Brune a droit à deux chevaliers servants à ses trousses. Enoch ne tarde pas à arriver. Bon, il lui essuie le sang avec son mouchoir. J'espère qu'il était propre, je n'ose pas trop dire quoi que ce soit. Parce que moi je ne peux rien faire. Mais il ne faudrait pas que ça s'infecte qu'il y ait de la poussière dans la plaie. Ils se parlent et je me tais. Elle lui dit d'aller à sa place. Bon, oui , je peux m'occuper d'elle quand même. Enfin, je ne sais pas si elle veut ou pas. « C'est rien Casey, ne t'en fais pas. Tu vois, pour une fois c'est moi la maladroite. » Je ris avec elle. Bon c'est vrai que ça change. « Vous êtes adorables. Allez filez maintenant, je vais bien, je vous assure ! » Je fronce les sourcils. J'ai pas envie de partir moi. « Non, je... Je reste avec toi. Enfin si tu veux... T'es.. » Je balbutiais moins avec Ismène tiens, c'est étrange. J'ai pas envie de la laisser. « Je déteins sur toi c'est terrible. On ferait mieux de s’asseoir au lieu de se mettre à tomber encore une fois. D'accord ? » Oui, j'ai vraiment envie qu'on aille s'asseoir, elle ne va pas me dire non quand même ? En plus, Oliver il n'est plus trop là je crois. J'en sais rien. Kimo est nominé, mais pour le moment, ce n'est pas vraiment mon principal soucis. Et ensuite c'est Enoch. « Oh désolé pour toi. » Que je lui dis, sincère. « Allez Brune, on va s'asseoir. » Je prend des initiatives pour une fois. C'est comme ça, j'y peux rien si je suis protecteur non ?

Il est vrai que je ne suis pas vraiment habituée à dormir avec quelqu'un alors le réveiller le matin, enfin seulement le dimanche matin, il va falloir que j'y pense et que je ne me trompe pas de matin. Parce que ça, encore, ça a le temps d'arriver. Par exemple, le samedi matin, un jour avant. Ici, tout se mélange et les semaines semblent plus ou moins longues alors il n'est pas exclus que je puisse faire une erreur. Je suis en tout cas rassurée de savoir que Charles ne m'en veut pas trop. Bon, ça aurait été un peu stupide de m'en vouloir, je ne suis pas sa mère après tout et il est assez grand pour se lever tout seul. Il est même plus âgé que moi et père qui plus est alors bon. Mais je m'excuse, comme ça, j'ai tendance à trop m'excuser, mes amis me le disent souvent et je travaille sur ce point, si si. Je lui souris donc, n'ayant rien d'autre à ajouter avant d'aller chercher mon verre. Quelques secondes plus tard, je suis de retour auprès de Charles et j'en prends une gorgée, prenant connaissance des résultats du sondage. Qui ne me plaisent pas du tout. Vraiment pas. Je suis vexée, oui, c'est vrai. Pas pour longtemps, en effet mais je le suis quand même, je félicite cependant Charles, parce qu'il le mérite. Enfin, il mérite mieux mais après tout, ce n'est pas moi qui vote. Sa réponse me fait sourire, il est vraiment trop mignon. Néanmoins, je hausse les épaules, me pliant au résultat de ce sondage de pacotille. « C'est gentil mais bon, que veux-tu. Il est clair que je n'ai pas les longues jambes de Jaileen, les seins de Monroe et le regard d'Avalon donc bon... » Ouais, voilà, c'est tout, je suis petite, rousse et je n'ai pas de seins. C'est tragique. On annonce alors le résultat du conseil auquel je dois dire, j'ai du m'endormir. Ouais, quelque chose comme ça. Puis c'est le nominé des traîtres qui apparaît. Outch, ça doit vraiment faire mal ça mais je ne suis pas vraiment impatiente de savoir ce que ça fait... « Bon et bien... Nous avons passé ce stade j'imagine... » je lance à Charles. Il ne reste plus que les nominations maintenant...

« Si tu mens tu veux dire ? Et puis Odessa, voyons, elle est toute mignonne, toute petite aussi, et toute fragile, t'oserais pas la pousser goujat ! D'abord on frappe pas les filles ! » Je me masse discrètement le bras là où elle m'a frappé, et je me doute que c'était pour de faux parce que je crois que si elle me frappait pour de vrai ça ferait un peu plus réellement mal. « Non mais je disais ça pour plaisanter, tu sais bien que je suis un grand plaisantin, je ferais jamais de mal à une mouche, et encore moins à une fille comme Odessa, qui de surcroît m'est bien plus sympathique que la plupart des mouches. » J'ai l'impression que mon argumentation a quelque chose d'un peu bancal, mais je jure que je ne pense qu'à bien, sauf qu'on m'a souvent dit que je pensais mal, et c'est peut-être ça, au fond, le soucis. « Et on frappe pas les filles ? Mais qu'en est-il de cette question d'égalité des sexes ? Je te jure que j'ai connu des nanas qui se vexaient quand je leur disais que je frappais pas les filles, alors je suis perdu moi, vraiment. Vous êtes trop compliquées vous les filles. » je psalmodie – c'est que j'avais répété cette dernière phrase un très grand nombre de fois dans ma vie. « T'es con ! Mais faut pas croire, c'est un compliment, genre t'es con marrant, enfin non pas con marrant, con, bête, mais pas stupide, bête. Tu vois ? Non mais bon ça va, je te crois. J'ai dû me prendre les pieds dans Brune, elle est folle t'as vu comment elle s'est jetée. Je te jure, trop tarée. » Ok là je m'emmêle un peu les pédales, à moins que ça soit elle qui s'emmêle les pinceaux ? Bref on s'emmêle des trucs. « Eeeuh ouais, je vois, et, huum, merci, je suis sincèrement touché. » C'est ça la bonne réaction ? Je suis pas sûr. Je crois que c'était un compliment (c'est ce qu'elle a dit, non ?) donc ouais ça doit être ça. Mais ouais elle a raison concernant Brune, cette fille c'est une grande malade. « Oui oui j'ai vu, c'était le saut de la baleine. » j'explique, en connaisseur et tout. « Tu t'es pas fait mal au moins ? Parce que c'était assez hard-core ce truc quand même. Quand je vois ce que ça donne les chaises musicales ici, j'espère qu'ils nous feront pas faire du paintball. » Parce que ça serait clairement la mort assurée. Mais de tout le monde quoi. Après j'ai un petit moment d'égarement, je pars en quête de ma bien-aimée mais ne la trouve nulle part, et puis Monroe me conseille de revenir, il semblerait que mon attitude soit susceptible de provoquer éventuellement la frayeur chez la gente féminine, donc comme c'est clairement pas l'effet désiré je retourne sagement près de Monroe, en passant par le bar pour me reprendre un petit verre. « Tu as raison. Il vaut mieux que je me la joue inaccessible et hum ténébreux et distant, c'est plus sexy n'est-ce pas ? » On apprend ensuite que Kimo est nominé par le conseil, je le savais pas vu que j'ai oublié de m'y rendre. J'étais bien motivé pourtant, j'étais passé juste avant me faire du pop-corn pour mieux profiter du spectacle, mais une chose en a entraîné une autre et j'ai fini par manger la moitié du contenu du frigo en oubliant de me rendre au conseil mais c'est la vie et tout.

« Merci Seth c'est hum... flatteur, je crois. Bref. Cette semaine le couple de la semaine n'est autre que Brune et Casey. On peut dire qu'entre ces deux là, l'alchimie est bien au rendez-vous, ils sont trop mignons. Et pour ce faire, ils remportent une voix double aux prochaines nominations. »

Manifestement, Opaline n'avait pas fait extrêmement bonne impression à Lena. Pourtant, cette dernière semblait être du genre à s'entendre avec tout le monde, à voir des qualités en chaque être, ainsi donc, il était pour le moins étrange qu'elle confie à Sully n'être pas mécontente de ne pas se retrouver dans la même équipe que ladite jeune femme. Sully, lui, ne pouvait pas prétendre avoir sympathisé avec Opaline, n'y avoir véritablement appris à la connaitre, pour autant, il s'était un peu attaché à elle, à sa fragilité, à ce qui faisait d'elle quelqu'un d'un peu particulier, mais de touchant, du moins à ses yeux. Pour autant, il pouvait comprendre que certaines personnes puissent être véritablement mal à l'aise en compagnie d'une personne aussi perdue que l'était Opaline. Elle parlait peu, ne rendait pas le dialogue évident, et pouvait ainsi en rebuter plus d'un, mais c'était une chose qui ne l'avait jamais tellement dérangé, lui. Bien sûr, ça l'embarrassait par moment, mais il lui trouvait certaines qualités, et ça lui donnait envie de la connaitre davantage. Lena, en tout cas, semblait avoir perdu l'espoir d'en obtenir quoi que ce soit, et bien qu'il trouve ça un peu dommage, c'était une chose qu'il respectait. Ainsi donc, il n'insista pas et se contenta de hausser doucement les épaules. Toujours est-il que Larry le train passait effectivement bien à l'écran. Quel charisme, tout de même. Hm. En tout cas, à bien y réfléchir, c'était tout de même un peu morbide d'avoir attribué à ce train le nom du défunt chien du cinéaste. Pour autant, il pariait sur le fait que ce dernier n'en était pas qu'un peu fier, de là-haut. Oui, il aimait penser que ce chien qu'il avait tant aimé et pour qui il s'était inquiété pendant de longues années, avait trouvé la paix et avait maintenant de quoi se réjouir de ce genre d'hommages. Au pire, ils pourraient effectivement aller lui demander directement son avis, mais disons qu'il n'avait pas nécessairement envie d'aller le rejoindre dans l'immédiat. Car oui, comme disait Lena, mieux valait ne pas parler de malheur. « Oui, tu as raison. L'aller pour le paradis risque d'être simple, alors mieux vaut sans doute se souhaiter de faire le voyage le plus tardivement possible. » Car oui, mine de rien, personne n'en était véritablement revenu, de là haut. Alors oui, il allait plutôt leur souhaiter de vivre vieux. De toute façon, Larry n'était pas à quelques décennies près, hein. Bon. Mais voilà que Lena lui parut subitement toute triste. A croire que tout ça lui faisait décidément beaucoup de peine, comme dans le train. « Si tu pleures, je risque de pleurer aussi, je te préviens. Je ne me suis remis de la mort de Larry qu'il y a peu, c'est encore très frais, alors c'est risqué, vraiment ... » Il ne disait en soit pas cela très sérieusement, bien que ça le rend aussi un peu triste, inévitablement. « Allez, fais-moi un sourire » qu'il reprit, parce que la savoir au bord des larmes lui faisait de la peine, vraiment. Toujours est-il que c'est finalement Kimo qui ressortait nominé du conseil, et qu'Enoch l'était par les traitres. Ça, c'était embêtant. Les résultats, en tout cas, ne devraient plus tarder.