monroe

Si il y avait bien une chose qui m'avait manqué depuis tout ce temps, c'était bel et bien ce genre de gigantesques manèges. Je me souviens lorsque mon père m'y avait amené pour la première fois, j'y étais allée avec mon frère, et celui ci s'était mis à pleurer au milieu du parcours. Le pauvre. Il avait du faire demi tour, dans l'incapacité de continuer. Mes parents étaient pliés de rire. Remarquez je les comprenais, cette gigantesque attraction n'avait rien de bien machiavélique, du moins c'est ce qu'il me semblait. Parce que moi j'adorais ce genre de trucs, vous voyez, ce genre d'aventures. Alors du coup je m'étais placée devant, mains sur les hanches, jambes un peu écartée, genre pose de super héros quoi, sexy mais fort. Il ne manquait limite plus que le petit zoom sur mon visage, déterminée, sévère. Sauf que bon, j'avais toujours été plutôt embêtée pour ça, n'étant clairement pas une de celles qui pouvait intimider quelqu'un. Et d'ailleurs, en parlant de quelqu'un (enfin je ne parlais de personne en particulier jusqu'à maintenant, mais vous avez compris le principe, c'est histoire de pouvoir changer de sujet quoi) une jolie brune ne tardait pas à passer par là, s'arrêtant alors à mes côtés pour observer l'attraction de toute sa hauteur. « C'est cool. Ça a l'air trop drôle. On est faite pour s'entendre, tu n'crois pas ? Allez, la première qui arrive en haut aura le droit de se déclarer comme la gonz à battre, prête ? » la gonz, oui, tout à fait, quand je vous disais que j'aimais bien les mots swaggy. « Trois, deux, un... ah merde t'es déjà partie ! » en effet, ma camarade venait déjà de se lancer dans la course, tss, même pas le temps de placer mon vieux décompte en noir et blanc, avec la cible qui tourne et tout. Voilà que je m'élance à mon tour.

Je vis à Venice alors autant dire que Santa Monica Pier c'est un peu mon jardin. J'ai même gravé mon prénom sur l'un des sièges de la grande roue un jour. Toute une histoire délirante que je ne vous raconterez pas, elle vous ennuierait très certainement de toute façon. Tout ça pour dire que je suis folle de manèges, de sensations en tout genre. J'aime me faire peur, hurler, tout ça. J'ai été ravie d'ailleurs de voir qu'on avait droit à une réplique du ponton. J'ai l'impression d'être chez moi. Et comme j'ai l'impression d'être chez moi je n'y suis pas allée aujourd'hui. Non j'ai préféré marcher encore un peu, découvrir les lieux. J'irais à la jetée lorsque je ressentirait ce besoin de retrouver mes racines. Bien qu'il manque les types louches, les artistes tout ça, mais j'vais pas me la jouer trop difficile, c'est déjà pas mal. On est à L.A, ma ville alors que d'autres sont à des milliers de kilomètres de chez eux. En tout cas je marche sans vraiment regarder où je vais jusqu'à ce que je vois Brune, devant un truc super coloré. Je me rappelle de son prénom parce qu'on a déjà parlé via nos blogs tout ça, il est pas commun en plus et j'adore ses cheveux, elle a de beaux cheveux cette fille. Je m'arrête à sa hauteur assez curieuse quant à position. Mes yeux dévient sur ce qu'elle regarde. Un palais du rire. Intéressant. « C'est cool. Ça a l'air trop drôle. On est faite pour s'entendre, tu n'crois pas ? Allez, la première qui arrive en haut aura le droit de se déclarer comme la gonz à battre, prête ? » C'est vrai que ça à l'air drôle. Mon j'vois pas bien le rapport avec le fait qu'on est faite pour s'entendre mais ouais, j'crois aussi. Bon alors, la gonz à abattre déjà c'est moi, c'est sûr. « Vas-y j'suis prête. » Au taquet tout ça. Je me mets en position prête à courir. Et d'un coup je me dis que j'ai bien fait d'opter pour des ballerines ce matin. c'est très utile pour courir. « Trois, deux, un... ah merde t'es déjà partie ! » Et je suis partie telle une champion du monde de course que je ne suis pas. Non mais en fait c'est parce que j'ai calculé, on ne passera pas toutes les deux à la porte d'entrée. Trop étroite. « Bah alors, on se traîne derrière... » Je dis en riant et bien sûr je tourne la tête pour la regarder et là c'est le drame. Je me prends une vitre dans la tronche. Et bam, sur le cul. Oh bah merde. « Vitre, droit devant... » Ouais j'suis gentille moi je la préviens des obstacles. C'est pour ça que j'suis passé devant en fait. J'ai des airbags qu'elle a pas. Bon je me relève et comme elle arrive, je lui donne un petit coup de cul amicale, c'était pour éviter la vitre vous comprenez.

Vraiment, ce palais m'avait l'air drôlement cool. Petite, je m'étais dite que plus tard, je serai une princesse et que j'aurais justement un château tout à moi. Eh bien voilà. J'avais même la servante qui va avec. Hm. Enfin non. Vous croyez qu'elle accepterait ? Non, ça m'étonnerait. On peut toujours rêver. Putain j'ai faim. « Vas-y j'suis prête. » qu'elle me lâche avant de finalement commencer à courir. Eh ! C'est pas du jeu, franchement ! Du coup j'ai pris trois secondes de retard pour sûr que j'vais perdre. Bon, remarquez, je suis super bonne en course, enfin en endurance quoi. J'ai eu dix sur vingt en sport. Le plus beau jour de ma vie. La seule fois où j'ai eu au dessus de la moyenne. Enfin non, y'avait le tennis de table aussi, mais je ne suis pas sûre que ça compte. Remarquez, on se vante comme on peut, hm. « Bah alors, on se traîne derrière... » Je me mets donc à sa poursuite, courant à son arrière avant de finalement m'arrêter et crier « Attenti... » trop tard, elle ne tarde pas à se manger une vitre... Ou rebondir dessus. Je n'avais jamais vu quelqu'un se faire projeter de la même manière. Eh, j'devrais peut-être penser à me faire poser des implants, ça peut m'être utile ?! « Vitre, droit devant... » qu'elle m'indique comme si ce n'était pas évident. Je la remercie, l'air sérieux, vous savez, genre comme une fille super concentrée. Limite y'a le bandeau qui apparait autour de mon crâne, passant sur mon front, comme les sportifs. Elle me donne un coup de fesses, j'échappe finalement un rire avant de passer la porte d'entrée comme une handicapée, les mains devant moi histoire de rien me manger. On dirait un aveugle qui cherche le passage piétons. « Tu crois que si on en vient à être défigurées, c'est la prod' qui paie le chirurgien ? » sait-on jamais. J'arrive à dans un espèce d'enclos avec des boules, eeeeeeeet... « AAAAAHHHH ! » et c'est la chute, hm. « Quelque chose m'a chopé le pied ! QUELQUE CHOSE M'A CHOPÉ LE PIED ! FAIS GAFFE ! FAIS COMME SPIDERMAN, LONGE LES MURS ! Y'A UN PERVERS LÀ DESSOUS ! » que je gémi de ma voix stridente.

J'suis pas un tricheuse, non si j'pars avant c'est que j'avais senti qu'elle était forte en course, elle n'aurait pas proposé de faire la course sinon c'est calculé tout ça. Et comme je ne veux pas me prendre la raclée du siècle je suis obligée de prendre de l'avance. Voilà. C'est tout. C'est pas parce que je triche, parce que je ne triche jamais. Bon peut être que ça m'est arrivé une fois ou deux mais c'était totalement involontaire. D'ailleurs, je me fais toujours punir, un peu comme là parce que je me prends une vitre. Elle a bien essayé de me prévenir parce que ça se voit qu'elle est sympa Brune mais j'étais élancée et vlan, dans la gueule. Encore heureux que j'ai été amorti dans ma chute, je vous explique pas la catastrophe sinon. Bon certes elle m'a prévenue mais du coup moi je suis obligée de la prévenir à nouveau des fois qu'elle ait oublié. C'est vrai que c'est moi qui vient de me cogner mais bon on sait jamais. Du coup elle me rattrape, normal il a fallut que je me relève. Mais comme je suis encore sous le choc bah je la bouscule, en tout bien tout honneur bien sûr. D'ailleurs j'imite sa tactique des mains en avant, on a l'air con mais c'est plus dangereux. C'est qu'elle a là dedans la petite brunette aux mèches blondes, on aurait pu croire que ça lui avait atteint le cerveau mais pas totalement. « Tu crois que si on en vient à être défigurées, c'est la prod' qui paie le chirurgien ? » Hum, c'est une question qui mérite réflexion. « Attends y'a intérêt, blessure de guerre c'est à la charge de l'état. En plus, je songeais à me refaire un peu le nez... » J'ai une petite bosse sur le nez. Un sale coup quand j'étais petite, tout ça à cause d'une petite triche, quand je vous disais que j'étais toujours punie. Et là c'est Brune qui tombe. Elle hurle. Et par solidarité, je hurle avec elle. Logique. « Quelque chose m'a chopé le pied ! QUELQUE CHOSE M'A CHOPÉ LE PIED ! FAIS GAFFE ! FAIS COMME SPIDERMAN, LONGE LES MURS ! Y'A UN PERVERS LÀ DESSOUS ! » Je lui attrape la main pour l'aider quand même. Je ne peux pas la laisser aux prises d'un pervers. « VITE COURS, VIENS, ON EST PLUS FORTE, ALLEZ, COURS JE TE DIS ! » Je la tire et je cours à toute vitesse. « Allez viens, on est des warriors, on y va à deux et si on ressort vivante, on sera toutes les deux les reines du nid et tout le monde devra se prosterner devant nous et... » Et là y'a un trou, un trou béant, bon c'est pas grand chose, juste des boules, encore heureux, j'ai juste loupé la marche. « JE ME NOIE, AU SECOURS ! Ah non mais ça crie pas au secours une Warrior. » Merde. J'suis conne moi des fois. « SAUTE ! » Ouais je crie encore, parce que quand on est au bord de la mort ça à plus d'impact.

Je ne savais pas vraiment dans quoi je m'embarquais à vrai dire. Je me souvenais encore de la première fois où j'étais montée dans un palais du rire. Et je me demandais clairement si cela allait avoir le même effet sur moi une fois l'enfance passée. Oui, j'étais maintenant une adulte et semblais pourtant autant m'amuser là dedans. Certainement que cela me faisait retomber dans un passé pas si lointain. « Attends y'a intérêt, blessure de guerre c'est à la charge de l'état. En plus, je songeais à me refaire un peu le nez... » j'approuve les paroles de ma coéquipière. « Il est canon ton nez pourtant. Moi j'sais pas si je demanderais un truc nouveau, j'crois que je reviendrais simplement à mon ancien visage, avant la casse quoi, parce que y'a rien d'mieux que le naturel. Bon, ce sera un peu un sculpteur qui me faudra mais voilà quoi. » ouais, bon, c'était presque impossible de revenir à son état naturel une fois le mal fait, mais l'espoir faisait vivre. Et puis de toute façon, pas le temps de débattre puisque je me faisais aspirer par un trou géant. Mon dieu. Et je pouvais jurer qu'on essayait de me chopper le pied. Ou alors peut-être était ce simplement deux boules qui me serraient la cheville, allez savoir. « VITE COURS, VIENS, ON EST PLUS FORTE, ALLEZ, COURS JE TE DIS ! » elle a raison ! Le problème c'est qu'une fois dans les boules, c'est plutôt difficile de bouger. Du coup je me lance à grandes enjambées, mouvement de bras totalement exagérés pour tenter de me sortir de là. « Allez viens, on est des warriors, on y va à deux et si on ressort vivante, on sera toutes les deux les reines du nid et tout le monde devra se prosterner devant nous et... » et la voilà qui tombe à mes côtés. Ah et bien voilà, on va mourir, c'est la fin. « JE ME NOIE, AU SECOURS ! Ah non mais ça crie pas au secours une Warrior. » « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vien... Non, c'est pas vraiment le moment de prier. » ouais parce que j'suis entrain de me laisser étouffer par les boules là. « SAUTE ! » du coup, j'essaie de sauter pour rejoindre la surface, réussissant bientôt à franchir cette étape, rejoignant de nouveau la terre ferme. « OHMYGAD J'SUIS TROP FORTE ! ALLEZ VIENS. » aucune raison de crier, je crois juste qu'on appelle ça excitation. Du coup je continue et voilà que j'arrive à un espèce de passage où il faut se glisser entre des rouleaux. Il y a des endroits plus minces et d'autres plus épais. Je me dirige donc vers le plus petit, pensant que c'est le bon chemin, sauf que voilà, alors que je me glisse entre les deux rouleaux, mon postérieur se voit bloqué entre ceux ci. « Oh, j'vais mourir là, bloquée. Et j'crois que c'est la mort la plus conne jamais diffusée à la télévision. Tu raconteras à mes petits enfants que je suis morte en heros, et que j'étais belle comme le jour. » voilà, adieu. Je relâche mes muscles, tragique.