Elle lui disait alors qu’il avait des traits plaisants à contempler. Elle aurait pu lui donner une réponse bien plus satisfaisante, qui rassasiera sa curiosité malgré tout. Elle s’était contentée d’évoquer juste des traits. Des traits plaisants à contempler qui plus est. Ça ne voulait rien dire ça, avoir des traits à contempler. Ça n’avait pas de sens. On disait d’une personne qu’elle était belle, jolie, ou moche. Il y avait la version « tu es plutôt agréable à regarder » pour ceux qui n’osaient pas prendre de position. Ceux qui n’osent pas avouer le fin fond de leur pensée. Ceux qui ont peur de froisser l’autre. Ceux qui ont peur de vexer. Valeri devait malgré tout se contenter de ça, de cette réponse. Il n’allait pas aller jusqu’à l’interroger une fois de plus à ce sujet. Non, il préféra changer de sujet. Il préféra fermer cette parenthèse avec un petit hochement agrémenté d’un fragile sourire. Cet intermède clos, il en profita pour prendre un peu à boire, histoire de se désaltérer. Il en proposa alors à la jolie blonde, qui elle, semblait bouder la bouteille. Il s’excusa alors pour l’absence des gobelets, enfin de toute façon ce n’était qu’un détail sans grande importance. Si elle avait vraiment soif, elle boirait à même la bouteille. Elle lui disait alors que cela devait lui faire plaisir, de casser les codes du pique-nique presque parfait (la version remastérisée d’un diner presque parfait…). C’en était presque vexant qu’elle pense cela. Valeri fronça alors légèrement les sourcils. Il paraitrait qu’il avait dit ça, qu’il aurait trouvé ça kitch, et tout. Il secoua la tête, légèrement agité. « J’ai dit ça, moi ? Pas du tout ! Je suis outré que l’on ose m’identifier à de telles paroles. » souffla-t-il alors. Il avait vraiment dit ça ? Oui, sûrement. Il l’avait pensé très fortement en tout cas. Rassurez-vous, Valeri avait bonne mémoire et savait très bien ce qu’il avait dit ou non-dit. Il ne faisait que de s’amuser de contredire celle qui était sa partenaire, ou alors il prenait bien trop à cœur son rôle. La limite entre la réalité et la comédie n’était parfois pas palpable. Elle n’aimait donc pas le vin. Ou n’en était pas fan comme elle lui avait énoncé précédemment. Il lui proposa alors tout naturellement de l’eau. De boire de l’eau. Après tout, un cours d’eau galopait non loin d’eux. Il lui suggéra, par la suite, son aide. Il ne faisait que de la taquiner, en rien elle n’avait besoin d’aide. Il la prit dans ses bras, avec une légère peine quelque peu perceptible. Il était évident que ce n’était pas le panier qu’il transportait, mais la jeune femme. Quant à son avertissement au sujet de son tee-shirt, cela semblait plutôt l’amuser. Il serait « grave sexy comme ça », selon. Ces quelques paroles le laissèrent un brin perplexe quand même. Il agita alors doucement la tête. De toute façon, elle pouvait bien rire de lui quelques minutes. Dans quelques instants, ce ne sera plus elle qui rira, mais bien lui. En effet, il transporta la jeune femme jusqu’au ruisseau pour la faire tomber dedans. Rien de méchant là-dedans, juste de l’amusement. A en voir les airs quelques peu offusqués de Jaileen, ça ne l’amusait beaucoup moins. Il riait doucement, avant de lui faire remarquer qu’elle ne devait pas chercher à se venger. Pour la simple raison qu’elle ne faisait pas le poids face à lui. Evidemment ! Il était un homme, elle une femme… Non, non… Valeri n’était pas du tout des pensées quelque peu machistes. Il disait cela juste pour lui en dissuadé. Et pourtant… Elle était trop gentille pour faire quoique ce soit contre lui. Bien trop amusé par sa vilaine blague, Valeri ne semblait plus faire attention à ce qu’il pouvait bien se passer autour de lui, et surtout ce qu’il pouvait bien lui arriver. En effet, la jolie blonde s’approcha quelque peu de lui et vint l’entrainer dans sa chute dans l’eau. Elle disait ne pas avoir fait exprès… qu’elle aurait glissé. Un léger sourire amusé se dessina sur les lèvres du biélorusse, il ne la croyait pas une seule seconde. Ses intentions étaient bien trop fourbes et grossières pour qu’il puisse accepter ses excuses. « Oui, c’est ça… tu as glissé… » lança-t-il alors. « La prochaine fois, tâche d’être moins maladroite ! ». On ne pouvait pas dire qu’il lui en voulait. Il s’était fait prendre en quelque sorte à sa propre farce. L’arroseur arrosé, on appelle ça. Par chance, il n’y avait pas beaucoup d’eau, et il avait encore pieds. Encore heureux à vrai dire. Il recueillit alors un peu d’eau entre ses mains, qu’il lança en direction de la jolie blonde. « Tu sais comment ça se passe ensuite dans les scénarios comme celui-là ? » lui demanda-t-il alors à tout, un petit sourire en coin se dessinant petit à petit.

La parenthèse sur le physique du jeune homme venait se fermer et c’était tant mieux. Pour dire vrai, Jaileen n’aimait pas vraiment faire des compliments, du coup elle venait de passer pour la pire des idiotes en bredouillant une phrase qui n’avait pas de sens, mais au moins, le message était plus ou moins passé et il avait eu une réponse à sa question. Si c’était la réponse qu’il attendait. La blondinette n’en avait strictement aucune idée, mais il pouvait déjà s’estimer heureux qu’elle ne soit pas en train de l’envoyer valser sur les roses pour une question qu’elle jugeait purement égocentrique et laquelle aurait pu la faire entrer dans une colère folle. Pourquoi ? Et bien parce que si elle avait tendance à être égocentrique de son côté, elle avait une sainte horreur des gens qui l’étaient. En gros, il fallait faire ce qu’elle disait, mais certainement pas ce qu’elle faisait. Enfin, le jeune homme avec des traits plaisants à contempler, il était plutôt mignon dirons nous, mais cela s’arrêtait là. Tout comme la discussion sur ce sujet. La suite était là aussi étonnante pour la demoiselle. Elle n’aimait pas le vin, c’était son problème après tout, mais qu’il vienne la contredire sur le fait qu’elle affirme haut et fort qu’il avait dit, un tout petit peu plus tôt, qu’il trouvait ce pique-nique kitch était un véritable révélation. « J’ai dit ça, moi ? Pas du tout ! Je suis outré que l’on ose m’identifier à de telles paroles. » Elle l’observait du coin de l’œil, fronçant très légèrement les sourcils afin de marquer son étonnement. C’était quoi son problème à celui-là ? Il avait la maladie d’Alzheimer ? Ces choses-là pouvaient arriver bien plus vite que prévu. C’était donc probable. Après quelques secondes de silence, voilà qu’elle lançait sur un ton quelque peu hautain et un petit peu sec : « Tu me fais peur parfois Valeri. » Finalement leur petit moment en tête à tête tournait à la récréation. Sans qu’elle ne s’y attende vraiment, le garçon venait l’attraper pour venir la mettre dans le petit ruisseau. En plein milieu. Trempe jusqu’à l’os. Elle se demandait bien ce qui était en train de lui arriver. Cependant, la jeune femme ne tardait pas à reprendre ses esprits, s’étirant pour s’accrocher au cou de son partenaire, l’entrainant avec elle dans l’eau, avant de s’excuser, insinuant qu’elle avait juste glissé. Stupide. Comment pouvait-elle glisser alors qu’elle était assise ? « Oui, c’est ça… tu as glissé… » Un rictus amusé venait se dessiner sur les lèvres de la demoiselle. « La prochaine fois, tâche d’être moins maladroite ! » Telle une gamine, elle hochait la tête en signe d’approbation. Elle en était presque mignonne. Il prenait de l’eau entre ses mains pour lui lancer dessus avant d’y aller de son petit commentaire. « Tu sais comment ça se passe ensuite dans les scénarios comme celui-là ? » Très bonne question. Elle avait eu l’occasion de voir tellement de films qu’elle s’imaginait tout un de chose. Son partenaire pouvait aussi bien la tuer en l’égorgeant avant de découper son corps à la hache et répartir les morceaux un petit peu partout, tout comme il pouvait s’approcher d’elle et l’embrasser. Oui, c’était cliché, mais dans les films avec ce genre de scénario il ne se passait toujours que ces deux choses. Jaileen haussait les épaules. « Pas vraiment, mais je sens que tu vas me le dire, ou encore mieux, me le montrer. »

Tout cela n’était qu’une piètre comédie. A vrai dire, nous passions tous, toute notre vie, à jouer. A jouer des rôles, à se prendre pour tout le monde et n’importe qui à la fois. On passe notre vie à endosser différents rôles. Le rôle du petit enfant chétif, puis de l’adolescent rebelle, le jeune insouciant, le père de famille… Oui. Notre vie était un enchainement de rôles, qu’on le veuille ou non. Elle lui disait alors qu’il lui faisait peur. Vraiment ? Cette remarque avait plus eu l’honneur de le faire rire, de le faire sourire. Il n’allait pas se vexer pour si peu. Après un léger incident, la jolie blonde s’était retrouvée dans l’eau. Il ne fallait pas le chercher. Il trouvait la moindre occasion pour faire une plaisanterie. Une plaisanterie drôle. Une plaisanterie mauvaise. Qu’importe, ça le faisait rire lui. Oui, mais voilà que tout cela s’était retourné contre lui, puisqu’à son tour, il s’était retrouvé à l’eau. Elle lui avait dit comme excuse qu’elle avait glissée. Il n’était pas si crédule que cela, il se doutait bien qu’elle avait juste tenté de se venger. Se venger si naïvement. Cela le faisait sourire, en y réfléchissant. Vous remarquerez que tout –et vraiment tout– pouvait le faire rire, pouvait l’amuser. Il n’allait pas en pleurer, il n’allait pas pleurer de s’être retrouvé dans l’eau. Ce n’était pas comme s’il n’avait pas pied et qu’il était susceptible de se noyer. Non. Là, il ne pouvait rien lui arriver de tout cela. A moins que ce soit Jaileen qui tente si vilement de vouloir le noyer, en lui mettant la tête sous l’eau pendant de longues, très longues, minutes. Mais elle n’était pas comme cela. Elle était bien trop gentille pour cela. C’est alors qu’il lui demanda hasardeusement si elle savait ce qu’il se passait généralement, dans les comédies, après ce genre d’incident. Un léger sourire faussement innocent se dessina alors sur les lèvres de Valeri. Pas vraiment, lui souffla-t-elle alors en guise de réponse. Elle ne savait pas vraiment donc. Il ne savait pas si elle ne le savait réellement pas ou si elle était juste entrée dans son petit jeu. Il allait lui dire, ou plutôt lui montrer. Valeri hocha alors la tête vivement. Si elle lui demandait en plus, il n’allait pas se faire prier. Un petit sourire se dessina alors sur ses lèvres, tant dit que son visage s’approcha de celui de Jaileen. Ses lippes vinrent au contact des siennes. L’un de ces baisers qui se voulaient initialement timide et tout en pudeur. Ce baiser devint, petit à petit, plus fougueux, un peu plus langoureux. Ses mains vinrent se poser sur les hanches trempées de la jeune femme. Il profita de ce moment plus ou moins intimiste. Il n’avait pas de honte à le faire. Il recula doucement, posant son regard dans les pupilles azurées de la jeune femme. « Ta curiosité a été assez rassasiée ? » ronronna-t-il finalement.

Jaileen était plutôt contente que la production ait eu l’idée de la coller à Valeri pour cette aventure. Le jeune homme était peut-être un tout petit peu étrange par moment, comme lorsqu’il affirmait ne pas avoir dit une chose alors qu’il s’agissait du contraire, mais il était tout de même super attachant. Le genre de garçon que tout le monde a envie de prendre dans ses bras pour le câliner jusqu’à n’en plus pouvoir. Il avait une tête d’ange, même si la blondinette était persuadée qu’il passait le plus clair de son temps à jouer la comédie avec les uns et les autres, pour une chose ou une autre. Lorsqu’elle pensait à cela, elle ne cessait de penser au fait qu’il était très certainement en train de jouer avec elle et c’était une chose dont la jeune femme avait horreur, que l’on joue avec elle. Elle préférait, finalement, ne pas y penser et ne songer qu’à ce qu’il voulait bien laisser entrevoir de sa personnalité. Elle avait envie d’en savoir plus sur lui, mais sans creuser vraiment, juste en passant du temps avec lui et en lui prouvant par divers petits gestes, par différentes petites attentions, qu’il pouvait avoir confiance en elle. Enfin là, les histoires de confiance, ce n’était pas trop ça. Il profitait d’un faux pas de la belle pour la forcer à mettre ses fesses dans l’eau. Jaileen ne perdait pas le nord et se hâtait de faire mine de glisser pour entrainer son partenaire avec elle, dans le ruisseau. L’eau était fraîche. Il ne faisait pas bien beau encore. La blondinette n’en avait rien à faire. Elle s’amusait. C’était le principal. De toute façon, pour se réchauffer, elle n’aurait qu’à prendre une petite douche bien chaude en rentrant et puis à se glisser sous sa couette. Peut-être même que Valeri ferrait de même et qu’ils pourraient ainsi continuer de discuter de la pluie et du beau temps, sans se soucier du reste. Bon d’accord, concernant les discutions, il faudrait peut-être repasser un petit peu plus tard. Ils ne disaient que de brèves phrases, même si Jaileen semblait être la plus bavarde des deux. Le plus souvent des questions. Comme lorsque le jeune homme est venu demander à la demoiselle si elle avait une idée de la suite des événements avec ce genre de scénario. Elle avait bien une petite idée. Enfin, elle avait deux petites idées, mais ne venait pas les exposer à haute voix, de peur de passer soit pour une folle, soit pour une nana qui s’éclate à regarder des films à l’eau d’amour, tous plus niais les uns que les autres. La blondinette haussait juste les épaules, lui soufflant qu’elle n’en avait pas la moindre idée, mais qu’elle était sûre et certaine qu’il allait le lui dire, peut-être même, si elle était sage, le lui montrer. Valeri ne se faisait pas prier pour évoquer la suite des événements. Un petit sourire au bout des lèvres, il approchait son visage de celui de la jeune femme, qui, ne pensant pas qu’il allait réellement le faire, rester impassible, en sorte de défi. C’était au moment où elle s’y attendait le moins que ses lèvres venaient entrer en contact avec celles de son partenaire. Dans un premier temps timide et prude, le baiser qu’ils échangeaient devenait de plus langoureux, de plus en plus fougueux. Si Valeri s’offrait une petite folie en venait poser ses mains sur les hanches de la demoiselle, elle venait, sans même s’en rendre compte, agripper légèrement le bas du tee shirt de son camarade, qu’elle lâchait aussitôt que leur baiser prenait fin. « Ta curiosité a été assez rassasiée ? » Un petit sourire malicieux venait alors illuminer le visage de la jeune femme. « Pas vraiment. » Elle secouait négativement la tête, telle une petite fille. « En fait, j’ai comme l’impression qu’elle est encore plus forte qu’avant. »