W/ ODESSA

J'avais dormi comme un gros pacha pendant au moins quatre ou cinq heures et avais fini par me lever, n'en pouvant plus de rester allongé dans le noir à attendre que le temps passe, et ressentant le besoin fort pressant d'aller me griller une clope ou deux. Furtivement, je m'étais barré du lit commun et avais quitté la chambre en frissonnant, faut dire que je m'habituais pas trop au décor, ça viendrait sans doute mais pour l'instant tout était tellement différent de chez moi que j'avais forcément un peu de mal à m'adapter. À sept heures du mat', ma nuit était terminée. À une époque, j'étais un vrai petit loir et je pouvais facilement dormir douze heures par jour, en parti parce que j'avais rien de mieux à faire. Mais depuis l'Irak, j'avais pris l'habitude de dormir très peu, et je captais même plus comment j'avais trouvé le moyen de passer autant de temps à roupiller par le passé. J'dirais bien un truc du style "c'est fou le temps qu'on perd à dormir alors que y'a tellement de choses à faire" mais la vérité c'est que même réveillé j'en glande pas une donc ça serait comme qui dirait malvenu de ma part, en quelque sorte, de sortir un truc pareil. J'traînasse un peu partout, je me promène, je me perds plusieurs fois, et personne n'est réveillé alors j'peux difficilement compter sur l'aide de qui que ce soit, et, finalement, au bout d'un moment, je fini par avoir la dalle et me lance donc dans une quête pour trouver cette fichue cuisine. Une visite guidée aurait pas été de refus. Sans trop savoir où je mets les pieds, j'me dirige vers une caravane dont j'ouvre précautionneusement la porte, mais pas de bol c'est pas du tout ce que je cherchais. J'entre quand même. Une clope au bec, j'observe les environs. C'est sacrément différent de chez moi. Déjà y'a pas un grain de poussière. Y'a pas de tâches partout. Pas de traces d'humidité au plafond. Et pas d'odeur de renfermé. C'est que je commencerais presque à avoir le mal du pays. Et, perdu dans ma contemplation des différents éléments de la pièce, je mets un temps à capter que j'suis pas tout seul, et c'est seulement quand la nana présente dans la salle de bain se retourne d'un coup qu'un je la remarque, et aussitôt je me mets à hurler et c'était peut-être le hurlement le plus strident et flippé à s'être jamais échappé de ma bouche et, mes bras pataugeant dans l'air comme si j'essayais de me rattraper à des atomes d'oxygènes pour retrouver un peu mon équilibre, je titube sur plusieurs mètres en essayant de m'enfuir par je ne sais où (et je sais pas pourquoi je cherche une fenêtre alors que la porte par laquelle je viens d'entrer serait l'option la plus logique) et finalement dans mon effroi je calcule tellement pas ce qui se passe que je finis par me heurter au rebord de la baignoire et basculer dedans en continuant de crier, et puis le choc de ma tête contre le sol de la baignoire me calme momentanément et je me contente de haleter piteusement en fermant doucement les paupières, sans doute mortellement blessé. « Je savais que ça finirait comme ça… » je souffle dans un murmure dramatique, agonisant, et probablement à deux doigts de crever.

Il est tôt, un dimanche matin et je suis complètement paumée. La journée d'hier aura été étrange, être réveillée dans un hôtel aux aurores, maquillée, coiffée puis envoyée dans des studios de cinéma au petit matin, boire des cocktails comme s'il était minuit passé et m'enfiler des éclairs aux fruits et des pommes d'amour bien trop sucrées pour mes hanches. Parler à des inconnus, découvrir le mec – vraiment pas mal – avec qui je vais dormir pendant longtemps, j'espère.... Toute cette journée n'aura été qu'une succession d'activités aussi étranges les unes que les autres mais toute autant excitante. Du coup, au moment de me coucher, le sommeil est venu assez lentement, après une discussion avec mon partenaire et le petit matin arrivé, je n'étais pas vraiment fraîche, c'est le moins qu'on puisse dire. Une seule solution donc : la salle de bain. La salle de bain et une bonne douche, ma crème de jour, mon parfum, mes masques de beauté, la totale. J'ai besoin de la totale, pour donner le meilleure de moi-même mais aussi pour retrouver quelques repères, chose qui commence à me manquer affreusement et qui va peut-être même finir par me faire paniquer. Dans ces cas là, vous voyez, en général, j'appelle Bane, mon meilleur ami et garde du corps personnel qui s'appelle en effet comme le fou dans le dernier Batman mais je vous assure, il n'a pas la même tête, ni l'envie de dominer le monde. Sauf que là, c'est impossible, je n'ai plus de portable, j'ai juste un Ipad et je ne peux poster que sur mon blog, peut-être que je pourrais lui envoyer un message codé, oui je vais faire ça, c'est une bonne idée. Mais pour le moment, c'est beauty time et comme on est dimanche matin, c'est parfait. Mon bandeau sur les cheveux, l'exfoliant déjà passé, c'est le moment du masque, à l'argile, pour adoucir ma peau, même si elle l'est déjà douce. Me croyant seule, je chantonne légèrement et c'est pour cette raison que je n'entends pas la porte de la caravane s'ouvrir, ne découvrant la présence du candidat que lorsque je me retourne et me trouve face à un jeune homme qui semble avoir vu le diable et me propose un ballet digne de Benny Hill. Résultat, il se retrouve dans la baignoire, vide, ce qui est dommage, avouons-le et je souris, de manière un peu idiote, très certainement. « Dis moi, tu n'as jamais eu de petite-amie ? Ou de sœur ? Ou alors elles ne prenaient pas soin de leur peau ce qui est un crime selon moi. On ne peut PAS ne pas prendre soin de sa peau, c'est primordial, tu n'es pas d'accord ? » Certainement que non mais bon. « Je t'ai fait si peur que ça ? Tu sais, ce n'est que... de l'argile. » Je ne suis pas une alien, non non.

Je me remets progressivement des émotions et m'efforce tant bien que mal de me rattraper au rebord de la baignoire pour me relever mais je galère un peu – c'est que ça glisse ce truc – et met plusieurs secondes à me remettre debout. Et en fait ce que j'avais pris, dans ma précipitation, pour un hybride entre un fantôme et un golem (ouais j'étais plutôt calé en créatures fantastiques) s'avère en fait être une jeune fille. Elle commence à papoter et je me frotte la tête pour stimuler un peu mon cerveau qui peinait à redémarrer depuis le choc avec le sol de la baignoire. « Euh, si. Et non. Enfin, si, en fait. Et je ne sais pas trop, je crois que, hum, c'est une question existentielle sur laquelle je n'ai pas encore, euh, eu l'occasion de me pencher. » je déblatère en essayant de répondre à ses questions à peu près dans l'ordre. Très franchement j'étais convaincu que les filles venaient d'une autre planète. Y'a pas idée de se badigeonner la figure avec un truc chelou et d'se foutre des concombres sur les yeux et de la peinture sur les ongles et de se brûler les cheveux pour les rendre plus droits ou plus, hum, vaguelants. Je me plains pas le moins du monde, je me demande juste où elles sont allées chercher tout ça. Si j'avais pas fait les choix de carrière qui m'ont conduit là où je suis aujourd'hui, j'aurais bien été tenté de me lancer dans une sorte de job style chirurgien du cerveau neurobiologiste afin de percer le mystère qui ronge l'humanité depuis des siècles, à savoir comprendre ce qui se passe dans la tête d'une nana. « Ça me rend juste un peu sceptique ces trucs-là. Je suis sorti une fois avec une nana à cause de laquelle je devais toujours manger mes crevettes sans mayonnaise parce qu'elle me vidait le pot en s'en foutant plein dans les cheveux. Bon à la limite c'est sa vie capillaire privée, ça la regarde, au fond elle fait ce qu'elle veut, mais l'efficacité du truc me laisse à moitié, genre, dubitatif, et puis surtout : est-ce que ça l'aurait tué d'aller acheter de la mayonnaise pour remplacer le pot qu'elle avait vidé ? Non, parfaitement, je ne crois pas. » je poursuis, très émotionnellement impliqué dans cette conversation. Elle précise ensuite que c'est de l'argile, et là j'imagine que je dois faire une petite moue perturbée parce que je m'y attendais pas. « De l'argile ? C'est pas pour les statues et tout ce truc là ? Je peux toucher ? » je demande en m'approchant, l'index pointé en avant façon E.T. téléphone maison, intrigué par ce truc qui m'avait tellement fichu les boules trois secondes plus tôt. Et puis je me rappelle que je me suis promis de tout faire pour éviter que qui que ce soit se sente agressé avec moi (il paraît que j'ai un problème avec les barrières ou les frontières à ne pas dépasser, un truc du style) et je ramène ma main près de mon torse puis finit par étouffer une fausse quinte de toux dans mon poing pour prolonger le mouvement et faire style de rien. « Et huum, non, t'inquiète pas, j'ai pas eu peur du tout, non mais alors pas du tout. T'as cru que j'ai eu peur ? Ahah pas du tout, non non... Noon, c'était pas ça, je... Ok j'ai eu juste un peu peur. » je finis par admettre en penchant légèrement la tête sur le côté, les lèvres pincées, ne trouvant pas de mytho convenable qui aurait pu sauver mon honneur.

Si l'on m'avait dit que je ferais autant d'effet à un homme dans cet endroit et qui plus est, dans la salle de bain, je ne l'aurais pas cru et pour cause, que je sois capable d'émouvoir au point de causer une chute rocambolesque n'avait jamais vraiment été dans mes projets, ni même mes rêves les plus fous. Alors oui, je sais, ça doit faire un choc de me voir comme ça, au petit matin, avec pour seul tenue mon peignoir, mes cheveux attachés sommairement en arrière, un bandeau retenant les dernières petits mèches pour pas qu'elles ne reviennent sur mon visage et surtout, oui surtout, un masque d'argile sur le visage. J'imagine donc que c'est au masque que je dois cette réaction et non pas à ma beauté renversante étant donné, qu'on ne voit rien et c'est peut-être une bonne chose, au final. Cependant, j'avoue que moi-même, j'aurais préféré rester seule et que personne ne voit ça. Ce qui est stupide, je le sais car en effet, tout le monde me voit comme ça mais disons que j'essaie de l'oublier, de l'ignorer en tout cas. La chute de ce pauvre jeune homme venait de se terminer, je reste là, le regard rieur et un sourire sur mes lèvres avant de le questionner, beaucoup, comme à mon habitude, ne comprenant pas tellement sa réaction. Sa réponse, je ne la comprends pas vraiment non plus mais j'imagine que non, il ne peut pas avoir d'avis sur la question, étant un homme. Et un homme qui n'a pas l'air de faire des masques de beauté en plus de ça. Oh ce n'est pas une critique, je n'ai jamais vraiment aimé les hommes qui se chouchoutaient un peu trop. J'aime être la seule chouchoutée en réalité, histoire de pouvoir profiter d'un peu de virilité le moment venu. Hum. « Sans vouloir te vexer, ça se voit mais ce n'est pas grave, vous les hommes, vous en avez le droit. » Selon moi, ce qui n'engage donc que moi en effet et ça me va très bien ainsi. Il se relève, je le regarde sans même l'aider parce qu'après tout, je n'ai pas envie de l'effrayer encore un peu plus et finalement, il reprend la parole, longuement. Un bavard, j'aime ça. Il se met alors à me parler de crevette et... je suis sceptique. Le lien ne met alors pas beaucoup de temps à arriver et je fronce les sourcils, étonnée. « Sans vouloir paraître désagréable, ta copine avait l'air un peu idiote car la mayonnaise industrielle, ça n'a jamais été très bon et ça ne le sera jamais. En plus de ça, je ne te raconte pas l'odeur enfin... j'imagine que tu avais du t'en rendre compte et j'espère que tu n'es donc pas du genre à aimer sentir les chevelures des femmes avec qui tu... bref, parce que ça ne devait pas être très... stimulant... Hum. » Je me tais, ça vaut mieux même si je suis d'accord avec lui, elle aurait pu en racheter un, de pot de mayonnaise. J'acquiesce donc d'un hochement de la tête alors qu'il s'approche en s'étonnant. « Oui de l'argile et, hum... Si tu veux... » Même s'il a déjà retiré sa main et qu'il... tousse ? Cet homme est étrange, sans parler qu'il vient juste d'avouer qu'il a eu peur ce qui me fait sourire, étant amusée de voir un mec de son genre effrayé par... moi. « Oh mais il ne faut pas, je ne pourrais pas te faire grand chose, même avec un masque d'argile sur le visage. Et je vais te faire une confidence, je suis assez inoffensive dans mon genre et je suis sûre que tu me maîtriserais seulement avec le petit doigt, tu ne crois pas ? » Moi en tout cas, je le crois même s'il n'est pas grand, ni très baraqué.

« Sans vouloir te vexer, ça se voit mais ce n'est pas grave, vous les hommes, vous en avez le droit. » D'expérience, quand les gens commencent une phrase par "sans vouloir te vexer" c'est qu'ils vont lâcher un truc hyper insultant par la suite. De la même manière que quand ils débutent une phrase par "sans vouloir t'offenser" tu peux être sûr qu'ils ont qu'une envie c'est de foutre la rage et bien te faire chier. Sauf que c'est le genre de locution magique qui fait qu'après, toi, en tant qu'individu poli, t'as pas le droit de te vexer ou de te sentir offensé, parce qu'ils ont dit les mots magiques et tout. Mais là la petite nana elle a l'air tellement toute douce que c'est difficile de trouver ses mots vraiment piquants, et comme je suis pas sûr de saisir tout ce qu'elle dit je décide de pas me vexer, aussi parce que je suis souvent trop feignant pour être réellement susceptible, parce qu'être offusqué demande vachement d'énergie mine de rien. « Sans vouloir paraître désagréable, ta copine avait l'air un peu idiote car la mayonnaise industrielle, ça n'a jamais été très bon et ça ne le sera jamais. En plus de ça, je ne te raconte pas l'odeur enfin... j'imagine que tu avais du t'en rendre compte et j'espère que tu n'es donc pas du genre à aimer sentir les chevelures des femmes avec qui tu... bref, parce que ça ne devait pas être très... stimulant... Hum. » Ok, elle va finir par me stresser à commencer ses phrases par ces mêmes petits mots magiques qui annulent tout. Est-ce que c'est un code ? Qu'est-ce que ça signifie ? Je me pose la question un quart de seconde et puis, n'ayant pas une capacité d'attention infinie, j'oublie en me concentrant sur le reste de ses paroles. « Hey, oh, je te permets pas. » je fais en essayant d'avoir un semblant d'expression de dignité et de sérieux, et limite de sévérité, sauf que rien de tout cela n'est vraiment compatible avec les traits de mon visage, je crois. « Certes, Cara n'était pas un modèle de, hum, génie humain, mais, cheveux en mayonnaise ou pas, elle avait un cœur en or, comme qui dirait. De plus, je ne juge pas les gens en fonction de leur facultés intellectuelles, je trouve ça discriminatoire. Et, hum, du reste, on a rompu après cette histoire de crevettes. On s'est dit des choses, lors de cette dispute… Rien ne pouvait réparer ça. » Je passe du discours fier du mec qui revendique ses valeurs à la plainte dramatique du mec au cœur pseudo-brisé avec une sorte de sérieux inégalable, enfin j'ai l'impression en tout cas, mais il paraît que je suis pas crédible comme type –allez savoir ce que ça veut dire. « Oh mais il ne faut pas, je ne pourrais pas te faire grand chose, même avec un masque d'argile sur le visage. Et je vais te faire une confidence, je suis assez inoffensive dans mon genre et je suis sûre que tu me maîtriserais seulement avec le petit doigt, tu ne crois pas ? » Bizarrement, je me mets d'autant plus à me méfier après qu'elle m'ait dit ça. Y'a quelque chose dans cette scène qui colle pas. Ok je suis peut-être trop suspicieux, mais qu'est-ce qui me dit que la petite rousse n'est pas réalité une ninja envoyée par le Mossad pour me coller des sangsues sous le calbute, hein ? « Je pense que y'a qu'un seul moyen de vérifier, mais tu risques d'être fichtrement déçue par la force de mon petit doigt. Donc vaut mieux éviter, parce que je soupçonne mon auriculaire de complexer à cause de sa taille, et je voudrais pas, que, hum, il subisse un échec de plus. » Bon. Elle est pas méchante, elle le dit elle-même. Je m'approche, doucement (pas de geste brusque) et touche l'argile du bout de l'index. Comme un gros gosse que je suis, je peux pas m'empêcher de sourire façon gros bêta. « T'es gentille, en fait, je constate à voix haute. Comment tu t'appelles d'ailleurs ? »

Il ne m'a pas l'air très loquace tout d'un coup mais finalement, je me dis que c'est à cause de cette frayeur un peu étrange qu'il a eu en me voyant, là, ici, avec ce masque sur le visage. Du coup, je m'interroge, ce qui me semble assez légitime. De nos jours, les femmes prennent quand même soin de leur peau et leurs hommes les ont donc déjà vu comme ça, ou bien au moins à la télé alors sauf s'il ne regarde jamais la télé, qu'il n'a pas de sœur ni de petite amie depuis vingt ans et bien... je me pose des questions et je lui pose des questions également, auxquelles il n'a pas vraiment de réponses, ce qui est compréhensible, enfin, je crois. Je ne suis donc pas étonnée de voir qu'il ne s'y connaît pas et surtout qu'il ne se vexe pas quand je le lui dis. Il reste silencieux, c'est une possibilité en effet et du coup, je rempile sur cette histoire de mayonnaise. Oh je ne voulais pas être désagréable, loin de là mais étrangement, le brun apeuré réagit assez vivement ce qui me surprend. Une grimace s'affiche sur mon visage, me trouvant un peu bête. « Je... Enfin je disais ça de manière assez... Ce n'était pas sérieux je veux dire, je ne la connais pas mais niveau... cheveux et bien... c'était un peu idiot de se mettre de la mayonnaise. Tu n'es pas d'accord ? Enfin, bon, bref... Je suis désolée que ce soit... terminé entre vous. Si ce n'est pas ce que tu voulais, tu vois... » Parce que si ça se trouve, il n'était pas contre cette rupture. Dans tous les cas, ce ne sont pas mes affaires et mieux vaut que je me taise. C'est mieux. Je ne vais pas lui faire peur et le vexer dans la même journée, la première semaine, ça serait... vraiment un exploit. Un exploit que je suis à deux doigts de réussir, si c'est pas magnifique... Alors autant changer de sujet et pour ça, quoi de mieux que de le rassurer sur mon inoffensivité. J'ai beau avoir un masque d'argile sur la figure, je suis menue, petite et pas franchement musclée alors que lui, il a l'air assez fort dans son genre. C'est ce que j'en déduis en tout cas mais il n'a pas l'air trop d'accord avec moi. « Pauvre petit doigt... Ménageons-le alors, si c'est ce que tu préfères ! » dis-je en souriant, amusée. Je suis sûre du contraire mais bon, s'il préfère ne pas relever le défi, je ne suis pas contre. Il s'approche alors, touchant de son doigt l'argile sur ma peau et je me retiens de rire. On dirait un enfant qui découvre la neige pour la première fois, c'est mignon. Mignon et amusant. J'apprends ensuite que je suis gentille et ce n'est pas trop désagréable à savoir, surtout après mes maladresses passées, jusqu'à ce qu'il me demande mon prénom et qu'une musique retentisse. Cette musique, en plus, je la connais, pour l'avoir déjà entendu le premier soir alors que je me trouvais avec Charles. On va devoir s'embrasser et bon, je ne sais pas mais... que faire ? Hum, c'est un peu gênant en plus, dans cet état, l'embrasser... « Je m'appelle Odessa. Autant faire les présentations avant étant donné que... nous allons devoir nous embrasser. » Je m'avance finalement et puis, je pose mes lèvres sur les siennes, très furtivement, sans vraiment lui demander son avis par ailleurs, mais disons que... c'est fait et que, hum, voilà. « Merci pour le compliment en tout cas. » je sors, un peu perdue, comme pour meubler et passer à autre chose...