jaileen
Il ne savait pas vraiment quelle idée avait-il eu d’accepter ça. Ca. Ce truc. Ce machin. Cette chose. Ce pique-nique dans le jardin botanique. Sûrement si ça n’avait pas été Jaileen, il aurait refusé catégoriquement. Ainsi, ils avaient passé ensemble, cette fin de matinée, à préparer ce fameux pique-nique. Cette idée était celle de Jaileen, jamais Valeri n’aurait eu une telle idée. Sandwichs enveloppés, chips, fruits et légumes, bouteilles d’eau et de vin, deux gobelets, des fourchettes et des couteaux et des assiettes en plastiques, et la liste était encore longue. Ainsi, tous les deux avaient garni ce panier de quelques denrées qui leur serviront de repas. Le panier à bout de bras, Valeri suivit sans un mot sa jolie partenaire jusqu’au jardin. Il est évident que ce n’était pas rempli d’enthousiasme qu’il y allait. « Non, mais… un pique-nique… t’es sérieuse là ? » grommela-t-il, en lâchant un soupir à chacun de ses pas. Après quelques râlements de la part du biélorusse, ils étaient malgré tout arrivés à la ligne d’arrivée (si ligne d’arrivée existe). « Hum… bon, on se pose où ? » souffla-t-il, un brin agacé, en regardant un peu autour de lui. Il n’avait pas l’attention de rester debout, des heures, sous le soleil, avec ce panier rempli de nourritures au bout de son bras. Finalement, il désigna un endroit du bout de son menton. Une petite parcelle d’herbe, à l’ombre, au bord d’un cours d’eau. Il jugeait l’endroit agréable et convivial pour ce truc. Enfin, Jaileen n’était pas contre cette idée-là, de manger à cet endroit précis, désigné par Valeri. Ce dernier déplia alors la table sur l’herbe, puis finit par s’asseoir dessus. Il croisa les bras, encore un peu ronchonnant. « On va nous afficher après ça, j’suis sûr… » souffla-t-il dans un murmure presque inaudible. Finalement son regard se reporta sur Jaileen, s’efforçant alors à lui adresser un sourire. Il lui lança un petit regard. L’un de ces regards qui lui réclamait son sandwich, du genre « allez donne-moi mon manger, s’il-te-plait ». Oui, voilà, l’un de ces regards là.

« Non, mais… un pique-nique… t’es sérieuse là ? » Non, mais sérieusement il n’en avait pas marre de râler toute la journée. Elle l’aimait bien la petite blondinette à son partenaire, mais il fallait bien admettre qu’il avait une fâcheuse tendance à ronchonner en permanence. Une manie qui commençait sérieusement à agacer Jaileen, même si elle ne disait rien et qu’elle le suivait, lunette de soleil sur le nez, pour rejoindre le jardin botanique du nid. Enfin, elle ne disait rien, si elle disait plein de chose, mais pas sur le caractère du jeune homme. Enfin, pas direction parce qu’elle l’aimait bien tout de même au garçon. Là d’ailleurs, elle venait dire quelque chose. « Oui, j’suis tout à fait sérieuse là et puis je ne t’ai pas non obligé à m’suivre hein. » Disons qu’elle ne l’avait pas obligé directement, mais qu’elle lui avait un petit peu forcé la main en lui faisant ses yeux de chiens battus et en lui sortant son plus beau sourire enfantin. Il n’avait pas pu résister bien longtemps et avait terminé par céder. Tous deux avaient préparé un petit panier plein de nourriture et de boisson avant de partir bras dessus, bras dessous en direction du jardin, sous un soleil de plomb. D’ailleurs, ils ne tardaient pas à arriver à destination. « Hum… bon, on se pose où ? » Tout cela avait l’air de l’agacer, mais la petite anglaise faisait mine de ne pas entendre ses soupirs et son côté ronchon. Elle essayait de positiver et de se dire que dans quelques minutes il ne serait plus aussi enquiquinant. Valeri désignait d’un geste de la tête un endroit à l’ombre, sur l’herbe, tout près d’un petit ruisseau. Jaileen approuvait et laissait son partenaire s’occuper de la table qu’il dépliait en un rien de temps. Il finissait par s’y installer et la blondinette venait le rejoindre, se posant à ses côtés, posant le panier sur la table. « On va nous afficher après ça, j’suis sûr… » Alors comme ça monsieur avait honte de faire un pique-nique avec sa partenaire. C’était donc ça. Elle haussait les épaules, faisant comme si de rien n’était. « Je ne vois pas pourquoi. Des millions de personnes font ça tous les jours et personne ne dit rien alors pourquoi là quelqu’un le ferrait. » Il lui jetait un regard pour lui montrer qu’il voulait son sandwich là, maintenant, tout de suite. En bonne petite … partenaire, elle fouillait dans le panier pour en sortir de la nourriture emballée dans un papier aluminium qu’elle lui tendait. « T’arrête pas de manger et t’es maigre comme un coucou, faudra que tu m’explique comment tu fais quand même. » Ouai, elle voulait bien son secret là.

Valeri avait fini par croire que toutes ces histoires de petits-déjeunés au lit avaient monté à la tête de Jaileen. Apparemment, il y avait une blonde qui avait servi le repas matinal à son partenaire, et un autre à la sienne. Alors sûrement que Jaileen avait voulu marquer le coup, en faisant quelque-chose d’un peu moins commun que leurs petits-déjeunés. Il était presque certain que c’était à cause de ça. En y réfléchissant, ça tenait la route cette hypothèse. Malheureusement, Valeri avait accepté. Et ce, contre tous ses principes. Et si au début, le jeune garçon avait plus ou moins bien accueilli cette idée, il était évident que maintenant, il s’en mordait presque les doigts. Chassez le naturel, et il revient au galop. Cette maxime s’appliquait bien à Valeri, lui qui n’hésitait pas à se faire entendre quand telle ou telle chose ne lui plaisait pas. Ne lui plaisait vraiment pas. Alors, oui, il s’était mis à râler, à ronchonner et à soupirer très bruyamment jusqu’à arriver sur les lieux. Elle lui fit alors remarquer qu’elle ne l’avait obligée à venir. Certes. Mais il est évident que si elle avait proposé ce petit rendez-vous à un autre que lui, il l’aurait mal pris… Très mal pris. Personne n’avait le droit de s’approprier sa partenaire, voyons. Oui. Voilà, ce qui était à lui était à lui. Bienvenue dans la divine comédie Valerienne. Ils s’installèrent alors dans un endroit ombragé, choisi par lui-même, puisque Jaileen avait décidé de faire la sourde oreille. Ainsi, il déplia le drap sur l’herbe, et finit alors par s’installer dessus. Il ne put évidemment pas s’empêcher de retenir l’un de ces commentaires si positifs. Ils allaient être affichés, ridiculisés, il en était presque sûr. C’était un peu… ridicule de pique-niquer, enfin… il faut avouer que Valeri avait des convictions bien particulières, des convictions bien à lui. Il paraitrait que des millions de gens faisaient ça chaque jour, que des millions de gens pique-niquaient chaque jour. Ce fut l’argument qu’elle venait de lui articuler. Il fronça légèrement les sourcils, un peu perplexe par ses explications. « Moi, je trouve ça kitch à mort… marmonna-t-il. Puis, sérieux, tu ne trouves pas que ça fait le portrait quasi-parfait d’amoureux transis, mangeant en tête à tête ? ». Il devait il y avoir que les gens un peu fleur bleu qui aimaient pique-niquer au bord d’un cours d’eau, au beau milieu d’un jardin se trouvant lui-même au milieu de nul-part. Valeri ne faisait pas parti de ces personnes. Oh ça non. Il n’allait malgré tout pas se plaindre de passer un peu de bon temps en compagnie de sa partenaire. Il finit par lui réclamer silencieusement un peu de denrée à se mettre sous la dent. Il était venu pour cela initialement, pour manger. Pas pour philosopher sur la symbolique des pique-niques. Alors que Jaileen lui tendit, il l’attrapa alors, la gratifiant d’un large sourire. Et sans perdre de temps, il croqua une bouchée. C’est alors qu’il cligna des yeux à l’écoute de la réflexion de sa partenaire. Elle lui faisait remarquer qu’il n’arrêtait pas de manger, et qu’il était maigre… comme un coucou. « Comme un coucou ? » reprit-il en fronçant légèrement le nez. Il n’avait jamais entendu de toute sa vie une telle expression. Être maigre comme un coucou. C’est bizarre comme expression en plus. Oui, il n’avait jamais entendu ça. Ni ses vieux, ni son entourage parisien n’utilisaient cette expression. Puis, il n’était pas si maigre que cela. Il n’était certes pas très musclé, et il devait songer à se remplumer, mais il n’avait pas besoin de la remarque de Jaileen pour lui faire comprendre ça.

La production n’avait rien trouvé de mieux que de refiler à la jolie petite blonde un partenaire qui n’arrêtait pas de ronchonner toute la journée. Certes, elle aussi aimait bien passer tout son temps libre à faire des remarques et des réflexions sur une chose ou bien une autre, mais en venant ici elle avait décidé de mettre de l’eau dans son vin et de se bonifier un petit peu. Jaileen ne s’attendait pas une seule seconde à ce que Valeri passe le trajet à faire la tête tout en balançant des petites remarques d’un genre plutôt enfantin. D’autant plus, qu’à la base, il semblait plutôt content de partager ce moment avec la demoiselle. Il l’avait aidé à préparer le panier du pique-nique avec beaucoup d’entrain avant d’embarquer une table sous son bras afin qu’ils soient bien plus à l’aise pour déjeuner et passer un bon moment. L’anglaise ne s’occupait pas de ses remarques et s’occupait uniquement d’elle et du beau temps qu’il y avait au-dessus de leurs têtes. Moi, je trouve ça kitch à mort… Il marmonnait. Puis, sérieux, tu ne trouves pas que ça fait le portrait quasi-parfait d’amoureux transis, mangeant en tête à tête ? Elle levait les yeux au ciel tout en poussant un soupir d’exaspération, croisant ses bras sous sa poitrine avant de rétorquer : « Petit bémol, nous ne sommes pas en couple et encore moins amoureux l’un de l’autre à ce que je sache. » Jaileen finissait par lui adresser un petit sourire amusé, voire complice. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de penser cela étant donné qu’un bon nombre de téléspectateurs risquaient de penser la même chose que lui, mais il fallait passer au-dessus de ce que les autres pouvaient penser. Enfin, elle voyait la vie comme ça la petite blonde. Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher d’y aller de son petit commentaire. « Et puis ça peut être marrant de jouer la comédie le temps d’un repas. Tu n’auras qu’à penser que tu es en train de mimer un dîner romantique en tête à tête avec la plus belle femme du monde et puis c’est tout. » Et re sourire complice sur les lèvres de la demoiselle. Après tout, il n’avait qu’à faire comme elle le lui disait et tout se passerait bien. De toute façon, il n’y avait pas de raison pour que cela se passe mal. Il finissait par la dévorer du regard pour lui faire comprendre qu’il avait faim et tout en lui donnant son sandwich, la blondinette y allait de son petit commentaire. Petit commentaire qu’il ne semblait pas comprendre. Comme un coucou ? Elle souriait, amusé par le fait qu’il ne comprenne pas cette expression et tout en continuant de fouiller dans le panier pour trouver sa nourriture, elle venait lui expliquer : « Beh ouai, comme un coucou, comme un oiseau si tu préfères. C’est pour dire que tu n’es pas bien gros, que tu es juste comme il faut quoi. » Elle l’observait du coin de l’œil avant d’affirmer : « Enfin, te remplumer un petit peu ne te ferrais pas de mal non plus. » Il n’était pas repoussant, loin de là, il manquait seulement d’un tout petit peu de muscle.

Rectification : Valeri ne râlait pas. Il faisait juste part de ses humeurs et de ses convictions. Ce n’était pas donc pas la même chose. Ainsi, il trouvait cela kitch à mort, du vu et revu. Le truc ringard à souhait. Un truc de romantiques, certainement, ou d’amoureux. Un peu des deux. Il arqua un léger sourcil lorsque Jaileen lui répondit. Ainsi, ils n’étaient pas en couple et encore moins amoureux réciproquement. Heureusement. « Cupidon nous a mis en couple, je te rappelle ! » souffla-t-il, tout en hochant la tête. Oui, oui. Puisque dans le jeu, le petit angelot en avait décidé autrement. X se retrouvait en couple avec Y. Remplacez à présent X par Jaileen ou Valeri, puis Y par Valeri ou Jaileen. Voici donc l’un des principes de ce jeu. Ainsi, il fallait croire qu’elle semblait avoir oublié ce détail. Pourtant ils devaient partager leur lit, et dormir ensemble. Elle lui disait alors qu’ils n’avaient qu’à jouer la comédie, que ça pouvait être marrant. Ah. Ca ! Il savait faire Valeri. Jouer la comédie. Il savait très bien faire. Il avait toujours aimé ça, jouer la comédie, endosser un rôle, être un comédien. Ce n’était pas pour rien qu’il avait décidé d’être mime. Valeri était un caméléon qui se fondait dans la masse, sans problème. C’était ça un comédien. Un caméléon, et il aimait en jouer de cela, dans la rue, maquillé de blanc et dans son costume qui allait finir par se trouer. Un léger sourire se dessina alors sur ses lèvres. « D’accord, mon amour » ronronna-t-il, avant de s’approcher. « Tu crois que je peux t’embrasser ou tu penses que ça risque d’en faire de trop ? » souffla-t-il au creux de l’oreille de la jeune femme dans un murmure quasi-inaudible. Après tout, c’était elle qui lui disait de jouer la comédie, et elle n’avait pas dit jusqu’où ce petit jeu pouvait aller. Existait-il au moins une limite palpable à ce petit jeu ? Il ne savait pas. Et sur cette interrogation, il croqua un morceau de son sandwich. Et alors qu’il dégustait et que ses papilles s’extasiaient, Jaileen ne put s’empêcher de lui faire une petite remarque. Au sujet de son poids. Apparemment, il était maigre. Maigre comme un coucou, c’était ce qu’elle venait de lui dire. Elle était étrange son expression quand même. Être maigre comme un coucou. Elle se mit alors à le comparer à un oiseau. Maigre comme un oiseau. Valeri fronça grossièrement des sourcils. La voilà maintenant qu’elle le comparait à un oiseau, ce n’était pas très flatteur. Valeri reposa son sandwich, avant de croiser les bras. Elle lui disait qu’il fallait qu’il se remplume. Comme si elle avait eu besoin d’elle pour se faire cette propre remarque. « Je n’en ai pas besoin ! » souffla-t-il alors. « Je n’ai pas envie de ressembler à l’un de ces gorilles écervelés. J’suis très bien comme ça. ». Et dieu sait qu’il y en avait ici des gorilles écervelés.

« Cupidon nous a mis en couple, je te rappelle ! » Il n’avait pas tort. Il avait même carrément raison. En se rappelant de ça, Jaileen faisait une petite grimace. Se retrouver en couple avec le jeune homme ne lui déplaisait pas du tout, même si c’était pour de faux et d’ailleurs, ce n’était pas cela qui lui faisait faire une grimace. Elle avait juste pour habitude d’avoir toujours raison. Du coup, se faire rappeler à l’ordre, entre guillemets, par quelqu’un, et bien cela la rendait un tout petit peu désagréable, cela la dérangeait. Cependant la blondinette en profitait pour tourner la chose en sa faveur et faire comprendre à son partenaire que l’idée du pique-nique était une bonne chose, même si cela pouvait être un petit peu kitch. « Et puisque Cupidon a décidé que je devais partager mon lit avec toi, alors tu dois aussi partager mes idées les plus bizarres. C’est bien ça un couple non ? Faire des concessions pour l’autre ? » Un petit sourire espiègle et enfantin au bout des lèvres, elle continuait en lui disant qu’il n’avait qu’à jouer la comédie. Après tout, il était mime, il faisait ça tous les jours jouer la comédie. Valeri ne tardait pas à se mettre dans la peau de son personnage. « D’accord, mon amour » La petite anglaise arquait un sourcil. Elle ne lui avait tout de même pas demandé d’entrer à ce point dans le jeu, même si un couple ça donne ça, des mots doux et tout le tralala. Il s’approchait. « Tu crois que je peux t’embrasser ou tu penses que ça risque d’en faire de trop ? »[i] Il lui murmurait au creux de l’oreille, comme un véritable adolescent fou amoureux pour la toute première fois. Sourire provocateur sur les lèvres, elle tournait très légèrement la tête vers lui, posant un regard mielleux sur sa petite personne. Telle une gamine, elle haussait les épaules. [i] « Je n’ai rien contre les relations fusionnelles de deux acteurs. » Les deux candidats se mettaient à manger tranquillement leurs sandwichs, jusqu’à ce que Jaileen trouve chouette comme idée de faire une petite réflexion sur la morphologie de son partenaire. Sa réaction ne tardait pas. « Je n’en ai pas besoin ! » Ouai, bon d’accord, il était plutôt mignon, mais tout de même un petit peu plus musclé, à peine plus, et bien ce serait mieux. Disons que Jaileen se sentirait un petit peu plus en sécurité avec un jeune homme plus baraqué dans son lit. « Je n’ai pas envie de ressembler à l’un de ces gorilles écervelés. J’suis très bien comme ça. » Petite grimace au bout des lèvres, elle venait répondre : « J’ai tout de même le droit de dire que tu serais peut-être mieux avec un petit peu de muscle en plus. » Trouvant son sandwich, elle le déballait pour venir y croquer dedans. « Maintenant, oui tu es aussi très bien comme tu es, je ne peux pas le nier. » Elle se tournait, regardant le petit ruisseau, comme une petite fille en train de bouder.

Ainsi, ils devaient donc jouer la comédie. Jouer. Cela impliquait donc des règles, des limites à ne pas franchir, des interdits en somme. Son petit sobriquet niaiseux semblait ne pas déranger tant que cela. Mais pouvait-il aller jusqu’à l’embrasser ? Après tout, peut-être qu’elle n’avait pas envie. Enfin, c’est de sa faute s’il venait à lui demander cela, c’était elle qui avait proposer de jouer les amoureux transits, pas lui. Elle lui adressa alors un frêle haussement des épaules, puis prit alors la parole. Elle n’avait rien contre les relations fusionnelles, tant mieux. Relations fusionnelles entre deux acteurs, elle n’avait pas manqué à préciser ce détail. Entre deux acteurs. Il hocha alors la tête hâtivement, l’air de dire qu’il avait bien saisi le message. Sandwich en main, ils s’étaient mis à manger leur déjeuner qu’ils avaient préparé au cours de cette matinée. C’était en quelques sortes l’élément le plus important pour un pique-nique : la nourriture quand même. Sandwichs, mini-bagels préparés avec amour par Valeri, petites tomates cerises, fruits, petits gâteaux et divers sucreries avaient trouvé abri dans le grand panier garnis. Bien manger. Toute une philosophie de vie. Il était certain que Valeri était du genre à manger. A manger souvent, et souvent entre les repas. Mais ce n’était pas pour autant qu’il se porte mal. Jaileen lui fit alors une remarque sur son physique. Il mangeait beaucoup et semblait ne prendre zéro gramme. Il devait se « remplumer », comme elle l’avait si bien dit, parce qu’il n’était pas bien musclé. Il est évident qu’il n’avait pas eu besoin des réflexions de Jaileen pour se faire cette même remarque à lui-même. Il n’était pas le plus musclé, ici. Il était certain, mais ce n’est pas pour autant qu’il complexerait pour ça. Surtout pour si peu. Il jugea bien de lui préciser qu’il se trouvait très bien comme tel, et surtout qu’il n’avait pas envie de ressembler à l’un de ces gorilles écervelés. Vouloir changer son corps, il ne voyait pas vraiment pourquoi il aurait à le faire. Ce n’était pas comme si son potentiel de séduction tendait vers zéro. Il n’avait jamais eu de problème avec son physique et sa gueule d’ange juvénile. Changer. Vouloir changer. Cela ne faisait pas parti du principe de Valeri. Puis si c’était pour avoir une crise d’asthme après avoir fait une série d’abdominaux ou de pompes, non merci. Il releva légèrement la tête en direction de Jaileen, tout en mangeant un morceau de son sandwich. Non, cette conversation ne lui avait pas encore coupée l’appétit. Elle lui disait qu’elle avait le droit de dire qu’elle le préférait avec un peu plus de muscles. Il fronça légèrement les sourcils. Certes, elle avait tout le droit de dire ce qu’elle voulait, mais de là à le critiquer sur son physique… Elle ajouta alors quelques mots. Des mots qui le firent doucement sourire. Elle le trouvait très bien comme ça aussi. « Tu sais… souffla-t-il, en dessinant une moue éphémère sur son visage. Pendant un moment, j’ai cru que tu me disais ça afin de me faire comprendre de façon plus ou moins subtile que tu me trouvais… hum… répugnant, ou tout du moins peu attirant. Et ça, c’en est presque vexant… ». Sur ces quelques mots, il étira le bras afin d’éteindre une bouteille de vin qui se cachait dans le panier. Il n’avait pas envie de s’éterniser sur ce sujet. Oh ça non. Il préférait changer de sujet, enfin passer à autre chose quoi. Il déboucha la bouteille, avant de se rendre compte finalement qu’ils avaient oublié gobelets. Tant pis. Ils allaient boire à même la bouteille. « Hum, tu en veux ? » lui demanda-t-il alors, en lui tendant la bouteille. « Nous allons devoir boire à la bouteille, ça risque un peu de casser le mythe du parfait pique-nique… mais ce n’est pas trop grave, mon amour… » souffla-t-il, quelque peu amusé.

Jaileen proposait à Valeri de jouer la comédie afin qu’il se sente un petit peu plus dans son élément. Après tout il était mime, donc comédien. Cela ne devait pas y poser de problème. D’ailleurs, elle pouvait en déduire par ses propos, par les mots doux, certes faux, qu’il lui adressait, qu’il acceptait de jouer le jeu. Cela la faisait sourire un instant, même si elle était tout de même surprise d’entendre ces mots-là sortant de sa bouche. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il joue autant le jeu, mais c’était tout même plaisant. La suite de la conversation déviait sur la morphologie du jeune homme et encore une fois, la blondinette venait mettre les pieds dans le plat en étant un petit peu trop franche, en disant exactement ce qu’elle pensait du physique de son partenaire. Elle n’y allait pas avec le dos de la cuillère, mais elle ne s’en rendait même pas compte. Enfin, lorsqu’elle finissait par s’en rendre compte, il était un petit peu trop tard. Il semblait vexé. La blondinette se dépêchait de venir rajouter une petite chose, qu’elle pensait bien évidemment, pour se faire pardonner. Enfin, pour mitiger son avis et pour ne pas passer pour la méchante de l’histoire. Valeri finissait par sourire, mais ça, elle ne le voyait étant donné qu’elle boudait dans son coin, croquant dans son sandwich comme si de rien n’était. Elle n’entendait que les mots qu’il prononçait. « Tu sais… Pendant un moment, j’ai cru que tu me disais ça afin de me faire comprendre de façon plus ou moins subtile que tu me trouvais… hum… répugnant, ou tout du moins peu attirant. Et ça, c’en est presque vexant… » Elle faisait volteface, se tournant, presque sous le choc. « Je n’ai jamais dit ça. … Et puis si tu étais répugnant ou un truc dans l’genre, j’aurais déjà changé de lit et je refuserais que tu t’approches de moi, hors ce n’est pas le cas. » La jeune femme lui jetait un regard à la chat potté, comme le chat dans Shrek. Elle tentait par tous les moyens de se faire pardonner. Elle l’observait du coin de l’œil. Il prenait la bouteille de vin se trouvait dans le panier pour la déboucher. Machinalement, elle regardait dans le panier. Pas de verre. « Hum, tu en veux ? » Elle faisait une petite grimace tout en hochant négativement la tête. De toute façon, ils ne pouvaient pas en boire, ils n’avaient de gobelet. « Nous allons devoir boire à la bouteille, ça risque un peu de casser le mythe du parfait pique-nique… mais ce n’est pas trop grave, mon amour… » Tout ce petit jeu la faisait sourire. Elle était plutôt amusé et surtout maintenant certaine qu’il ne lui en voulait pas vraiment. Décidant de jouer le jeu, elle répondait : « Je suis quasiment certaine que casser l’image du parfait pique-nique en tête à tête te fais plaisir, n’est-ce pas mon ange ? » Elle attrapait la bouteille de vin pour venir la poser sur la table, non loin du panier. « On n’a pas pris autre chose que du vin parce que, perso, je ne suis pas très fan de ça. » Elle jetait un coup d’œil dans le panier en osier pour voir s’il n’y avait pas de l’eau ou du jus de fruit.

Il était amené à se demander si elle ne disait pas cela pour lui faire comprendre qu’il n’était franchement pas plaisant à regarder, qu’il était moche, laid, ingrat physiquement et répugnant. Mais les derniers mots de la jeune femme avaient atténué ce doute, puisqu’elle lui avait dit qu’il était très bien comme il était. Il ne put s’empêcher de lui faire part de sa réflexion, qui d’ailleurs la fit vivement réagir. En effet, la jeune femme se retourna aussitôt, et une légère surprise pouvait alors se lire sur son visage. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. S’il était répugnant, elle aurait changé de lit et refuserait catégoriquement qu’il s’approche d’elle. Voilà ce qui était bon à savoir. Si elle venait à le repoussait, il comprendra pourquoi. « Donc… tu me trouves plaisant à regarder ? » conclut-il alors. Il demandait juste ça pour flatter en quelque-sorte son égo, et sa fierté. Ou peut-être par curiosité aussi. Oui, il devait il y avoir un peu de cela. De la curiosité. Après quoi, Valeri partit à la quête d’une bouteille de vin. Après tout, il n’avait pas envie de s’attarder plus longtemps sur son physique, qui parait-il n’était pas assez musclé au goût de la jeune fille. Ainsi, il proposa à boire à Jaileen. Du vin, qu’ils devraient boire à même la bouteille. Ce n’était un détail qui ne dérangeait pas Valeri. A en croire que la légère grimace qui se dessinait sur le visage de la jolie blonde, il semblerait que cela la dérangeait, un peu. Il ne savait pas vraiment si c’était le fait de boire à même la bouteille, ou tout simplement qu’il n’y ait que du vin à boire. Non, il ne savait pas trop à vrai dire. Il reprit alors la parole. Plaisant sur le fait que cela risquerait de casser le mythe du parfait pique-nique. Il fronça alors légèrement les sourcils lorsqu’elle n’hésita pas à lui répondre. Selon elle, cela lui faisait plaisir. « Vraiment ? C’est un peu vexant que tu penses une telle chose… ». Oui, parce que ça lui faisait pas plaisir du tout, d’avoir gâché ce si joli portrait. Vraiment pas. Elle lui avoua alors ne pas être très fan de ça. Pas fan du vin, donc. Note à soi-même : ne plus proposer de vin à Jaileen. Une petite moue se dessina alors sur le visage du biélorusse lorsqu’elle lui demanda s’il n’y avait pas autre chose. A vrai dire, non. Il secoua alors la tête de gauche à droite, comme pour lui signaler. Son regard, un cours instant, se posa alors sur le petit cours d’eau. « Mais, il y a de l’eau si tu veux ! » lui proposa-t-il, et un léger rictus s’esquissa sur ses lèvres. L’un de ces rictus sournois, épris d’un amusement. « Tu as peut-être besoin d’aide… » souffla-t-il, tout en se relevant. Il s’approcha alors de la jeune femme, sans un mot. Et c’est alors qu’il tenta, avec un peu de mal, de la prendre dans ses bras. C’est définitif, il tenta de faire un peu de musculation dans les semaines à venir. Promis. « Oh… tu éviteras de tirer sur mon tee-shirt, ce serait gentil. Je n’ai pas envie de lancer la mode du col en V qui descend jusqu’au nombril… » lui fit-il remarquer entre deux souffles. Il approcha alors jusqu’au petit ruisseau, pendant que Jaileen tentait vainement de se défendre. Il ne fallait pas être crédule pour ne pas comprendre ce qu’il allait lui faire. Même le plus sot l’aurait certainement compris. Il s’accroupit au bord de l’eau, et laissa la jolie blonde tomber doucement dans l’eau. Il s’en amusa, éclatant alors de rire. « Ne cherche pas à te venger, tu ne fais pas le poids face à moi. » souffla-t-il alors, tout en restant au bord de l’eau.

« Donc… tu me trouves plaisant à regarder ? » Il fallait bien une petite phrase pour conclure cette discussion concernant le physique du jeune homme. Cependant, Jaileen ne s’attendait pas à ce qu’il vienne le faire en lui posant une question. Une question la forçant à avouer, plus ou moins, le fait qu’elle ne le trouvait pas désagréable à regarder. Peut-être même une question pour l’obliger à avouer qu’il était plutôt mignon du nid dans son genre. La demoiselle laissait un petit blanc s’installer entre eux. Elle continuait de mastiquer son sandwich, sans rien dire, regardant le petit ruisseau à leur côté avant de finalement se décider à prendre la parole, à lui répondre. « Et bien … Disons que tu as des traits plaisant à contempler. » Une façon comme une autre de ne pas lui dire clairement ce qu’elle pensait, même s’il devait très certaine avoir compris. Il était loin d’être bête le petit Valeri. Enfin, du moins, c’était ce qu’elle pensait. Alors que les deux partenaires continuaient de déguster leurs sandwichs, le jeune homme finissait par attraper une bouteille de vin qu’il débouchait pour en boire une gorgée. La blondinette lui faisait comprendre à sa manière, autrement dit par une grimace, qu’elle n’était pas très fan de ce genre de breuvage. Et une fois de plus, elle venait mettre les deux pieds dans le plat. « Vraiment ? C’est un peu vexant que tu penses une telle chose… » Enfin, elle venait de mettre les pieds dans le plat, elle avait surtout beaucoup de mal à cerner le garçon. Elle fronçait les sourcils, tout en l’observant du coin de l’œil. « Beh … J’croyais que tu trouvais kitch, donc briser un petit peu le côté romantique des films à l’eau de rose de notre pique-nique devrait, normalement, t’arranger. Enfin … je pense. » Mais pourquoi venait elle ouvrir la bouche alors qu’elle ne faisait que s’enfoncer un petit peu plus chaque seconde, mot après mot. Elle se dépêchait de fourrer un bout de pain dans sa bouche, pour s’empêcher de rajouter quoi que ce soit d’autre. Dieu, ce qu’elle pouvait être idiote par moment. La conversation changeait clairement, passant du vin à l’eau. Il n’y en avait pas. Dommage. Heureusement qu’elle avait tendance à aimer jouer les chameaux et que ne pas boire de plusieurs heures ne la dérangeait pas. « Mais, il y a de l’eau si tu veux ! » Ah bon ? Et où ça ? Elle regardait autour d’eux, dans le panier, elle ne voyait pourtant rien. Enfin, elle ne voyait rien jusqu’à ce que ses pupilles ne viennent s’arrêter sur le ruisseau. Il n’allait tout de même pas la foutre à l’eau. Il n’allait pas oser. Et pourtant. « Tu as peut-être besoin d’aide… » Jaileen hochait négativement la tête, lui jetant un regard noir. Il se levait pour s’approcher d’elle et, avec un petit peu de mal, venait la prendre dans ses bras. Là, elle avait vraiment l’impression de peser trois tonnes. Histoire de ne pas tomber, elle passait ses bras autour de la nuque du garçon, mais ne manquait pas pour autant de se débattre. « Oh… tu éviteras de tirer sur mon tee-shirt, ce serait gentil. Je n’ai pas envie de lancer la mode du col en V qui descend jusqu’au nombril… » Elle lui adressait un regard charmeur et un sourire espiègle. « Pourtant tu serais grave sexy comme ça. T’es sûr que tu ne veux pas qu’on essaye ? » Ouai, ou alors il ressemblerait à un mec sortant tout droit de la gay pride. Au choix. Il s’approchait du ruisseau encore un petit peu plus et là, c’était le drame. La blondinette finissait les fesses dans l’eau. « Ne cherche pas à te venger, tu ne fais pas le poids face à moi. » Qu’elle ne cherche pas à se venger ? Alors là, il la connaissait plutôt mal. Elle lui jetait un sourire enfantin. « Je suis bien trop gentille pour tenter quoi que ce soit contre toi voyons. »[i] Joignant le geste à la parole, voilà qu’elle venait s’étirer jusqu’à le frôler du bout des doigts pour se jeter sur lui et l’entraîner avec elle dans l’eau. Prenant un air angélique, voilà qu’elle venait de dire. [i] « Oops. Je n’ai vraiment pas fait exprès, j’ai … glissé. » Mais oui, bien entendu.