Los Angeles. Il y avait tout de même de quoi rêver en entendant le nom de cette ville. Elle symbolisait tellement de chose qu’il était incapable de ne pas vouloir y aller au moins une fois dans sa vie. C’était la ville du cinéma, l’endroit où toutes les stars venaient pour passer du bon temps, pour faire les magasins. Lorsqu’elle en entendait parler, Jaileen en avait des milliers d’étoiles plein les yeux. La blondinette avait déjà eu l’occasion d’y venir avant de participer à l’émission, mais depuis le nid elle avait une vision différente de cet endroit. Il y avait une chose qu’elle avait toujours eue envie de faire. S’approcher au plus près de la magnifique colline sur laquelle se trouvent les lettres formant le mot Hollywood. Tout le monde voulait prendre ce paysage en photo. C’était un grand classique de la ville de Los Angeles et tous les touristes le faisaient. Même si elle n’avait pas envie de se qualifier de touriste pour ce séjour, la petite anglaise ne pouvait résister bien longtemps à son envie d’aller chatouiller du bout des doigts les lettres blanches sur la colline. Elle en serait bien loin évidemment, mais elle pourrait au moins admirer cela durant quelques minutes, voire quelques heures. Il n’y avait que depuis l’immense tour de verre qu’il était possible d’admirer ce que la blondinette voulait voir, du coup, elle ne se faisait pas prier pour s’habiller d’un short en jean et d’un débardeur, façon touriste, de glisser sa tablette dans un sac à dos avec une bouteille d’eau et de partir à l’ascension de ce géant de verre. Il faisait chaud. Extrêmement chaud. Jaileen ne flanchait pas pour autant. Ses jambes ne pouvaient plus s’arrêter. Elle voulait atteindre le sommet et elle y parvenait après une bonne grosse heure de marche. En arrivant, elle voyait quelqu’un, une jeune femme plus précisément, sur le sol. Elle ne bougeait plus. Curieuse, l’anglaise s’approchait jusqu’à reconnaitre Lena. Elle était penchée au-dessus de la brunette qui finissait par ouvrir les yeux. Mais qui lui était-il arrivé ? « Pitié, si tu as de l'eau sur toi, balances-en moi sur le visage, sur le corps, où tu voudras mais hydrate-moi. » Prise de panique, ayant peur que sa camarade ne sèche devant ses yeux, elle sortait la bouteille d’eau qui se trouvait dans son sac pour l’ouvrir et verser le peu qu’il restait en plein sur la figure de Lena. La pauvre, Jaileen aurait tout de même pu faire plus attention que de tout lui mettre en plein dans les yeux. Histoire de se faire pardonner, elle venait s’accroupir à ses côtés. « Ca va un petit peu mieux ? » Question stupide.

En venant ici Jaileen s’attendait à tout, mais très certainement pas à trouver Lena en train d’agoniser, sur le sol, par un manque d’eau évident. La blondinette avait eu atrocement peur. L’espace d’un instant, elle avait même pensé que sa camarade était peut-être morte. Elle s’était penchée au-dessus d’elle pour apercevoir sa poitrine bougeait, gonflant puis se rabaissant. Un petit soupir de soulagement s’était échappé d’entre ses lèvres, mais elle n’en restait moins sous le choc. Peut-être avait-elle fait un malaise ? Elle ne connaissait pas les gestes des premiers secours, malheureusement, et elle s’en voulait énormément d’avoir fait croire à sa famille qu’elle avait suivi des cours pour justement les apprendre et pouvoir venir en aide à une personne en danger. Tout le monde devait la prendre pour une idiote à ce moment précis. Enfin toutes les personnes pensant qu’elle connaissait les gestes pour sauver une vie et surtout les personnes qu’elle connaissait personnellement. Finalement, alors qu’elle pensait même à s’enfuir pour laisser Lena ici et faire comme si elle n’avait rien vu, la brunette ouvrait les paupières pour venir parler. De l’eau. Elle n’avait qu’à lui verser de l’eau dessus. C’était aussi simple que ça alors de sauver la vie à quelqu’un ? Jaileen fronçait très légèrement les sourcils avant de sortir une bouteille de son sac pour vider le tout en plein dans la figure de sa colocataire. La pauvre en prenait un petit peu dans les yeux. Cela devait être assez désagréable. Faisant mine de ne pas l’avoir remarqué, la blonde venait s’agenouiller à ses côtés pour prendre de ses nouvelles. « Oui oui ça m'a fait un bien fou, merci. » Un sourire venait alors illuminer le visage de l’anglaise qui rebouchait la bouteille, à présent vide, pour la ranger dans son sac à dos. « Par contre, on a plus d’eau pour le retour maintenant. » Remarque très pertinente. Ce n’était pas grave. Le retour était toujours moins difficile que l’aller, elles pourraient se contenir de boire jusqu’à ce qu’elles soient dans le nid, bien au frais. « C'est la première fois que tu grimpes jusqu'ici ? Et les autres t'ont prévenu qu'il fallait une pièce pour le télescope ? » Le regard de Jaileen venait se poser sur le télescope, puis sur Lena. Elle semblait soudainement en panique. Elle était vraiment cruche. Tout le monde en parlait, Cupidon l’avait bien mentionné, mais elle avait trouvé le moyen d’oublier de prendre une pièce. Une petite grimace s’emparait de son visage. « C’est bien la première fois que je viens ici et non, personne ne l’avait prévenu qu’il fallait une pièce pour admirer le paysage. » Autant faire passer les autres pour des guignols hein. Elle reprenait un air amusé sur les lèvres : « En fait, Cupidon essayer de se faire de l’argent sur notre dos si je comprends avec cette histoire de pièce à mettre là-dedans. » Elle pointait la machine de son index.

Jaileen était à des années lumières de penser que juste un tout petit peu d’eau sur le visage était capable de requinquer une personne en un rien de temps. Lena était déjà sur pied et avait retrouvé son habituel côté enfantin, naïf, que la blondinette appréciait chez elle. Pour en revenir à la question de l’eau, la blondinette faisait remarquer qu’il n’y en avait plus et qu’elles n’avaient pas intérêt à avoir soif sur le chemin du retour parce que sinon c’était foutu. Pourtant, en y réfléchissant bien, et surtout en voyant la taille de la tour de laquelle les deux candidates se trouvaient au sommet, et bien il était certain qu’elles finiraient par avoir soif durant le retour, mais il fallait ne pas y penser pour le moment. Enfin, il fallait arrêter d’en parler surtout pour ne pas y penser. Et ça, c’était plutôt mal parti. « Je suis tellement désolée Jaileen, c'est de ma faute si on a plus rien ! Et si j'avais amené moi aussi une bouteille d'eau, on en serait pas là. » Les paroles de la brunette venait étonner Jaileen. Elle n’avait vraiment pas envie que sa camarade culpabilise alors qu’elle était sur le point de mourir de fatigue, de chaleur et de déshydratation encore quelques minutes auparavant. Sous le choc, la demoiselle ne savait pas quoi dire, mais au bout des quelques minutes, voilà qu’elle posait l’une de ses mains sur l’une des épaules de sa colocataire avant de venir la rassurer d’une voix douce et très calme : « Je ne disais pas cela pour te blâmer Lena, ne t’inquiète surtout pas et puis tu étais tellement mal que tu as avait besoin d’eau, c’était une question de survie alors ne t’excuse pas pour ça. » L’anglaise ne sentait assez mal d’avoir fait s’inquiéter la brune pour si peu, mais elle ne savait que rajouter de plus pour la rassurer. Finalement, la conversation venait dévier sur le télescope et la pièce à insérer à l’intérieur. Jaileen n’en avait pas. Bien évidemment elle savait qu’il en fallait une, mais en véritable idiote, elle l’avait oublié dans sa chambre, sur son lit. C’était Valeri qui allait être content. La blondinette préférait faire passer ses petits camarades pour responsables, en disant que personne ne l’avait mise au courant. Quelle vilaine fille alors. « Bah, je te donne la mienne si tu veux. Je te dois bien ça. » Encore une fois, Jaileen posait un regard surpris sur sa camarade. Tout de même, elle n’allait pas profiter de l’argent de sa camarade et cela même si elle lui avait sauvé la vie, pour exagérer la chose bien entendu. Croisant ses bras sous sa poitrine, elle secouait la tête de gauche à droite. « Non non, tu gardes cette pièce et tu profites de ce moment. J’aurais le temps de revenir et de voir ça plus tard, mais là, après ce que t’as eu le malheur de vivre à l’instant c’est toi qui admire la colline et qui prends des tonnes de photos. » La blondinette lui adressait un sourire avant de parler de Cupidon le bidon et de sa fâcheuse tendance à vouloir toujours nous piquer de l’argent. Lena approuvait. « Je pense la même chose. Comme s'il ne nous en piquait pas déjà assez le reste du temps. » C’était net ça. La preuve, avec sa roulette russe il ne cessait de piquer des sous à tout le monde. « Attends la semaine dernière j’ai gagné 10 000 et là, comme par magie, il me les reprend, du coup je vais faire partie des pauvres du nid et Valeri va me tuer, j’en suis cer-tai-ne. » Bon il n’était pas aussi vilain que ça le Valeri, mais tout de même 10 000 c’était beaucoup d’argent. « Au pire, je peux peut-être essayer de revendre mes fringues à des nanas qui ont beaucoup de sous, genre Odessa et Monroe, j’crois qu’elles sont riches elles. »

La blondinette se sentait l’âme d’un héros aujourd’hui. Tout de même, elle venait de sauver la vie à une jeune femme tout en haut d’une gigantesque tour de verre. En plus il s’agissait d’une jeune femme qu’elle appréciait. Non, vraiment, rien ne pouvait faire plus plaisir à Jaileen que de savoir que Lena allait bien. Elle avait eu tellement peur en la voyant sur le sol, inerte et réclamant de l’eau comme s’il s’agissait du Saint Graal. D’ailleurs, en parlant de ce petit épisode, plus aucune des deux jeunes femmes ne semblait vouloir parler de cet accident. Non, elle préférait se faire des politesse pour savoir qui allait avoir le droit d’utiliser la seule et unique pièce de la brunette pour pouvoir admirer le paysage californien dans le télescope. Tout de même, Cupidon aurait pu faire un petit effort et mettre des télescopes gratuits. Il nous prenait déjà assez de sous en permanence pour qu’en plus il s’amuse à nous piquer des pièces par ci et par là. D’autant plus que celle-là, elle ne lui appartenait pas. C’était des pièces que nous avions tous eu l’idée d’apporter de l’extérieur. Quel voleur cet angelot. L’anglaise venait trancher et c’était la danoise qui allait avoir le droit d’admirer la célèbre colline de Los Angeles. « Oh ça me gêne beaucoup, tu es vraiment sûre ? Parce que ça m'aurait fait plaisir de t'en faire profiter. Enfin je vais pas t'y obliger non plus, mais c'est dommage, j'espérais compenser la perte de ton eau de cette façon, en guise de dédommagement tu vois. » Un sourire au bout des lèvres, Jaileen attrapait délicatement sa camarade par les épaules pour la faire pivoter vers le télescope. « Oui j’en suis sûre et certaine. Et puis, entre nous, je préfère largement que, pour me remercier, tu me prête une jolie paire de chaussure que j’ai eu l’occasion de te voir porter lors d’un prime plutôt qu’une pièce de monnaie pour admirer des lettres sur une colline. Elles ne vont pas bouger et seront toujours dans dix ans donc j’aurais le temps d’aller les voir alors que les chaussures, mine de rien, et bien ça s’abîme si tu vois ce que je veux dire. » Même lorsqu’on y faisait attention. L’été dernier, sans le vouloir, elle avait réussi à casser le talon d’une paire d’escarpin à la semelle rouge alors qu’elle n’avait vraiment pas fait exprès. Une grille d’égout et en levant le pied pour marcher, beh plus de talon. Enfin, autant ne pas s’étaler là-dessus. « Ah non, Valeri a l'interdiction de te tuer, et je veillerai personnellement à ce qu'il ne tente rien ! » Un petit sourire venait se dessiner sur les lèvres de la blonde qui secouait la tête de gauche à droite. « Je ne pense pas qu’il le fera, mais bon je ne le connais pas assez encore, donc je préfère tout de même m’en méfier. Surtout la nuit lorsque je dors. » Be houai, en général c’était la nuit que les crimes se passaient. Vendre ses habits pour avoir plus d’argent était une idée. Une bonne idée ? Pas sûre, mais bon c’était une idée comme une autre. Lena ne semblait pas vraiment d’accord avec la blondinette. « Tu vas pas faire ça ! Peut-être que quand Cupidon sera de meilleure humeur, au lieu de nous retirer de l'argent il nous en donnera. On peut espérer, non ? Donc si ça se trouve on restera pas pauvres bien longtemps, avec un peu de chance. » Elle haussait les épaules tout en venant s’appuyer contre la balustrade. « Je préfère ne pas me faire trop d’illusion, tant que je ne l’aurais pas vu être généreux pour le moment. Sinon à la place de vendre des habits, je peux peut être les louer. Au moins ils sont toujours à moi tu vois. » Elle avait des idées vraiment bizarres tout de même. Baissant les yeux vers le sol, tout en bas de la tour, elle faisait un pas en avant pour s’éloigner du bord. « C’est quand même super haut ce truc. »

Jaileen arrivait à faire changer Lena d’avis et elle en était bien contente. Elle l’attrapait par les épaules pour la faire pivoter sur elle-même afin qu’elle s’approche du télescope et qu’elle profite de la vue qui s’offrait à elle et à sa jolie petite pièce. Après tout, la blondinette avait le temps de revenir ici pour admirer la vue que ce soit dans la semaine ou bien la semaine prochaine, si elle était toujours là bien entendu donc c’était presque logiquement, et surtout en véritable grande fan de mode, qu’elle était venu négocier le prêt d’une paire de chaussure. Lena acceptait. « Alors va pour les chaussures ! Si tu veux tout à l'heure on ira dans la chambre pour faire un petit repérage histoire que tu puisses voir un peu ce que je possède. Puis tu me diras celles qui te plaisent le plus, et elles seront à toi. » Allez faire un petit repérage ? Pas de soucis, la demoiselle était toujours partante pour faire plein de chose en rapport avec la mode, comme des essayages, des repérages et tout le tralala. Elle aimait bien jouer les mannequins aussi, voire les stylistes parfois et habiller ses amis avec des habits qu’elles n’oseraient jamais porter. Cela pourrait être sympa avec Lena. Enfin, cela pouvait être sympa jusqu’à ce que quelques mots viennent retenir l’attention de la petite anglaise. « Comment ça elles seront à moi ? Non non et non, juste un prêt et puis c’est tout, je ne vais tout de même pas te dépouiller d’une paire de chaussures pour quelques gouttes d’eau, t’es complètement folle ou quoi. » Alors là, c’était tout simplement hors de question. Lena était bien trop gentille. C’était certain, un jour elle allait finir par se faire bouffer et çà, Jaileen ne le voulait pas parce qu’après tout, elle l’aimait bien à la jolie petite brunette. Sinon la conversation dérivait sur Valeri. Il n’était pas méchant, loin de là, même si par moment il restait un petit peu étrange. Pour coller au thème de la conversation, la blondinette venait dire qu’elle se méfierait de lui la nuit. Et Lena répondait : « Ah bah oui tu fais bien, on est jamais trop prudent. » Un sourire amusé au bout des lèvres, elle venait répondre : « J’crois que je vais me balader avec une machette comme ça s’il s’approche d’un petit trop près de moi, je lui coupe ses attributs masculins d’un petit coup sec. » Le pauvre. Rien qu’en y pensant, Jaileen avait mal pour lui, mais bon, il fallait bien qu’elle puisse se défendre s’il voulait tenter quoi que ce soit contre elle. Sinon, la conversation menait à présent sur Cupidon ce voleur d’argent. « À la limite, oui, tu n'as qu'à faire ça. » Un petit sourire amusé sur les lèvres, Jaileen ne répondait pas et se contentait de continuer à écouter son interlocutrice. « Je préfère ne pas regarder en bas pour ma part... Mais tu réalises tout ce qu'on a monté à pied quand même, c'est fou non ? » C’était clair. Demain, les deux nanas allaient dérouiller mais bon, cela en vallait la chandelle. Elle haussait les épaules avant de répondre : « On trouvera des jolies jeunes hommes qui veulent bien nous faire un massage et puis voilà. » Ouai bon un massage des cuisses et des mollets c’était étrange, mais après tout pourquoi pas hein.