vendredi trente et un mai deux milles treize | Hadatt tenait fermement le poignet de Monroe entre ses doigts, tout en s'assurant qu'il ne lui tordait pas l'avant-bras ni ne lui faisait mal. C'est qu'il avait du mal à se concentrer en fait. Et puis, il prenait jamais soin des choses qui l'entouraient, alors une demoiselle. Pourquoi était-il divorcé à votre avis? Divorcé et célibataire quoiqu'il advienne? S'il voulait, il se poserait bien entendu, il en avait les moyens. Mais il ne savait juste pas prendre soin d'une femme. Alors il ne les gardait pas. Sinon, il finirait pas les briser les pauvres ( elles deviendraient folles avec un mari comme lui et se pendraient, ou fuiraient, à voir ).

« Tu dois voir ça, j'suis trop fier de moi ! » ne pouvait-il s'empêcher de répéter.

Une fois arrivé dans la cabane dans l'arbre, Hadatt fit asseoir la jeune femme sur un fauteuil alors qu'il se glissait derrière l'autre opposé, pour aller chercher quelque chose de cacher en dessous. Il se tourna alors vers Monroe et dévoila entre ses mains, une sorte de fiole. Une fiole en verre énorme en fait. Avec une sorte de tuyaux sortant d'un côté, et...

« Je te présente la chose qui va faire que tu vas encore plus m'aimer : je nous ai fabriqué un bang ! »

Et c'est pas du bang de tapette parce qu'il a l'air automatisé le truc, comme electrique. Ouais, le génie en lui s'ennuyait.

Je suis entrain de faire, oh et puis peu importe, c'était rien d'important de toute façon. En tout cas, Hadatt débarque et sans vraiment me demander mon avis, m'embarque je ne sais où. Il m'a pris par le poignet comme si j'étais... sa gosse. Je pourrais mais bon, ce n'est pas trop le cas. Je me laisse faire, je ne dis rien, Hadatt c'est un mec cool avec qui je m'entends bien donc s'il éprouve le besoin de m'emmener quelque part c'est sans doute pour une bonne raison. « Tu dois voir ça, j'suis trop fier de moi ! » Oh bah si j'ai une bonne raison d'être fière c'est une bonne raison de continuer de le suivre sans faire ma chieuse. Je suis plutôt de bonne humeur, on va dire que ça aide. Bon, par contre, j'arque un sourcil quand on arrive devant l'arbre centenaire, la cabane en bois. Très bien, je monte en silence. Et je m'assieds même lorsqu'il me le demande. Bon qu''est-ce qu'il fabrique ? Et là, comme par magie, il sort un truc de derrière le fauteuil. J'ai les yeux plein d'étoiles parce que je comprends rapidement de quoi il s'agit. Et il ne tarde pas à me le confirmer de toute façon. « Je te présente la chose qui va faire que tu vas encore plus m'aimer : je nous ai fabriqué un bang ! » Je ris. Il est dingue. Totalement dingue. « Alors déjà j'sais pas ce qu'il te fait croire que je t'aimais... » Je dis sur un ton sérieux, même si pour le coup je le taquine. « Mais bon là c'est officiel. Je suis amoureuse de toi. T'es un génie ! Un putain de génie ! Bon t'es un peu taré de planquer ça ici, chez Cupidon. C'est un peu de la provocation, mais bon, t'es un génie ! » Je suis à deux doigts de lui sauter dessus, mais je me retiens parce que je risquerais de casser son oeuvre avec mes grands gestes. « Bon j'espère que tu as de quoi l'utiliser, genre là toute suite. » Se déchirer la tête dans la cabane en bois c'est ... étrange !

Hadatt aimait bien Monroe. Elle était un peu comme les jeunes qu'il avait à s'occuper quand il était obligé de surveiller les heures de colles. En général, c'était les mauvais élèves, attrapés à faire des conneries des fois même avec Hadatt. Hadatt qui était lui même collé à devoir garder un oeil sur eux. Mais il n'était pas patient, et pas bête et le groupe partait souvent en viré dans le parc de l'école, à s'évader au soleil au lieu de faire leurs devoirs... En tout cas, ces jeunes étaient des flêches en physique/chimie !

« Parce que je suis irrésistible, voilà comment je sais. » répondit-il tac au tac à la taquinerie de la jeune femme. « Mais ouais je sais ! Et t'a pas encore tout vu du génie gamine. » Un sourire digne de celui du chat du Cheschire se dessina sur ses lèvres. « Pour qui tu me prends voyons? »

A ces mots, il glissa sa main dans la poche arrière de son jean pour en sortir son petit pochon magique, l'agitant entre ses doigts avec un sourire de gosse. C'était limite flippant. Bref, tenant fermement son bang artisanal, il plaça un peu herbe sur la petite encoche prévue pour.

« Et quand je te dis que tu n'as pas tout vu... A l'intérieur du mécanisme, j'ai installé un tout petit ventilateur avec de la poudre anti-odeur, ce qui fait que tout ce qui en sort sent un peu comme le pshit-pshit que ta vieille met sur les rideaux pour que ça sente bon. » Bon, souvenir d'enfance traumatisant, ce parfum était infâme et lui filait des allergies. « C'est comme si on se faisait... une chicha ! Mais c'est un subterfuge ! »

Saisissant son briquet, il bloqua entre ses lèvres le premier tube avant d'enflammer l'herbe et de respirer profondément par la bouche. Lorsqu'il relâcha sa respiration, les bulles dans le tube se calmèrent et une joli parfum de fleurs s'éleva dans les airs.

« Je dois donner un nom à ce truc. » soupira l'irlandais avec un sourire béat sur son visage. Ca marchait très bien !

« Parce que je suis irrésistible, voilà comment je sais. » Irrésistible, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre, voyons. Je lève les yeux au ciel. Enfin bon l'important c'est qu'il y croit. Et bon, c'est pas vrai t'façon je l'aime bien parce qu'il est cool, si mon père n'était pas déjà cool j'en voudrais un comme lui. Même si j'dois sans doute être plus responsable que lui. Un peu comme avec mon père quoi. Typique. « Mais ouais je sais ! Et t'a pas encore tout vu du génie gamine. » Quel prétentieux je vous jure. Non mais. « Arrête de m'appeler gamine vieux schnock, ça te rend encore plus vieux que tu ne l'es... » Bah ouais, puis j'suis pas une gamine, bon à côté de lui sans doute, mais quand même. J'suis pas une gamine. « t'façon j'suis plus une gamine depuis l'âge de douze ans. Enfin non quatorze. » Quoi qu'on est plus vraiment une gamine quand on est alcoolique, et puis quand on rentre en cure aussi, j'étais sans doute la plus jeune mais je n'avais plus rien d'une gamine. Bref. Son bang me fait rêver. « Pour qui tu me prends voyons? » « Pour un vieux pervers ! » Je réponds au tac-o-tac dans un sourire. Bah il m'a demandé, j'réponds. Après tout, il m'a foutu à poil et m'a embrassé en une semaine, un pervers je vous dis. Bon avec la tête qu'il fait, il n'a de vieux que l'apparence parce qu'on dirait un vrai gosse quand il agite son pochon plein d'herbe. Pourquoi ils ont tous de l'herbe et pas moi ? « Et quand je te dis que tu n'as pas tout vu... A l'intérieur du mécanisme, j'ai installé un tout petit ventilateur avec de la poudre anti-odeur, ce qui fait que tout ce qui en sort sent un peu comme le pshit-pshit que ta vieille met sur les rideaux pour que ça sente bon. » Ingénieux. Non mais il est vraiment intelligent quand il s'y met. « Ma mère elle me pique mon herbe alors tu t'imagine bien qu'elle ne fout pas de bombe à chiotte sur ses rideaux. Oh d'ailleurs j'suis sûr que tu la kifferais... » Non non j'suis pas entrain de la caser avec ma daronne. Juste qu'ils sont aussi barrés l'un que l'autre. Bref, en gros j'sais pas trop ce que sent le pshit-pshit anti odeur qu'on fout sur les rideaux. « C'est comme si on se faisait... une chicha ! Mais c'est un subterfuge ! » Ça par contre, ça me parle. « Mais on se fait une chicha au kiwi qu'est-ce que tu racontes. » Non parce que son truc anti odeur c'est sympa mais contre les caméras et les micros c'est un peu useless hein ? Bref, il se défonce et je le regarde avec les yeux brillants. « Je dois donner un nom à ce truc. » Putain mais ça refoule ce truc, horrible. « Le piège à con qui sent la vieille. » Comment ça c'est nul comme nom ? Bon en attendant il peut se pousser que je profite de son bangmégagénial ? Ouais super. A moi.