and it cut me like a knife ~ 03/06 - 17:09

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and it cut me like a knife

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Avalon
LUNDI 03 JUIN, 17H09 - HANGAR À ACCESSOIRES

En ce lendemain de prime, Lena était bien nostalgique. Un peu plus tôt dans la matinée, la danoise s'était faufilée dans le hangar à accessoires pour réfléchir. Réfléchir oui, ce qu'elle ne savait pas souvent il faut bien le dire. Mais quand elle entrait de phase de réflexion, c'était en général pour se remémorer des souvenirs, des moments passés comme des individus ayant croisé sa route un jour, et qui pouvaient éventuellement lui manquer aujourd'hui. C'était le cas de ses parents, ainsi que de ses deux sœurs Karen et Jonna. Elle n'en avait plus aucune nouvelle depuis des années, et cela la rendait triste, quand elle prenait le temps de penser à eux. Pourtant, elle savait qu'il ne le fallait pas. Que ça la faisait plus souffrir qu'autre chose. Donc oui, Lena était malgré tout nostalgique de la vie qu'elle avait menée avant cette déchirure, cette cassure avec ses proches. Sa seule famille aujourd'hui c'était Dean, son fiancé. Et il lui manquait atrocement. Elle aurait tout donné pour faire cette aventure avec lui, mais ce n'était pas possible. Elle le savait, mais continuait de penser qu'elle aurait pu vivre tout cela autrement. Pourtant non, il n'y avait pas d'autre issue. Et pendant que Dean tournait en rond dans une minuscule cellule, Lena faisait cette émission en espérant naïvement avoir une chance de régler leurs problèmes d'argent. C'était ce qu'ils avaient convenu au parloir, après qu'elle ait finalement obtenu son accord. Parce qu'à la base, Dean était contre l'idée de la savoir enfermée avec des inconnus, lui qui en plus n'avait pas une très bonne opinion de la télé-réalité. Il lui avait fallu faire quelques sacrifices pour le convaincre, mais au final elle commençait à regretter. Oui, elle regrettait de s'être lancée là-dedans, comme au premier jour. Avait-elle commis une erreur ? Peut-être bien. Parce que voilà, si elle rentrait à Rosedale sans un sou, non seulement elle s'en voudrait terriblement mais en plus elle le décevrait. Or ce qu'elle voulait, c'était le rendre fier, et non l'inverse. Lena commençait à réaliser qu'elle n'irait pas au bout de ce jeu, qu'on l'en ferait sortir bien avant. Comment expliquerait-elle à Dean qu'elle avait échoué ? Elle se confondrait probablement en excuses, mais cela ne changerait rien. Alors posée dans un coin du hangar, assise par terre et les jambes ramenées vers elle, Lena décida d'évacuer tout ce qu'elle avait stocké ces derniers jours. Elle se mit donc à sangloter, relâchant la pression toute en discrétion d'abord, puis en ne cherchant même plus à contrôler quoi que ce soit ensuite. Elle se laissait aller, totalement, car elle avait besoin de ça, c'était nécessaire. Lena ne devait pas retenir ces larmes, au contraire il fallait les laisser couler car elle se sentirait forcément mieux après. Et la danoise ne s'était évidemment pas isolée par hasard. L'idée c'était de n'attirer l'attention de personne, et elle avait pensé que ce hangar était l'endroit idéal pour ça, pour pleurer sans qu'on ne la remarque. Mais elle n'avait pas pensé aux éventuelles allées-et-venues de certains. C'est vrai, même ici elle pouvait se faire surprendre à tout moment, mais sur le coup cela ne lui traversa pas l'esprit à vrai dire.

Je suis contente d'être toujours là, j'aurais très bien pu quitter l'aventure hier soir. En tout cas une chose est certaine, je crois que je ne tenterai plus jamais ma chance à la roulette russe. Elle ne semble visiblement pas m'aimer. Alors je crois que je vais la laisser tranquille pour le moment. Si je dois être nominée ce sera parce que les autres en auront décidé ainsi. Je ne vais pas tenter le diable. Aujourd'hui je suis simplement heureuse d'être encore là, je n'ai pas envie de retourner à ma vie d'avant. Pas pour le moment, c'est encore trop tôt, je n'ai pas vu tout ce que j'avais à voir. J'ai envie que mon aventure dure encore un peu plus longtemps, elle est rallongée d'une semaine encore, et j'en suis ravie. Pour l'heure, je me balade. Je marche sans but précis, j'ai simplement envie de bouger, de ne pas rester assise à ne rien faire. Je ne supporte pas quand c'est le cas, je n'ai pour le moment croisé personne. Je crois que je ne serais pas contre passer un peu de temps avec quelqu'un, pour ça il faudrait encore qu'ils n'aient pas déserté tous les lieux dans lesquels je mets les pieds. C'est finalement vers le hangar que mes pas me portent. J'entends des sanglots. Je m'approche doucement d'où provient le bruit et je tombe sur une jeune fille en larmes. Cette jeune fille il me semble que c'est Lena elle ne semble pas aller bien du tout. En même temps elle ne serait pas en train de pleurer si elle allait parfaitement bien, c'est idiot ce que je dis. J'ai envie de la réconforter, mais ce n'est pas mon fort. « Et Lena ... Pourquoi tu pleures ? Dis-moi ce qui ne va pas. » Je n'ai pas envie qu'elle pleure, je voudrais comprendre ce qui la met dans un tel état. Je voudrais qu'elle aille mieux ici, je n'aime pas la voir comme ça. J'espère que ce n'est que passager, et qu'elle va aller mieux. Il ne faut pas qu'elle pleure.

Elle ne pouvait plus intérioriser, refouler et taire ses émotions comme elle l'avait fait jusque là. Ce n'était pas bon de tout garder en soi, pas bon du tout. Car tout s'entassait, s'accumulait. C'était une montagne de sentiments divers qui prenait de l'ampleur au fil des jours. Un mélange d'appréhension, de peur, de tristesse qui combinés les uns aux autres faisaient mal, très mal. Bien sûr que c'était douloureux, sinon Lena n'aurait pas ressenti l'urgentissime besoin de tout évacuer. Il le fallait, après quoi elle irait déjà beaucoup mieux. Pleurer était le meilleur moyen de se défaire de tout ça. Elle en savait quelque chose, car ce n'était pas la première fois qu'elle s'isolait pour verser quelques larmes. Même si pour le coup, c'était bien plus que de simples larmes coulant le long de ses joues. Elle voulait tout expulser, ne plus rien garder en elle car ça la faisait trop souffrir d'encaisser, encore et toujours. Alors oui, elle se laissait aller, elle ne retenait rien. Tant qu'elle se débarrassait de tout ce qui la rongeait de l'intérieur depuis deux semaines, et même bien avant, c'était le principal. Et tant pis si des millions d'américains assistaient à cette pathétique scène. Tant pis si tout le monde se questionnait ensuite sur sa résistance, physique comme mentale. Lena était à bout, dernièrement elle avait perdu l'appétit et dormait très très mal. Sully le savait, elle lui avait confié cela au prime. Mais à part lui personne n'avait dû s'en rendre compte, parce que ça ne sautait pas non plus aux yeux. Et à priori il n'y avait rien d'alarmant dans le fait de sauter un repas. Oui mais sa souffrance était bien plus grande que ce qui était visible. Elle s'étendait aussi bien au-delà de cette aventure. Elle n'était pas bien depuis un moment, mais avait jusqu'ici refusé de l'admettre. Seulement, elle qui pensait avoir déniché la cachette idéale s'était visiblement trompée. Car bientôt, elle entendit quelqu'un l'appeler. Cette voix lui était familière, et à vrai dire elle n'avait pas besoin de relever la tête pour savoir qui était près d'elle. Avalon, évidemment. Celle-ci semblait inquiète. Sans doute parce que quand quelqu'un pleure, en général, on se pose des questions, on se demande ce qui ne va pas, pourquoi cette personne s'est mise dans un tel état. Toutes ces interrogations étaient légitimes. Et Lena allait tenter d'y répondre, si tant est qu'elle en soit capable. « Je... je... je... » balbutia-t-elle, d'une voix tremblante avant de chasser avec sa main une larme qui avait perlé au bout de son nez. « Je sais pas trop, je crois que rien ne va en fait. » C'était même une certitude. Rien n'allait plus. Et pendant ce temps les larmes n'en finissaient plus de couler. Elle ne cherchait pas à les essuyer. Non, au lieu de ça elle les laissait sécher sur ses joues. Simplement. « Mais je veux pas t'ennuyer avec mes histoires. » qu'elle reprit, tout en croisant le regard d'Avalon. Non c'est sûr, elle devait avoir mieux à faire que de l'écouter parler de ses petits malheurs. Elle n'avait pas à rester auprès d'elle, elle ne devait pas s'en faire pour elle non plus. Il ne fallait pas qu'elle s'en sente obligée de faire quoi que ce soit dans un tel moment, surtout pas.

Je tourne un peu en rond, je devrais peut-être me trouver quelque chose à faire, une occupation je n'en sais rien. C'est agaçant de marcher sans but précis, de ne pas savoir ce qu'on va faire par la suite. J'aime parfois me détendre, marcher pour m'aérer l'esprit mais là j'ai l'impression de tourner comme un lion en cage. Je sais pourtant qu'il y a des millions de choses que je pourrais faire ici, mais je n'arrive pas à me décider. Peut-être que je trouverai de l'inspiration dans le hangar à accessoires, j'en doute mais c'est là que mes pas me portent. Je n'ai jamais réellement pris le temps de m'attarder ici il faut le dire. J'y suis passée en coup de vent pour découvrir les lieux, mais sans plus. J'ai à peine mis un pied dedans que j'entends des sanglots. Ça n'annonce rien de bon. Je m'avance un peu pour voir d'où vient le bruit et je découvre Lena en train de pleurer. Ça ne va pas. Elle ne devrait pas pleurer, je n'ai pas envie qu'elle pleure, ça me fait de la peine de la voir comme ça. Je me demande ce qu'il peut bien se passer, je voudrais bien le savoir parce que ça m'inquiète de la voir comme ça. Et cela n'a pas l'air d'être passager, ses larmes ne s'arrêtent pas de couler. Elle balbutie, je la regarde dans les yeux et j'attende qu'elle parle, qu'elle me dise pourquoi elle est dans cet état là. Rien ne va. Ah, mais non elle ne peut pas dire ça. Je suis sûre qu'elle exagère, quand on va mal tout a l'air d'être mauvais, mais il faut qu'elle voit des points positifs. Et en plus elle ne veut pas m'ennuyer avec ses histoires, ce n'est pas comme ça qu'elle va aller mieux. « Non tu ne m'ennuies pas du tout. Raconte-moi ce qu'il se passe. Tu te sentiras mieux après, tu ne peux garder tout ça pour toi.Et puis je ne vais pas te laisser dans cet état. » Oui c'est hors de question, je ne vais pas la laisser pleurer. Elle a besoin d'en parler, si elle ne le fait pas, ça va être pire.

Évidemment que ça n'allait pas. Ça ne pouvait pas aller, pas en ce moment. Lena ne s'était pas refugiée dans ce hangar pour pleurer par plaisir, certainement pas. Elle en avait besoin, mais pleurer ça faisait mal, pleurer réveillait certaines choses jusque là enfouies. Ça n'allait pas. Rien n'allait plus. Elle avait du chagrin, vraiment, ce n'étaient pas de simples larmes de crocodiles qui sècheraient rapidement. Non, c'était une plaie ouverte, une douleur lancinante, elle avait mal à l'intérieur. Et si elle s'était mise en retrait une fois encore, c'est aussi pour éviter qu'on vienne lui poser des questions ou tout simplement s'enquérir de son état. Elle avait envie de sauver les apparences en laissant croire à tous que ce n'était qu'un coup de blues passager, mais en faisant cela elle se mentirait également à elle-même. Elle savait que ce n'était pas seulement passager, que c'était également antérieur à cette émission, et que celle-ci ne faisait qu'empirer les choses au final. Pourtant au début elle était quand même ravie qu'on lui donne sa chance. En apprenant sa sélection elle avait même sauté de joie. Oui, mais la joie avait désormais laissé place aux doutes, à l'amertume... à tout un tas de sentiments déplaisants qui venaient ternir cette brève parenthèse qu'elle s'était accordée pour sortir son couple de la galère. Elle n'arriverait à rien, et en prenait conscience. C'est sûr qu'un tel constat ne l'aidait pas à retrouver goût au jeu, loin de là. Alors voilà où elle en était à présent. À partir pleurer dans son coin plutôt que de profiter du cadre que lui offrait ce gigantesque nid et ses nombreuses activités. Elle s'en voulait d'être aussi faible. De se laisser abattre aussi facilement. Mais c'était Lena toute crachée, elle laissait ses émotions prendre le dessus. Quoi que là, il le fallait, c'était même mieux que de les combattre. Sa détresse sauta alors aux yeux d'Avalon lorsque celle-ci arriva près d'elle. Et tout de suite, la belle brune tenta de savoir pourquoi elle était si malheureuse. Mais Lena n'avait pas la moindre envie de l'enquiquiner avec ses ennuis. Avalon semblait toutefois convaincue qu'en parler lui ferait du bien. Bah, elle n'avait peut-être pas tort tout compte fait. Elle disait ne pas vouloir la laisser dans un tel état, et cette prévenance la touchait beaucoup. « Je ne peux hélas pas tout te dire, mais c'est l'accumulation de tout un tas de choses qui deviennent bien trop lourdes pour mes étroites épaules. » Elle se voyait mal entrer dans les détails, peut-être plus tard. Mais elle devait veiller à ne pas trop en dire. Elle ne voulait pas que tout lui retombes dessus ensuite. « Je me sens si seule Avalon. » souffla-t-elle, dépitée. Pourtant elle ne l'était pas, seule. Pas ici. Ni en dehors. Mais c'était l'impression qu'elle avait. Celle de sombrer dans une profonde solitude, comme si personne ne pouvait lui venir en aide. Comme s'il était trop tard pour ça à présent.

Je ne m’étais certainement pas attendue à trouver Lena en pleurs lorsque j’étais rentrée dans ce hangar. Honnêtement je ne pensais même pas trouver une âme là-dedans, je pensais être seule. Au final je n’étais pas mécontente d’être tombée sur Lena. Je ne me réjouissais en aucun cas de la voir dans cet état, mais il ne fallait pas qu’elle puisse le vivre toute seule. Il ne fallait pas qu’elle reste seule dans ces moments-là. Et ça me faisait de la peine de la voir comme ça. J’aurais voulu trouver les mots justes, faire les bons gestes pour tenter de la réconforter. Je voulais qu’elle sèche ses larmes, le sourire lui allait bien mieux. Seulement j’ai toujours été maladroite dans ces moments-là, je faisais plus de gaffes que je ne faisais du bien. Pourtant j’étais inquiète à son sujet, elle semblait plutôt mal en point. Et il était en tout cas hors de question que je la laisse comme ça, et que je reparte comme si je n’avais rien vu. Et je ne la quitterai pas jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé le sourire, sauf si elle tenait absolument à ce que je la laisse en paix. A mes yeux le meilleur moyen pour aller mieux était tout d’abord de parler de ce qui n’allait pas. Parce qu’elle ne m’ennuyait pas du tout, non vraiment pas, bien au contraire. Elle n’était pas non plus obligée de m’en parler, mais j’étais là si jamais elle en avait besoin. Elle le savait maintenant. Elle pouvait se confier si elle en avait envie désormais, j’étais là pour l’écouter. J’étais là pour faire en sorte qu’elle aille un peu mieux. Elle ne pouvait apparemment pas tout me dire. Une accumulation de choses qui devenait trop lourde pour elle. Ça ne m’avançait pas à grand-chose. J’imaginais simplement qu’elle ne pouvait pas en parler. D’accord, très bien. Et … Elle se sentait seule. Il fallait que je fasse quelque chose. Je ne le fais que très rarement en temps normal, mais je sentais qu’elle avait peut-être besoin de ça. Je n’en sais rien, je ne sais pas quand les gens en ont besoin. Sans plus réfléchir, je la prends dans mes bras. Ce n’est pas une étreinte très franche, parce que je n’en ai pas l’habitude, mais c’est l’intention qui compte. « Non ne dis pas ça, je suis sûre que tu as des tonnes d’amis. Et puis ici on est tous là pour toi tu sais. » Oh tous je n’en sais trop rien, mais elle n’était pas seule c’était certain, il y avait plein de personnes ici qui étaient prêts à l’aider. Je m’éloigne finalement d’elle, ça a duré assez longtemps, trop longtemps pour moi. J’espère au moins qu’elle se sent un peu mieux. « Et puis pourquoi tu te sens seule, il s’est passé quelque chose récemment ? » J’essaie de comprendre, je crains qu’il y aient beaucoup d’éléments qui m’échappent.

Cette prévenance semblait tellement naturelle chez Avalon. Ça n'étonnait pas Lena à vrai dire, et tout le monde n'aurait pas réagi de la même manière en trouvant la danoise en pleurs dans ce hangar. Ah ça non, certains auraient très bien pu jeter un rapide coup d’œil, et continuer leur chemin en pensant qu'il valait mieux la laisser seule dans ces moments-là. Et d'autres n'y auraient sans doute pas prêté la moindre attention, car aucunement sensibles à la détresse d'autrui. Mais Avalon avait du cœur, et cela se voyait. Quelque part, ça devait l'attrister de voir Lena dans cet état, peut-être même se sentait-elle obligée d'intervenir car ne souhaitant pas qu'elle s'enferme dans une coquille et se coupe progressivement du groupe. C'était en tout cas vraiment adorable de sa part de se soucier d'elle. Elle ne pensait pas mériter tant d'attention. Et puis Avalon aurait pu partir après que Lena lui ait fait savoir qu'elle ne voulait pas l'ennuyer avec ses histoires, mais non, elle était restée et avait insisté pour en savoir plus. Cela prouvait combien elle se dévouait aux autres, et sur ce point elles étaient semblables l'une et l'autre. Car dans la même situation, Lena n'aurait pas agi différemment. Il y avait beaucoup de bonté et de bienveillance chez ces deux jeunes femmes, cela se percevait de suite. Pas étonnant que le courant soit tout de suite passé. Lena avait aussi suffisamment confiance en elle pour lui confier ce qui n'allait pas, mais hélas, elle ne pouvait pas lui dire grand chose. Eh non, sauf si elle souhaitait avoir des ennuis après, et... non, évidemment que non elle n'y tenait franchement pas. Mais vraiment, si elle l'avait pu, elle l'aurait fait car Avalon était bien trop gentille et à l'écoute pour qu'on puisse lui dissimiler quoi que ce soit, elle qui ne voulait qu'aider Lena à aller mieux. Mais c'est vrai, la danoise se sentait seule. Et ça lui coûtait de l'avouer à Avalon, parce qu'elle se l'avouait également à elle-même par la même occasion. Or, difficile d'admettre une telle chose quand, à priori, on est quelqu'un de plutôt entouré. Oui mais le problème n'était pas là. Elle se sentait seule parce qu'à l'extérieur de ce nid, elle l'était. Triste réalité que celle-ci. Sans qu'elle ne s'y attente, Avalon la prit dans ses bras et bien entendu, Lena se laissa faire. C'était réconfortant, elle se serait presque crue avec sa mère quand elle était petite et qu'elle avait du chagrin. Enfin Avalon était un peu jeune tout de même pour avoir une fille de cet âge-là. Mais bref. Selon elle Lena avait forcément beaucoup d'amis. Ah, c'est parce qu'elle était quelqu'un de spontané et plutôt sociable qu'elle disait cela sans doute. Elle ajouta qu'ici, ils étaient tous là pour elle. Elle en doutait. Avalon, oui, mais les autres n'en avaient rien à faire, elle le savait. Dans leur grande majorité en tout cas. Leur tendre étreinte prit fin. Avalon chercha alors à savoir pourquoi elle disait se sentir seule, et s'il s'était passé quelques chose récemment pour lui faire penser ça. « Pas forcément récemment, je... je pensais qu'en faisant cette émission je parviendrais à prendre du recul, à lever le pied aussi. Mais je n'y arrive pas. Trop de choses ici me rappellent... » Elle s'arrêta, réalisant qu'elle ne pouvait pas poursuivre. Elle n'y tenait pas non plus. C'était déjà éprouvant d'en parler. Car si Avalon ne savait pas à quoi cela faisait écho, Lena quant à elle le savait. Et ses pensées se voyaient soudainement envahies par tout un tas de démons qui faisaient certes son histoire et sa personnalité, mais dont elle aurait malgré tout souhaité se débarrasser.

Je n'aime pas la voir comme dans cet état. Elle ne devrait pas être triste, elle ne devrait pas pleurer. Et je dois que je n'arrive pas à comprendre ce qui la met dans cet état. Elle tente de m'expliquer mais tout reste très flou pour moi. Elle ne peut pas m'en parler, je le comprends. J'espère que je serai à même de le comprendre plus tard. Pour le moment je n'ai pas envie de la laisser seule avec ses larmes. Elle ne le mérite pas, elle ne devrait pas être seule quand elle est triste. Personne ne devrait avoir à l'être.Je ne vais pas partir et faire comme si tout allait bien. Je ne peux pas, je ne pourrai pas partir tant qu'elle n'aura pas séché ses larmes, et tant qu'elle n'ira pas mieux. Je sais bien, qu'elle ne rayonnera pas avant la fin de la journée, mais je voudrais au moins la voir sourire. Un léger sourire. J'aimerais aussi pouvoir trouver les mots pour la réconforter, mais je n'ai jamais su trouver les mots justes, je n'ai jamais su ce qu'il fallait dire. J'ai toujours peur de dire un mot de travers. A la place je la prends dans mes bras, je n'aurais su dire pourquoi j'ai eu envie de le faire. Cela m'a semblé la chose la plus naturelle à faire sur le moment, je n'ai pas vraiment réfléchi. Je n'ai pas l'habitude de ce genre d'étreintes. J'espère que ça ne le dérange pas, j'espère que ça tend à la rassurer, c'est tout ce que je veux. Je ne voudrais pas qu'elle se sente encore plus seule. Je n'arrive pas à tout comprendre, parce qu'elle ne peut pas tout me dire, mais elle doit avoir des amis en dehors, je suis sûre qu'elle en a plein. Et ici elle a plus de vingt personnes qui sont là pour elle quand elle va mal. Je me doute que tout le monde ne se soucie pas de son état, mais je pense qu'une grande majorité des gens ici l'apprécient. Elle ne devrait pas se sentir seule, elle ne l'est pas, et si elle l'est véritablement je n'arrive pas à me l'imaginer. Ses larmes me touchent, je voudrais pouvoir les arrêter mais je ne sais pas comment faire. Et je ne parviens pas à saisir ce qui la chagrine autant, je ne le parviens pas parce qu'elle n'est pas en mesure de me l'expliquer. Et c'est difficile de pouvoir faire quelque chose dans une telle situation. « Tu ne peux pas en parler c'est ça ? Ou tu n'en as pas envie ? » Peut-être n'en a-t-elle tout simplement pas envie. Je ne sais pas trop, mais si elle le veut je suis là pour l'écouter. « Je peux faire quelque chose pour toi ? » J'aimerais bien pouvoir l'aider, mais je me sens impuissante face à ses larmes.

Certaines choses ne pouvaient tout simplement pas être dites. Pas ici, non. Enfin le lieu importait bien peu au final. Qu'elles se soient trouvées dans ce hangar ou ailleurs, le résultat était le même : Lena devait veiller à ne pas trop en dire. Parce qu'en fonction de ses confidences, la danoise pourrait être rappelée à l'ordre. Eh oui, ce sont des choses à quoi s'exposent les candidats un peu trop bavards, et révélant ce qui ne doit pas l'être. Alors non, Lena ne prendrait aucun risque ce soir. Elle appréciait la gentillesse d'Avalon, le fait qu'elle cherchait à l'aider d'une façon ou d'une autre, mais elle ne pouvait hélas pas lui dire ce qui la mettait dans cet état sans enfreindre quelques règles au passage. Alors quand Avalon lui demanda s'il s'était passé quelque chose récemment, la danoise eut un peu de mal à lui répondre. Récemment, on ne pouvait pas vraiment dire ça. Mais c'était compliqué. Tout était compliqué dans la vie de Lena de toute façon. C'était une jeune femme simple, dont l'existence l'était déjà beaucoup moins. Oui, cela la caractérisait plutôt bien. Et c'est vrai, en intégrant ce jeu elle avait naïvement pensé pouvoir mettre ses ennuis de côté. L'intention c'était de les fuir, mais pas seulement. Les raisons de sa venue dans cette aventure, elle préférait les taire. Elle ne voulait pas qu'on la plaigne, elle voulait au contraire s'en dépatouiller seule et sans l'aide de personne. Mais c'était mal barré. Parce que pour le moment, Lena était loin, très loin de trouver la solution à ses problèmes. Car cette solution il fallait qu'on la lui donne, mais là encore c'était compliqué. Bref. Ce n'était vraiment pas contre Avalon, mais elle n'en dirait pas plus à ce sujet. Est-ce qu'elle ne pouvait pas, ou ne voulait pas en parler, hm ? Elle releva doucement le regard, avant de répondre. « Les deux... je crois. » souffla-t-elle. Lena n'était pas certaine d'avoir tellement envie d'évoquer cela, même sans caméras, et dans un tout autre contexte. Parce qu'elle souffrait déjà beaucoup, et revenir là-dessus n'arrangerait évidemment rien. Elle ne voulait pas passer pour une pleurnicheuse d'ailleurs, mais elle s'était retenue de pleurer bien trop longtemps, alors il fallait que ça sorte. Avalon chercha ensuite à savoir si elle pouvait faire quelque chose pour elle. Ce qu'elle était attentionnée, décidément. Seulement voilà, même si cela la touchait beaucoup, elle ne pouvait pas se reposer sur Avalon. Elle n'en avait pas le droit. « Personne ne peut m'aider. Je dois m'en sortir seule, même si je doute de plus en plus d'y parvenir. » Et sur ces mots, elle laissa échapper un soupir. C'était dur de se dire qu'on n'atteindrait probablement jamais le but qu'on s'était fixé. Et ce but ne la concernait pas seulement elle, sinon vous pensez bien qu'elle s'en serait sans doute moins voulue d'être sur le point d'échouer. Elle jouait pour deux, avait-elle eu l'occasion de confier lors de son casting. On comptait sur elle, et Lena ne voulait décevoir personne. Malheureusement, cela semblait bien parti pour.

J'ai toujours été très sensible à la tristesse des autres, je n'ai simplement jamais su comment exprimer cette compassion. Je voudrais aider Lena, je voudrais pouvoir trouver les mots justes pour parvenir à la faire sourire. Mais je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas parce que je ne comprends pas son chagrin. Je ne parviens pas à le comprendre parce qu'elle ne peut pas me l'expliquer. C'est difficile de savoir quoi lui dire quand je ne sais pas d'où vient sa tristesse. Et c'est aussi difficile de la voir dans cet état. J'aimerais qu'elle puisse me parler, mais elle ne peut pas et elle n'en a pas envie aussi visiblement. Et ça je le respecte, si elle préfère tout garder pour elle c'est son choix. Pour autant je ne suis pas certaine que tout garder pour elle soit une très bonne chose. Je dis ça mais je suis persuadée que si j'étais à sa place, je n'aurais pas envie d'en parler. Je préfère tout garder pour moi, je n'aime pas dire ce que je ressens, je n'aime pas montrer mes émotions. Je ne pleure pas en public, et je ne blâme pas Lena d'être en train de pleurer ici. Elle a raison, ça fait parfois du bien de savoir relâcher la pression. Je ne sais pas tellement si ça lui fait du bien de pleurer cela dit, c'est toujours mieux que si elle gardait tout pour elle. « D'accord, mais tu peux venir m'en parler si jamais tu en as envie un jour. » Si elle en ressentait l'envie, j'étais toujours là pour l'écouter. Je suis plus douée pour écouter les autres, que pour parler, c'est un fait indéniable. Et j'étais certaine qu'elle se sentirait un peu mieux, si elle se confiait. Pas forcément à moi, mais à quelqu'un d'autre. Et puis elle se sentait seule, je ne voulais pas que ce sentiment perdure. Alors je lui demande si je peux l'aider, j'aimerais beaucoup pouvoir faire quelque chose pour elle, mais je doute que cela soit possible. Elle me dit qu'elle doit se débrouiller seule, mais qu'elle ne pense pas pouvoir y arriver. « Écoute je suis sûre que tu vas t'en sortir d'accord ? Il ne faut pas que tu baisses les bras. Arrête d'y penser d'accord ? Ça ne te fera pas de bien, profite de l'aventure, ça te changera les idées. » Je ne suis pas douée pour donner des conseils. Je ne suis d'autant pas douée que je ne sais pas ce qui la chagrine autant. Mais il ne faut pas qu'elle abandonne. Qu'elle abandonne quoi ? Oh je n'en sais pas trop, mais elle allait finir par s'en sortir. J'en étais persuadée, oui il ne fallait simplement pas baisser les bras.

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