J'suis couché. J'aimerais bien dormir mais c'est impossible. Mon ventre refuse formellement de me laisser fermer les yeux. Il grogne. Il m'empêche tout possibilités de passer une nuit paisible et je ne peux définitivement pas me laisser mourir de cette façon. Je dois réagir, et vite ! Je me laisse donc rouler de mon côté du lit, enlevant la couverture avec soin, je m'extirpe de celui-ci et me dirige directement vers le réfectoire. La distance étant relativement courte, je ne prends pas vraiment la peine de me rhabiller, je me contente d'un t-shirt et d'un boxer. J'espère trouver quelque chose qui se mangera vite, parce que je n'ai pas envie de passer des heures à cuisiner alors que je devrais être tranquillement en train de dormir. J'espère qu'il y a du gâteau au chocolat ou quelque chose dans ce genre là pour me caler jusqu'au lendemain matin. J'entre dans la cuisine quelques minutes seulement après avoir quitté mon lit. Je ne m'attendais pas du tout à tomber sur quelqu'un mais visiblement je ne suis pas le seul à avoir une fringale nocturne. Opaline est là. Opaline m'apparaît comme une personne très intéressante. Elle est réservée. Elle est timide. Enfin, selon moi. C'est totalement le genre de filles qui m'intéresse en temps normal. Parce que j'aime découvrir ce que ces filles si mystérieuses peuvent cacher. Enfin. Passons. D'ailleurs, à peine a-t-elle remarqué mon entrée que je la vois reculer. Elle essaie de montrer que cela est naturel, mais je vois bien que ça n'est pas le cas. Je vois bien qu'elle n'est pas à l'aise et qu'elle n'est pas particulièrement adepte de ma présence dans cette pièce. Puis soudainement, elle chute. Alors je réagis rapidement et me dirige dans sa direction pour la relever. Je ne voudrais cependant pas qu'elle soit brusquée alors je me contente de lui tendre ma main droite, et j'accompagne ce geste d'un sourire chaleureux. « N'ai pas peur. Je ne te ferais aucun mal. » Crus-je alors bon de rajouter. « Je veux simplement t'aider à te relever. »

Opaline est un véritable mystère pour moi. Nous ne nous sommes jamais vraiment parlés et je pense qu'elle ne recherche pas particulièrement à parler à qui que ce soit. C'est sans doute pour cela qu'elle me parait tellement intéressante. Les gens qui l'ont rendus ainsi doivent être des monstres. On ne fait pas cela à une si jolie fille. On ne la rend pas si craintive. Non. C'est moche. Très moche. La pauvre n'y est pour rien. Lorsque l'on entend le secret qu'elle est venue défendre, on comprend bien pourquoi elle est comme cela. Mais j'aimerais en savoir plus, j'aimerais la connaître. Alors que la candidate se retrouve sur les fesses au milieu du réfectoire, le geste le plus naturel qui me vint à l'esprit est de lui tendre la main pour l'aider à se redresser. Je lui précise d'ailleurs qu'elle n'a pas à me craindre, que je ne lui ferais rien de mal. Et c'est la pur vérité. Je ne comprends pas, je ne tolère pas du tout la violence autant moral que physique sur d'autres personnes. Ma mère ne m'a pas élevé de cette façon et je n'élève pas non plus mes enfants de cette façon. Opaline refuse mon aide. Je remballe donc ma fierté, je ne vais pas me vexer pour si peu. Je peux concevoir qu'elle se méfie. Je ne sais pas exactement ce qui lui est arrivé, mais je peux comprendre sa méfiance. C'est dommage quand même ... Dommage de se méfier de tout le monde au point de ne profiter de rien. Mettant la main que je lui tendais dans le poche, je ne peux m'empêcher de fixer la jeune fille du regard. Je ne veux pas qu'elle se sente mal à l'aise, au contraire. J'aimerais tellement la connaître d'avantage. « Tu, hm... » Elle a ouvert la bouche mais voici le seul son qui en est sorti. C'est à dire rien. Je plisse les yeux, j'attends qu'elle parle à nouveau pour savoir quel comportement je dois avoir. Peut-être veut-elle simplement que je me tire, que je la laisse tranquille. « J'ai presque terminé. Donc tu pourras manger ou... faire ce que tu veux tranquillement. » Comme si elle me dérangeait ... On vit en communauté, sa présence ne me dérange pas plus qu'une autre. Me dirigeant vers le frigo, j'ouvre celui-ci afin de trouver quelque chose à me mettre sous la dent. J'aperçois un yaourt, ça fera l'affaire pour le moment. Je trouverais autre chose ensuite. Je vais donc m'asseoir à table, tout en pensant à m'emparer d'une petite cuillère. « Tu ne me déranges pas. Et j'aimerais vraiment connaître d'avantages de choses à ton sujet Opaline. » Oui, des choses simples, je ne lui demande même pas d'entrer dans les détails. « Qu'aimes-tu faire par exemple ?» Je lui en demande peut-être trop. Certainement. Mais qui ne tente rien, n'a rien. Et si je ne cherche pas à la connaître d'avantage, elle ne se livrera jamais d'elle-même.