monroe
Il y avait cette bouteille posée sur un coin de la table de la cuisine. Il était incapable de dire si elle était à moitié remplie, ou à moitié pleine. Ça devait être une histoire de point de vue ça. Qu’elle soit à moitié vide ou pleine, il restait de la boisson dedans. L’étiquette qui entourait la bouteille était à moitié arracher. Il pouvait parvenir à lire un « Jack » dessus. Jack. Cette bouteille n’appartenait pas à Jack, parce qu’il n’y avait tout simplement pas de Jack au sein des candidats. Ça aurait pu être le nouveau, mais il a un nom à la con. Alors non, ce n’était pas lui. Bref, cette bouteille appartenait à personne, et encore moins à ce Jack. Il s’en saisit alors. Maintenant, elle était sienne. Il n’y avait donc plus d’interrogation à soulever au sujet de cette bouteille. Il y avait encore à boire dedans, et elle était à lui. Et si seulement ses questionnements s’arrêtaient à une bouteille et à son contenu. Il y fallut qu’il se pose tout un tas d’autres questions. Comme par exemple, que pouvait-il bien faire de ce début de soirée pour s’occuper un peu ? Bonne question. Il allait y méditer longuement. Il aurait très bien pu partir à la quête d’Opaline, pour… pourquoi elle ? Il ne savait pas. Ou bien d’une autre personne soulante pour lui tenir compagnie. Entre temps, Valeri avait eu vent d’un jacuzzi. Il était évident que ce n’était pas du genre d’endroit dont il était friand. Pas du tout même. Mais, rien ne l’empêchait d’y aller, d’y jeter un coup d’œil. Personne ne le saura… ou peut-être quelques individus ayant le nez collés à leur écran, mais franchement, qui aimerait suivre les tribulations d’un garçon comme Valeri ? Personne. Vraiment personne. Alors, oui, il vivait sans s’occuper des autres. Encore heureux. Bouteille à la main, il se rendit donc au jacuzzi. Personne n’y était. Ce n’était pas plus mal. Il n’avait pas envie qu’on l’oblige de se dévêtir pour qu’il rejoigne cette tierce personne dans l’eau. A vrai dire, il n’eut pas besoin de cela pour le faire. Il posa la bouteille au bord du jacuzzi, et se défroqua. Il s’en fichait lui de se retrouver en simple boxer dans l’eau. Après ce qu’il avait dû subir lors du dernier prime, il n’était plus à une crainte près. Il se glissa finalement dans l’eau, s’installant dans un petit coin. Non loin de sa bouteille. Ce serait dommage de l’oublier celle-là. Il avait pris avec lui, mais à vrai dire, il n’avait même pas soif. Mais ce n’était qu’un détail. Un détail dont personne ne prêtera attention. Personne. Son regard s’échoua alors sur une silhouette féminine qui s’offrait à lui. Personne sauf elle. Il cligna des yeux, avant de tenter de remettre une nom à sur ce visage. Il n’eut guère de mal à le faire. Monroe. Elle avait fait partie de son équipe de bras-cassés et de bons à rien. Oui, c’était comme ça que Valeri jugeait son équipe. Et rien que d’y penser, ça l’agaçait. Il y avait bien une chose que Valeri n’appréciait pas : c’était perdre. Perdre un pari, perdre un défi, perdre un jeu, perdre un combat sur PS, etcétéra. Son regard se perdit finalement sur la surface de l’eau qui était légèrement troublée par les bulles. « Tu peux venir si tu veux… mais évite de foutre de l’eau partout en entrant » souffla-t-il avenant. Oui parce qu’avec ses airbags, elle risquait d’inonder toute la pièce. Un petit rictus en coin se glissa sur ses lèvres, alors qu’il reporta son regard sur le visage de la jeune femme.

Bon avec Jay, on a un peu fait les folles, je me suis fait un peu mal aussi, mais chute, c'est pas grave, je me fais tout le temps mal en fait, j'suis pas douée, mais c'est pas grave ça non plus. Un bleu ou deux n'a jamais tué personne. Quoi que pour le coup mon dos à bien dégusté, j'ai mal au dos, y'a rien à faire. Je déteste avoir mal au dos, je déteste avoir mal peu importe l'endroit en réalité. Je ne suis pas une chochotte, loin de là mais bon, personne n'aime avoir mal. Enfin si y'a des gens qui prennent leur pied grâce à la douleur, j'ai connu des tarés dans ce genre, le mec il voulait que je lui fasse des trucs bizarre au pieu, c'était pas trop mon trip sachant qu'il ne prenant son pied que comme ça. On a vite arrêté ses petits jeux et il a vite dégagé de chez moi. En tout cas je me dis que si j'ai mal, y'a qu'un truc qui pourra me soulager, enfin un truc qui n'est pas de l'alcool à forte dose et de la marijuana, faut que j'arrête de me défoncer pour un oui ou pour un non. C'est pas bon pour le cerveau, ça grille les neurones. Et mine de rien j'y tiens à mes neurones, bien plus qu'on pourrait croire, j'aime être intelligente, ouais intelligente. Bref. Le truc dont je parlais c'est le jacuzzi, l'eau brûlante, les petites bulles y'a que ça de vrai. Alors bah du coup je prends un maillot, le premier qui vient. Encore un Victoria Secret, j'aime leur formes, les coloris tout ça. Bref. J'ai aussi les formes pour, un peu comme les anges qui les portent d'ailleurs, même si on est pas trop gaulés pareil au bout du compte. Nouveau bref. J'espère qu'il y aura quelqu'un parce que c'est plus sympa que d'être seul à dedans. Faut dire que j'aime pas être seule, j'suis toujours entourée dehors, y'a toujours quelqu'un chez moi, toujours. Parfois je me réveille et y'a une fille échouée dans mon canapé, quelqu'un dans la douche, un vrai moulin. En tout cas, j'suis servie parce que quand je rentre il y a ce mec. Valeri, celui qui était dans mon équipe dimanche et qui semblait assez dégoûté du résultat. Faut dire aussi qu'avec un mec qui ne participe pas c'est dur d'avoir des points hein. Il arrête pas de me mâter. « Tu peux venir si tu veux… mais évite de foutre de l’eau partout en entrant » Bah en même temps j'étais déjà entrain de retirer mon t-shirt alors évidemment que j'allais venir. J'suis un peu là pour ça. J'suis en maillot et m'apprête à entrer quand je décide de lui répondre. « Bah écoute, je te promets rien, j'peux rien contrôler. » Bah ouais, j'ai tellement des gros seins que bon. Ouais j'ai bien remarqué qu'il les avait mâté, ils le font tous. C'est affligeant, non en fait, pas vraiment mais j'ai l'habitude quoi. Tout le monde les regarde, faut dire qu'on ne voit que ça selon comment j'suis fringuée. J'entre et miracle, y'a pas de soucis. « Le tsunami a été évité. » Quel petit chanceux. Et puis sans vraiment savoir pourquoi mes yeux dérivent sur sa bouteille. Oh tiens. Jack. « J'ai interrompu une petite fête ? » Je demande dans un sourire en désignant la bouteille du menton, bah ce serait un peu bête quand même. Je m'en voudrais énormément. Ou pas en fait.

Il est vrai que Valeri n’avait jamais été comme un poisson dans l’eau. Mais à la différence d’une piscine, ou de la mer, c’est qu’ici, il avait pied au moins. Il avait donc moins de chance de se noyer, ici à moins que quelqu’un lui en veille terriblement. Il s’était donc installé dans un petit coin de ce jacuzzi confortablement, en compagnie de son amie du jour. Elle lui sera fidèle, et pas très embarrassante, son amie. Sa bouteille. Ou tout du moins, la bouteille qu’il avait trouvée abandonné sur la table de la cuisine. Elle n’était à personne. A présent, elle était sienne. La solitude était, elle aussi, présente dans l’endroit. Il n’aimait pas tellement cela la solitude. Être seul. A vrai dire, il n’eut pas à prier pour qu’une tierce personne vienne lui tenir compagnie. En effet, à peine venait-il de s’installer, il put apercevoir de loin, une jeune femme entrer dans la pièce où il se trouvait. Il reconnut aussitôt Monroe. Monroe… à vrai dire, il ne savait que son prénom. Le reste ne l’intéressait pas tant que cela. Il la convia alors à le rejoindre. A vrai dire, il semblerait que cela était dans les intentions de la jeune femme. De se joindre à lui dans le jacuzzi. Alors, il lui demanda avec sa gentillesse qu’on lui connaissait tant de ne pas mettre de l’eau partout en entrant. Vu son physique, il ne serait pas étonné que le jacuzzi déborde. Valeri n’était pas une mauvaise langue, voyons. Il lui faisait juste remarquer qu’elle avait juste un physique un peu trop généreux. Elle lui disait qu’elle ne promettait rien et surtout qu’elle ne pouvait rien contrôler. Ces quelques mots ne convainquirent guère le jeune garçon. Il l’observa discrètement, tant dit qu’elle entrait dans le jacuzzi. Il semblerait qu’il n’y ait pas eu de dégât. Le tsunami avait été évité, lui fit-elle remarquer. « Encore heureux… » souffla-t-il, alors. Dans le cas contraire, il lui aurait fait éponger toute l’eau qui aurait inondé la pièce. Il ne l’aurait quand même pas fait à sa place. Ça aurait été de sa faute. De sa faute à elle, à Monroe. Elle venait d’ailleurs de reprendre la parole. Elle lui demandait alors si elle avait interrompu une petite fête. Aussitôt, le regard du biélorusse s’échoua sur la bouteille qui se trouvait à côté de lui. « On peut dire ça comme ça… même s’il n’y a pas grand-chose à fêter ». Un soupir vint alors ponctuer ces quelques-mots. Pour faire une fête, il devait il y avoir un événement à célébrer ? En l’occurrence, là, il n’y en avait pas. Son attention se reporta sur le visage de la jeune femme qui se trouvait non loin de lui. Son poignet trouva alors le chemin jusqu’à la bouteille qu’il empoigna. Il ne savait pas vraiment pourquoi il venait de faire ça, il n’avait même pas soif. Il déboucha la bouteille, et porta le goulot à ses lèvres. Il en but une gorgée. Après tout, l’appétit venait en mangeant, la soif devait venir en buvant non ? Il hésita un court instant, à la proposer à la jeune femme avant finalement de se résigner. Après tout, c’est sa bouteille. C’est la sienne.