Avalon, passe le téléphone à la personne que tu apprécies le plus, s'il te plait.

Je ne la dérange pas, Avalon, je suis contente de ne pas la déranger, moi, je suis sûre que j’aurais dérangé Sandro, par exemple, mais pas elle, donc, ça va. J’ai bien envie de lui dire qu’elle va rester, à Avalon, parce que je veux qu’elle reste encore un peu, moi, et qu’elle me parle d’Arthur, et d’autres choses, parce que, j’aime bien, quand elle parle, Avalon, moi j’aime bien sa voix. Elle devrait raconter des histoires, dans sa vie, je suis sûre qu’elle ferait ça très bien. Et puis, un autre candidat arrive, un homme, et il s’assoit à côté d’Avalon. C’est son partenaire, il s’appelle Enoch. C’est tout ce que je sais de lui, ça. On ne s’est jamais parlé, je crois. Enfin, non, j’en suis sûre, de ça. Il nous dit bonsoir, et j’arrête de le regarder, parce que je crois que ça ne se fait pas beaucoup, de regarder quelqu’un comme ça, aussi fixement, j’en suis presque sûre, de ça aussi. « bonjour » je réponds, polie, c’est bien, d’être polie. Et Avalon lui parle. Je suis bien contente, qu’elle lui parle, parce que je ne sais pas trop quoi lui dire, à cet homme, moi. Pas encore. Je défais la tresse que je viens de faire avec trois mèches de cheveux, pour recommencer, encore, encore. Un téléphone sonne, et c’est Avalon qui répond, comme ça. Je regarde Enoch, et j’espère que c’est quelque chose de bon pour Avalon, ce téléphone.

J'ai décroché le téléphone, j'espère que ça n'annonce pas quelque chose de trop mauvais pour moi. Vu la chance que j'ai depuis le début du jeu je me méfie. Puis j'entends Cupidon au bout du fil qui me demande de passer le téléphone à la personne que j'apprécie le plus. Je ne sais pas ce qu'il va lui arriver, quelque chose de bien j'espère. Mes yeux se posent sur Enoch et je lui dis : « Tiens c'est pour toi. » Voilà jusqu'ici j'ai accompli ma mission, mais j'espère sincèrement que je ne viens pas de lui faire un cadeau empoisonné.

Les candidats arrivaient petit à petit, chacun leur tour. Tous prenaient place sur les petits canapés présents dans un coin pour accueillir les couples encore en jeu pour remporter le titre tant convoité de gagnant. Tous commençaient à parler de tout et de rien, de la pluie et du bon temps. Tous sauf Jaileen qui restait dans son coin, attendant bien sagement que l’un des présentateurs, ou Cupidon, prenne la parole pour annoncer un truc de dingue ou bien un jeu pour gagner du fric, une immunité ou une chose dans le même style quoi. Enfin, elle ne restait pas seule bien longtemps. Valeri, son partenaire faisait son apparition. Le pauvre donnait l’impression d’être encore dans le pays des rêves, mais cela lui donnait un petit air angélique, presque mignon. Il venait poser ses fesses à côté de la blondinette tout en continuant de déguster un croissant. Il mettait des miettes partout, mais il avait l’air de n’en avoir strictement rien à faire. La petite anglaise, elle, semblait sous le choc de le voir faire, mais elle ne disait rien. Elle n’avait pas envie de jouer la petite vieille pleine de conseils. « Tu aurais quand même pu me réveiller quand tu t’es levée ! » Alors là, c’était la meilleure. Elle tournait la tête vers lui, mais son sourire venait la rassurer. Il n’était pas sérieux. Du moins, elle l’espérait. Se redressant, croisant ses jambes l’une par-dessus l’autre, voilà qu’elle venait dire : « Faudrait savoir ce que tu veux tout de même. Lorsque je te réveille, t’es pas content. Quand je ne te réveille pas, t’es pas content. » Elle tournait la tête vers le centre du plateau, ne le regardant plus, mais continuant tout de même de l’enquiquiner en lui parlant : « Et puis, je n’ai pas envie que la première vision de la journée que tu aies soit ma petite personne. Tu serais capable de tomber fou amoureux de moi du coup. » Elle haussait brièvement les épaules. Sinon, un téléphone sonnait et faisait sursauter la blondinette. Avalon décrochait. Mais que se passait-il ?

Bon je mange trop rapidement, sans doute parce que j'ai beaucoup faim. C'est pas que c'est super délicieux mais ça cale au moins. Et puis je ferais passer le tout avec le smoothie. Le smoothie c'est la meilleure partie du petit déj sauf que ça ne rempli pas des masses donc bon, faut bien compenser. J'ai posé le plateau sur les genoux de John parce que j'suis trop généreuse et que j'ai pas envie de m'en encombrer. D'ailleurs c'est marrant c'est comme s'il avait oublié, bon si j'avais su. Un truc que j'ai pas su non plus c'est son merci. J'ai cru que j'allais m'étouffer avec une céréale. Merde. Si bien que du coup je le regarde presque, ahuri. Et j'sais pas quoi dire. Faut qu'il arrête de me prendre par surprise comme ça. « C'était le deal » La réponse la plus conne de la Terre. « Sympa la tenue... » Je lance finalement, avant de manger une nouvelle cuillère de céréales. En plus y'a son partenaire qui se pointe, j'voudrais pas déranger. Quoi qu'en fait je m'en fous de déranger. Sauf qu'il parle de verre. « Oh a ta place, j'éviterais le smoothie à la fraise, il est empoisonné. » Je souris, c'est faux, mais bon c'est pour Johnny pas pour Sonic, faut pas déconner non. Mais bon c'est vrai que la semaine dernière Johnny il a dit qu'il était dégueu mon smoothie. Mais je détourne la tête quand même. Odessa apparaît devant moi. Je lui souris. « Il a l'air bon ton smoothie ! C'est à quoi ? » « Vodka-Fraise, c'est mon petit dej, tu veux goûter ? » Ouais, je préfère préciser et en fait c'est super bon avec les céréales et le lait. Je peux partager avec Odessa parce qu'Odessa elle est cool. Et on est intime toute les deux.« Je peux m'asseoir ? A moins que tu attendes quelqu'un... » Je dépose mon bol vide sur le plateau de Johnny, c'est cadeau ça aussi. « Oui oui bien sûr. T'es ma petite amie, j'peux pas te dire non tu sais.... » Je réponds dans un sourire. Quoi c'était juste le temps d'une soirée ? Mince. Et le téléphone sonne. Oh tiens donc, c'est quoi encore ce truc ?

Je la complimente sur ses nouvelles mèches et elle me remercie, dans la logique des choses. Puis, après m’avoir visiblement détaillé (!!) du regard, elle me rétorque, à son tour que j’ai fière allure dans ma tenue, comme à l’habitude. Il est vrai que je fais très attention à mon apparence. J’ai quand même une certaine image que j’aimerais bien conserver. Pour les affaires, ça vaut mieux, vous savez. « Merci ! » fit-je comme simple réponse. Que voulez-vous ajouter à ça, de toute façon? « J’ai amené quelques trucs à manger si ça te dit. » Mon regard suit sa main qui me conduit jusqu’au sac de friandises, qui, de toute évidence, n’attends que nous pour se faire dévorer. « J’ai un peu de mal avec le chocolat si tôt le matin, mais peut-être plus tard. » Il n’est quand même que dix heures trente, il ne faudrait pas exagérer. Bon, je suis quand même plus enclin à en manger au petit déjeuner, avec des crêpes ou dans un chocolat chaud, mais j’ai un certain blocage quant à ces bonbons à une heure aussi matinale. La complexité de mon estomac ne s’explique tout simplement pas. Un grand bruit se fait soudain entendre, et quand je réalise qu’il s’agit du téléphone rose – que je n’avais pas remarqué, étrange – il est beaucoup trop tard pour réagir. Une brunette s’en ait emparé, avant de le passer à un autre candidat. Je me demande ce que trafique Cupidon derrière le combiné. Je tourne la tête vers Brune. « Tu y répondrais à ce téléphone si tu pouvais? » C'est quand même un risque à prendre, car, tout comme la roulette russe, on ne sait jamais ce qui nous attend.