Elle semblait bien curieuse quand même. Enfin, Valeri la trouvait comme telle. Peut-être un peu trop curieuse, selon lui. Alors, il évoqua vaguement son arrivée à Paris. Il y a de cela trois ans, cette date n’était pas si précise que cela. A vrai dire, il ne savait plus exactement quand il était arrivé à Paris. Un jour, certes. Il y a de cela quelques maigres années. Il devait avoir vingt ans, ou presque vingt ans. Cela faisait donc trois ans, ou un peu plus. Mais ce détail n’était pas si important que cela. S’en suivent alors des interrogations sur sa famille. Etait-elle encore en Biélorussie. La réponse semblait si évidente pour lui. Evidemment qu’ils habitaient en Biélorussie. Il plissa légèrement les yeux lorsqu’elle le questionna sur les raisons de sa venue en France. Pour ses études ? Clairement, non. Valeri avait arrêté l’école le plus tôt possible, tout simplement parce que ça ne l’intéressait pas d’apprendre et de rester des journées entières assis sur une chaise à écouter parler un professeur. Pour une petite-amie ? Cette hypothèse finit doucement sourire le jeune homme. Une petite-amie ? En avait-il eu une concrètement dans sa jeune vie ? Sûrement… enfin, des histoires éphémères, des histoires sans lendemain, il en avait. Mais pouvait-il appeler ces filles-là des petites-amies ? Non. « Ni l’un, ni l’autre… » souffla-t-il doucement. Il se doutait bien que Sun-Hi ne se contenterait pas de cette pauvre réponse. Sûrement parce qu’elle semblait être curieuse, très curieuse. Peut-être un peu trop. « J’avais envie de voyager un peu, de changer d’air. » réprit-il alors. Envie de voyager, de changer d’air. Ca allait lui plaire comme réponse à Sun-Hi, non ? Il ne pouvait pas faire plus simple comme réponde, de toute façon. Il n’allait pas rentrer dans les détails. Les détails, c’était ennuyeux ça. Enfin, Valeri les trouvait ennuyeux. Surtout les détails de sa vie. Après ça, ils continuèrent à converser au sujet des origines asiatiques de la jeune femme. De toute façon, un chinois, un coréen, un japonais, il ne ferait pas vraiment la différence. D’ailleurs, elle non plus ne savait pas. Il fronça légèrement les sourcils, il ne savait pas si cette confidence était bonne à prendre ou non. Si elle non plus ne savait pas, alors qui savait faire la différence ? Après tout, elle était d’origine coréenne, donc elle devait forcément savoir… tout du moins, dans la logique du biélorusse. Ainsi, elle lui avoua qu’elle ne savait pas non plus faire la différence entre un français et un anglais ? Facile. L’un tient une baguette dans les mains et l’autre une tasse de thé. A l’évocation de cette pensée, Valeri préférait se taire. Pour la simple raison qu’il finirait par lui donner raison : il raconte des âneries. Il la questionna à son tour sur ses raisons de sa venue en Angleterre. Elle ne perdit pas de temps pour lui répondre. Ainsi, elle n’avait que de coréen son prénom et son physique… Bon, d’accord. Il cligna des yeux, avant de finalement baisser le regard sur le petit cours d’eau qui s’offrait à eux. Elle était anglaise et avait toujours vécu là-bas. Là-bas, en Angleterre. Ah, d’accord. Valeri se contenta d’un léger hochement de tête, avant finalement de tourner la tête vers l’asiatique qui se trouvait à ses côtés. Elle avait été adoptée. Elle avait sûrement été abandonnée à la naissance, enfin, c’était l’hypothèse que Valeri venait de se faire lorsqu’elle évoqua son adoption. Mais encore une fois, il avait préféré se taire. Sûrement pour ne pas dire d’ânerie une nouvelle fois. « Ah d’accord… » souffla-t-il dans un petit murmure. « Et tu fais quoi dans ta vie, sinon ? ». Il l’interrogeait à présent sur sa vie, sur ce qu’elle faisait. Elle était peut-être étudiante, ou fonctionnaire, ou peut-être secrétaire.

Je cherche à en apprendre un peu plus sur sa venue en France. On est en droit de se demander ce qui peut pousser un jeune homme à quitter son pays natal, pour un pays étranger. Quitter sa famille, ses amis…Il doit bien y avoir une raison. « Ni l’un, ni l’autre… » Bon, ne me dites pas qu’il va se contenter de cette réponse ? Parce que c’est clairement trop peu. Ou alors je dois faire des propositions jusqu’à ce que je trouve ? Il m’a l’air bien mystérieux quand même. Il doit comprendre que ça ne me satisfait pas, puisqu’au final il ajoute quelque chose. Ah, peut être vais-je avoir des précisions. « J’avais envie de voyager un peu, de changer d’air. » Mouais. C’est vraiment très vague ça. Mais j’ai compris. « Reçu 5 sur 5, c’est un sujet sensible » Sinon pourquoi faire des mystères quant à ce déménagement ? Surtout que bon, changer d’air…Je veux bien, mais d’habite c’est l’histoire de quelques semaines, des vacances, et voilà. On ne part pas s’installer à l’étranger loin de sa famille juste parce qu’on a envie de voyager un peu. Mais bon, il ne veut rien dire de plus, je ne suis pas chiante, je ne vais pas insister pour lui tirer les vers du nez. Peut être plus tard, mais pour l’heure, c’est notre première rencontre, alors faisons dans le soft. Je ne veux pas qu’il prenne la fuite parce que je l’agresse de questions, surtout pas. Je mets donc en sourdine cette petite voix dans ma tête qui voudrait en savoir plus. Je suis trop curieuse, je sais. De mon côté, je me montre un peu plus ouverte, et évoque sans gênes mes origines, le fait que je sois anglaise, de parents adoptifs. Ce que je fais dans la vie ? « J’ai été récemment licenciée alors pas grand-chose… » La triste vérité. « Mais sinon j’étais prof remplaçante en primaire. J’adore travailler avec les enfants. Bon d’accord, ils ne sont pas tous faciles à vivre, y a des petites teignes, insolants…Mais une fois qu’on a réussi à les mater ça passe. » J’espère retrouver du boulot rapidement en sortant de cette émission. « Et toi, tu fais quoi ? »

Ainsi, il avait soufflé une envie de voyager, une envie de changement, une envie de changer d’air. Elle disait avoir reçu sa réponse cinq sur cinq, décrétant que cela était un sujet sensible. A sa remarque, il fallait croire que la réponse de Valeri ne lui plaisait pas. Ne lui plaisait pas du tout. Tant pis. Elle allait devoir se contenter de cela, se contenter de peu. Elle était curieuse, quand même. Un peu trop, certainement. Il ne savait pas. A vrai dire, il ne la connaissait depuis peu de temps. Il ne pouvait pas encore dire comment elle était, si elle était comme-ci ou comme-ca. Un jour, peut-être, arriverait-il à lui accoler quelques adjectifs. Valeri n’avait jamais été très doué pour parler. Pour parler de lui, de son histoire, de son vécu. Parler d’autres choses, il n’avait aucune hésitation à le faire. Parler de la pluie ou du beau temps, ou critiquer la tenue de Pierre, Paul ou Jacques. Critiquer, non méchamment, mais intelligemment. Il vint alors à l’interroger sur elle, sur ses origines et sur une parcelle de son passé. Elle avait été adoptée. Il s’était tu sur les raisons de cela, peut-être que ses parents étaient morts quand elle était enfant, ou ils l’avaient lâchement abandonné à sa naissance… il y avait tellement d’hypothèses possibles et inimaginables à formuler. Il lui demandait finalement ce qu’elle faisait dans la vie. Une question anodine finalement. Elle ne faisait pas grand-chose de sa vie, c’était tout de même ce qu’elle venait de lui dire. Elle avait été licenciée de son travail. Tant de mystère. Il posa un petit regard rempli de questionnement sur la jeune femme qui se tenait à ses côtés. Elle reprit rapidement la parole. Evoquant une profession. Professeur remplaçante dans une école primaire. Professeur des écoles. Les monstres qui ont hanté l’enfance du jeune Valeri. Il ne les aimait pas, eux. Les maîtres d’école. Il les détestait même. C’était peut-être à cause d’eux s’il avait fini par détester l’école d’ailleurs. Elle disait alors adorer travailler avec les enfants. Elle parlait aussi de les « mater », mais ce mot, Valeri ne le comprenait pas vraiment… mater. Il se contenta alors d’un vague hochement de tête. Elle travaillait donc avec les enfants, et les apprécier. C’était bien un truc de fille cela. « C’est… c’est à cause de ta surdité que tu as été licenciée ? » lui demanda-t-il alors à tout hasard. Il ne savait pas vraiment s’il devait lui parler ou pas, peut-être que ça allait l’énerver de parler de cela. Tant pis. A son tour, elle lui demanda ce qu’il faisait de sa vie. Il laissa s’échapper un long « hum » entre ses lèvres. « Je pourrais dire que je suis… hum, artiste de rue. Mais ça fait un peu… saltimbanque. Je suis mime, à vrai dire. Je t’épargne les explications. Je ne joue dans aucune salle, je n’ai pas mon nom sur des affiches, évidemment… » souffla-t-il, avant de s’interrompre. Voilà, ce qu’il faisait. Il était mime, et se donner en spectacle dans la rue. Pour toi, pour lui, pour elle, pour nous, pour vous. Il jouait pour tout le monde.

Je lui confie avoir été licenciée. Un peu pour ça que je peux me permettre d’être là d’ailleurs. N’ayant pas de job où pointer. Alors au lieu de rester chez moi à glander en attendant de trouver quelque chose, autant le mettre à profit pour faire cette émission. Tenter de nouvelles expériences. M’amuser. Rencontrer des gens. Et pourquoi pas gagner un peu d’argent. D’autant que j’ai dû retourner vivre chez mes parents, ce qui n’est pas terrible… Bien sur ils pourraient me payer le loyer d’un appart, même bien plus, mais il ne faut pas exagérer. Ils ont déjà assez donné lors de mes études. « C’est… c’est à cause de ta surdité que tu as été licenciée ? » Cette fois ci il fait la bonne supposition. « Oui…Enfin de ma maladie. Y a eu un incident lors d’un de mes cours, j’ai fini à l’hôpital, bon pour pas grand-chose, quelques points de sutures, mais…Peu de temps après ils m’ont gentiment remercié. » Ils ne pouvaient pas courir le risque que ça se reproduise. D’un côté je peux comprendre… Sur le coup ça a dû effrayer mes élèves…Mais alors quoi je suis contrainte à ne plus jamais pouvoir exercer la profession que j’aime ? Comme si vivre avec maladie n’était pas déjà assez suffisant. Il faut en plus que ça m’empêche de faire ce que j’aime. Je lui demande alors ce qu’il fait comme métier. « Je pourrais dire que je suis… hum, artiste de rue. Mais ça fait un peu… saltimbanque. Je suis mime, à vrai dire. Je t’épargne les explications. Je ne joue dans aucune salle, je n’ai pas mon nom sur des affiches, évidemment… » Mime, c’est original. « Ah oui ? Il faudra que tu me fasses une prestation un jour alors. Et t’es genre maquillé tout ça ? » Mais oui qu’il nous montre ce qu’il sait faire. « Cela doit être dur financièrement par contre, non ? » Artiste de rue… On ne peut vraiment pas dire que c’est ce qui paye le mieux. Vivre de la générosité des gens. Et quant on sait que les gens ne sont très généreux justement… Bon nombre doivent lui passer devant sans même s’intéresser à lui. C'est bizarre quand même, quitter son pays natal pour faire mime en France, non ? Enfin peut être n'était ce pas ce qu'il avait voulu, je ne sais pas. Peut être s'attendait il a autre chose.

Ainsi, elle n’était pas étudiante, et encore moins secrétaire comme Valeri l’avait quelque peu imaginé. Non. Elle travaillait avec les enfants, elle leurs apprenait sûrement à lire, à écrire, et toutes ces choses ennuyantes et ennuyeuses. Elle était professeur. Professeur des écoles, remplaçante plus précisément. Mais cette information était à mettre au passé maintenant, puisqu’elle venait de se faire licenciée. Epris de curiosité, il l’interrogea alors sur la raison de ce licenciement. Il est évidemment qu’elle n’avait pas été virée par hasard. Il avait donc supposé que c’était à cause de sa surdité, puisqu’elle avait un problème d’audition. Peut-être se trompait-il, il ne savait pas trop. C’est alors que la jeune femme ne confirma son hypothèse. C’était donc bien à cause de ça. Il hocha alors la tête, avant d’écouter les explications plus précises de Sun-Hi. Elle évoqua alors un incident pendant l’un de ses cours. Un incident plutôt grave puisqu’elle avait été transportée à l’hôpital. Elle disait que ce n’était pas très grave, qu’elle avait eu juste quelques points de sutures. « Tu t’étais faite agressée par une armée de stylos Bic volants ? » souffla-t-il un peu amusé, ricanant doucement de sa plaisanterie. Mauvaise plaisanterie. « Pardon… ça, c’était vraiment une mauvaise ânerie. » lui fit-il remarquer un peu confus, avant qu’un léger rictus ne vienne se loger au coin de ses lèvres. Il venait en quelque sorte de lui avoir donné raison, après ce qu’elle lui avait dit tout à l’heure. Et ça, non. Il ne voulait pas. Il ne disait pas d’âneries, il s’amusait juste. Ce n’est pas du tout la même chose, n’est-ce pas ? A son tour, elle venait alors de le questionner sur lui, et sur ce qu’il faisait dans sa vie. A vrai dire, il ne faisait pas grand-chose, à part errer sur les macadams parisiens, sa petite mallette du parfait mime au bout des bras. Il lui expliqua alors qu’il était mime, qu’il jouait dans la rue… et… que c’est tout. Voilà, ce à quoi se résumait le quotidien parisien du biélorusse. A quelques détails près, certes. Et ça les détails, ça n’intéressait personne. Elle voulait alors qu’il lui fasse une prestation, un jour. Il hocha alors la tête, acquiesçant d’un sourire. Puis, elle lui demanda s’il se maquillait. Dit comme ça… on pourrait presque croire que l’on parlerait d’un travesti, mais non. Valeri dessina un nouveau hochement avec sa tête. « Oui, avec le maquillage, le chapeau, le costume, et le nœud pap’ quand je n’oublie pas le mettre. Et ce serait avec plaisir pour la démonstration… » souffla-t-il. Et il était sincère lorsqu’il disait que ça lui ferait plaisir. Elle lui demanda alors si ce n’était pas dur, financièrement parlant. Valeri haussa légèrement les épaules. « Il est certain que je ne roule pas sur l’or, et que ma situation financière ne fait rêver personne… » souffla-t-il alors. « Mais, je fais ce que j’aime, et c’est ça le plus important. » conclut-il alors.

Des vertiges en classe, un déséquilibre provoquant ma rencontre avec le bureau, et me voilà à l’hôpital. Rien de bien exceptionnel. « Tu t’étais faite agressée par une armée de stylos Bic volants ? » Sa réflexion me fait sourire. Sauf qu’il s’excuse immédiatement, déclarant que c’était une mauvaise ânerie. « Mais non il n’y a pas de quoi. Je suis la première à dire qu’on peut rire de tout. » Vaut mieux ça qu’en pleurer franchement. « C’est le bureau qui m’a attaqué. On ne croirait pas comme ça, mais ce qu’ils peuvent être fourbes parfois ! » Typique de ces chers bureaux. Vraiment on ne peut pas leur faire confiance. Bon, maintenant que ma profession, ou plutôt ancienne profession (qui sait si je pourrais redevenir prof un jour ?), a été abordée, place à la sienne. Artiste de rue, mime. Il va falloir qu’il me montre en vrai un de ces jours, c’est obligé. « Oui, avec le maquillage, le chapeau, le costume, et le nœud pap’ quand je n’oublie pas le mettre. Et ce serait avec plaisir pour la démonstration… » Je souris, ravie qu’il veuille bien. « Super, j’ai déjà hâte de voir ça ! » lançais je excitée. « Et qui sait, peut être que cette exposition te permettra d’être repéré par un professionnel, et d’avoir ton heure de gloire ! » Sait on jamais, pourquoi pas ? En tout cas cela ne risque pas de lui faire du mal. « Il est certain que je ne roule pas sur l’or, et que ma situation financière ne fait rêver personne… Mais, je fais ce que j’aime, et c’est ça le plus important. » J’approuve cette philosophie de vie. « Oui c’est le plus important. Je préfèrerais largement exercer un métier qui me plait mais qui ne paie pas des masses, plutôt qu’un job qui rapporte gros mais super chiant » Je ne suis pas du genre à courir après l’argent. Pas dans l’excès en tout cas. Tant que ça me permet d’avoir une vie correcte, ça me suffit. Malheureusement je n’ai plus ce job là… Peut être va-t-il falloir que je pense à envisager une réorientation…

L’hypothèse soufflée par Valeri n’avait rien de sérieux, c’était une plaisanterie. Une plaisanterie que certains jugeront de mauvais goût. Une plaisanterie qui avait eu l’honneur de décrocher un sourire de Sun-Hi. Il s’en excusa aussitôt, au cas où ses quelques mots avaient pu vexer ses oreilles, ou celles d’un autre. Peut-être qu’y avait-il des regards indiscrets qui écoutaient leur conversation, des regards bien trop curieux, certainement. Il n’avait donc pas à s’en excuser, selon les propos tenus par la jeune femme. Il hocha alors la tête, il le saura donc à l’avenir. Alors comme cela, ce n’était pas une attaque d’une armée de stylos Bic enragés, mais bel et bien le bureau. « Tu ne devais pas être très coopérative avec lui, pour qu’il t’en veille autant… » souffla-t-il, quelque peu amusé. Evidemment, il n’y croyait pas une seconde à cette histoire de bureau qui attaque une professeure des écoles. Encore que ce soit des élèves, qui épris de désamours pour leur chère maîtresse d’école, voulaient se venger d’elle, en lui lançant des crayons, des morceaux de gomme, des craies ou bien des avions en papier. Valeri, il faisait cela, lui, pour s’occuper à l’école. Il faisait des avions en papier qu’il s’amusait à faire voler à travers la classe pour le plus grand bonheur de son professeur. Valeri vint alors à lui évoquer sa métier, ou plutôt ce qui lui faisait gagner sa vie. Sa modeste vie. Mime. Un jour, il lui fera une démonstration, une maigre prestation. Un jour, oui. Puisqu’elle lui avait demandé. Il n’allait pas refuser cela. Ca lui ferait plaisir de rendosser le temps d’une éphémère prestation ses habits de mime. Il le savait ça. Elle avait hâte de voir ça, avait-elle soufflé alors. Ces quelques mots firent d’autant plus sourire le jeune homme. Selon elle, ça lui permettrait peut-être de se faire repérer, par un professionnel du spectacle et d’avoir son heure de gloire. Il cligna des yeux, lui lançant alors un petit regard perplexe. « Tu crois vraiment que ces personnes-là regardent ce genre d’émission ? » souffla-t-il, un brin ignorant, un brin perplexe. Quoique… on pouvait s’attendre à tout avec ce genre d’émission. Tout le monde et n’importe qui la regardait. Initialement, il n’était pas… pas venu pour cela, pour se faire un nom, pour se fondre un peu plus dans ce milieu. Il est évident qu’en exerçant cela, il ne gagnait pas des mille et des mille, il ne roulait pas sur l’or, et sa situation ne faisait rêver personne. Vraiment personne. Mais qu’importe, il faisait ce qu’il aimait. Et si c’était cela qu’il aimait ? Il n’allait pas se priver de cette chose qui lui donnait une maigre raison de vivre. Il hocha alors la tête à l’écoute des paroles dictées par Sun-Hi. Il n’avait jamais rêvé d’une vie où il gagnerait beaucoup, et surtout où il exercerait un métier pénible et ennuyant. De toute façon, la question ne se posait certainement pas : il n’avait aucune qualification, alors personne ne voudrait de lui. Alors, il était mettre de son destin seul, tout seul. Et c’était sûrement mieux ainsi. « Tu as toujours voulu être professeure, toi ? » lui demanda-t-il alors. Peut-être avait-elle aspiré à une autre vocation, il n’en savait rien après tout.