Emmeline était d'une naïveté presque aussi inquiétante que sa banalité. Et elle se sentait d'un ridicule... Non, vraiment, là, sa stupidité était à applaudir. Oui, elle se sentait ainsi. En plus d'être blessée, terriblement blessée. Non, elle n'avait pas fait de conclusions hâtives, loin de là. Lorsque quelqu'un disait une phrase commençant par ''on doit parler'', ce n'était jamais bon. Alors elle le voyait déjà lui dire qu'ils devraient s'en tenir à cela, qu'elle ne devrait pas lui rendre visite, en fin de compte. Qu'elle ne devrait plus l'approcher. Ou le toucher. Ou l'embrasser. Il pourrait tout aussi bien lui dire qu'elle était aussi toxique que tant de personnes ayant pris part de la pire façon qui soit à la vie de Mickey... Oh, c'était dingue tout ce qu'elle pouvait s'imaginer en si peu de temps. Elle avait quitté le plateau depuis cinq minutes environ et elle pensait déjà au pire. Avoir une discussion ? Elle préférait autant pas. Ça serait plus simple sans. Ça le serait, n'est-ce pas ? Elle ne savait pas. Toujours est-il qu'elle avait à peine retrouvé l'intérieur du chalet qu'elle avait retiré ses escarpins, les laissant dans un coin sans y porter plus d'importance, bien trop troublée par ce bordel dans sa tête. Ils devaient parler... Rien à faire, cette phrase ne pouvait annoncer rien de bon. Cette idée s'était faite une place dans son esprit et pour lui faire comprendre le contraire, ça risquait d'être difficile hein. Ce n'était pas comme s'il allait lui courir après. Il ne voulait plus d'elle, point. Sauf que tandis qu'elle essayait de contenir ses larmes afin de ne pas se noyer en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, voilà qu'une tête connue apparut. Oh, aucun doute que Mickey allait passer à côté d'elle en la snobant. Non ? Bah non. Puisqu'il se planta devant elle et... lui parla. La fuite, pas la solution ? Ah bon ? Zut alors, elle qui l'avait cru pendant tant de temps. « Et pourquoi pas ? Ça m'a plutôt bien réussi jusque-là. » qu'elle fit avant de serrer les dents, haussant les épaules d'un air faussement détaché. Ouais, elle se faisait mal toute seule en disant ça, en fait. Puisque, bah, c'était plutôt faux. Mais sans la fuite, sa vie n'aurait pas été mieux alors... Bref. Mickey reprit, affirmant à nouveau qu'ils devraient parler sauf si... elle préférait faire comme s'il ne s'était rien passé. Ils étaient un peu au point de non retour, non ? Et il ne voulait plus tellement d'elle, n'est-ce pas ? Donc faire comme si de rien n'était risquait d'être compliqué. « Et pour parler de quoi, au juste ? Du fait que tu as enfin réalisé que tu mérites mieux qu'une fille comme moi dans les pattes ? Eh bien, j'en suis très heureuse pour toi. Voilà. On a parlé. C'était passionnant. » Sa gorge se serra davantage encore. D'accord, elle raillait un peu, là. Enfin, sur la fin uniquement. Puisqu'elle lui souhaitait vraiment le meilleur. Et qu'elle savait qu'elle n'était pas cela, c'est tout. Oh, non, attendez, il ne faudrait surtout pas qu'on puisse penser qu'elle se victimisait, n'est-ce pas. Vu toutes les bonnes choses (hurm) qui avaient été dites sur elle dans ce jeu, elle pourrait presque s'en inquiéter. Mais non, en fait, elle s'en foutait. Parce que perdre Mickey avait été sa plus grande peur depuis des semaines et soudainement, elle se l'était prise en pleine tronche, cette peur. Puisque, oui, elle était persuadée de l'avoir perdu.

Elle en avait été certaine, de toute façon. Certaine qu'il serait déçu, qu'elle serait blessée, laissée comme une conne. Ce n'était pas une surprise. Mais putain, ce que ça faisait mal. Elle avait été habituée aux sensations agréables avec lui. C'est vrai, tout ce qu'ils avaient vécu ensemble avait été positif, agréable et plaisant, malgré quelques conflits sans grande importance de temps en temps, mais là... C'était exactement tout ce qu'elle avait craint. Qu'il soit déçu, qu'il se rende compte qu'elle n'était qu'une gamine qui avait vraiment essayé d'être assez bien, de rendre ses parents fiers, d'être une bonne sœur, une petite-amie parfaite mais sans jamais vraiment y parvenir. Et c'était la même chose avec Mickey. Ce n'était pas un soulagement qu'il le réalise, non. C'était déchirant. Elle n'avait jamais eu si peur de perdre quelqu'un de toute sa vie. Vraiment. Parce qu'elle savait qu'il pouvait la dégager à tout instant. Oh que oui, elle se retenait vraiment de pleurer, là. Si elle ne maintenait pas un foutu contrôle sur elle, elle serait déjà en larmes. Ouais, elle était certaine que tout ceci lui couperait la respiration si elle ne s'efforçait pas de la contrôler pour parler, pour émettre quelques mots qui n'arrangeraient rien. C'était amusant... elle qui parlait tellement, qui pouvait se montrer si bavarde, lorsqu'il s'agissait de ce genre de conversations, d'explications, elle perdait toute sa belle "confiance en elle". Comment c'était possible de se dire confiante alors qu'elle se savait pas assez bien ? Un vrai cas, cette rousse. Quoiqu'il en soit, il ne tarda pas à réagir à ses propos. L'éloigner d'elle ? Non, ce n'était pas ce qu'elle voulait, elle voulait tout le contraire. Le garder pour elle, pour très longtemps, voilà ce qu'elle voulait. Et elle ne prétextait pas ne pas être assez bien pour lui, c'était la vérité. Ne le voyait-il donc pas ? Elle n'avait pas cessé de lui dire: il était spécial, elle ne l'était pas. Mais il ne s'arrêta pas à cela, non, il continua à parler. Et ça faisait mal. Vraiment. Au point où son joli contrôle décida de foutre le camp, quelques larmes coulant sur ses joues, des larmes qu'elle s'empressa d'essuyer. « T'éloigner de moi ? Non. Bien sûr que non, c'est la dernière chose que je veux. La seule chose dont je suis certaine, c'est que je te veux dans ma vie. C'est tout ce que je veux... » Rien de plus. Juste lui dans sa vie. De toute évidence, sa vie entière tournait autour de lui hein. Elle le savait, en plus. Et c'était effrayant. Effrayant de vouloir une seule chose et de savoir que si cette chose foutait le camp, alors elle se retrouvait sans rien. « Et si je voulais disparaître, comme tu dis, alors j'aurais eu plus d'une occasion de le faire depuis qu'on est dans ce jeu. Et je suis restée pour toi. Le soir où j'ai été éliminée, je suis restée pour toi ! Je ne prévois pas de partir, je t'assure que je ne veux pas te laisser, mais toi, tu me laisseras. Parce qu'une fois sorti d'ici, tu vas réaliser qu'il y a beaucoup de meilleurs choix. Et je sais que je vais te décevoir. Simplement à cause de ma personnalité, de mon comportement. Peu importe à quel point j'essaye, je sais que je ne suis pas assez bien pour toi. Je te l'ai déjà dit, tu es spécial. Et je ne le suis pas. » Elle le lui avait répété, et elle l'avait pensé à chaque fois, évidemment. Elle était banale, c'était tout ce qu'il y avait à savoir. Et en face d'elle, elle avait un homme bien plus précieux qu'il ne devait le penser lui-même. Elle n'avait jamais réussi à croire qu'il pouvait vouloir d'elle alors sa réaction n'était pas étonnante. « Tu te lasseras de moi. Si ce n'est pas déjà fait. Et je ne t'en voudrai même pas. » conclut-elle en haussant vaguement les épaules, puis passant ses mains sur ses joues, effaçant toutes ces larmes qui pensaient pouvoir se faire une place dans la conversation. Et elle avait déjà dit tout cela, à plusieurs moments de son aventure, à plusieurs personnes différentes, mais mis bout à bout, tout ceci prenait un sens tellement plus clair. Et en toute honnêteté, elle ne pensait pas se tromper beaucoup.

Bien sûr qu'elle voulait de lui dans sa vie. Comment pouvait-il penser le contraire ? N'avait-elle pas déjà prouvé qu'elle avait besoin de lui, qu'elle souhaitait passer de longs moments à ses côtés. Elle avait été sincère la semaine précédente, lorsqu'elle avait dit qu'elle le voulait dans sa vie. À vrai dire, elle avait toujours été sincère en sa présence. Et la révélation de son secret ne changeait rien à tout ce qu'elle lui avait affirmé depuis des semaines. Elle ne souhaitait pas que leurs plans changent. Tout ce qu'ils avaient mentionné, la visite de sa maison, de sa ville, elle souhaitait vivre tout ça. Mais elle doutait, à présent. À vrai dire, depuis qu'elle avait levé le voile quant à son secret, elle doutait, elle était effrayée. Parce qu'elle avait été persuadée qu'il prendrait tout cela mal et que ça changerait des choses dans leur relation. Ça n'avait pas raté, clairement. Eux qui avaient pourtant désiré passer un bon prime... Eh bien, non, c'était décidément impossible que ça se passe ainsi. Alors voilà où ils en étaient. À avoir une conversation qui n'avait rien d'agréable. Les larmes sur ses joues devaient en témoigner. Ça faisait mal. Ça la prenait aux tripes, cette sensation que c'était peut-être la dernière conversation qu'elle avait avec lui, la dernière fois qu'elle pouvait le voir. Peut-être qu'ils ne se verraient plus du tout après ce jeu... Peut-être que les seules fois où elle apercevrait son visage seraient dans un quelconque magazine. Oh, cette perspective lui déplaisait fortement. C'était même pire que cela. À nouveau, la façon dont elle se sentait n'était pas explicable. C'était juste vraiment douloureux de penser à toutes ces choses. Elle avait essayé de s'exprimer, ne sachant pas tellement si c'était compréhensible ou si cela expliquait tout. Non, ça n'expliquait pas tout, c'était évident. Disons qu'elle avait essayé. C'était déjà ça, n'est-ce pas. Oui, admettons. Et elle considérait que c'était déjà pas mal qu'elle ait ouvert la bouche. Qu'elle soit parvenue à en faire autant. Cela dit, elle n'était pas certaine d'avoir envie de connaître la réponse de Mickey ou ce qu'il pouvait penser de ce qu'elle venait de déblatérer. Non, en fait, elle ne voulait pas savoir, l'ignorance était mieux. N'est-ce pas ? Elle avait tendance à croire que si. Pourtant elle fut attentive lorsqu'il prit la parole à son tour, s'attardant sur ses mots, sur la façon dont il les disait, dont il les utilisait. Oui, il y avait de meilleurs choix, elle n'en doutait pas. Il semblait pourtant persuadé d'avoir fait le bon choix. En la choisissant, elle. Elle... Ah oui ? Cela allait sans dire qu'elle n'était pas d'accord. Et il ne risquait pas de la décevoir, loin de là. Peu importe ce qu'il faisait, peu importe ses défauts, ça se transformait toujours en qualité à ses yeux. Et il pourrait trouver mieux, tellement mieux que la rousse. Il se trompait totalement, il y avait mieux. Peu importe ce qu'elle pouvait représenter, il trouverait mieux. Alors elle commença à secouer la tête, pour contester ces paroles et cela continua durant une bonne partie de son discours. Elle n'était pas d'accord. Elle ne ferait pas tomber n'importe quel homme, elle ne trouverait pas mieux, elle n'en aurait pas marre de lui, elle ne se lasserait pas de lui et elle ne le laisserait pas. Du moins, elle osait l'espérer. Ouais, ça lui faisait peur. Soit. Elle arrêta de secouer la tête lorsqu'elle le vit faire un pas en sa direction, puis en voyant sa main... approcher son visage. Elle ferma les yeux quelques secondes, se mordilla la lèvre afin de se retenir de pleurer davantage. Parce que ce contact, bien qu'il lui plaisait autant que tous les autres, restait douloureux. Et si c'était le dernier hein ? Et si elle gâchait tout, encore un coup ? Elle fit de son mieux pour se contenir, pour ne pas laisser entendre de bruits désagréables qui allaient pourtant de paire avec ses larmes. Elle laissa juste ses joues s'humidifier en silence, passant ses mains sur ces dernières de temps en temps. Puis Mickey reprit et... Ces nouveaux propos lui coupèrent la respiration. Littéralement. Ouais, heureusement qu'elle n'était ni folle, ni amoureuse, n'est-ce. Heureusement. Pourquoi est-ce que cela lui faisait d'autant plus mal ? Elle avait été certaine de se faire des illusions. Bah voilà, c'était clair. Heureusement qu'elle n'était pas amoureuse... Elle pouvait au moins remercier l'univers, ou juste la production, de ne pas avoir diffusé sa conversation avec Emilien durant le prime. Parce que là, elle se serait sentie encore plus ridicule. Et elle n'avait pas besoin de ça, en effet. La rousse essaya de retrouver un semblant de respiration, le regard posé sur le sol. Respirer, oui. Parce qu'elle devait parler. Oui, elle le devait. « J'ai vécu une vie qui ne me comblait pas pendant plus de vingt ans, Mickey. Ma résistance ne me semble pas trop mauvaise... » souffla-t-elle simplement. Alors, d'accord, elle avait craqué il y a peu, mais ça serait petit de le faire remarquer, n'est-ce pas. Et puis, là, il était question de Mickey et avec lui, elle était heureuse donc on pouvait penser que sa résistance serait encore meilleure, elle ne savait pas. Quoi qu'il en soit, ses pensées s'égarant, elle s'enfonça à nouveau dans un sanglot, qu'elle tenta vainement de retenir. Promis, elle allait s'arrêter avant de transformer cette entrée en piscine, hm. Oui, sûrement.

C'était un peu comme une tornade. Elle se formait petit à petit, n'annonçait rien de bien réjouissant sans pour autant être catastrophique, au début. Et puis, elle tourbillonnait, s’agrandissait, évoluait pour devenir violente et destructrice. C'était ainsi que son esprit s'était laissé emporter. Au début avec quelques doutes, quelques peurs et quelques pensées peu agréables et puis, à force de tournoyer dans son esprit, ces pensées s'étaient faites plus présentes, plus fortes et c'était ainsi qu'elle ne pouvait plus s'enlever de la tête qu'elle allait forcément le perdre, qu'elle l'avait perdu, que c'était fait, qu'il n'y avait pas de retour possible. Fini. Terminé. C'était insupportable. Insupportable de se dire que tout finissait ainsi, là. D'un côté, elle avait tellement attendu que ça se produise qu'elle ne pouvait pas se dire surprise. C'était le juste retour des choses, quelque part, non ? Elle avait abandonné beaucoup de gens dans sa vie donc c'était à son tour d'être abandonnée. Logique. Et puis, elle savait que Mickey était toujours un rang au-dessus d'elle. Elle n'avait pas pu s'enlever de la tête, depuis tout ce temps, qu'il était unique tandis qu'elle, était banale, commune. Et comment quelqu'un de si incroyable aurait pu s'intéresser à elle, hein ? C'était impensable, c'est tout. Alors elle ne savait pas quelle explication elle pouvait donner pour justifier ce ressenti mais c'était ainsi. Pas assez bien ou pas, c'était juste ainsi et elle n'y pouvait rien. Alors, oui, pour elle, elle l'avait perdu au moment même où il avait suggéré l'idée de partager une petite discussion. Après tout, après avoir tant attendu ce moment, comment aurait-elle pu deviner qu'il s'agissait d'autre chose, hm ? Donc, oui, elle pleurait. C'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas s'en empêcher. Et toute sa frustration, tous ses regrets, tous ses doutes, toutes ses peurs, absolument tout y passait, là. Pour elle, c'était inévitable qu'il ne veuille plus d'elle. Oh, elle s'était tellement montée la tête en pensant ça pendant des semaines, vous savez hein, qu'elle agissait comme si c'était le cas. Lui, il pourrait bien lui sortir tout un tas d'excuses, rien ne parviendrait à la dissuader de le vouloir dans sa vie. Peu importe s'il se disait invivable, peu importe s'il pensait qu'elle ne parviendrait pas à le supporter bien longtemps. Elle partageait ce chalet avec lui, n'est-ce pas. Et elle le vivait très bien. Pas que tout était toujours rose – sans blague – mais ça ne changeait rien au fait qu'elle le supportait et qu'il était encore loin de parvenir à la repousser avec son comportement. Elle ai... appréciait tout chez lui. Même quand il se montrait agaçant. Et encore, cela ne lui arrivait... jamais. Oui, elle avait tendance à trouver ça mignon, même quand il était agaçant, voilà. Et quand il lui criait dessus, même si elle n'appréciait vraiment pas, n'était pas non plus une excuse suffisante pour qu'elle se tire. Bref, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, elle ne serait pas déçue. Et elle ne pouvait pas lui en vouloir, de toute façon, elle en était incapable. Ce qui était plutôt embêtant, oui. Pas qu'elle souhaiterait lui en vouloir dans l'immédiat, non, pas du tout. Si elle pleurait, c'était de la faute de la rousse uniquement. Parce qu'elle s'était trop attachée, voilà. Et parce qu'elle savait que ce qu'elle avait à donner n'était pas suffisant. Soit. Elle avait beau se dire qu'elle devait se calmer, ça faisait prodigieusement l'effet inverse. Magnifique. Avec ça, la situation allait beaucoup avancer, hein. Elle essuya ses joues dès qu'une nouvelle larme faisait son apparition, parce que, bon, elle n'était pas non plus une pleurnicheuse, à l'origine. Et même si, c'est vrai, elle n'était pas aussi forte que d'autres, elle n'était pas une petite chose fragile non plus. Non, elle n'était pas fragile, c'est tout. Naïve et rêveuse, d'accord, mais n'associons pas cela à de la fragilité, tout de même. Et puis zut, elle avait bien le droit de craquer de temps en temps, non ? Surtout qu'elle avait une bonne raison. Qu'elle croyait en avoir une, en fait. Puisque tandis qu'elle essayait toujours de se contrôler un minimum, voilà que Mickey reprit la parole. Pour s'expliquer. Expliquer le pourquoi de cette conversation. Avouant ne pas avoir eu cela en tête. Avouant se sentir coupable à chacune de ses larmes. Et merde. Ce n'était pas ce qu'elle voulait, ça. Il n'avait pas à se sentir mal, vraiment pas. Puis il continua et là... elle ne savait pas exactement si son cœur s'était arrêté définitivement ou non mais il s'était passé un truc. Tout comme tout se fit vide dans son esprit, que sa respiration se coupa à nouveau, tandis qu'elle le fixa, n'en ayant que faire de ses yeux bordés de gouttelettes d'eau. Qu'est-ce qu'il venait de lui dire, là ? Dudley ? Et... et elle ? Et lui ? Et lui faire une... place ? Mais... Elle n'était pas certaine de tout comprendre, en fait. Pourquoi il lui disait ça alors que... Oh, elle n'y comprenait plus rien. Il avait réussi à la perdre totalement en cinq phrases. Et tout en le regardant, elle essayait de remettre de l'ordre dans son esprit. Elle ne bougeait pas, ou uniquement pour passer ses mains sur son visage, inlassables. Ses lèvres étaient déjà en position pour parler. À vrai dire, elle avait un mot qui lui venait là, un mot qu'elle ne parviendrait pas à garder pour elle. Alors sourcils froncés, bouche légèrement entrouverte, elle souffla un : « Pa... pardon ? » aussitôt suivi d'un « Quoi ? », qui, l'un comme l'autre, devaient laisser entendre qu'elle était perdue. Oh cela ne l'empêchait pas de pleurnicher pour autant, non, non. À vrai dire, elle commençait à se demander si elle ne souffrait pas de très sévères hallucinations auditives. Elle avait mal compris. Oui, elle avait mal compris, c'était évident. Bonne nouvelle, cela dit : sa respiration se fit entendre, quelque peu agitée mais elle était toujours là, celle-là. Ouf, n'est-ce pas. Hm, oui. Et sinon, prochainement, sa tronche serait affichée en face de la définition du mot 'tarée' ou du mot 'stupide', à votre avis ? Elle se posait la question, en fait. Ses mains trouvèrent à nouveau leur chemin jusqu'à ses joues, d'une façon bien moins douce que précédemment, comme excédée par ces pleurs. Puis elle prit une longue et profonde inspiration. Hallucination auditive, c'était certain. Et il allait le lui faire remarquer dans trois, deux...

Est-ce que Emmeline s'était totalement méprise quant à cette conversation que Mickey souhaitait avoir avec elle ? Possible. À sauter sur des conclusions hâtives aussi... Ce n'est pas parce qu'elle avait peur de le perdre qu'elle devait agir comme si c'était chose faite à présent, n'est-ce pas. Oh, ça, c'était une chose qui ne lui avait pas traversé l'esprit, elle était juste sautée sur le fait qu'il ne voulait plus d'elle, et voilà, c'était tout. Une erreur, peut-être. Puisque Mickey était toujours là, devant elle et qu'il lui parlait. De choses... inattendues. Concernant sa maison, cette maison dont elle avait longuement entendu parler, cette maison qui l'avait charmée sans même qu'elle l'ait vue. Et donc, si elle avait bien compris, chose dont elle doutait, c'était qu'il ne serait pas contre l'idée de l'accueillir. D'accord, ce n'était pas nouveau qu'elle pourrait passer chez lui, c'était même une chose décidée depuis quelques temps déjà, mais là, il disait que... ça ne serait pas que pour une visite. Donc pour plus longtemps. Et, oui, c'est vrai qu'elle avait du mal à comprendre, puisque cela était plutôt contradictoire avec le fait de ne plus vouloir d'elle, n'est-ce pas. C'était même tout l'inverse, en fait. Donc elle était perdue. Et elle le fit comprendre avec quelques mots, espérant qu'il l'éclairerait, qu'il lui en dirait plus ou se contenterait de répéter. Afin qu'elle soit certaine de ne pas avoir tout mélangé. Elle l'écouta, buvant presque chacune de ses paroles, faisant défiler chaque mot dans son esprit au moins trois fois. Il soutenait donc ses propos précédents, proposant de lui prêter sa chambre et... Mais cela voudrait dire que lui, dormirait dans ''la chambre aux mauvaises vibrations'' ? Et... Mais c'était... Oh, elle était perdue. Comment pouvait-il vouloir qu'elle vienne... habiter chez lui ? Avec tout ce qu'elle venait de lui dire, il souhaitait toujours une chose pareille ? Et non, il n'était pas ridicule, bien sûr que non. C'était elle qui l'était, là. Elle se sentait bien bête. D'autant plus qu'il venait de dire qu'il serait toujours là en cas de besoin... Et ça, ça fonctionnait uniquement au niveau du logement ou c'était une affirmation incluant plus de choses ? Elle était repartie à s'imaginer des choses, décidément. D'accord. Bon. Du calme, déjà. Elle devait oublier tout ce qu'elle pensait savoir et ne retenir que cela pour le moment : il voulait toujours d'elle chez lui. Et pour plus longtemps que c'était prévu. Donc les projets qu'ils avaient ensemble étaient toujours d'actualité ? Peut-être. « Mais... » laissa-t-elle entendre, confuse. Oui, elle comprenait bien ce qu'il venait de dire mais ça lui paraissait un peu invraisemblable, quand même. Il savait pourtant qu'elle risquait de le décevoir. Et peut-être bien qu'il réaliserait rapidement qu'elle n'était pas si bien que cela. C'est vrai, il ne la connaissait pas encore à l'extérieur et... Elle ne savait même plus pourquoi elle pleurait. Elle ne l'avait pas perdu, c'est ça ? Elle ne savait pas. « Je suis désolée de pleurer comme une idiote. » qu'elle souffla entre deux sanglots, baissant la tête, comme pour se cacher derrière sa chevelure. Elle resta ainsi afin de sécher ses joues de ces envahissantes larmes, qui, décidément, ne voulaient plus s'arrêter. Et c'était stupide. Puisque ce n'était pas ça qui allait rendre la situation plus simple hein. Elle s'était légèrement laissée emporter. Légèrement, hm. Elle faisait de son mieux pour se calmer, pour retrouver une mine plus sereine, moins tragique, et durant la manœuvre, elle fut prise de quelques soubresauts. Bon. C'était un peu mieux. Disons que ses joues étaient moins victimes d'inondations. C'était déjà ça, n'est-ce pas. Oui, admettons. Alors elle releva doucement le minois, le regard un peu fuyant à cause de son comportement, se mordillant la lèvre, tout en ne pouvant plus rester immobile, balançant tout son poids d'une jambe à l'autre. Elle comptait reprendre la parole, oui. Avant cela, elle lança quelques coups d’œil en direction du visage de Mickey, afin d'avoir une petite idée de ses ressentis face au comportement de la rousse. Elle l'avait entendu soupirer plusieurs fois donc c'était possible qu'elle l'ennuie, là. Oh, elle ne pourrait pas tellement lui en vouloir, on ne pouvait pas dire qu'elle était la meilleure compagnie de la soirée. Hm... donc elle n'avait pas fini de parler, en fait. Oui, il y avait une question qui avait pris d'assaut son esprit et elle avait besoin de la lui poser afin d'être certaine. Quoique, avait-elle envie de connaître la réponse... ? Difficile à dire. Puisqu'elle craignait un peu une réponse négative, là. Bon. Elle ne pouvait pas non plus rester comme ça, dans le doute. Alors elle prit une longue et discrète inspiration tout en osant garder son regard posé sur son visage pendant quelques secondes. « Est-ce que... est-ce que ça veut dire que... tu veux toujours de moi ? » murmura-t-elle d'une voix hésitante, triturant sa robe d'une main. Oui, elle était un peu nerveuse de savoir ce qu'il pourrait répondre à ça. Et promis, elle n'allait pas se remettre à pleurer. Du moins, si une nouvelle larme coula sur sa joue, ce n'était pas parce qu'elle s'était remise à sangloter, c'était uniquement parce qu'elle n'avait pas totalement arrêté non plus, c'est tout. Mais ce n'était rien d'inquiétant, donc, ça allait. Elle ne pouvait pas se calmer entièrement en deux minutes non plus, ce n'était pas possible. Elle faisait de son mieux, là. Elle n'y pouvait rien si, quand ça concernait Mickey et le fait qu'elle pourrait le perdre, elle réagissait trop rapidement et donc, elle pleurait plus facilement. Il fallait aussi ajouter la fatigue sur tout ça hein et puis, le fait que c'était un enfermement pesant et... Non, d'accord, elle avait juste eu peur de le perdre. Si avec ça, il ne comprenait pas qu'elle tenait beaucoup, beaucoup à lui hein, ce n'était pas de sa faute. Hm, oui, bref.