Il était relativement rare, tout de même, que Sully soit amené à se retrouver debout à une heure aussi matinale. Il avait beau ne pas être un grand adepte des grasses matinées - chose qui n'avait pas tellement changé depuis qu'il était entré dans le jeu - il est certain qu'il n'en arrivait pas non plus à sortir du lit si tôt le soleil levé. Pour autant, aujourd'hui, il avait été incapable de se rendormir. Tracassé par un certain nombre de choses, le jeune homme avait passé une vingtaine de minutes à attendre de pouvoir dormir encore deux petites heures, puis avait fini par se résigner et par se lever, ne voyant alors aucun intérêt à rester couché si c'était simplement pour observer le plafond ou surveiller la respiration de Zola. Il avait alors profité du fait que la plupart de ses camarades dorment encore à poing fermé pour prendre une douche, se vêtir, croquer dans une pomme et sortir, se mettant alors en route pour une destination qui lui resta inconnue tant qu'il décida de marcher sans but précis, simplement pour profiter de la fraicheur et de l'humidité du matin, ce qu'il n'avait pas l'occasion de faire tous les jours. Il marcha alors jusqu'au jardin botanique, où il fut bien vite tenté de pénétrer, ayant particulièrement apprécié cet endroit la dernière fois qu'il s'y était rendu. Il était déjà appréciable de s'y trouver en temps normal, alors l'endroit aurait assurément d'autant plus de charme en cette fébrile matinée. Avançant au milieu de plantes qu'il redécouvrait intégralement, Sully finit par prendre la direction du jardin japonais, qu'il n'avait que brièvement visité la semaine passée, ayant sans doute été un peu trop accaparé par la présence d'Opaline pour y faire plus attention que ça. Mais voilà que lorsqu'il put enfin apercevoir le pont rouge qu'il n'avait pas encore été amené à emprunter, il crut y apercevoir une silhouette familière. A vrai dire, c'est davantage une certaine crinière rousse qui lui laissa penser qu'Odessa se trouvait ici, elle aussi, malgré le fait qu'il soit encore très tôt. S'approchant dudit pont, il finit par se poser aux cotés de sa camarade, discrètement, sans pour autant chercher à la surprendre. « Je ne pensais pas trouver quelqu'un ici, de si bonne heure » qu'il souffla, en un fin sourire. Il était véritablement parti du principe qu'il y serait seul, mais cette compagnie-ci n'était pas pour lui déplaire. « Tu es toujours aussi matinale, ou bien comme moi tu t'es réveillée sans pouvoir ensuite te rendormir ? » Ce serait son droit, évidemment, d'être habituée à se lever particulièrement tôt, car après tout, les gens qui bossaient ne se levaient pas tellement plus tard que ça, pour la plupart. Le regard du cinéaste se posa en tout cas sur l'étendue d'eau qu'ils surplombaient, se réjouissant finalement de n'être pas parvenu à retrouver le sommeil quelques instants plus tôt. La vue en valait largement la peine.

Jeudi matin, sept heures. Non franchement, ça, j’aurais pu m’en passer, de ce réveil bien trop matinal dans une aventure où clairement, je n’ai rien à faire de mes journées. Peut-être est-ce à cause de la chaleur, ou de la nuit courte que j’ai eu, à moins que ce ne soit à cause des légers ronflements de Charles, je n’en ai aucune idée mais toujours est-il que réveillée et incapable de retrouver le sommeil pour quelques heures encore, j’ai finalement pris la rude et triste décision de me lever. A sept heures. Sept heures du matin. L’avantage, dans ce genre de cas, c’est que le nid est désert et si je voulais m’y promener à poil, j’en aurais tout à fait la possibilité. Le problème et bien, ce sont les caméras, qu’on se le dise. Du coup, je reste sage, totalement sage et j’enfile mon peignoir avant de me rendre à la salle de bain. Comme il fait assez frais, j’enfile ensuite un sweat de la faculté de Dublin, vestige du peu d’études que j’y ai fait et je me rends au jardin, comme ça, par envie et surtout parce que j’ai toujours trouvé que les jardins étaient bien plus beau le matin, tôt. On les trouve paisible, la rosée encore sur les feuilles des arbustes et autres plantes même si ça, à Los Angeles, c’est un peu mort mais bon, on va imaginer. Seule et croyant l’être encore pour un moment, je vagabonde et finis par me poser sur le pont rouge, observant en silence l’eau stagnante et les carpes koï présentes. Puis une voix, sortie de nulle part me fait sursauter. Je ne m’attendais pas à une visite, que voulez vous alors oui, je suis surprise mais également rassurée de voir que je ne suis pas totalement folle et que Sully est bel et bien présent. Je lui souris donc. Moi aussi je ne pensais pas trouver quelqu’un ici mais ça, il a du le comprendre. « Non, je ne suis absolument pas matinale, même hors du nid et donc en effet, j’ai été réveillée et impossible de retrouver le sommeil, c’est agaçant. » Je hausse les épaules, oui c’est agaçant mais bon, que voulez-vous, c’est comme ça. « En tout cas, le jardin est magnifique à cette heure-ci, c’est paisible et tout… pas comme la maison dans quelques heures. » Et finalement, ça risque de me manque, ce calme matinal.

C'est dans des moments comme celui-ci que Sully en venait à philosopher sur un certain nombre de choses, à commencer par l'avantage indéniable qu'il y avait certainement à se lever aussi tôt. Car oui, c'était l'occasion de faire beaucoup plus de choses qu'en se levant quelques heures plus tard, étant donné qu'on disait souvent que c'est encore le matin que l'on est les plus productifs, quoi que pas toujours les plus motivés. Finalement, peut être Sully en viendrait-il à prévoir de se lever aussi tôt à certaines occasions, histoire d'avoir plus de temps devant lui, car il estimait qu'on n'en avait jamais assez lorsqu'il s'agissait de faire ce genre de balades, au milieu d'une flore en éveil et tout en profitant de cette intrigante atmosphère propre aux premières heures du jour. Car se balader de si bonne heure au sein du jardin botanique, clairement, il pourrait le faire tous les jours. Naturellement, il n'aurait pas non plus été contre l'idée de pouvoir se rendormir quelques heures, mais il fallait bien avouer que ça n'était absolument pas déplaisant d'être dehors à cet instant. D'autant qu'il allait pouvoir préciser sa balade, lui qui avait eu tendance à l'oublier quelques peu lorsque, la dernière fois, il avait croisé Opaline et s'était un peu plus intéressé à la présence de la jeune femme qu'à cet environnement pourtant on ne peut plus charmant. Ainsi, dans cette optique, il s'était dirigé vers le jardin japonais, qu'il avait déjà vaguement visité, et avait cette fois-ci continué sa route jusqu'au bout rouge, où il avait alors aperçu Odessa. Sans tarder, car pensant qu'ils pourraient tout aussi bien passer un petit moment ensemble, il l'y avait rejointe, cherchant alors à savoir, car il était tout de même surpris par cette présence, si elle était dans la même situation que lui, ou si elle était simplement matinale. Manifestement, non, elle ne l'était pas. « Agaçant, oui, c'est le mot que j'aurais moi même employé. Frustrant aussi, parce que j'ai cru jusqu'au dernier moment que le sommeil reviendrait, en vain. Nous sommes donc des compagnons d'infortune. » Au fond, il préférait le prendre avec le sourire, parce qu'il y avait assurément plus grave dans la vie. « Oui, c'est vraiment un charmant endroit, et je dois dire que ça m'en ferait presque regretté de ne pas tomber du lit plus souvent » qu'il reprit, relativement amusé, reportant bientôt son regard sur sa camarade, tandis qu'une idée avait trouvé le temps de germer dans son esprit. « Tu veux rester ici ou bien avancer ? Il me semble qu'il y a un petit salon de thé un peu plus loin, j'avais bien envie d'aller y faire un tour. » Surtout parce qu'il n'en avait pas encore eu l'occasion et qu'il était curieux de s'y rendre. Mais il ne voudrait pas pour autant se séparer d'Odessa, alors il aviserait selon ce qu'elle avait envie de faire.

Vraiment, je ne souhaite à personne ce genre d'insomnie matinale. Le genre qui vous assaille et vous prive de sommeil, cruellement. Je n'imagine même pas ce que ça doit être, la torture par le manque de sommeil. Une fois, j'ai vu ça à la télé. Ils expliquaient que c'était une pratique courante, empêcher un prisonnier de dormir jusqu'à le rendre fou. A ce stade, il dit tout et n'importe quoi, et surtout ce qui pourra lui octroyer quelques minutes de précieux sommeil. Bon, ici, il n'y a pas vraiment de comparaisons possibles et je suis assez mal placée pour parler de tout ça mais ça me fait penser à ça, quand même. Levée, j'ai donc pris une douche rapide avant de m'enfoncer jusqu'au jardin botanique dont j'apprécie alors tout le calme et la tranquillité. C'est rare, ici, la tranquillité alors j'essaie de m’imprégner de ce doux silence quand Sully arrive finalement, me faisant légèrement sursauter. Il faut dire qu'à cette heure, je ne pensais pas franchement trouvé quiconque alors ma surprise est de taille. J'apprends donc que lui aussi a été abandonné par Morphée bien trop tôt et je compatis à sa douleur. « En effet ! Mais je crois que nos horloges biologiques commencent à souffrir de tout ça. En tout cas, la mienne oui. Le décalage horaire, les journées quasi vides... C'est un rythme étrange et je ne suis pas sûre de m'y faire. » Par contre, je peux très bien me faire aux grasses matinées, pour ça aucun soucis mais pour le reste, c'est plus compliqué, en effet. « A une autre heure, c'est tellement différent. Cependant, je n'aurais quand même pas dit non à plus de sommeil. Disons que de temps à autres, ça passe mais pas tous les matins ! » Non, là, ce serait vraiment trop tôt et j'aime bien dormir. Il me propose alors de marcher et je ne dis pas non. En plus, il a l'air de connaître le jardin un peu mieux que moi alors je suis partante pour le suivre. « Ah oui ? Un salon de thé ? Tu crois qu'il y aura de quoi manger ? Je n'ai rien pris avant de venir mais bon, c'est pas grave, je peux tenir encore... » Et lui, il a peut-être été plus intelligent et mangé. Après tout, ce serait plus intelligent.

Il est certain que Sully ne s'était pas tellement attendu à tomber sur Odessa, ni sur qui que ce soit d'ailleurs. A une heure comme celle-ci, il était naturellement parti du principe qu'il était le seul malheureux à avoir ouvert un œil sans plus pouvoir le refermer. Car oui, il lui avait paru évident que ses camarades, à l'image de sa partenaire par exemple, étaient quant à eux tous profondément endormis. Il les avait même grandement envié avant de quitter sa chambre et de se mettre à marcher dehors. Alors oui, ce fut pour le moins quelques peu surprenant d'apercevoir Odessa, sur ce petit pont rouge. Surprenant, mais absolument pas déplaisant il va de soi. Parce qu'un peu de compagnie, en cette heure extrêmement matinale, ce ne serait évidemment pas une mauvaise chose. D'autant plus qu'il apprit bientôt, de la bouche de la jolie rousse, que celle-ci souffrait du même problème que lui, qu'elle avait en soit été réveillée et qu'elle n'était ensuite plus parvenue à se rendormir. Ils se comprenaient donc et savaient l'un comme l'autre combien c'était pénible, quand même, d'être privés de quelques heures de sommeil, et a priori sans raison apparente. « C'est assez vrai que ce que tu dis. Je pense notamment qu'on ne s'épuise pas suffisamment, et c'est peut être ce qui nous a valu de ne pas dormir au-delà de sept heures du matin aujourd'hui. » Ceci expliquait peut être cela, oui. « En tout cas, rassure-toi, j'ai beaucoup de mal à m'adapter à ce rythme moi aussi. On ne dirait pas, mais il y a quand même trois heures de décalage horaire entre Philadelphie et Los Angeles, et ça suffit à me perturber légèrement. » De toute façon, un rien était susceptible de le perturber, mais il est certain que cette histoire d'heures l'embêtait particulièrement, vu qu'il avait tout autant de mal à se repérer que les européens, qui toutefois souffraient d'un décalage horaire plus important. « De nuit, ça doit être magnifique. Moi même j'aurais bien dormi quelques heures de plus, ne serait-ce qu'une ou deux, même si, pour le coup, ce charmant panorama nous offre une belle compensation. » Une sorte de lot de consolation, même. Il est vrai que quitte à ne plus pouvoir dormir, autant rester dehors, à profiter de la vue. Ou alors, explorer les environs. Sully avait effectivement entendu parler d'un salon de thé, et l'envie le prenait d'aller y faire un tour. « Oui, il y aura très certainement des pâtisseries. Quant à moi je n'ai mangé qu'une pomme, alors ça ne me tiendra pas au corps très longtemps. Autant rendre cette matinée définitivement agréable, non ? » Histoire d'oublier les caprices de Morphée, notamment. Ainsi, il estima qu'il était tout indiqué de s'y rendre, ce qu'ils firent, ne tardant pas à arriver à bon port, après avoir marché le long de quelques arbres fruitiers. « Après vous, mademoiselle » qu'il fit alors, la laissant entrer puis faisant de même. « C'est raffiné comme endroit. Mais tu t'y connais, toi, en matière de thé ? Parce que moi, à part le thé vert, c'est assez limité ... » Mais peut être y avait-il au pire du café, ou du chocolat chaud. Le choix ne devrait pas manquer, en théorie.

Bon et bien ce n’est finalement pas si désagréable de se retrouver ici, de bon matin, avec Sully pour une conversation calme et posée. En plus, je ne suis pas totalement réveillée ou pas totalement reposée, au choix et je suis un peu moins taquine que d’habitude ce qui me rend un peu plus philosophique. Qu’il en profite, ce n’est pas souvent alors il ne risque pas de revoir ça de si tôt. On pourrait d’ailleurs se raconter des tas de trucs vu que nous sommes les seuls debout. Personne pour nous surprendre, personne à la régie, à part les caméras, nous sommes seuls. Seuls au monde. Enfin, seuls dans le nid, en quelque sorte. Touché par le même mal matinal, Sully me donne alors une réponse tout à fait logique. Oui, en réalité, nous ne sommes jamais vraiment fatigués quand nous allons dormir et ça doit jouer. On dit souvent que ne rien faire est fatiguant mais en réalité, ça ne l’est pas assez pour nous laisser une nuit entière de sommeil, dommage. « On devrait faire un footing alors, qu’en penses-tu ? » dis-je avec un sourire. Non en fait, je n’ai pas envie de faire un footing mais bon, c’était pour rire. « Alors tu habites à Philadelphie ? Je ne connais pas cette ville. Enfin de nom si mais pas en vrai. C’est joli ? Et comment as-tu eu vent de l’émission alors ? » Parce que rappelons-le, l’émission est irlandaise et nous sommes aux Etats-Unis donc… Hum. « Oui enfin la nuit, je préfère dormir, ou autre chose, enfin, pas me balader dans les jardins en tout cas ! » Et il est bien assez tôt, là, je m’en satisfais tout à fait. Il me propose ensuite d’aller au salon de thé et je décide de le suivre, ne sachant pas tellement où me diriger tout en me demandant s’il y aura de quoi manger. Arrivés sur les lieux, il me fait passer en première et je lui souris en guise de remerciements. « Hum… Je n’y connais pas grand-chose, enfin, les classiques on va dire mais je ne suis pas vraiment experte. Oh, des croissants... » J’en pique un dans lequel je commence à picorer tout en regardant les thés disponibles. « Moi je te conseillerais le thé blanc, je trouve que son goût est plus agréable mais si tu n’aimes pas ça, il y a certainement autre chose. » Possible oui, comme du café. « Tu crois que si on venait plus tôt, on verrait les gens de la production mettre tout ça en place ? » Je trouve ça réellement fascinant en fait, d’arriver dans certains endroits et de voir tout ce qui a été mis à notre disposition. Un peu comme dans Harry Potter quand les plats arrivent tous seuls sur la table. Fascinant…

La compagnie d'Odessa était déjà appréciable en temps normal, mais elle l'était sans doute d'autant plus à une heure comme celle-ci, où leurs camarades dormaient tous à poing fermé, et où ils se retrouvaient donc seuls avec cette charmante nature, à l'heure où celle-ci leur offrait ses plus belles couleurs. Savoir en plus que la jeune femme était tombée du lit de la même façon que lui avait tendance à le rassurer quelques peu, lui qui pouvait donc se dire qu'il n'était pas le seul, au fond, à avoir un rythme de sommeil quelques peu déréglé. Et ça, il avait alors tendance à le mettre sur le compte du fait qu'ils ne se dépensaient en soit pas suffisamment. Après tout, leurs journées étaient loin d'être éreintantes, ce qui contrastait tout de même avec celles qu'ils avaient tendance à passer à l'extérieur, ne serait-ce qu'en bossant. Odessa parla en tout cas de footing, et un sourire amusé murit sur les lèvres de l'américain. « Oh, ne deviens pas désagréable, je te prie ! » qu'il lança alors, évidemment pour rire, simplement parce que les footings n'étaient pas tellement ses amis. Alors disons que s'ils pouvaient éviter d'en passer par là, ce ne serait pas pour lui déplaire. La jolie rousse rebondit ensuite le lieu de vie du cinéaste, qui n'avait à vrai dire pas cru qu'elle s'y intéresserait. « Oui, à Philadelphie, en Pennsylvanie. Ça n'est pas très loin de New York, mais c'est à l'autre bout du pays. C'est plutôt une jolie ville, oui, certains quartiers sont tout à fait charmants et c'est un endroit plus calme qu'on pourrait le penser. Et puis, il y a une superbe statue à l'effigie d'un certain Rocky Balboa, et rien que ça, ça vaut le détour. » Il s'en amusa légèrement, parce que bon, c'était plus une fierté personnelle qu'autre chose, vu qu'il avait toujours été fan des Rocky. « J'ai connu l'émission par le bouche-à-oreille, parce qu'après tout, elle est diffusée ici aussi. Je ne te cache pas que j'étais assez réticent à l'idée d'y participer, mais je n'ai pas tellement eu le choix au final. » On avait beau dire qu'on a toujours le choix, le fait est que non, pas toujours justement. « Quant à toi, tu es irlandaise, c'est ça ? » Elle semblait l'être, en tout cas. Sully lâcha un petit rire lorsqu'Odessa laissa entendre que, de nuit, elle préférait encore dormir. Mine de rien, lui aussi, qu'on se le dise. Et puis ils se dirigèrent vers le salon de thé dont Sully avait entendu parler. Sur place, il s'inquiéta de ne pas maitriser ce genre de choses, et semble-t-il qu'Odessa n'était pas experte non plus. « Remarque, qui peut vraiment prétendre s'y connaitre en thés, hein ? » fit-il, peut être légèrement de mauvaise foi, avant d'imiter sa camarade lorsqu'elle prit un croissant. Elle parlait maintenant de thé blanc. « Oui, pourquoi pas. J'avais d'ailleurs entendu dire que le thé blanc aidait à traiter l'obésité. Est-ce que c'est ta façon de me dire que tu me trouves embonpoint ? » Bien sûr, il la taquinait sans sérieux. Le jeune homme regarda alors parmi les variétés de thé disponibles, cherchant le fameux thé blanc. C'est alors que sa camarade sembla se poser des questions grandement existentielles. « On peut difficilement venir plus tôt, ou alors, ces pauvres gens viennent ici aux aurores. Et je doute que tu veuilles revenir avant le lever du jour simplement pour les surprendre » qu'il glissa, amusé, vu qu'elle avait précédemment laissé entendre qu'elle ne ferait pas ça tous les jours. Toujours est-il que Sully entreprit de préparer du thé, manipulant de l'eau quasi-bouillante avant de reporter son attention sur Odessa. « Tu en voudras aussi ? Parce que je pense que ... » Il se stoppa et ne manqua pas de grogner de douleur, ayant évidemment trouvé le moyen de renverser une partie du contenu de la théière sur sa main droite, qui n'avait rien demandé. « Eh merde ... Elle était à combien cette eau ? 85°, non ? » Il disait ça parce que bon, il avait un peu mal quand même, hm.

Bon, comme ça, au moins je sais que Sully n'aime pas les footings. Ça tombe bien, je n'étais pas franchement partante pour un footing. Il est trop tôt, je suis trop fatiguée et ce même si c'est le matin et que normalement, après une bonne nuit de sommeil, je suis sensée être pimpante. Le fait est que ma nuit n'a pas été bonne, ni pleine de sommeil alors je ne suis pas pimpante et pas franchement partante pour faire du sport. Non, je préfère autant rester ici, au calme dans le jardin à parler de sport avec Sully mais sans en faire. Je souris donc à sa remarque. Heureusement, j'ai compris qu'il disait ça pour rire, sinon, j'aurais pu me vexer. C'était une possibilité. « Loin de moi cette idée... » dis-je, amusée alors que je le questionne sur sa ville qu'il vient de citer. Il se met alors à m'en parler et je l'écoute, presque fascinée. « Tu donnes envie d'y aller en tout cas ! Peut-être que j'y ferais un crochet en rentrant ! Tu as toujours vécu là-bas ? » Bon, ce n'est pas la statue de Rocky Balboa qui m'a donné envie, je l'avoue mais le reste, si. Il m'apprend ensuite que l'émission passe aux Etats Unis, ce qui m'étonne. Ils n'ont pas déjà plein d'émissions toutes pourries ici ? Ou alors, justement, ils avaient besoin qu'on remonte la barre, c'est fort possible. « Pas tellement eu le choix ? On a toujours le choix, non ? » Vraisemblablement, non, mais j'imagine qu'il ne m'en dira pas plus, j'aimerais bien cependant pour satisfaire ma curiosité mais j'en doute. « Oui, irlandaise. Du Sud. C'est important... » Très. On est comme ça les irlandais vous savez, il ne faut pas trop nous chercher sur ce point précis. Nous nous dirigeons ensuite vers le salon de thé où j'espère trouver de quoi manger et je regarde le thé disponible sur les lieux, n'étant pas une experte, comme je lui fais savoir d'ailleurs. « Si, les anglais... Ils sont d'ailleurs très agaçants, comme s'ils avaient inventés le thé. Aux dernières nouvelles, ça vient plus de Chine mais bon... » Alors oui, chut les Anglais, c'est agaçant. Je lui conseille cependant le thé blanc et sa réponse me fait écarquiller les yeux. Hum... « Non, non, pas du tout ! Je ne savais même pas qu'on disait ça, et donc non, ce n'est pas mon intention, tu n'as pas d'embonpoint, enfin je ne crois pas. » Je n'ai pas été vérifié vous comprenez. Par contre, s'il y a un truc que j'aimerais bien vérifier, c'est quand et comment la production ravitaille les différents points et les soirées. « En fait, j'en serais capable je crois, j'aimerais bien les surprendre, juste une fois. Je pourrais faire nuit blanche et me cacher dans les buissons, tu penses que ça marcherait ? » Je suis sûre que ça pourrait marcher et puis, qu'ils n'aient pas peur, je n'irais pas leur parler, je n'ai pas envie qu'on se dise que j'ai triché, je voudrais juste voir, une fois. Sully, pendant ce temps, préparait le thé et alors qu'il m'en proposait, il se tait, d'un seul coup. J'ai juste le temps de voir de l'eau, bouillante, couler sur sa main et... sa réaction. « SULLY ! Mais... Ca va ? Faut passer ça sous l'eau froide ? Y'a pas de robinet ici mais y'a... y'a l'étang, enfin la rivière, le plan d'eau quoi... Viens ! T'es brûlé ? Depeche-toi ! » C'est un peu un ordre en fait, je n'ai pas envie qu'il ait des séquelles à vie quand même. Du coup, je l'attrape, par la main, l'autre, pas la brûlée et je l'attire vers l'étang. C'est certainement une mauvaise idée mais bon, c'en est une, au moins.

Que tout le monde tâche de se souvenir d'une chose : le footings et Sully ne font pas bon ménage. Non, vraiment, le jeune homme n'en était pas friand du tout. A vrai dire, pour un homme de son âge, il n'était pas particulièrement sportif. Il ne se laissait pas pour autant aller, mais il est vrai qu'il n'aimait pas particulièrement le sport en général, à part peut être le baseball, et encore c'était relatif. Alors oui, il se passerait franchement bien d'un footing, que ce soit maintenant, demain, ou le mois prochain. Il se portait franchement mieux quand on l'en dispensait, et il n'y avait qu'à voir dans quel état il avait fini à l'issue du prime où il avait fallu courir partout, ou du défi à la gare, pour se douter qu'il aurait franchement du mal à courir énergiquement sur une certaine durée. Bien évidemment, sa réaction ne fut pas bien sérieuse, et sa camarade le comprit heureusement sans mal. Sully en vint ensuite par parler de la ville où il vivait, à savoir Philadelphie. « Je suis sûr que tu t'y plairais. On y trouve d'ailleurs un célèbre centre commercial, "The shops at Liberty Place", où ma sœur se rend souvent et dont elle me dit toujours beaucoup de bien. » Lui, par contre, n'était pas tellement friand de ce genre de lieux, mais il se doutait qu'une jeune femme comme Odessa devait aimer s'y rendre. « J'ai toujours vécu là-bas, oui. Je ne me sens pas capable d'en partir un jour, à vrai dire. » Mais il n'y avait a priori pas de raison pour qu'il en parte un jour, bien qu'il y ait pensé, à une époque. Quant au fait que Sully ait participé à cette émission, l'on pouvait effectivement dire qu'il n'avait pas tellement eu le choix. Dit comme ça, ça pouvait être extrême, mais le fond était véridique. « Pour certains, c'est plus vrai que pour d'autres » qu'il souffla alors, aux paroles de sa camarade. Il ne pouvait pas trop lui en dire, mais oui, il n'avait pas du tout été prévu qu'il participe, au départ. « Oh, la nuance est si importante que ça ? Tu sais, je n'y connais pas grand chose à l'Irlande, ni aux conflits qu'il peut y avoir entre le Nord et le Sud, donc ... » Donc il n'était véritablement pas disposé à saisir à quel point cette précision pouvait importer. Toujours est-il qu'ils prirent ensemble la direction du salon de thé, où ils entrèrent sans tarder, avant de philosopher sur le thé. Un sourire amusé gagna les lèvres de Sully lorsque sa camarade parla des anglais. « Ah ça, je veux bien le croire » qu'il fit alors, en riant quelques peu. Et puis il laissa entendre que le thé blanc - qu'elle lui avait conseillé de boire - était connu pour aider à mincir, allant même jusqu'à plaisanter légèrement. « Je le tiens de ma sœur, à nouveau, vu qu'elle voulait mincir après la naissance de ma nièce. En tout cas, ne compte pas sur moi pour tomber la chemise simplement pour te prouver que je ne suis pas grassouillet ! » Là encore, il s'en amusait, même s'il est vrai qu'il ne se déshabillerait pas, comme ça, au bout milieu d'un salon de thé. Non, quand même pas. « Une nuit blanche, carrément ? Écoute, oui, je suppose que ce serait concluant. J'aimerais bien être de la partie, d'ailleurs. Ça m'intrigue, moi aussi. Alors préviens-moi le jour où tu le fais, hein. » Ce serait plutôt amusant d'essayer de les surprendre, c'est clair. Quoi qu'il faudrait sans doute s'armer de patience, hm. En tous les cas, Sully ne tarda pas à entreprendre de servir du thé, mais se laissa déconcentrer et ne manqua pas de renverser un peu d'eau bouillante sur sa main. Autant dire qu'il l'avait senti passer. « Ça va, c'est supportable ... Enfin, je déguste un peu, c'est sûr ... Hm, oui, de l'eau froide ce serait pas mal. » Sans doute cela calmerait-il un peu la douleur, à moins que le contraste de température le fasse souffrir d'autant plus ... Enfin, dans l'immédiat, il préférait être optimiste, hein. « Je crois que la brûlure est assez profonde ... D'accord, allons-y. » Ils se rendirent alors jusqu'à l'étang, et une fois là-bas, Sully se résolut à y tremper sa main. Bien sûr, la douleur fut là aussi conséquente. « Raah, ça m'apprendra à regarder ailleurs pendant que je sers du thé, hm. » Parce que oui, pour le coup, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même. « Tu crois que tu pourrais me trouver une bande de gaze ? Ça m'ennuie de t'embêter avec ça, mais moi je risquerais de m’évanouir sur le chemin ... » Vu que bon, il avait beau serrer les dents, il n'était pas impossible qu'il tourne de l’œil, clairement.

J’ai toujours aimé voyager, découvrir des endroits nouveaux et ce même si je n’en ai peut-être pas forcément eu beaucoup l’occasion dans ma vie qui est encore courte. Alors écouter Sully parler de sa ville, je trouve ça fort intéressant et très dépaysant. En plus, il a vraiment l’air de l’apprécier et la description qu’il m’en donne fait réellement envie. Sans parler qu’il semble très bien me connaître car il me parle d’un centre commercial et pour sûr, c’est le genre d’endroits que j’aime avoir à proximité. « Je vois que tu me connais bien ! Elle a quel âge ta sœur ? » Ca aussi, c’est un truc qui me fascine, car je suis fille unique. Aucun frère, aucune sœur et parfois, ça me manque, d’autant plus quand les gens parlent de leur relation unique avec eux, ce qui me laisse pas mal de frustrations. « Vraiment, tu ne pourrais pas déménager ? Enfin, je crois que je peux comprendre, c’est un sacré bouleversement, bouger et changer de lieu de vie… » Un bouleversement que j’ai connu, un peu mais qui n’a rien à voir avec cette émission même si au fond, c’est un peu ce que nous avons fait. Changer, bouger à l’autre bout du monde pour se retrouver avec des gens inconnus. Pour ma part, c’était un choix alors bien évidemment, je m’y étais préparée mais étonnement, Sully semble me faire comprendre que ce n’est pas vraiment son cas. Comme je m’en doutais, il ne peut pas non plus m’en dire plus alors je me tais et nous passons à la suite de la conversation concernant mes origines. L’Irlande donc, du Sud. Je lui spécifie que c’est important quand même et il semble surpris… C’est possible ça, de ne pas savoir ? Ah les américains… « Oui, quand même, c’est une identité on va dire. Personnellement, les conflits, je préfère les oublier, ça ne sert à rien de partir dans cette haine constante mais il nous reste notre identité. Pour autant, je ne suis pas sectaire et j’ai même des amis venant d’Irlande du Nord, il ne faut pas croire qu’on s’assassine dans nos lits la nuit venue… » Je souris, amusée, tout en regardant les thés disponibles et nous finissons par nous questionner sur la chose. Pour sûr, je ne suis pas une experte mais je vais essayer de l’aider dans son choix et pas pour le faire maigrir, c’est promis. « Oh tu as une nièce !? C’est mignon ! Elle a quel âge ? Et ne t’inquiètes pas, ce n’était pas un stratagème pour te déshabiller, quand même pas. » Je suis plus subtile, vraiment. « Bah oui, une nuit blanche, juste pour satisfaire ma curiosité… C’est pas comme si je ne pouvais pas rattraper mon sommeil dans la journée en plus… » A l’extérieur, je dis pas, ce serait compliqué mais ici, franchement… Sully commence alors à préparer le thé et là, c’est le drame. Il se verse de l’eau bouillante sur la main. Mes yeux s’écarquillent et je dois être bien moins calme que lui l’est au final ce qui est assez peu logique. Sans perdre une seconde, je lui dis donc d’aller tremper sa main dans l’eau froide de l’étang. Ce n’est pas la meilleure solution mais la seule s’offrant à nous présentement. « C’est de ma faute, je parle trop et j’ai du te distraire… Ca va aller, t’es sûr ? » Il me demande ensuite une bande de gaze et bien évidemment, j’acquiesce. « Ne dis pas de bêtises, j’y vais. » Je me rue donc vers la loge maquillage, en courant, quand même, il y a urgence et j’attrape la trousse de secours, retournant au jardin en deux temps trois mouvements. Je reviens auprès de Sully et j’ouvre la trousse, pas tellement sûre de moi… « Bon alors par contre, je suis un peu nulle… Hum… Il y a cette crème mais c’est peut-être pour après ? » J’ai besoin d’aide là, y’a un médecin dans le coin ?