Ravalant ma salive avec difficulté, j'essuyai une nouvelle remarque désobligeante de la part de Franz. Ce n'était pas la première fois que je faisais allusion à ses frasques avec Sydney, et ce n'était pas non plus la première fois que j'entendais cette phrase qu'il prononçait presque avec agressivité. Je poussai un long soupir, après tout à quoi bon lui avouer que mon frère me manquait ? Je ne pouvais sans doute que culpabiliser sur ma propre attitude. Tirant nerveusement sur ma cigarette, je peinai à trouver une rétorque sensée. J'aurais reçu toutes les insultes du monde si je lui avais clairement avoué que sa relation avec la candidate me mettait mal à l'aise et à qu'elle point elle était ridicule; tous les reproches du monde si j'étais restée terrée dans mon mutisme. En somme, j'avais intérêt que ma réponse soit à la hauteur de ses attentes. Bien qu'exacerbée, je me laissai emporter par son étreinte qui avait pourtant mal sa place au sein de la conversation, mais qu'importait, ce contact relevait du besoin. M'asseyant sur ses genoux, je trouvai enfin le courage de me confier.

Tu m'oublies.

L'accusation sonna comme une énorme erreur dans ma tête. J'étais en train de reprocher à mon frère de profiter pleinement de son aventure et par la même occasion, je me prenais une énorme claque en réalisant que je ne supportais pas d'être éloignée de lui. De plus, le mot employé était si fort que plus qu'inapproprié. Franz ne m'oubliait pas, mais je me sentais oubliée et de là, il y avait une grande nuance. Totalement déboussolée et profondément désolée, je pris ma tête entre mes mains, murmurant des mots à peine audibles en guise d'excuses confuses.

C'est pas l'aventure que j'ai pas envie de quitter. C'est pas Nolan, c'est pas Rusty... ni Alice.

Non, c'était lui... Et cette scène semblait absolument absurde. Personne n'aurait pu croire à ce trop plein d'émotion qui m'envahissait soudainement, moi qui avait l'étiquette de la fille impassible et intouchable. Alisk avec Franz et Alisk avec les autres n'était pas une seule et même personne, il fallait le croire.

hj: plus tard que prévu mon portable a fait des siennes '-'

Il était impossible d'ajouter quoique ce soit à la réponse de Franz. Fermement, presque sèchement, il m'avait fait comprendre qu'il ne valait mieux pas poursuive mes reproches, ceux-ci s'avérant absolument infondés. Il était difficile pour moi d'admettre qu'à mon âge, je dépendais encore de mon grand frère. Cette idée me fit sourire, me rappelant ainsi inévitablement de la première phrase de mon casting de cette émission qui progressivement, m'ouvrait les yeux... "Me débarrasser de mon satané frère au plus vite.", quelle peste de sœur je devais faire. Ayant pour habitude d'avoir mon aîné constamment sur le dos -il était d'ailleurs étrange que le cas Nolan n'ait pas été évoqué-, j'avais ici ressenti un sentiment d'abandon; et bien que nous étions très souvent ensemble dans le Nid, ce n'était pas encore assez à mon goût. Je me contentai donc acquiescer d'un hochement de tête avant d'écouter son discours qui m'arracha un timide sourire. Ses paroles étaient en total désaccord avec ma pensée et j'y répondis spontanément, presque trop.

Non. Je ne pense pas être une grande fille, et je crois qu'en fait tu me quitteras avant que je le fasse. Parce que j'ai pas envie de le faire. Pari tenu ?

Je conclus ma question par un clin d'œil amusé. Ma déclaration était comme une évidence, je savais que si l'un de nous devais quitter l'autre, lui le ferait le premier. Seulement j'avais toujours laissé entendre le contraire. Une brève pause dans ses dires me laissa le temps d'inhaler la fumée de ma cigarette puis je tournai à nouveau mon visage étonnement souriant vers lui.

C'est bien mon Franz que je vois là, t'as rien perdu de ton humour pourrave. Te fais pas d'illusion tu seras pas crédible, comme si un mec comme toi pouvait avoir des fans. Et même si je viens de sous-entendre que tu m'étais indispensable, c'était un moment d'égarement.

Je passai alors mes bras sous son manteau, rejoignant mes mains dans son dos, le provoquant d'un regard plus qu'angélique comme j'avais le don de les faire. Il avait eu raison, ce n'était pas un inconnu ce pourquoi le besoin de décontracter l'ambiance était plus que nécessaire et tout à fait appréciable.