no matter what you do ∞ 16/04 - 20:25

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no matter what you do

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W/ MAVERICK
MARDI 16 AVRIL, 20H25 - TERRASSE

Il pouvait à présent compter les jours le séparant de sa sortie du nid. Une sortie prévue dans moins d'une semaine maintenant. Dimanche soir, cette aventure prendrait fin et il devrait alors choisir : rentrer directement à Dudley, ou faire escale à Dublin ? Il avait une bibliothèque à visiter tout de même, mais d'un autre côté le mieux était peut-être de rentrer chez lui dès que l'occasion lui serait donnée. Pourquoi est-ce que ce serait mieux ? Oh bah, il supposait surtout que ça ne serait pas pire que de prolonger son séjour en Irlande. Il avait le mal du pays, la pluie lui manquait. Ce soleil était représentatif du contrôle qu'avait la production sur leurs petites personnes, et c'était une chose qui ne lui manquerait pas. Au même titre que les caméras, omniprésentes dans chaque recoin des pièces du chalet. Il allait probablement avoir un peu de mal à retrouver une vie "normale" après ça. Il risquait de se sentir épié jusque dans sa propre maison, par habitude. Ça s'estomperait avec le temps, il n'en doutait pas. Du temps... ce n'était pas ce qui lui manquait d'ordinaire. Mais cela dépendait du contexte, car par exemple ce soir il avait la sensation que du temps, il n'en avait plus. Du temps pour quoi ? Il n'en savait rien. Il n'avait pas le moindre regret concernant la façon dont il avait mené son aventure dans le nid, alors... non il ne savait pas. Et à vrai dire il préférait se vider l'esprit, ne pas penser à cette sortie ou plutôt à ce qui adviendrait ensuite. Les projets qu'il nourrissait... c'était un coup à douter une fois encore. Douter de lui notamment. Alors il s'octroya un moment au calme sur la terrasse, et durant lequel il s'efforcerait de ne pas penser à ce qui l'attendait à l'extérieur. Parce qu'il ne savait pas à quoi s'attendre justement, et l'inconnu s'avérait effrayant. Il fut rejoint par un camarade qu'il n'était pas mécontent de trouver là. Un grand bonhomme à qui il adressa même un sourire, même si celui-ci n'orna pas ses lèvres bien longtemps. « Maverick. » le salua-t-il, d'un signe de la tête tout en se tournant vers lui. Il fourra ses deux mains dans ses poches - une sorte de tic le prenant très souvent au moment d'annoncer quelque chose - et reprit. « Je n'ai pas pu te le dire dimanche, alors je le fais aujourd'hui. Sache que je ne te juge pas vis-à-vis de ton secret. Enfin, mon opinion là-dessus ne doit pas grandement t'importer et je le conçois très bien... Seulement je ne voyais pas l'intérêt de la garder pour moi. » Alors voilà, il avait décidé de lui en faire part, simplement. Et bien évidemment, il était sincère. Mickey était un homme très critique, émettant généralement des jugements sur un peu tout et tout le monde. Mais au cours des trois derniers mois, ce côté moralisateur s'était quand même relativement atténué au profit d'un côté plus... "humain" qu'il s'était peu à peu découvert. Malgré ça il ne s'était jamais vu comme quelqu'un de méchant. Ses camarades l'avaient toujours vu comme tel mais c'était bel et bien parce qu'ils n'avaient pas fait l'effort d'apprendre à le connaitre réellement. Car oui, les efforts ce n'était certainement pas à lui de les entreprendre. Il ne fallait pas tout confondre. Soit. Il ne jugeait pas Maverick mais d'un autre côté, de quel droit l'aurait-il fait ? Cette immense culpabilité, il se la coltinerait à vie. Il était condamné à s'en vouloir pour ça, jusqu'à la fin. Alors le juger serait l'enfoncer, l'accabler. Et personne ne méritait ça, personne.

Les yeux perdus dans le vague, je regardais l'horizon. Je cherchais dans le familier paysage du dôme, un point de fuite, un lieu où je pourrais me réfugier pour échapper à la peine, ainsi qu'aux remords. J'étais seul sur la terrasse, mon carnet ouvert sur mes genoux attendant simplement qu'une idée vienne orner l'une de ses pages désespérément blanches. Mais je n'avais pas l'esprit à cela, à la création, j'étais mélancolique. Certes les autres candidats avaient l'air d'avoir bien pris mon secret, malgré tous leurs silence me laissait imaginer des choses quant à leur véritable pensée. Alors que je tentais de naviguer malgré la brume qui envahissait mon esprit, j'entendis derrière moi des pas, puis une voix qui m'interpellait me sortant de mon labyrinthe mental. La personne qui arrivait ne m'étais pas inconnue, c'était même l'une des rares personnes avec qui j'étais proche au sein du jeu et sincèrement j'espérais rester en contact avec lui, une fois que le dernier prime sera terminé et les portes du nid closes. Je l'entendis ensuite, me parler de mon secret, de ses impressions le concernant. Il ne me jugeait pas et concevais que son opinion m'importait peu, mais il désirait malgré tous m'en faire part. Désirant le rassurer, je lui souris avant de répondre :

Ne sois pas stupide, ton avis, au même titre que celui des autres m'importe plus que tu ne peux imaginer.

Je me reconcentrais, tenant d'effacer les larmes qui se formaient au coin de mes yeux. Je me sentais tellement coupable, je portais ce fardeau depuis bientôt deux ans et il se faisait plus lourd jour après jour. Ne voulant rien cacher de mes émotions à Mickey, je lui dis :

Je me demande bien pourquoi suis-je venus ici. Pourquoi ai-je voulu participer à Fake Lover, avec ce secret. J'espérais que le fait d'en parler, apaiserait ma douleur, mais non, c'est même pire. Je ne sais plus quoi faire...

J'étais perdu, désespéré. Je comptais sur Mickey pour m'aider à y voir plus clair. Je le connaissais et savais que c'était quelqu'un de sage, d'apaisé. Ce serait la voix de la raison et j'étais persuadé qu'à ces côtés j'y verrais plus clair.

Juger Maverick ? Il avait refusé de le faire dès lors qu'il avait pris connaissance du secret de son camarade. Les jugements, les critiques n'aideraient pas ce pauvre homme, rongé par la culpabilité. Au contraire, ce serait l'oppresser plus encore, l'enfoncer alors qu'il n'avait vraiment pas besoin de ça. Il fallait l'avoir entendu dimanche soir pour saisir combien il s'en voulait, combien cette malheureuse "faille" avait détruit sa vie. Il l'avait dit lui-même... Il n'oublierait jamais les images, l'enfer que ça avait été par la suite. Le secret de Maverick était sans conteste l'un des plus poignants de la saison, il n'en doutait pas et ce, alors même qu'il ne les connaissait tous. Mickey était loin d'être sensible, mais la révélation faite par son camarade il y a deux jours n'avait pourtant pas manqué de le secouer. Ce n'était pas tant la mort de ces pauvres gens qui ne le laissait pas indifférent, mais plutôt le fait de savoir son camarade dévoré par la peine et les regrets, hanté lui aussi par des démons intérieurs. Il ne pouvait bien évidemment pas se mettre à sa place, personne ne le pouvait. Mickey, ou qui que ce soit d'autre... personne n'était en mesure d'imaginer l'état dans lequel il se trouvait, quotidiennement. Car il supposait que sa vie n'était plus faite que de ça, aujourd'hui : les remords, le fait de se sentir affreusement coupable, tout ce que ses yeux avaient vu ce jour-là et ne parvenaient très certainement pas à oublier... Toutefois, il tint quand même à lui faire part de son opinion. Il n'était pas certain que celle-ci importe grandement aux yeux de Maverick mais ce dernier lui affirma le contraire. Ainsi donc l'avis de l'écrivain était important pour lui. Bien. Il hocha la tête, tandis que Maverick poursuivit. Il lui avoua ne pas savoir ce qu'il était venu faire dans une telle émission. Oh si ça pouvait le rassurer, Mickey non plus... Ah, il avait quand même espéré qu'en parler atténuerait sa douleur mais, au final cela semblait être pire. Il avait l'air... absolument désemparé. Y avait-il quelque chose que Mickey pouvait faire, pour l'aider ? Honnêtement il n'en était pas certain, c'était délicat qui plus est. Enfin, il pouvait toujours essayer. « Je sais que tu aimerais revenir en arrière, on le veut tous quand on commet une erreur. Et quand cette erreur engendre de telles conséquences,... j'ose à peine imaginer avec quoi tu vis au quotidien. Mais... on ne refait pas le passé Maverick, et t'en vouloir éternellement pour ça ne fera pas revenir ces gens. Je ne dis pas que tu as de quoi être fier, mais j'ai cru comprendre que tu avais payé le prix de cette négligence, toi aussi dans un sens. Tu as perdu ce que tu avais de plus cher, n'est-ce pas. » Cette histoire lui avait tout de même coûté son mariage, et ses enfants lui avaient totalement tourné le dos après ça. Sans parler de sa vie, totalement chamboulée. La perte de son travail, la haine autour de lui... « Sortir de ce cercle vicieux qu'est la culpabilité n'est probablement pas envisageable à l'heure actuelle, compte tenu du fait que c'est encore assez frais. Deux ans, c'est ça ? Hm. Mais il te faudra, à un moment donné, faire la paix avec toi-même. Déjà tu as trouvé la force de venir en parler jusqu'ici, c'est un bon début et je trouve que tu as beaucoup de courage, par ailleurs. Maintenant tu ne peux pas vivre avec ça sur la conscience indéfiniment, c'est trop lourd à porter. Tu as songé à te faire aider par un professionnel ? » Un psychologue, pour ne pas le nommer. Quelqu'un de bien plus disposé à l'aider que Mickey, par exemple. Ses prunelles toujours plantées dans les siennes il reprit, tout aussi calmement. « Tu as pris le risque de t'exposer aux jugements d'autrui en venant ici, ce n'est pas rien, j'espère que tu le réalises. » Et sur ces mots, Mickey esquissa un faible sourire témoignant de toute sa compréhension, et du soutien qu'il était prêt à lui apporter. Il avait besoin d'être épaulé, il ne devait surtout pas rester seul et étrangement, il se sentait concerné par le sort de Maverick. Ça ne s'expliquait tout simplement pas.

Mickey, dans ces moments de doute, se révélait, il devenait plus qu'un simple amis, c'était ma bonne conscience, mon repère. 'A travers des paroles rassurantes, il tenta de m'apaiser, de me faire comprendre que mon cas était loin d'être isolé, que seul le temps calmerait les remords, la culpabilité. Il m'expliqua que je ne devais pas éternellement m'en vouloir, que j'avais déjà payé le prix de mon erreur, que j'avais perdu ce que j'avais de plus chère. Sa phrase prenant une tournure interrogative je lui répondis :

Je crois que pour un homme, il n'y a pas plus importants que sa famille, sa femme, ses enfants. Or dans mon cas, cela n'existe plus. On peut donc dire que j'ai perdu ce que j'avais de plus cher.

Par la suite il m'expliqua que sortir du cercle vicieux de la culpabilité n'était pour le moment pas envisageable. Cette remarque me fit étrangement sourire, on va dire que je commençais à me rendre compte de cela et que j'essayais d'être le plus patient possible. Puis il m'expliqua qu'un jour je devrais faire la paix avec ma conscience, que j'avais déjà fait un pas en venant ici en parler, mais que je devais sûrement aller plus loin pour rendre le poids moins lourd à porter. Il me demanda alors si j'étais allé voir un spécialiste. Sincèrement, cette idée m'avait déjà effleuré l'esprit, malgré tous je n'avais osé, cette peur du jugement toujours présente et puis financièrement je ne pouvais malheureusement pas. Avant de lui répondre, j'écoutais sa dernière phrase, il me disait que me soumettre à leurs regards n'étaient pas rien, qu'il espérait que je le réalisais. Je regardais quelques secondes le vide nous entourant avant de répondre :

Tout d'abord, cela va, oui, bientôt faire deux ans que j'y pense nuit et jours. J'ai ainsi l'impression d'être prisonnier dans une boucle qui inlassablement se répète, comme dans ce magnifique film : « le jour sans fin » il me semble. Pour ce qui est du spécialiste, je comptais en grande partie sur l'argent gagner ici pour en trouver un. De nos jours ce type de soin sont de plus en plus mals remboursés et vu que je suis financièrement très juste....

Je reprenais mon souffle, regardant quelques secondes l'horizon avant de continuer :

Sinon, oui je réalise que j'ai pris ce risque, que cela m'a permis d'avancer. Pourtant, beaucoup de points restaient encore assez sombre, la peur ne s'efface pas du jour au lendemain. Mais arrêtons de parler de moi, tu te rends compte, tu es en finale ? La culture a triomphé, c'est tellement rare de nos jours qu'il faudra le plus tôt possible fêter cela.

Je cherchais simplement à travers cette parenthèse à changer d'atmosphère. Je ne supportais pas que l'on s'apitoie trop longtemps sur mon sort, cela me rendait plus faible que je ne l'étais déjà et je n'avais pas besoin de cela pour le moment.

Bien sûr que non, il ne pouvait pas imaginer quel était le quotidien de Maverick aujourd'hui, puisque lui n'avait pas causé involontairement la mort de tous un tas de personnes comme c'était le cas de son camarade. Tout le monde avait déjà culpabilisé pour une erreur commise. Mais cette erreur-là avait eu de tragiques conséquences, et le discours tenu par Maverick dimanche soir, témoignant de sa détresse, sa souffrance et d'une sorte de désespoir avait sensibilisé l'anglais qui, pourtant, ne se laissait pas attendre par ce genre de choses généralement. Mais là c'était différent, c'était... prenant. Il n'aurait pas pu ignorer cette révélation, même s'il l'avait voulu. Car dès ses premiers mots, Maverick leur avait demandé à tous de rester eux-même, et avait assuré ne pas blâmer celles et ceux qui seraient amenés à le juger. Une entrée en matière des plus efficaces, mais ne laissant bien évidemment pas présager le meilleur. Et effectivement, ce qui suivit n'avait en rien été folichon... Alors Mickey espérait sincèrement qu'il n'avait pas eu droit à des remarques désagréables de la part d'autres candidats, parce qu'il ne méritait pas d'être accablé plus encore. De toute façon l'anglais considérait qu'il avait lui aussi fait les frais de cette regrettable négligence. Certes ses pertes à lui n'étaient pas comparables aux pertes des familles des victimes... mais au-delà de son travail d'ingénieur, il avait dû faire une croix, malgré lui, sur son mariage, donc sur sa femme, mais aussi sur ses enfants qui lui avaient tourné le dos après ça. Bref, tout ce qu'il avait eut de plus cher et qu'on lui avait retiré du jour au lendemain. Ce que Maverick lui confirma. Pour un homme, selon lui, il n'y avait rien de plus important que la famille, les personnes qu'il aimait. Ah... il était un peu mal placé pour approuver les dires de son camarade. Mais il était tout à fait disposé à le croire. Ça ne devait vraiment pas être évident pour lui, de vivre avec un tel poids sur la conscience. Cela dit, s'il restait éternellement sur ça alors cette grande culpabilité le freinerait et il serait incapable de se reconstruire. Or, c'était primordial aux yeux de Mickey. Il devait trouver la paix intérieure, avec le temps en s'en donnant les moyens il y parviendrait. C'était encore trop frais pour l'envisager, sans doute, bientôt deux ans qu'il lui précisa d'ailleurs. Bon. Mais ça ne signifiait pas qu'il ne sortirait jamais de cette spirale infernale. Mickey avait envie d'y croire pour lui. Ce passé, aussi sombre et douloureux soit-il, il devait le laisser derrière lui et non se le coltiner jour après jour. Il se disait comme prisonnier dans une boucle se répétant incessamment. Puis il fit référence à un film que, bien sûr, l'écrivain ne connaissait pas. Mais ce n'était pas important. Il continua, mentionnant le spécialiste auquel Mickey avait fait allusion. Ah, il comptait donc sur l'argent à la clé de cette émission pour en dégoter un. Des problèmes financiers... de quoi mettre quelque peu mal à l'aise l'anglais qui était tout sauf dans le besoin. « Et... tu sais à peu près de combien tu aurais besoin ? » Non non, il ne sous-entendait pas du tout qu'il était prêt à faire un geste. Quoi que... peut-être bien que si, en fait. Enfin, libre à lui de garder cette information pour lui. Mickey ne demandait pas cela indiscrètement en tout cas, c'est certain. Mis à part ça il avait tout de même pris un sacré risque en venant ici. S'exposer au regard d'autrui, à son éventuel jugement... C'était faire preuve de courage, et surtout, c'était un très bon début. Effectivement la peur ne pouvait pas s'effacer d'un claquement de doigts... Et il en savait quelque chose, puisque lui-même vivait avec les mêmes craintes depuis une dizaine d'années. Et il changea brusquement de sujet, évoquant la qualification de l'anglais. Il était bien le premier à lui en parler, d'ailleurs. Hm, au fond ça ne devait pas intéresser grand monde. S'il se rendait compte qu'il faisait partie des quatre finalistes ?... « À vrai dire je ne réalise pas encore, c'est... étonnant. » Ah ça pour l'être... Mickey, en finale. Hum, d'accord. Il n'avait pas un instant songé à aller jusque là, et d'ailleurs il peinait toujours à y croire. La culture avait finalement triomphé, oui. Hourra, donc. « Mais je ne suis pas certain qu'il y ait grand chose à fêter. » rétorqua-t-il, en haussant légèrement les épaules. Il était probablement le moins enjoué des finalistes... et le seul à rester quelque peu indifférent face à cette place pourtant convoitée par tous les nominés de la semaine passée (excepté lui). Il avait d'autres choses en tête que cette finale, voilà tout. C'était même le cadet de ses soucis pour tout dire.

Mickey semblait réellement intéressé par mes problèmes, il semblait se préoccuper sincèrement pour moi et cela me faisait grandement plaisir, cela me touchait même. Rare était les personnes qui avaient porté de l'intérêt à mon égard de puis mal d'années. Même à ma sortie du jeu, les gens ne c'étaient intéressés qu'à mon extérieur, qu'à mon image à l'écran sans se soucier de l'homme que j'étais intérieurement. Cela m'avait blessé, j'étais venus ici pour que l'on me voie sans ma carapace, mais aussi pour parler de mes angoisses, de ce secret qui me rongeait les entrailles. Pour ce qui est de mon camarade, je fus même surpris quand parlant du spécialiste et d'argent qu'il me manquait pour en consulter un, Mickey me demanda de combien j'aurais besoin. Gêné, touché dans ma fierté, je n'osais lui répondre. Je n'avais en effet, jamais eu jusqu'alors besoin d'un quelque conque soutien financier. Même si la vie était des fois pas faciles, j'avais, depuis mon déménagement, toujours réussis à m'en sortir. Ainsi souriant à Mickey, je lui répondis :

Je ne saurais te dire, mais de tout manière, ne t'en fait pas pour moi, j''ai toujours bien réussis à me débrouiller seul. Je ne désirais pas te déranger et ne voudrais pas passer pour un assisté. Je suis déjà être assez pitoyable comme ça.

Puis, sur mon initiative on changea de sujet, parlant de sa place en demi-finale. Mickey avait l'air un perdu, il m'avouait ne pas encore réaliser, il trouvait cela étonnant Par la suite, il m'expliqua que pour lui il n'y avait pas grand-chose à fêter. Il n'avait même pas l'air content de sa place. À sa place j'aurais montré un minimum de bonheur, histoire que le public n'est pas l'impression d'avoir voter pour rien, mais voyant le visage de Mickey je m'abstenais. Il avait l'air préoccupé, ailleurs, comme tout bon amis qui se respecte je cherchais alors à savoir ce qui se passait :

Hé Mickey, ça ne va pas ? Tu as l'air ailleurs ?

Je me mettais alors à parcourir les images diffusées lors des différents primes, ainsi que les brefs résumés des conversations dont j'avais eu vent. Ceux-ci se recoupait sous un seul et même nom : Emmeline. Ne désirant pas mettre de l'huile sur le feu, j'attendais patiemment donne ou non raison à mes pensées.

L'argent ne résolvait pas tout, il le savait très bien. Mais Maverick devait à tout prix apaiser sa conscience et un professionnel pourrait peut-être l'aider. Bien mieux que lui en tout cas, car il n'avait pas tellement l'impression de lui être d'une grande aide ce soir. Il lui souhaitait vraiment d'aller mieux mais il ne pouvait pas faire grand chose de son côté, à part lui dispenser quelques conseils. Après c'est sûr, difficile de trouver un bon spécialiste sans que ça ne coûte un bras. Il lui confia d'ailleurs rencontrer quelques problèmes d'argent alors forcément, il ne lui était pas tellement possible de consulter pour l'heure. Ce que déplorait l'anglais. C'était regrettable, oui, qu'il n'ait même pas de quoi financer ce genre de soins. Alors, sans pour autant chercher à se faire indiscret, Mickey lui demanda combien à peu près il lui manquait. Il n'était pas dit qu'il s'empresserait de lui faire un chèque... mais disons que c'était malgré tout une éventualité à considérer. Il n'était pas de ceux pensant que tout s'achetait, pas du tout. Mais là en l’occurrence il lui manquait de l'argent, et il se trouve que Mickey était dans la situation inverse. Tenez, il repartirait notamment avec sa cagnotte, validée dimanche soir, et c'était clairement de l'argent dont il n'avait pas besoin. Il n'était pas venu dans cette émission pour s'enrichir, qu'on se le dise. Et comme il ne donnait pas franchement dans les œuvres caritatives, et bien... aider un camarade dans le besoin était déjà plus dans ses cordes. Néanmoins il pouvait très bien comprendre que Maverick refuse qu'on lui fasse la charité, même s'il n'était pas question de cela, mais bel et bien de lui donner un petit coup de main puisqu'il le pouvait. Il lui répondit alors de ne pas se soucier de lui, ajoutant qu'il était toujours parvenu à se débrouiller seul. Le déranger ? Passer pour un assisté ? Ah non, il n'y était pas du tout, ce n'était absolument pas l'image qu'il renvoyait. En tout cas pas à Mickey. Il ne put s'empêcher de réagir aussitôt aux tous derniers mots débités par son camarade. « Tu n'es pas pitoyable Maverick... » souffla-t-il tout en remuant énergiquement la tête de gauche à droite. Il ne pouvait pas le laisser dire une telle chose. Et puis quoi encore, il n'allait pas l'enfoncer. Suite à quoi leur petite conversation dévia sur tout autre chose : la place en finale que l'écrivain avait récemment décrochée. Tout cela ne lui faisait ni chaud ni froid en toute honnêteté. Il n'avait pas un instant cru en sa qualification, donc il ne croyait bien évidemment pas en sa potentielle victoire. Oh il ne fallait pas être devin pour déceler qui avait le plus de chances d'être sacré dimanche soir, et ce n'était clairement pas lui. Gagner ne l'intéressait pas, c'était sans intérêt à ses yeux. Certes c'était un joueur, mais il n'avait jamais imaginé aller aussi loin alors forcément, il n'avait même pas à feindre d'être surpris... il l'était, tout simplement. Alors de là à fêter cela, il n'était pas certain ce soit vraiment utile. Et puis... fêter quoi ? Ah oui, le triomphe de la culture, de l’entendement. Pas de quoi sortir les cotillons tout de même. Maverick lui fit alors remarquer qu'il avait l'air ailleurs. Hm, peut-être bien. Il se voyait mal contredire les propos tenus par son camarade. « C'est assez compliqué pour moi en ce moment, je ne te le cache pas. » Il n'avait pas la tête à penser à cette finale, vraiment pas. Loin de lui l'envie de paraitre ingrat aux yeux de ceux qui l'avaient souvenu à l'extérieur... mais il fallait se mettre deux secondes à sa place, il ne savait plus tellement où donner de la tête dernièrement. Il était comme pris dans un tourbillon de doutes, d'interrogations, d'appréhensions... Ce n'était pas évident de s'y retrouver là-dedans. Décrétant qu'il pouvait se confier à son camarade sans que ce dernier n'aille tout répéter autour de lui, il s'agenouilla pour se retrouver à sa hauteur, et rétorqua. « Je suis entrain de fonder tous mes espoirs sur une relation dont l'avenir demeure incertain. J'ai réussi à faire en sorte de ne pas être brutalement éloigné d'elle, mais... j'ai tellement peur de me retrouver seul au final. Elle va s'installer chez moi figure-toi. Pour combien de temps je ne sais pas, et c'est bien ça le problème. Me dire qu'elle n'y restera pas éternellement, que je finirai certainement par la perdre. C'est effrayant, et je sais que je ne tiendrai pas le coup. » Il ne pensait pas devoir nommer la demoiselle dont il était question, c'était suffisamment compréhensible n'est-ce pas. Et oui c'était effrayant, bien sûr que ça l'était, parce qu'il dépendait déjà beaucoup trop d'elle et que cet attachement virait à l'obsession. Et il concevait difficilement une fin heureuse. Même s'il ne désirait que ça.

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no matter what you do ∞ 16/04 - 20:25

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