sun-hi
Comme tout le monde, Valeri découvrait les lieux. Comme tout le monde, Valeri se perdait dans les innombrables pièces. Comme tout le monde, Valeri apprenait à faire connaissance avec les autres. Ou tout du moins, essayer. Comme pour tout le monde, cela avait un arrière-goût de nouveauté. Ce petit goût acidulé qui vous reste au fond de la bouche, pendant des semaines. Au fond, Valeri était un candidat comme un autre. Il était banal. Il ne savait juste pas très bien parler anglais, mais soit. Il avait avec lui un Becherel pour palier ses lacunes en la matière. Après tout, ce n’était qu’un détail parmi tant d’autres. Un détail auquel personne ne fera attention certainement. Oui, voilà. Personne ne s’interrogera sur son origine, sur son pays natal, sur ce qui l’est. Oui. Voilà. Personne ne lui posera de questions. Ou tout du moins, pas à ce sujet. Qu’importe. Valeri était sorti de ce qui ressemblait à une vague maison, mais qui ne l’était pas réellement… enfin l’endroit où il y avait une cuisine, des chambres, une salle de bain, des toilettes, ça s’appelait bien une maison, n’est-ce pas ? Oui. Valeri va appeler cela comme ça pour le moment. Sous ce soleil, bien trop chaleureux pour lui, il s’aventura à l’extérieur jusqu’à se retrouver dans un jardin. Il ne savait pas trop comment il s’était débrouillé pour s’y retrouver, ni par quel chemin il s’y était rendu, mais il y était. Instinctivement, sa main vint tâtonner la poche de son short. Juste pour confirmer qu’il n’avait pas oublié sa Ventoline dans sa chambre. Il n’avait terriblement pas envie de faire demi-tour, et voulait par-dessus tout profiter de l’endroit, de la verdure. En compagnie de celle qui était sa plus fidèle compagnonne depuis de nombreuses années, Valeri s’aventura dans les lieux. Suivant sagement les tracés en terre battue. Il ne savait pas vraiment où tout cela le menait, mais il verra bien. Il ne s’attardait pas à observer en détail chaque végétation qui l’entourait. Certainement parce qu’il n’y connaissait rien en fleurs, en plantes, en arbres. Il n’a jamais eu la main très verte. Son regard s’attarda sur une silhouette, non loin de lui. Une jeune fille, assise, au bord d’un court d’eau. Elle devait très certainement être l’une de candidates de la saison, mais… laquelle ? Elle était brune. Il pouvait donc éliminer toutes les blondes. Il restait donc… Choubaka, et les autres. Valeri et sa mémoire. Toute une histoire. Il s’approcha alors de cette jeune fille, sans faire de bruit. Sûrement pour ne pas lui faire peur. Ce serait tellement dommage qu’elle prenne peur et qu’elle s’en aille en courant. Arrivé à sa hauteur, il s’assit à ses côtés, déposant alors son regard sur ce visage qui s’offrait à lui. « Salut ! » souffla-t-il joyeusement. Un sourire se dessina aussitôt sur ses lèvres. « Je ne sais pas trop si tu voulais de la compagnie… enfin disons que maintenant, c’est un peu trop tard pour ton instant de solitude. ».

LA. Et son soleil, et ses températures chaudes. Cela me change de Londres, ou j’ai le plus souvent droit à un temps de chien. Je doute que si je me trouvais en Angleterre là, je serais en train de marcher dehors en mini short et petit haut à manche courtes. Probablement pas. Mais ici oui. C’est agréable. Lunette de soleil sur le nez, je marche dans les petites allées sans réel but. Juste découvrir, profiter de chaque recoin du nid. Ne rien manquer. J’arrive dans un espace vert. Ce qui ressemble à un grand jardin. Avec des plantes partout, des fleurs…On est en communion avec la nature ici. J’adore. J’avance un peu, et tombe sur une petite étendu d’eau, avec un ponton. Je m’installe sur une des pierres, proche de l’eau. J’ôte mes chaussures, et ose même mettre les pieds dans l’eau. Ça rafraichit. Dans le plus grand silence, je profite simplement de la beauté des lieux. Je n’entends pas un candidat s’approcher. Encore moins lorsqu’il s’installe à ma gauche. Faut dire que mon attention est portée sur des petits oiseaux dans un arbre. Je n’entends pas non plus lorsqu’il me salut. Alors qu’elle ne fut pas ma surprise, lorsque soudainement, je vois une présence à mes côtés. Je sursaute légèrement, et pose finalement ma main sur mon cœur. Il a dit quelque chose, mais je n’ai pas saisi non plus. Faut dire que je suis à moitié sourde, et il est clairement du mauvais côté de ma personne. Les gens ont souvent le chic pour me surprendre comme ça, je déteste ça. « Un peu plus et je faisais un plongeon dans cet étang ! Ce n’est pas bien de surprendre les filles comme ça tu sais. » Alors qu’en plus il n’a surement pas voulu me faire peur. Je souris de toute façon. « A qui dois-je l’honneur pour cette frayeur ? » Autrement dit, quel est donc son petit prénom ? Que je mette un nom sur son visage.

Il faisait chaud ici. Trop chaud. Vraiment trop chaud. Valeri n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait. Peut-être en Afrique. Après tout, il fait chaud là-bas, non ? Oui, voilà. La production a dû l’envoyer en Afrique. Afrique du Sud, ou un truc comme ça. Qu’importe, il faisait chaud. Et ce changement de température ne lui plaisait guère. Entre le froid français et cette chaleur quasi-étouffante, le changement de climat était total. Il espérait juste pouvoir s’adapter à cette température, à cet air bien trop chaud et bien trop étouffante. C’en était peut-être un peu trop pour son organisme. Enfin. Heureusement qu’il avait sa Ventoline avec lui. Il avait finalement trouvé refuge dans ce grand jardin. Il faisait bon vivre ici. L’air était enfin agréable et respirable. Son éphémère balade prit fin lorsqu’il aperçut au bord de l’eau une jeune fille. Il n’hésita pas d’ailleurs à l’accoster en prononçant quelques mots. Elle voulait peut-être rester seule, enfin, il était trop tard. Valeri était là. Son moment de solitude venait alors de prendre fin à l’arrivée du garçon. Il lui lança un regard, alors qu’elle lui disait avoir été effrayé. Il fronça légèrement les sourcils, elle exagérait un peu quand même, n’est-ce pas ? Les filles exagèrent tout le temps, de toute façon. « Il faut avouer que pendant un moment, j’ai hésité à te pousser dans l’eau… mais je me suis dit que je n’avais pas spécialement envie de me faire une ennemie… » souffla-t-il avant d’émettre un rire. Il aurait très bien pu la pousser dans l’eau, en y réfléchissant, il n’était pas trop tard pour le faire. Finalement, cette jeune fille lui demanda alors son prénom. « Valeri ! ». A vrai dire, il aurait très bien pu lui dire qu’il s’appelait Pierre, Martin, Raoul ou Mouloud, elle le croirait très certainement. « Et comment se prénomme celle à qui j’ai fait peur, involontairement ? ». Il scanda doucement ce dernier mot, comme pour vouloir appuyer dessus. Si elle avait eu peur, ce n’était pas de sa faute. Ou tout du moins, il ne l’avait pas voulu. Il avait juste voulu se montrer sympathique en l’abordant gentiment, lui.

Moi exagérer ? Pas du tout. Il m’a surpris, il m’a surpris, je n’y peux rien. Bon d’accord, de là à tomber dans l’eau, peut être pas… Mais chut. « Il faut avouer que pendant un moment, j’ai hésité à te pousser dans l’eau… mais je me suis dit que je n’avais pas spécialement envie de me faire une ennemie… » Non mais dites donc, j’espère qu’il plaisante. Cela n’aurait pas été très sympa. A la limite c’est ce qu’on se fait entre potes. Mais pour une première rencontre…Pas la meilleure initiative qui soit. Surtout que dans mon cas il vaut mieux que j’évite l’eau. « Tu as bien eu raison de t’abstenir, sinon tu aurais dû avoir à subir mon courroux éternel. » Rien que ça. « Et je peux être très effrayante quand je veux, si si » On croirait pas comme ça là hein, mais je peux être impressionnante, tout à fait. Certes, j’ai plutôt la tête d’une fille à qui on donnerait le bon dieu sans confessions, c’est vrai. Mais n’empêche, il vaut mieux quand même ne pas réveiller la bête, parce que je peux être terrible quand je le veux. Juste que c’est très rare qu’on arrive à réellement m’énerver. « Mais si ça ne t’a pas convaincu encore, et que tu envisagerais toujours de m’y jeter…Sache que tu me devras des milliers de livres pour avoir endommagé mon appareil auditif » Alors là, il est obligé d’être convaincu de ne pas faire de bêtises. Puis bon c’est quand même la vérité. Il se présente alors comment étant Valeri. « Valeri…C’est français ? » En tout cas, au vu de son accent, il n’est définitivement pas anglophone. « Sun-Hi pour ma part. »

Ca aurait été plaisant à voir, n’est-ce pas ? Un garçon qui pousse une personne à l’eau. C’est toujours drôle. Les gens trouvent toujours ça drôle, alors oui, ça ferait rire les téléspectateurs. Mais soit. Valeri ne le ferait pas. Très certainement, parce qu’il allait devoir vivre avec cette jeune fille, au sein de ce nid, et qu’il n’avait pas spécialement envie de se faire une ennemie dès la première semaine. Après cette première semaine d’adaptation, il aura tout le temps qu’il voudra pour se faire détester. Mais pas là. Pas maintenant. C’était trop tôt pour cela. Cette jeune fille lui fit donc remarquer qu’il avait bien fait de ne pas l’avoir poussé dans l’eau. Autrement, il aurait dû subir son courroux éternel. Son courroux ? Ca devait être un pouvoir magique dont seuls les asiatiques en avaient le secret, certainement. « Et là, je suis censé avoir peur ? » reprit-il, dessinant un bref sourire sur ses lèvres. Il devait certainement prendre les paroles de cette jeune fille pour des menaces, pour une tentative vaine d’intimidation. Avoir peur d’une fille, quelle étrange idée. Il ne prit guère au sérieux les quelques mots dictés par cette asiatique. Il se tourna vivement vers elle, lorsqu’elle reprit la parole. Elle l’avait très bien remarqué que Valeri était tout sauf intimidé et peu convaincu par ce qu’elle lui avait dit, quelques minutes auparavant. Non, il trouvait ça plutôt drôle lui. C’est alors qu’elle se mit à parler de livres. De milliers de livres ? Il fronça doucement les sourcils, avant de prendre finalement la parole. « Il doit bien il y en avoir assez dans la bibliothèque, des livres… » souffla-t-il, rieur. A moins que ce ne soit pas de ces livres-là qu’elle mentionnait dans ses paroles. Elle lui parla alors d’un appareil auditif. Un appareil… auditif ? Valeri n’était pas si idiot que cela, il savait ce que c’était. L’une de ses grands-mères en portait un. « Ah… » reprit-il dans un petit murmure, se sentant alors quelque peu idiot. « T’es… t’es sourde donc ? ». Si elle en portait un, il y avait bien une raison. A moins que ce soit le dernier objet tendance à la mode chez les femmes. Valeri finit par lui dévoiler son identité. Il n’y avait rien d’intéressant dans ces propos. C’était juste un prénom. Il fronça légèrement les sourcils, lorsqu’elle lui demanda si son prénom était… français. « Je doute que ça fasse plaisir à mes vieux d’entendre ça. » souffla-t-il. Et heureusement qu’ils n’avaient pas entendu ces paroles, ils se seraient énervés à un point, qu’ils sortiraient de leur ferme, la fourche à la main. Enfin, peut-être pas finalement… Valeri n’avait rien de français, encore moins son accent. Il avait beau dire qu’il habitait en France, son accent de l’Europe de l’Est, cet accent aux senteurs communistes, le trahissait si rapidement. « Sun-Hi ? Ca en tout cas, ce n’est pas du tout français comme prénom… » lui fit-il remarquer. « C’est chinois, non ? ».

« Et là, je suis censé avoir peur ? » Oh il joue les mecs peu impressionnables. Il rigolera moins quand il aura à subir mes foudres. Enfin seulement s’il fait quelque chose pour le mériter. Pour l’instant ça va, aucun indicent fâcheux à déplorer. Tant que ça reste ainsi. « Pourquoi, je ne suis pas effrayante ? Moi qui pensais t’impressionner. » Tu parles. Non mais de toute façon, c’est mieux qu’il ne se méfie pas, comme ça il ne saura pas ce qui lui tombe dessus. Mais puisque l’intimidation ne marchait pas à l’évidence, je mets un autre fait en avant, mon appareil auditif qu’il ne faudrait pas abimer. C’est que ce n’est pas donné ces conneries. Alors il faudrait être bien cruel pour me pousser dans l’eau maintenant non ? « Il doit bien il y en avoir assez dans la bibliothèque, des livres… » Je me demande si c’est une blague, ou si il croit réellement que je parlais de bouquins. Après tout il n’est pas anglais, alors peut être ne connait il pas cette monnaie. « Oh en les troquant contre de l’argent, peut être que ça peut se faire… » Encore faut il qu’ils aient de la valeur. « Mais je parlais de livres sterling. La monnaie en Angleterre. » Cela lui parle plus là peut être ? En tout cas il en conclut que je dois avoir des problèmes auditifs, me demandant si je suis sourde. « Seulement de l’oreille gauche…Pour l’instant. » Qu’une question de temps avant que l’autre ne suivre et ne me plonge dans le silence total. « Mais ne t’inquiètes pas, j’entends parfaitement tes âneries. » Que j’ajoute dans un sourire. Pour dédramatiser la chose. Je n’ai certainement pas envie de plomber l’ambiance, ce n’est pas le but. En attendant je m’interroge sur l’origine de son prénom. J’évoque la France, mais c’est une erreur apparemment. « Je doute que ça fasse plaisir à mes vieux d’entendre ça. » Et c’est tout ce qu’il dit. Me laissant tout autant dans l’inconnue que tout à l’heure. A la réflexion, c’est vrai qu’il n’a pas tellement l’accent des français. Mais son nom avait l’air de sonner français… Alors réfléchissons, mais je risque de faire encore une erreur. « Russie ? » J’ai bon ? Je chauffe ? « Tes vieux vont se retourner dans leurs lits ? » Parce que je me suis encore trompée ? Il cherche ensuite l’origine du mien. Evidemment il opte pour la Chine. T’as une tronche d’asiatique ? C’est que tu dois être chinois. Rhalala, il y a d’autres pays en Asie. « Coréen. Mais j’habite en Angleterre. »

Il ignorait s’il devait la prendre au sérieuse ou non, mais Valeri préféra opter pour la seconde option. Clairement, non. Il n’avait pas peur d’elle, et ce, même si elle était sérieuse dans ses propos. Le jeune homme secoua légèrement la tête lorsqu’elle lui demanda si c’était parce qu’elle n’était pas effrayante. Clairement, cela était une raison première à cette non-crainte de la part de Valeri. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Elle pensait l’impressionner. Pour cette fois-ci, c’était loupé, mais « peut-être une prochaine fois ! » souffla-t-il alors. Oui, voilà. Peut-être qu’une prochaine fois, elle l’impressionnera. Mais cela, ce n’était pas dit. Il ne savait pas malgré tout de quoi cette fille était capable. Du meilleur comme du pire, certainement. Il ne savait pas. Après tout, cela ne faisait que quelques minutes qu’il la connaissait, alors il n’allait pas pronostiquer sur ses chances d’être impressionné ou non par cette asiatique. Elle mit alors à parler de milliers de livres. Il fit aussitôt un rapprochement avec la bibliothèque. Livres, bibliothèque, la logique était si simple et candide. Il fronça alors doucement les sourcils, se demandant alors si ce n’était pas de d’autres livres. Peut-être n’était-ce pas ce à quoi il pensait. Ca ne devait clairement pas être cela. Il hocha alors la tête lorsqu’elle lui évoqua alors les livres sterling… « Oui, forcément… j’voulais juste… » il se tut alors. Il voulait juste faire une petite blague, un peu nulle certes. Elle lui avoua finalement porter un appareil auditif. Rapidement, Valeri en conclut donc qu’elle était sourde, ou tout du moins, qu’elle avait un problème d’audition. Il n’avait même pas besoin de faire d’études ou d’avoir été à l’école pour faire cette déduction. Enfin, elle n’était pas totalement sourde. Tout du moins, c’était ce qu’elle était entrain de lui dire. Elle n’était sourde que d’une oreille. De l’oreille gauche. Forcément, il s’était installé à sa gauche… « Donc, je peux dire tout ce que je veux, t’entends pas là ? » souffla-t-il alors, dans un petit murmure. Il finit rapidement cette nouvelle déduction. Déduction qui semblait cette fois-ci fausse, puisqu’elle lui avoua qu’elle entendait quand même les âneries qu’il pouvait dire. Un air faussement outré et très théâtralisé se peignit sur son visage, à l’image de ces mimes expressifs que l’on pouvait voir au détour d’un cinéma muet, ou dans une rue. « Voyons, ce n’est franchement pas mon genre de dire des âneries ! » reprit-il, amusé. Des âneries, c’était d’ailleurs plutôt elle qui en disait. A vouloir lui coller l’étiquette de l’origine française sur son prénom. Chose qu’il réfuta aussitôt, alors elle tenta une nouvelle fois. Russe, avait-elle dit. Il dessina une petite moue du visage, alors qu’elle lui demandait si ses parents n’allaient pas se retourner dans leur lit. « Presque ça ! Je suis biélorusse. Mais je dois t’avouer que ça fait quelques temps que j’habite en France… » reprit-il alors. Il s’interrogea alors à son tour sur son origine. Chinoise, n’est-ce pas ? Elle avait les yeux bridés, et la même couleur de peau. Pas de chance, c’était coréen. « Coréen, ou chinois… c’est un peu la même chose, de toute façon, c’est porté par des personnes avec des yeux bridés ! », alors il n’était pas dans le faux à cent pour cent.

« peut-être une prochaine fois ! » Oui, ou peut être jamais. De toute façon, je ne recherche pas à effrayer les gens. En plus je travaille avec des enfants, alors encore heureux que je ne fais pas peur…Quoi que, c’est plutôt travaillait, et justement, c’est ce qu’on m’a reproché. Enfin peut importe. Au sujet des livres, je n’étais pas sur que ça soit une blague. Je me méfie par ici, avec Rhys par exemple qui pensait que j’avais perdu mon pantalon, quand je portais tout simplement une robe… On parle ensuite de mon handicap. Enfin je n’aime pas voir ça comme ça. Et oui, évidemment, monsieur s’est installé du mauvais côté de ma personne. Du coup je suis constamment obligée de me tourner vers lui, sinon je risque de louper un de ses propos. « Donc, je peux dire tout ce que je veux, t’entends pas là ? » Je suppose qu’il a dit ça de manière très faible, parce que non je n’ai pas entendu. En revanche j’ai compris. Le petit saligaud. « Je lis sur les lèvres aussi. » dis je dans un petit sourire. Donc ouais, qu’il ne s’inquiète pas, je saisi toutes ses âneries. Il noue la joue exagérément outré, comme si c’était son genre de dire des bêtises. « J’anticipe pour les prochaines à venir. » Bon, maintenant que ça a été dit… Cela m’arrangerait quand même qu’on change de place. Mais comme il n’a pas l’air de vouloir le faire tout seul, c’est à moi de m’exécuter. « Je serais quand même plus à l’aise là. » dis je en me levant, et en m’asseyant de l’autre côté de sa personne. Bien. Où en étions-nous ? A oui, ses origines. Je fais une nouvelle tentative, russe ? « Presque ça ! Je suis biélorusse. Mais je dois t’avouer que ça fait quelques temps que j’habite en France… » Ah je n’étais pas loin donc. J’avais la moitié du nom. Et puis en Biélorussie on parle russe. « Quelques temps, c’est beaucoup ? Tu as de la famille en Biélorussie ? » Excusez moi d’être curieuse. De mon côté, je lui confie être coréenne, et non chinoise. « Coréen, ou chinois… c’est un peu la même chose, de toute façon, c’est porté par des personnes avec des yeux bridés ! » J’écarquille les yeux en entendant ça. Non, il ne vient pas de dire ça, si ? Quand je parlais d’âneries…et bien on est en plein dedans là. Si ça passe à la télé, beaucoup de personnes doivent être en train de crier derrière leur téléviseur. Il se rend compte de l’énormité qu’il vient de sortir là ou comment ça se passe ? « Ah bah dans ce cas, si je suis ta logique, français, biélorusse, irlandais, américain… c’est un peu la même chose, c’est porté par des personnes blanches aux yeux non bridés ! » Pas sur que ses vieux apprécieraient n’est ce pas ?

Comme si Valeri disait des âneries. Ce n’était franchement pas son genre. Il s’amusait juste, c’est tout. Il ne se prenait rarement au sérieux. Se prendre au sérieux, c’était quelque peu prise de tête, cela n’est-ce pas ? Enfin, vous ne trouvez pas vous ? C’est tellement plus simple de prendre les choses comme un pur amusement. Elle jugeait donc qu’il disait des âneries. Elle avait certainement juste pris en considération la blague (si on pouvait nommer cela comme telle) au sujet des livres. Valeri prit des airs, un peu trop exagérés certainement, outrés. Evidemment qu’il ne disait pas de bêtises. Il n’en disait jamais. Il plissa légèrement le nez lorsqu’elle lui dit qu’elle anticiperait les prochaines. Si prochaines, il y aurait. Pourtant, elle semblait si certaine d’elle, si sûre d’elle à ce sujet. Il observa quelques secondes, la voyant se relever. Il arqua un sourcil, un peu intrigué. Elle n’allait pas partir quand même ? Non, de toute façon, elle n’a pas le droit. Elle n’avait pas le droit de partir et de le laisser tout seul, comme ça. Elle finit par s’asseoir de l’autre côté, décrétant que ce sera mieux ainsi. Ah… oui, mince. Son appareil auditif. « Ah… oui… évidemment, ce sera peut-être mieux comme ça… » souffla-t-il un peu idiotement. Ils en revinrent rapidement aux origines de Valeri. Après lui avoir donné la nationalité française, ce fut la nationalité russe. Elle y était presque de toute façon, en quelque sorte. Russe, biélorusse. Il avoua malgré tout habiter à Paris, depuis quelques temps. Depuis un temps. Pas très longtemps, certes. D’ailleurs, Sun-Hi ne manqua pas à l’interroger à ce sujet. « Trois ans, à peu près. » finit-il par répondre, avant de marquer une brève pause. S’il avait de la famille en Biélorussie ? Evidemment. Papa, maman, la petite sœur, les grands-pères, les oncles et les tantes ringards, ils habitaient tous là-bas. « Oui. » dit-il très brièvement. Il n’allait quand même pas lui raconter ses histoires familiales. Quant à elle, elle n’était pas chinoise, mais coréenne. Pour lui, ça revenait un peu au même. Ils étaient tous asiatiques, ils se ressemblaient tous. A croire qu’ils étaient tous des clones. La remarque de Valeri ne manqua pas à faire vivement réagir la jeune fille qui se tenait à ses côtés. Il fronça doucement les sourcils, avant d’agiter la tête. Evidemment que non. Non. Un français n’était pas comme un russe, à part si on s’appelait Gérard Depardieu, mais à ce que je sache, il n’y en a qu’un sur notre douce planète. Un français n’était encore moins un biélorusse. « Eh ! Je disais ça pour rigoler, hein ! Mais je dois t’avouer que j’ai un peu de mal à faire la différence entre un chinois, un coréen et un japonais. ». Il doit bien il y avoir un truc pour les différencier n’est-ce pas ? Il faut dire que Valeri n’en avait pas rencontré beaucoup dans sa vie. Certes, depuis qu’il était à Paris, il croisait de temps en temps quelques touristes asiatiques, des chinois… ou peut-être des japonais, finalement. Il les rencontrait au détour d’une rue, d’une place, lorsqu’il se donnait en spectacle. En fait, jamais, il n’avait parlé à un asiatique… c’était la première fois. Sa première conversation avec une asiatique. Pour une première fois, elle n’avait rien d’extasiant et encore moins de jouissant. « Donc, tu habites en Angleterre, toi ? Tu y vis pour ton travail, je suppose, non ? » lui demanda-t-il alors.

Non non je ne compte pas m’en aller, juste changer de place, pas d’inquiétudes. « Ah… oui… évidemment, ce sera peut-être mieux comme ça… » Bah oui quand même. Plus pratique. Bon et sinon, depuis combien de temps Valeri habite t’il en France ? Trois ans. C’est plutôt récent quand même. Je ne sais pas quel âge il a aujourd’hui exactement, mais il devait surement être déjà majeur en débarquant dans le pays. Je lui demande alors s’il a de la famille en Biélorussie. J’ai le droit à un simple oui. Et bien on ne peut pas dire qu’il soit un grand bavard. « Et pourquoi t’es venu en France ? Pour les études ? Une petite amie ? » Va-t-il me fournir une réponse de plus de deux mots ? Telle est la question. J’espère. Puis bon ce n’est pas comme si je lui demandais quelque chose d’extraordinaire. C’est en somme tout à fait banal. Et sinon selon lui, un chinois, un coréen, un japonais…c’est du pareil au même. J’en connais un paquet qui ne seraient pas d’accord. Et à l’évidence lui non plus ça ne le plaisait pas mettre dans le même sac son pays et un autre, alors. « Eh ! Je disais ça pour rigoler, hein ! Mais je dois t’avouer que j’ai un peu de mal à faire la différence entre un chinois, un coréen et un japonais. » Bah normal. « Je ne suis pas plus douée que toi tu sais. » Que je lui avoue. « Comme je ne saurais non plus différencier un français d’un anglais juste à sa tête par exemple » Moi non plus je ne sais pas différencier un chinois d’un japonais. Sauf s’il parle dans sa langue maternelle. Là je pense que je pourrais les distinguer. Mais encore pas sur. « Donc, tu habites en Angleterre, toi ? Tu y vis pour ton travail, je suppose, non ? » Pourquoi je serais là pour le boulot ? Ah oui forcément il doit penser que je viens de Corée… Pourtant mon accent n’a rien d’étranger, pur accent british. « Non… Pour tout t’avouer, je n’ai d’exotique que mon prénom et mon physique. » Et oui l’arnaque. « Je suis anglaise, et pour autant que je sache, j’ai toujours vécu en Angleterre. » J’y suis vraisemblablement née aussi, mais ça, ça reste à prouver. « J’ai été adoptée par un couple d’anglais. »