la matière, et mentionna même le fait d’y aller nue. « Nue ? lâcha-t-il en grimaçant légèrement. Bonjour la confiance. Tu veux que j’aille chercher tout le matériel pour ? » souffla-t-il. Il disait cela pour rire. Il n’était pas sérieux. Pas sérieux. Il espérait que la jeune femme ait compris cela. Il se retourna alors vers les habits, dessinant une légère moue. « Bon… dans les robes que tu as là… c’est laquelle que tu préfères ? » lui demanda-t-il songeur, en pointant du menton les dites robes. Il avait marqué son énoncé de quelques pauses. Il essayait de s’imaginer quel était le type de robe que Mado semblait adorer, ou tout simplement une couleur. Il ne savait pas vraiment ses goûts. Peut-être n’en avait-elle pas une préférée, mais deux, ou trois… ou pire toutes. Il manquerait plus qu’elle décide de sortir toutes les robes.

Pauvre Emilien. Ah non, vraiment, on pouvait le plaindre. Parce que le voilà bien embêté avec une Mado déterminée à ce qu'il l'aide à se dégoter une tenue pour l'ultime prime de l'aventure, elle qui pouvait en plus être si chiante et si bornée dans certaines circonstances. Sans doute que s'il avait su ce qui était sur le point de lui tomber sur le museau, il se serait empressé de quitter la chambre. Mais le problème, c'est que Mado ne lui en laissa pas tellement le temps, lui tombant dessus pour le moins précipitamment, en vendant son programme comme pour qu'il ne doute pas du fait de vouloir l'aider. Parce qu'il fallait qu'il y mette de la bonne volonté, évidemment, parce qu'elle doutait déjà de plus en plus de son initiative de porter une robe pour la finale de l'aventure, alors il lui fallait assurément s'entourer de quelqu'un qui croirait un minimum en ce petit défi personnel. Heureusement, Emilien ne tarda pas à accepter. Et là, c'est un grand soulagement qui s'empara de son ancienne partenaire, vu que celle-ci fut finalement bien contente que ce soit lui qui soit entré dans la chambre. Il était du genre conciliant et serviable, mais suffisamment honnête pour ne pas la laisser porter n'importe quoi. Car c'était ça le problème de Mado : elle n'y connaissait absolument rien en matière de robes, alors toute seule, elle serait tout à fait capable de s'habiller d'un rideau et de se croire à la pointe de la mode. Ainsi donc, l'aide d'Emilien ne serait décidément pas de trop, car l'idée était quand même que Mado ressemble à quelque chose, surtout pour un évènement de cette importance. Si elle avait été éliminée, personne n'aurait probablement fait attention à sa tenue, mais vu qu'elle était encore en lice, il était probable que ça importe quand même un tantinet, alors disons qu'elle allait vraiment éviter de merder à ce niveau-là et qu'elle allait faire en sorte de ne faire honte à personne, à commence par elle-même. Tout ça pour dire que Mado crut bon de commenter le fait que le jeune homme dise vouloir l'aider "avec grand plaisir". Non, bien sûr qu'il ne l'adorait pas, c'était simplement la partie de Mado qui avait envie d'être aimée qui venait de s'exprimer. Mais promis, à l'avenir, elle tâcherait de garder pour elle ce genre de démonstrations d'humour vaseuses. Quant à la robe qu'elle imaginait, ça n'était pas encore très concret. Pour autant, elle aimerait quelque chose de relativement long, et de relativement foncé. Ouais, disons que quitte à porter une robe, elle préférait un modèle plutôt discret, et pas trop voyant. Elle voulait bien faire des efforts, mais pas avoir l'air déguisée. Emilien, lui, proposa ensuite de confectionner une robe eux-même. Alors ça, ça ressemblait quand même à la blague du siècle. Sauf qu'il semblait séreux, ou que s'il ne l'était pas, il jouait bien la comédie. Mado, en tout cas, était plus que perplexe. Déjà, est-ce que c'était seulement légal, ce genre de choses ? Visiblement, oui. Bon, bon. « Ouais bah excuse-moi d'en douter, mais y'a quand même un mec, un jour, qui s'est dit que les crocs et les baggys étaient classes, hein. Ça fait réfléchir, mais ça fait surtout peur, hm. » Et si tout le monde commençait à créer des fringues ou des pompes, on pouvait rapidement en arriver à populariser certaines abominations. Elle, la dernière chose qu'elle voulait, c'était créer une mode à partir d'un truc moche qu'Emilien et elle auraient réalisé. Autant éviter, disons. Et non, bien sûr, Mado n'avait pas prévu de débouler nue au prime de dimanche. Ce serait un coup à attraper froid, mais aussi à s'attirer les foudres d'un certain tatoué. Donc non merci, ça ira. « Bah oui, nue. Ou avec pour seul accessoire un boa en plumes, histoire de ne pas paraitre trop négligée, quand même. » Elle n'était donc évidemment pas sérieuse, ne faisant que délirer. Pour tester sa naïveté, possiblement. Vu que lui, et bien, il l'avait eu, en quelques sortes. Car elle ne manqua pas de réaliser, un peu tard sans doute, que son histoire de confection de robe n'était pas sérieuse. Encore heureux. « Pff, tu t'es fichu de moi, hein. Tu te crois malin à me faire gober tes âneries ? » Oh allez, elle pouvait bien bouder un peu, parce qu'elle ne boudait pas suffisamment ces temps-ci. Ou disons qu'elle allait rester coopérative, parce que c'était quand même dans son intérêt. Ouais. Emilien lui posa alors une question, à peine emmerdante, hm. « Difficile à dire, je les ai toujours trouvé globalement moches, ces robes » qu'elle souffla alors, en haussant les épaules. « Je sais, ça ne nous aide pas du tout. Mais tu te doutes bien que si j'étais capable de préférer une robe parmi celles-ci, je n'aurais pas besoin de ton aide. » C'était même plutôt logique, non ? Parce que non, elle avait beau les observer, aucune ne lui plaisait plus qu'une autre. Il faut dire qu'elle avait passé plus de temps à se demander ce que ces robes foutaient dans ses affaires qu'à se réjouir qu'elles y soient, hm. « Toi, tu me verrais bien avec quel genre de robe ? » Il n'aurait qu'à l'imaginer avec une robe, la décrire puis prier pour qu'elle en ait une dans le même genre. Sinon ? Et bien, sinon ils pleureraient en chœur, hein.

L’idée d’Emilien était quelque peu ingénieuse. Confectionner une robe eux-mêmes. Ils pourront comme cela fabriquer la robe dont Mado avait toujours rêvé de porter… Fallait-il encore qu’ils en soient capables. Il l’aimait bien lui, son idée. Certes, il n’avait jamais fait cela de toute sa vie. Mais avec un peu d’imagination et de créativité, ils seraient bien capables de confectionner quelque chose que l’on jugerait d’acceptable et de portable. Quitte à ce qu’elle soit en sac poubelle, cette robe. On faisait avec les moyens du bord, que voulez-vous. Enfin, Mado ne semblait pas partager le même engouement que le jeune garçon pour cette idée. Elle ne semblait d’ailleurs pas avoir confiance en Emilien. Bonjour Confiance. Elle mentionna alors l’existence des crocs et des baggys… Certes, il y avait des créateurs plus… plus… enfin moins créatifs que d’autres. Mais Emilien ne ferait pas parti de ces gens-là. Non pas qu’il ait déjà créé des habits dans son passé fort proche, mais… rien, à vrai dire. La jeune femme devait déjà s’imaginer le résultat de cet atelier couture. Couture à l’initiative d’un novice. Oui, car il avait beau dire qu’il avait un peu le talent de Christian Dior, cela était tout simplement faux. Il n’avait rien d’un Dior, et n’avait jamais pris une paire de ciseaux de toute sa vie. Mais cette comparaison avec le grand couturier français ne semblait pas avoir dérangé Mado. Elle songeait même à aller nue lors du prime. Avec un accessoire, certainement. « Franchement, tu me préviens avant si tu fais ça… que je m’en aille avant le prime. ». Parce qu’il n’avait pas envie de voir Mado nue, lui. Alors si elle venait à faire ça, autant qu’il soit absent. Il ne voulait pas assister à ce spectacle de foire. Mais évidemment, elle devait le faire marcher, et elle ne devait pas être sérieuse. Enfin, il l’espérait. De toute façon, il était habitué maintenant. Qu’elle se moque de lui. Elle venait d’ailleurs de remarquer qu’Emilien n’était pas sérieux avec son histoire de confection de robe. Il n’était pas trop tôt. Il se voyait mal partir à la quête de ciseaux, et de tissu. « Non ! » souffla-t-il, très brièvement. Il ne se fichait pas d’elle, pas du tout… Bon, d’accord. Juste un peu. Un peu beaucoup. Mais, il n’avait pas envie de l’admettre. Certainement, parce qu’il voulait faire marcher encore un peu Mado dans son histoire totalement vaseuse. « Je te rappelle que je ne dis jamais n’importe quoi. » ne manqua-t-il pas de lui faire souligner. Ainsi, ce n’était pas des âneries, cette idée. Puis après tout, c’était une bonne idée quand même. Enfin. Il ne voulait pas s’attarder sur ces enfantillages, et surtout ne pas perdre son temps. Il ne voulait pas passer toute une fin d’après-midi, toute une soirée, toute une nuit sur le choix d’une robe. Ainsi, plus vite qu’ils s’y mettraient, plus vite ils auront terminé. Il lui demanda alors de lui désigner l’habit qu’elle préférait le plus. Emilien fronça légèrement les sourcils. Elle les trouvait toutes moches. Voilà quelque chose qui allait les faire avancer… « Pourquoi les avoir achetées ? » demanda-t-il par curiosité. Dans la logique du suisse, si elle avait des robes, c’était parce qu’elle devait les trouvait ‘bien’ un minimum. Il faut croire que ce n’était pas le cas de Mado. Finalement, la jeune femme lui demanda dans quel genre de robe, il la verrait. Emilien sourcilla légèrement, avant de lâcher un bref soupir. Il aurait peut-être dû l’avertir dès le début que toutes ces histoires de chiffons le dépassaient. Mais il semblait être trop tard pour reculer, et il avait accepté de l’aider. Il n’allait pas se défier comme cela. Il fronça les sourcils, tentant d’imaginer une robe. D’un geste de la main, il se frotta le menton. Elle ne lui avait demandé une tâche simple. Il aurait largement préféré qu’ils confectionnent une robe ensemble. Ca aurait été plus ludique. « Hum… dans une robe… hum ». Il réfléchissait, il réfléchissait. « Noir… ou blanche… enfin la couleur n’a pas trop d’importance pour le moment. Je verrais bien, hum, une robe longue, de type bustier, tu vois le genre ? Puis un peu cintrée, mais pas trop… ». Il plissa les yeux légèrement, avant de se retourner les robes de Mado. Il en attrapa une à tout hasard qui ressemblait vaguement à ce qu’il s’était imaginé. « Tiens, essaie celle-là ! Enfin… va te changer dans la salle de bain, hein. ». Parce qu’il n’avait pas spécialement envie qu’on les voit ensemble, avec Mado soudainement en sous-vêtement sous les yeux du jeune suisse. Si quelque passait à tout hasard dans la chambre, il s’imaginerait tout et n’importe quoi.

Qu'on se le dise, Mado n'avait pas l'âme d'une styliste. Non, franchement pas. Et elle n'avait d'ailleurs jamais été particulièrement créative, dans son genre. Ainsi donc, elle se voyait relativement mal confectionner la moindre robe, même aidée d'Emilien. Lui, tout ce ce qu'elle lui demandait de faire, c'était l'aider à en choisir une, de robe, mais qui soit déjà confectionnée. Non pas que la française soit si réticente que ça à l'idée de se replonger dans des ateliers créatifs digne de la seconde section de maternelle, mais disons qu'elle estimait qu'il serait peut être un peu risqué, quand même, de créer une robe, alors qu'il était fort possible que le résultat soit bien trop catastrophique pour être porté. Et Mado, clairement, préférait éviter d'avoir l'air d'une plouc au prime de dimanche, hm. L'idée, c'était quand même de porter une robe pour ressembler à quelque chose. Sinon, ça n'était pas la peine, et elle ferait encore mieux de miser sur une tenue plus habituelle et qui lui donnerait au moins un peu plus d'allure que si elle s'habillait d'un truc sordide qu'ils auraient fabriqué. Ou alors, Mado déciderait de s'y rendre nue, ou uniquement habillée d'un boa en plumes, pour qu'on ne pense quand même pas qu'elle avait pris les choses trop peu au sérieux. Ouais, le boa en plumes serait l'accessoire qui donnerait l'impression qu'elle était classe, mais pas trop. Sauf que non, évidemment, elle ne ferait jamais une chose pareille. Ne serait-ce parce qu'elle n'était pas du tout exhibitionniste et que ça lui allait très bien. A noter toutefois la réaction d'Emilien, qui disait clairement qu'il n'assisterait pas au prime s'il apprenait que Mado s'y rendrait nue. Alors ça, elle était censée le prendre comment, hm ? « Dois-je comprendre que me voir nue te traumatiserait ? C'est sympathique. D'abord Mason et son air de dégoût lorsqu'il a glissé une main sous mon t-shirt, maintenant toi ... J'ai vraiment l'impression d'être vieille et moche, hein. » Loin d'elle l'idée de se plaindre, mais quand même, elle allait finir par penser qu'ils l'imaginaient franchement dégueulasse, hm. Bon d'accord, Mado se doutait bien qu'Emilien disait ça par rapport à Ezra, faisant d'ailleurs écho à leur délire de la dernière fois, car il est vrai qu'il serait bizarre qu'elle se retrouve nue devant le petit ami de son frère. Mais quand même, personne ne faisait grand chose pour qu'elle se sente jolie. Ah ces jeunes, ils étaient franchement contrariants, hm. Quant au reste, et bien Mado venait (enfin) de comprendre qu'Emilien s'était bien fichu de sa tronche. Et il niait en plus. Ah vraiment, il ne manquait pas d'air, celui-là. « Quelle mauvaise foi ! On dirait moi, tiens. » Et ça, c'était clairement une insulte. Oui, oui. Mado et sa mauvaise foi étaient relativement réputées maintenant, donc être associé à ça, ça n'était effectivement pas la chose la plus plaisante qui soit. Mais peut être Emilien s'en accommoderait-il, hm. Les robes de Mado, en tout cas, ne lui inspiraient pas grand chose. Il faut dire qu'elle ne s'était jamais extasiées devant, hm. Ce n'était à ses yeux que des robes, peu dissemblables. « C'est un coup d'Ezra, figure-toi. A Paris, il n'avait de cesse de me répéter que je gagnerais à me féminiser un peu, alors quand on a été sélectionné pour l'émission, il s'est empressé de me trainer dans de sordides boutiques et m'a fait acheter un peu n'importe quoi. C'est lui qui les a choisi ces robes, moi j'ai enduré ça pour qu'il me fiche enfin la paix. Bien sûr, il n'a pas manqué de vérifier, au moins trente-six fois, que je les avais bien mises dans ma valise ... » Ezra était presque aussi chiant que sa sœur, en fait. Tout aussi buté, en tout cas, ça c'est certain. Mado n'avait rien pu faire, hm. En tout cas, elle demanda à Emilien de lui décrire le genre de robe dans laquelle il la verrait. C'était histoire d'avoir son avis, puis d'aviser ensuite. Une robe noire ou blanche, longue, de type bustier, un peu cintrée ... Bon, on avait échappé au pire, et ça restait même plutôt fidèle aux petites exigences de Mado. « Bon, ça va, ça me semble raisonnable. Et mettable, surtout. » Car c'est bien ce qui importait le plus, quand même. Car si c'était pour fantasmer sur une robe qui ne pourrait pas se porter, ça ne servirait à rien. Emilien choisit alors une robe plutôt fidèle à la description qu'il venait de faire, et somma Mado d'aller l'essayer. Dans la salle de bain. Ouais bah, elle avait prévu ça comme ça aussi, hein. « J'y cours, j'y vole » qu'elle souffla alors, avant de prendre la direction de ladite pièce. Elle y entra, referma la porte derrière elle, retira les fringues qu'elle portait et enfila la robe. Ce fut rapide, et pas sorcier. Mais le tout était maintenant de savoir de quoi elle avait l'air. Ainsi, elle ressortit, et se plaça face à Emilien. « Qu'est-ce que tu en penses ? Je n'ai pas l'air trop guindée là dedans ? » Elle attendait naturellement de lui qu'il soit sincère. Le but n'était pas de ménager sa susceptibilité, mais d'obtenir un résultat qui ne lui donne pas une allure trop raide.

Ainsi, Mado avait laissé sous-entendre qu’elle préférait assister au prime nue, plutôt que vêtue d’une robe qu’elle aurait confectionné en compagnie d’Emilien. Vraiment, elle ne savait pas ce qu’elle loupait. Finalement, peut-être pas grand-chose. Mais l’idée de savoir que Mado pouvait être nue lors du prime répugna légèrement le suisse. Il serait gêné si cela venait à arriver, c’était certain. Certainement parce qu’elle était la sœur d’Ezra, son petit-ami. Et la remarque d’Emilien ne manqua pas de faire vivement réagir la jeune femme. Emilien fronça légèrement les sourcils lorsqu’elle lui parla de Mason et du fait qu’il ait pris des airs de dégout lorsqu’il avait glissé ses mains sous son tee-shirt… sous son tee-shirt ? Il avait dû mal à croire ce qu’il venait d’entendre. « Tu te fais tripoter par Mason, maintenant ? Eh ben… » souffla-t-il alors. C’était du beau, dit-donc. Il ne s’imaginait pas Mado comme cela. Il était même assez surpris. Ce n’était pas cette surprise qui vous rendez fou de joie. Mais plutôt celle qui vous rendait amer, un brin déçu. Enfin, Mado pouvait bien faire ce qu’elle voulait. Tant qu’elle ne venait pas proposer à Emilien de faire ce genre de chose. Elle disait avoir l’impression d’être vieille et moche. Il ne savait pas vraiment si elle disait cela pour plaisanter ou si elle le pensait sincèrement. « Oh mais non… » souffla-t-il avant de s’interrompre. « Enfin, ce serait assez étrange si je te faisais des compliments, et certains risqueraient de mal les interpréter. » dit-il, un brin avenant. Entre temps, Mado semblait avoir saisi qu’Emilien n’était pas sérieux avec son histoire de confection de robe. Il aurait très bien pu lui dire qu’elle avait enfin vu juste, mais non. Non, il préférait nier les faits. Un petit air se peignit sur son visage lorsqu’elle le compara à… elle. Il ne savait pas vraiment s’il devait bien le prendre ou non, mais cette comparaison ne lui plaisait pas tant que cela. « Oh ça, c’était assez méchante comme comparaison. » souffla-t-il, légèrement grognon. Être comparé à Mado. Elle était enquiquinante, agaçante et tout ce que vous voulez. Emilien n’était pas comme elle. N’est-ce pas ? Mais oui, il n’était pas comme elle. Rapidement, ils revinrent au sujet principal de cette conversation. Après tout, Emilien avait été désigné par Mado pour l’aider. Au fond, cela ne l’enchantait pas vraiment cette lourde tâche. Mais comme c’était pour son ancienne partenaire, il pouvait faire un petit effort. D’ailleurs, elle semblait tout autant concernée que le suisse en matière de robe. Elle n’avait pas l’air de les apprécier tant que cela. Etrange quand même pour quelqu’un qui les avait acheté. Elle lui raconta alors que c’était une initiative d’Ezra. Emilien tenta de contenir son rire. « Ca ne m’étonne pas vraiment de lui… » lui fit-il remarquer. Un bref sourire se dessina sur ses lèvres. Il reprit rapidement son sérieux lorsque Mado lui demanda de s’imaginer une robe qu’elle pourrait revêtir. Elle aurait vraiment pu lui demander quelque chose de plus simple. Comme par exemple de se contenter de donner juste son avis sur les robes qu’elle portait. Il lui fit donc part de sa réflexion (et grande créativité, par la même occasion). L’idée émise par le suisse semblait convenir à Mado, tout du moins un minimum. C’était déjà ça. Il prit alors l’une des robes qui ressemblait à peu près à celle qu’il avait pu s’imaginer. Ainsi la française partit se changer… dans la salle de bain, comme il le lui avait indiqué. Il n’avait spécialement envie de voir Mado en petite tenue sous ses yeux. Cette situation aurait été assez gênante. Pendant qu’elle était partie, il s’installa sur le lit qui se trouvait à côté de lui et où quelques habits de la jeune femme étaient posés dessus. Son regard navigua longuement entre les quatre coins du mur qui se trouvait en face de lui. Son attention se reporta sur la porte de la salle de bain lorsque celle-ci semblait s’ouvrir. Un léger rictus s’esquissa éphémèrement sur les lèvres d’Emilien. Il observa attentivement la tenue de la jeune femme lorsque cette dernière se stoppa face à lui. Il fit mine de réfléchir. Il ne pouvait pas répondre n’importe quoi, et se compter de lui dire que cette robe lui allait bien. Non. Surtout que cette remarque ne passerait certainement pas avec Mado. « Ca fait un peu… sac à patate en bas… » souffla-t-il, un brin rieur. Il se releva alors, s’approchant de la jeune femme. « Il faudrait peut-être une robe un peu plus courte… genre qui arrive au niveau des genoux ? Genre un peu comme ça, tu vois ? » lâcha-t-il tout en relevant légèrement la robe, afin de lui montrer avec précision quelle longueur il voyait finalement. Finalement, il relâcha très furtivement le morceau de tissu qu’il tenait entre ses mains. « Tu penses que dans tes robes, tu en as une comme ça ? » lui demanda-t-il alors. « Au pire, on pourra regarder dans les affaires des autres filles… » Ou pas.

C'était évidemment tout à fait le genre de Mado de s'improviser nudiste, hein. Et bien oui, autant le dire, elle avait tendance à faire ça tous les jours. Quotidiennement, oui. Non pas qu'elle soit particulièrement fière de son corps, mais elle n'avait comme qui dirait aucune gêne, alors elle se permettait de tout montrer, et à tout le monde, et ce, absolument tout le temps. Quoi que non, attendez voir, là on parlait en fait de Mado, et aux dernières nouvelles, non, ça n'était pas du tout dans ses habitudes, hm. En fait, elle détestait même l'idée d'être vue nue. De même, pas parce qu'elle avait particulièrement honte de son corps, mais parce qu'elle estimait que tout le monde n'avait pas à le voir. Et en l'occurrence, ces temps-ci, elle partait du principe qu'il n'y avait qu'une seule personne à avoir légitimement le droit de la voir dépourvue de tous ses vêtements. Les autres, clairement, n'avaient pas à voir autant de choses. Pour autant, elle se plaisait ici à laisser entendre qu'elle pourrait éventuellement se rendre au prime de dimanche sans rien sur elle, mis à part un joli boa en plumes. Mais apparemment, ce ne serait pas du tout du goût d'Emilien. C'était à croire qu'elle était particulièrement repoussante, dans son genre. C'est en tout cas ce qu'elle laissa entendre, bien qu'elle connaisse évidemment la véritable raison ayant poussé Emilien à lui dire une telle chose, et se risquant même à revenir sur l'épisode Peyton. Un épisode qui, visiblement, avait complètement échappé à Emilien, malgré le fait qu'il ait été diffusé dans la rubrique de Sydney, dimanche dernier. Mais le pire, c'est qu'il semblait ici la juger. Il osait, ouais, apparemment. Donc ça n'allait peut être pas tellement le faire, parce qu'encore, que ça ait déplu à Fitz, elle pouvait comprendre, mais là ça n'était "que" Emilien, alors il n'avait pas à s'offusquer de ce genre de choses. « Non, il a simplement touché mon soutien-gorge. Je doute que ce soit le crime du siècle, quand même. Et puis, de toute façon, aux dernières nouvelles, je fais ce que je veux. Et quand bien même je devrais rendre des comptes à quelqu'un, il est peu probable que ce soit à toi. Alors ne fais pas comme si cette révélation changeait le cours de ta vie, Emilien. » Parce que bon, d'ici à ce qu'il ne lui adresse plus jamais la parole, hein. Bon. De toute façon, elle pouvait facilement reconnaitre que ce fut une connerie, même si en soit, il ne s'était franchement rien passé. Un gamin avait touché son soutien-gorge et ne s'en remettrait probablement jamais. Bref, y'avait pas eu mort d'homme, hein. Tout ça pour dire que Mado avait maintenant l'impression d'être vieille et moche. Ouais, à ce point. Elle, dramatiser ? Tellement pas son genre, vous savez bien. Emilien disait alors que lui faire des compliments pourrait être douteux, et elle acquiesça brièvement, pensant qu'effectivement, il n'était peut être pas utile qu'il en passe par là. Ce n'était pas comme si Mado n'avait pas l'habitude que son égo soit égratigné, hein. Quant à la suite, et bien elle comprit enfin la supercherie. Pas trop tôt, hm. Emilien, en tout cas, était d'une effarante mauvaise foi. D'où la comparaison qu'elle ne tarda pas à la faire, et que le malotru ne manqua pas de commenter. « Décidément, t'as vraiment envie qu'on se fâche, tous les deux, hein » qu'elle rouspéta, toutefois gentiment, et en souriant légèrement. Oh, elle ne le prenait pas mal, puisqu'elle même reconnaissait qu'être comparé à elle en matière de mauvaise foi, ça n'était pas un cadeau. Donc bon, elle le vivait mieux qu'elle le laissait penser. Emilien s'étonna en tout cas du fait que Mado ait des robes parmi ses affaires, mais qu'elle ne semble pas y porter le moindre intérêt. Et bien, cela s'expliquait par le fait que ce soit Ezra qui l'ait convaincu de les acheter, ces robes. Elle, elle s'en serait naturellement bien passée. Mais bon, quand son frère avait une idée en tête, il était généralement plus que difficile de la lui enlever. Sur ce point, Ezra et Mado se ressemblaient beaucoup. Emilien, en tout cas, ne s'étonna pas de cette anecdote, et sa courte réplique fit sourire la jeune femme. Bon, ça n'était pas tout, mais ils avaient quand même du boulot, hein. Ainsi, Mado demanda à Emilien dans quel genre de robe il la verrait. Elle reçut une réponse plutôt satisfaisante, rassurante même, car elle aurait difficilement compris qu'il la voit dans une robe hyper courte, hyper échancrée, hyper criarde ... Bref, ça tombait bien qu'il l'imagine dans quelque chose de relativement soft, disons. Le jeune homme pria alors la française d'essayer une robe correspondant à la description, et celle-ci disparut dans la salle de bain, où elle se changea. Rapidement, elle ressortit, histoire d'avoir l'avis d'Emilien. Alors, le verdict ? Et bien, d'après lui, ça faisait un peu "sac à patate", sur le bas de la robe. Mado ne put étouffer un franc rire, parce que bon, c'était une façon bien particulière de voir les choses, quand même. « Ça, c'est dit » qu'elle souffla alors, en riant légèrement. Finalement, le jeune homme se leva et s'approcha, retroussant un peu sa robe pour représenter une longueur qui, selon lui, conviendrait mieux. « Tant que ça n'est pas trop court non plus, ça devrait aller. » Oui parce que bon, elle ne voulait pas non plus passer pour ce qu'elle n'était pas, ça n'était pas la but, tout comme le but n'était pas de ne pas pouvoir faire un pas sans craindre que sa robe se relève un peu trop. Si elle pouvait être à l'aise, disons que ça ne serait pas plus mal, en fait. « Oui, je suppose que je dois avoir ça ... Parce que bon, moi aussi j'ai pensé à fouiller dans les robes des autres filles, mais j'évite de les manipuler depuis que j'ai trouvé le moyen d'en déchirer une, un jour, par pur inadvertance » confessa-t-elle, au cas où ça lui avait autant échappé que l'épisode Mason. La coïncidence étant qu'elle était déjà avec Mason, ce fameux jour. « Alors, hm, j'ai tout de suite pensé à une robe que j'ai, mais que j'ai déjà mise, à l'occasion de la Saint-Valentin. Tu sais, ils avaient organisé des soirées, par couple, tout ça ... Bah ce soir-là, prise d'une folie que je n'explique toujours pas aujourd'hui, j'ai enfilé cette robe. » Et pour qu'il voit la robe, elle la sortit, et la lui montra. Noire, mi-longue, discrète. Adaptée, en somme. « Mais je ne me vois pas la remettre, déjà parce qu'on pourrait croire que je n'ai qu'une seule robe, et que même pour quelqu'un comme moi, ça ferait un peu pitié ... mais aussi parce que ça pourrait rappeler de mauvais souvenirs à Fitz, s'il a bonne mémoire ... » Parce que bon, autant le dire, la soirée de la Saint-Valentin, si elle avait bien commencé, s'étaient terminée assez froidement. Alors peut être qu'elle pouvait effectivement éviter de faire écho à ce fameux soir, hm. Mado sélectionna alors une autre robe. « Sinon, j'ai celle-ci. Ça n'est pas une robe bustier, mais ça n'en est pas loin, elle est cintrée mais pas trop, et elle arrive juste au dessus du genou. » Autant dire que c'était peut être le moment tant attendu où ils avaient trouvé la robe adéquate. « Je l'essaie ? » Oui, pour se faire une idée du résultat ce serait sans doute mieux, disons.

Emilien n’avait pas dit cela pour paraitre méchant ou vexant. Il trouvait cela juste légitime qu’il ne voit pas la jeune femme nue. Et pour cela, il n’y avait pas à argumenter plus longtemps que cela, ni même de vous faire un dessin. Ainsi, Mado s’était fait tripoter la poitrine par Mason, c’était tout du moins ce qu’il en avait déduit à l’écoute de ces quelques mots. A vrai dire, ce fut cette brève anecdote qui le fit réagir. Peut-être aurait-il dû garder sa remarque et son jugement pour lui. Ca aurait été plus raisonnable, certainement. Enfin, trop tard. Emilien n’avait pas pu garder sa langue dans sa poche, une fois encore. Apparemment, ce n’était que son soutien-gorge. Ca ne changeait pas l’opinion que le suisse avait pu se faire. Enfin soit. Elle faisait bien ce qu’elle voulait après tout et tant qu’elle ne venait pas faire ce genre de requête auprès de lui. Il lui hocha timidement la tête lorsqu’elle lui expliqua qu’elle n’avait pas de compte à lui rendre. Oh ça non. Enfin. Il n’avait pas non plus envie de disserter longuement sur cela. Surtout qu’il ne devait pas être le mieux placer pour lui faire ce genre de remarque. Lui qui se faisait embrasser par des filles se jetant sur lui avec plein de fougue. Il se faisait assez discret sur tout cela. Sûrement parce que cela ne regardait pas les autres, mais juste lui… et Ezra aussi. Le suisse tenta de se rattraper doucement, lorsque Mado mentionna le fait qu’elle se trouvait vieille et moche. Mais il était certain que des compliments prônés par le suisse aurait très certainement été mal interprétés par des tierces personnes, alors il s’était contenté d’articuler un « mais non ». Il était plus préférable qu’il se taise. Puis Mado avait enfin comprit sa duperie. Il n’était pas trop tôt, enfin… Emilien aurait très bien pu la faire marcher jusqu’au bout, allant jusqu’à chercher une paire de ciseaux et du tissu. Elle lui fit d’ailleurs remarquer qu’il était plein de mauvaise foi et ne manqua pas de le comparer à elle… Cela, ce n’était pas très gentil. Pas du tout, même. Il sourcilla légèrement, lorsqu’elle lui fit remarquer qu’il avait envie qu’ils se fâchent. Comme si c’était le genre du suisse à chercher la guéguerre. « Oh, c’est toi qui me cherche aussi. » souffla-t-il. Evidemment c’était elle. Ca ne pouvait être qu’elle, et ça ne pouvait que de sa faute. Puis, il avait fait cela pour s’amuser un peu. Et pour se venger un peu, aussi. Se venger de tout ce que Mado avait pu lui faire ou lui dire au cours des quelques semaines passées. On récolte ce que l’on sème. Elle lui expliqua d’ailleurs la présence de ces robes au sein de ses affaires, d’autant plus qu’elle ne semblait pas y prêter attention. Surtout elle ne les portait pas, ou très rarement. Tout du moins, le suisse ne l’avait presque jamais vu en porter une. Ainsi, cela était de la faute d’Ezra. C’était lui qui l’avait obligé à les acheter et à les amener ici. Emilien n’était guère étonné par cela. Le jeune homme semblait être assez entêté et têtu comme garçon, un peu à l’image de sa sœur… mais en plus supportable et plus agréable que son ainée, il était certain. Tout du moins, c’était comme cela qu’Emilien concevait la chose. Par la suite, il dut décrire une robe fictive qui pourrait aller plus ou moins à Mado. Ce n’était pas une mince affaire, cette histoire. Et si bien même qu’il s’en fichait en temps normal, des robes, des chiffons et de toutes ces choses-là, Emilien voulait malgré tout bien faire. Sûrement parce que la française serait capable de se venger s’il n’y mettait pas du sien. Après sa brève description, il avait fini par choisi l’une des robes appartenant à la jeune femme. Cette dernière partit aussitôt l’essayer dans la salle de bain. Heureusement pour lui, elle ne mit pas tant de temps que cela pour la mettre. Au moins, il ne s’était pas ennuyé trop longtemps. Il devait alors émettre son avis lorsque la jeune femme était face à lui. Olalah. Mentir ou ne pas mentir ? Telle était la question. Finalement, le suisse préféra d’y aller franc-jeu, lui avouant que cela faisait un peu « sac à patate » selon lui. Cette réflexion fit rire la jeune femme. Il lui expliqua très brièvement et en image ce qu’il préférait finalement. Il lui demanda alors si elle en avait une qui ressemblait à peu près ce qu’il attendait. Enfin dans le pire des cas, ils iront fouiner dans les affaires des autres filles, ce sera comme ni vu ni connu. Personne n’ira leur dire quelque chose de toute façon, n’est-ce pas ? Ainsi, Mado lui expliqua qu’elle avait bien une robe qui ressemblait à cela. Elle avait aussi songé à fouiner dans les affaires des autres, mais en vain. Apparemment, elle en avait déjà déchiré une. Il fallait croire que la jeune femme avait une certaine haine envers ces pauvres chiffons pour qu’elle les maltraite de la sorte. Enfin. Elle lui expliqua alors qu’elle avait une robe qu’elle avait déjà porté, lors de la soirée de la Saint-Valentin. Ah oui, cette soirée. Il s’en rappelait très brièvement, il l’avait passé en compagnie de son ancienne et première partenaire de jeu, Emmeline. En soi, cette soirée n’avait vraiment rien eu d’exceptionnelle. Ca n’avait été qu’une soirée banale parmi tant d’autres. Emilien hocha très brièvement lorsqu’il vit la robe ; en effet, elle ressemblait bien à ce qu’il s’était imaginé. Tout du moins, plus ou moins. Cependant, elle n’avait pas envie de la reporter. D’une parce que l’on pourrait croire qu’elle n’avait qu’une seule robe, et de deux parce que cela rappellerait de mauvais souvenir à Fitz. Ah. Bon, autant éviter alors. Mado lui présenta alors une autre robe. Un peu cintrée, arrivant légèrement au-dessus des genoux. « Oui ! Va donc ! » lui souffla-t-il lorsqu’elle lui demanda si elle devait l’essayer ou non. Mado partit donc de nouveau dans la salle de bain pour se changer. Le voilà une nouvelle fois seul, sans aucune occupation. Contempler ce mur, ce n’était pas franchement l’éclate. Après quelques minutes, le suisse reprit la parole à travers la porte de la salle de bain. « Humm, si tu as besoin d’aide pour la fermeture éclair, n’hésite pas à demander. ». Autant qu’il serve à quelque-chose, au cas où la jeune femme avait un peu de mal à remontrer la fermeture-éclaire par exemple.