COSMAS & JAILEEN
22/05. 10h39.


Bon, c’était bien beau de papillonner durant quelques jours et d’écouter les oiseaux chanter, mais au bout d’un moment il fallait bien se mettre dans le bain et partir à la chasse aux indices pour espérer devenir un adversaire redoutable aux yeux de tous les autres. Après avoir fait un petit saut par la salle de bain, histoire de se faire toute mignonne, voilà que la jeune femme esquivait tout le monde pour se diriger vers l’extérieur et prendre un petit escalier menant, apparemment, à une salle de vidéo-surveillance. D’après les dires de certaines personnes, cette pièce était un petit paradis pour les fouineurs en tout genre, un petit paradis pour Jaileen quoi. C’était excité comme une puce que la demoiselle poussait la porte et entrait. L’endroit était sombre et seuls les multiples écrans venaient éclairer la pièce. La blondinette observait tout ce qui se trouvait autour d’elle, toutes les commandes se trouvant sur un immense tableau de contrôle. Un petit sourire mesquin sur les lèvres, voilà qu’elle venait s’installer sur un fauteuil à roulette des plus confortables, appuyant son dos contre le dossier, tout en attrapant un casque et en appuyant sur un bouton. Elle ne savait pas vraiment quelle pièce elle était en train d’espionner, mais il ne se passait pas grand-chose. Pivotant très légèrement sur son fauteuil, elle tombait nez à nez avec une silhouette masculine assise juste à côté d’elle. « Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah !! » Comment se faisait-il qu’elle ne l’avait pas vu plus tôt ? Pourquoi n’avait-elle pas vu le jour pénétrer dans la pièce lorsque ce type était entré ? Se trouvait-il là lorsque la demoiselle avait mis les pieds dans la salle de vidéo-surveillance ? Presque aussitôt elle mettait les pieds sur le sol pour reculer de quelques centimètres. « Je peux savoir ce que tu fais là ? Je me croyais toute seule. » disait-elle sur un ton un petit peu froid.

Jaileen venait d’avoir la trouille de sa vie. Seule dans une pièce pas franchement pleine de lumière, elle venait de tomber nez à nez, sans le vouloir, avec l’un des candidats du programme. Enfin, elle en déduisait qu’il s’agissait de l’un des candidats parce qu’il y avait tout de même beaucoup de monde ici et elle n’avait pas encore eu l’occasion de voir les bouilles de tout le monde, même si cela ne saurait tarder grâce à ce magnifique dispositif de vidéo-surveillance qui allait lui permettre de guetter les moindres faits et gestes de tous ses petits camarades. En y pensant d’un tout petit peu plus près, elle espérait fortement que ce soit un candidat, parce que si c’était un violeur en série évadé de prison elle risquait sa vie là. Remarquez peut-être que ce type était un candidat, mais en même temps un violeur évadé de prison. Rien qu’en imaginant la chose, la peau de la blondinette se couvrait de chair de poule et elle reculait encore de quelques centimètres pour s’éloigner de lui. Le garçon semblait ne pas s’attendre à devenir sourd par le cri d’une folle en fuite prête à tout pour bouffer les autres et sortir gagnante de ce maudit jeu, mais il n’avait pourtant pas l’air si paniqué que ça. Alors que la demoiselle se permettait de lui adresser une petite phrase bien sympathique sur un ton plutôt froid, très certainement à cause de la peur, ne pensez surtout pas que c’est une méchante – quoi que – voilà qu’il ouvrait le bouche presque aussitôt pour lui répondre. Ouais, bah, moi aussi j'me croyais tout seul, écoute, jusqu'à ce que tu ne viennes poser ton derrière sur cette chaise, là Ouai, bah, ses parents avaient oublié de lui apprendre les bonnes manières à celui-là. On ne parlait jamais à une dame sur ce ton-là. Prête à riposter, la féministe du coin ouvrait la bouche, mais voilà qu’il venait la devancer. Tu ferais mieux d'être seule, en plus : j'pense que j'suis sourd de l'oreille gauche, maintenant. Bravo. C'est malin. J'ai que 25 ans, moi, hein. J'ai pas envie d'être malentendant à vie à cause d'une blonde. Alors là, c’était le pompon. Jaileen regardait son interlocuteur avec un regard noir tout en venant croiser ses bras sous sa poitrine. Comment pouvait-il oser l’accuser d’une éventuelle surdité future alors qu’elle avait juste poussé un petit cri à cause de sa propre présence en ces lieux en plus ? N’ayant pas sa langue dans sa poche, voilà que la demoiselle venait rétorquer : « Et je peux savoir pourquoi tu n’as pas trouvé bon de signaler ta présence lorsque je suis entrée dans la pièce ? Avoue le, tu voulais me faire peur, que je tombe dans les pommes afin de pouvoir abuser de moi hein. Et en parlant de ça, si t’as pas envie de finir sourd, moi, à 22 ans, je n’ai pas envie de crever à causer d’un imbécile qui aurait voulu me faire peur si tu vois ce que je veux dire. » Pivotant sur son fauteuil à roulette, Jaileen observait tous les boutons devant elle. Elle ne savait pas vraiment par où commencer, sur quoi appuyer pour sélectionner une seule et unique pièce, comment faire pour se focaliser, par exemple, sur un candidat en particulier. Elle tournait brièvement la tête vers le garçon. Peut-être que lui il savait. Au bout de quelques secondes de silence, voilà qu’elle demandait sur un ton un petit peu plus doux : « Vu que t’es là, autant que tu me serve à quelque chose. Tu sais comment ça fonctionne ce truc ? » Joignant le geste à la parole, elle venait appuyer sur un bouton.

Bon il était bien sympathique, mignon et tout le tralala le type, mais il n’était pas spécialement hyper galant avec les jeunes femmes. Il n’y avait qu’à voir la façon dont il était en train de parler à Jaileen. Heureusement que la blondinette n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds parce qu’elle serait déjà à genoux devant lui en train de faire tout ce qu’il voulait et si ce goujat pensait qu’on était encore au moyen âge où les hommes faisaient et disaient ce qui leur semblait être bon et bien il se trompait le pauvre petit. D’accord, la blondinette n’avait peut-être pas été très sympathique non plus en lui parlent sur un ton glacial et en lui hurlant dans les oreilles, mais elle n’y était pour rien s’il lui avait fait peur après tout. Ah, parce que t'es rentrée en agitant tes bras en l'air et en hurlant ton nom à tue-tête ? Non, je crois pas, non. T'es malpolie, comme nana, en fait. Malpolie ? Jaileen, une nana malpolie ? Non, mais là il ne savait vraiment pas à qui il était en train de parler le pauvre, si jamais quelqu’un en Angleterre entendait cela alors il risquait de se faire lyncher dès sa sortie du jeu. Quel pauvre idiot. En plus, il ne semblait pas avoir sa langue dans sa poche. Non mais regarde toi, un peu : si je voulais abuser de quelqu'un, ce ne serait certainement pas toi. La demoiselle n’était pas narcissique, loin de là même, mais elle ne se trouvait pas non plus repoussante et face à de tels propos, elle ne pouvait pas rester de marbre. Un regard noir dont elle était la seule à avoir le secret venait se poser sur la silhouette du garçon. Et puis, en plus, je n'aurais pas besoin de te faire perdre connaissance pour m'y prendre. Par-dessus le marché, il était fier comme un pape et sûr de lui. Le genre de truc qui avait le don de mettre Jaileen hors d’elle. D’ailleurs, la réaction de la demoiselle ne tardait pas vraiment et elle se montrait par moment boudeuse, par moment prête à lui sauter à la gorge. « Tu n’as pas le droit de dire que je suis malpolie, tu ne sais rien de l’éducation que j’ai reçu et je pourrais très bien dire la même chose de toi, mais j’ai du respect pour tes pauvres parents qui ont eu la malchance d’avoir un garçon comme toi, aussi sûr de lui et de son charme, parce que crois-moi t’as peut-être le physique d’un dieu grec, mais t’as un caractère de merde et aucune meuf potable ne pourrait vouloir de toi. La preuve, tu me dégoute presque là. » Remarquez que la jeune femme arrivait à se contredire toute seule. Elle devait très certainement ne plus savoir où donner de la tête face à un garçon aussi charismatique que Cosmas. La suite de la conversation n’était pas moins drôle. Ayant besoin d’aide, la jeune femme devait se résoudre à demander conseil au garçon. Il était peut-être bête comme ses pieds, mais il n’avait pas l’air si rancunier que ça puisqu’il acceptait de l’aider. Enfin, il n’hésitait tout de même pas à y aller de son petit commentaire : Au moins, je servirais à quelque chose. Jaileen ne lui répondait pas et se contentait de lever les yeux vers le plafond. Affligeant. Cosmas trifouillait un bouton et là, tous les écrans montraient la même pièce, le réfectoire. Tu vois ? C'est pas bien compliqué C’était presque admirative que la jeune femme posait ses yeux sur lui. « Attends, montre-moi, t’as fait comment déjà ? »

C'est bon ? T'as fini ton p'tit monologue de lamentations ? Autant l’avouer, Jaileen s’attendait à tout sauf à une réflexion de la sorte. Elle n’était pas du tout en train de se lamenter, elle prenait juste le temps d’exposer son point de vue, mais ça il ne semblait pas le voir étant donné qu’il n’avait l’air de penser qu’à sa petite personne. Le pauvre. La blondinette en venait même à le plaindre de la savoir si imbu de lui-même. Elle l’observait, ne sachant trop quoi répondre, mais de toute façon, il se tâchait pour elle d’ouvrir la bouche et de parler. Non parce qu'il faut me prévenir, moi, je suis un sentimental. J'aurais sorti mes mouchoirs, et tout. La blondinette arquait un sourcil, continuant de l’observer. C’est qu’il était en train de se foutre de sa gueule en plus. En général, la belle était du genre à rire de tout et même, enfin surtout, d’elle, mais Cosmas de lui donnait pas spécialement envie de rire à ce moment-là. Elle avait simplement envie de lui envoyer une gifle en pleine figure. Elle se retenait sinon son papa allait entrer dans une colère noire et venir la traîner hors de cette maison pour l’enfermer dans un cachot, autrement dit sa jolie petite chambre, en lui criant que cela n’était pas digne d’elle de faire cela. Et justement, en parlant de votre éducation, voilà qu’il venait parler de celle de la demoiselle. Quelques mots venaient la titiller. Pardon, "votre majesté". Parlez en donc, de votre éducation, puisque vous semblez ne souhaiter que cela. Un rire amusé s’échapper d’entre ses lèvres. « Votre majesté ? Quel compliment. Je sais très bien que je suis la petite princesse de mon papa, mais je ne savais pas que tu me considérais déjà comme étant la tienne. » Sourire hypocrite, le reste de la conversation n’était pas plus fameux. C'est bon, t'as fini de faire ton intéressante ? Relevant la tête de quelques centimètres, Jaileen prenait un air supérieur. « Oui, j’ai terminé. Vous pouvez disposer. » Etrangement, un sourire amusé s’emparait des lèvres de la blonde avant que la conversation ne glisse sur la façon dont pouvait bien fonctionner tous les boutons qui se trouvaient devant eux. Il venait de faire marcher le tout avec tellement d’aisance, que je ne pouvais m’empêcher de lui demander de me montrer une toute nouvelle fois. T'aurais du regarder la première fois, t'es soûlante, là. Et bam, il se prenait un regard noir en plein dans la figure. Bon. Ouvre bien grand tes oreilles, en espérant que tu les aies correctement nettoyées. Là, c'est pour choisir ta salle. Tu verras que y'a autant de boutons que de salles. C'est pas une coïncidence, c'est logique. Bref. Je m'égare. Et là, c'est pour zoomer. Y'a le bouton zoomer, dézoomer ... Tu peux également choisir ton écran avec cette série de boutons par ici. Jaileen hochait la tête en signe d’approbation à chaque fois qu’il disait quelque chose. Capiche ? Hochant plus visiblement la tête pour dire oui, la jeune femme approchait ses doigts d’un bouton rouge. « Et celui-ci, il sert à quoi ? »