Une envie d'alimenter mon blog. Aujourd'hui, ça me prend, comme ça. C'est pas vraiment mon truc en général. Mais le seul moyen de communiquer un peu avec l'extérieur. Moi, j'ai pas l'habitude d'être enfermé. Je suis vagabond de nature, je bouge à droite et à gauche sans me lasser et avec toujours l'envie de bouger plus. Le nid d'amour a beau être immense et plein de divertissements, le fait de savoir que j'ai pas le droit de le quitter ne serait ce que pour faire un tour dans L.A. et aller m'acheter un burger chez In-n-Out et un milkshake à la fraise, eh bien moi ça me rend limite claustro. Du coup, j'ai envie de m'occuper de mon blog. Je sais pas ce que je vais faire, je sais pas comment ça marche, j'ai juste envie de raconter comment ça se passe ici, de montrer à quelqu'un de l'extérieur qui passera dessus ce qu'on vit ici. J'ai juste besoin d'un truc qui arrête de me faire penser que je suis pas libre de tous mes moyens. J'ouvre la porte de la salle de détente. Un mec est déjà là, assis, un stylo et une feuille à la main. Un style de bad boy, avec des tatouages à profusion et de la gueule, faut le dire. Il a l'air concentré sur ce qu'il fait et je passe derrière lui pour aller récupérer mon iPad sur le bureau. « Salut ! » Je lui dis alors qu'il semble même pas s'être rendu compte de ma présence, tellement il est à fond. Je jette un coup d'oeil discret sur ce qu'il écrit. C'est du français, je suis surpris d'apprendre que je suis pas le seul. Je lis un peu plus attentivement ses phrases - très joliment calligraphiées, faut le dire - et reconnais rapidement les paroles d'une chanson de rap. « J'ai fait la guerre pour habiter Rue de la Paix. Je ne manque jamais à l'appel quand c'est le jour de la paye. », je complète à haute voix, sans vraiment m'en rendre compte. Il se retourne et je croise les bras, en le regardant. « Désolé, j'ai reconnu, j'ai pas pu m'en empêcher. » je lui dis avant de prendre ce que je suis venu chercher à la base, mon iPad.

Salut. Rencontrer un candidat de plus, rencontrer un candidat de moins, j'étais tellement absorbé par ma calligraphie que je n'ai pas répondu à la marque de politesse, ce n'est qu'en entendant la voix masculine compléter les paroles à voix haute et dans un français impeccable que j'ai tourné la tête de surprise non dissimulée. J'étais plutôt curieux et impatient de rencontrer mes compatriotes mais à ce point, vraiment ? Il y a réellement quelqu'un ici qui à déjà écouter du Booba au point de se souvenir des paroles ? Incroyable.

«Hey, aucun problème au contraire je dois dire que c'est une bonne surprise.»

Je répond de mon accent français éloigné au possible des conventions. Une sorte de complèment de carte de visite à l'oral: Si ce mec est français ou a vécu en France, il sait dors et déjà que j'ai passé mon enfance à trainer en bas des tours HLM. Avant même d'entrer dans le jeu, je m'étais fait une raison: personne ici ne comprendrais un mot de ce que je raconte quand je viendrais m'exprimer en empruntant des paroles à quelqu'un qui les choisi mieux que moi pour décrire mon environnement naturel. Je suis habillé en Unkut de la tête au pieds, ça, c'est le complément de carte de visite visuelle. Je le regarde lui, je ne suis pas du genre à me faire une idée précise de qui j'ai en face de moi au style vestimentaire ou à la coiffure, je veux en savoir plus.

«Niklas, je viens de Boulogne Billancourt mais je suis Roumain, et toi ?»