Je trouve ça drôle, cette plage. Parce qu’elle n’est pas réelle. Enfin, elle est là, l’eau est là, mais ce n’est pas une vraie plage. Ils l’ont dit. C’est du faux, tout du faux, mais quand même, moi, j’ai du mal à détacher les yeux de ça, des vagues, tout ça. Je suis assise dans le sable, pieds nus, tout ça, et au bout d’un moment, j’arrête quand même de la fixer, l’eau. Je lève la tête, parce que, je ne suis plus seule, je le sais, j’ai entendu du bruit. Et c’est Sandro, il arrive. Je tourne à nouveau mon visage, pour regarder l’eau, juste l’eau. Mais je ne sais pas trop ce qu’il fait, parce qu’il ne repart pas, je pensais qu’il allait repartir, moi. Du coup, je le regarde, à nouveau, et je trouve ça même drôlement bizarre, qu’il ne s’en aille pas. J’attends même, quelques secondes, je ne sais pas trop. Je replonge mon regard dans l’eau. « Je ne veux pas partir moi. » je lâche, finalement. C’est vrai ça. Je ne veux pas aller autre part, même si c’est sans doute ce qu’il souhaite, lui, parce que je suis un problème, son problème. Je n’aime pas beaucoup être avec des problèmes. Lui non plus, je pense. Et puis, même avant que je ne sois son problème, il préférait être seul. Mais je veux pas partir tout de suite, ça, non, je veux pas.

La plage. Il faisait beau et chaud, alors tu te promenais sur la plage, sans but précis. T'avais rien d'autre à faire, tu t'ennuyais un peu il faut dire. Tu ne sais pas vraiment pourquoi, t'as eu la stupidité de croire que tu serais seul, sur cette plage. Mais non. Thelma se trouvait là, assise, sur le sable, alors que tu es debout. Elle n'a pas envie de partir, qu'elle dit. Tu fronces les sourcils, et tournes la tête vers elle. C'était mieux quand il y avait le silence, et qu'on entendait seulement le bruit des vagues. « J'ai rien dit. » fais-tu tout simplement remarquer, avant de reposer ton regard sur l'eau. C'était pas très beau, au final. Ce n'était rien que de l'eau.

Je l’ai vu froncer les sourcils, encore, c’est vrai que ça me fait sourire un peu, c’est vraiment quelque chose qu’il fait souvent, ça. Il n’a rien dit. Vrai, mais je pensais qu’il allait peut-être le faire, moi. Peut-être que je ne suis plus un problème. J’aimerai bien. Je ne sais pas. Je croise mes jambes, je plonge mes mains dans le sable. Il est chaud, vraiment chaud, et je crois que je pourrais rester là toute la journée, moi. Jusqu’à ce que le sable refroidisse. « Tu m’en veux encore beaucoup ? » je demande, quand même. Peut-être que je ne devrais pas. Peut-être qu’il a oublié. J’ai du mal à oublier, moi. Je me rappelle de son ton sec, froid, et tout ça. Je me demande si Kat et Jamie sont déjà allés sur une vraie plage, eux. Moi jamais. Je le ferais peut-être, quand je sortirai, si Kat veut bien. Je veux pas y aller seule. Et je ne sais même pas s’il y a une plage, à Allentown. « tu vas rester debout ? » je lui demande, encore. Il devrait s’asseoir, je pense, ce serait mieux.

Tu crois bien que toi et Thelma n'étiez pas fait pour vous entendre. Quoi que, tu n'étais pas fait pour t'entendre avec beaucoup de monde, de toute manière. Alors ça ne t'étonnait pas trop. T'avais un caractère trop.. prononcé pour ça. Et t'étais beaucoup trop solitaire, aussi. Elle te demande si tu lui en veux toujours. Hm ? Ah. Le baiser. Enfin, "baiser". En fait, t'avais oublié. T'en avais pas vraiment grand chose à faire, maintenant. C'était seulement sur le moment. C'était comme ça, tu t'énervais vite, et t'oubliais quand ce n'était pas quelque chose de grave. Comme dans ce cas là. « Je sais pas. Je devrai t'en vouloir ? » tu demandes pour avoir son avis. Même si son avis ne changerait rien à rien, en fait. Et puis finalement, elle te demande si tu ne t'assis pas. Et pour seul réponse, tu poses tes fesses sur le sable chaud. Tu ne sais même pas pourquoi tu l'écoutes, tu devrais pas. M'enfin, ce n'était pas un ordre qu'elle t'avait donné, mais tout de même. Tu préférais prendre tes décisions tout seul, et ne pas être influencé. C'était un principe, en quelque sorte.

Il ne sait pas s’il m’en veut encore. Ah, ça m’embête, sa réponse, c’est vrai, ça, s’il ne me le dit pas, je ne peux pas savoir, moi, à sa place. C’est drôle, de ne pas savoir ça, je trouve. Et là, il me demande s’il devrait m’en vouloir. Faut pas me demander ce genre de choses, à moi, je ne sais jamais, je ne sais pas grand-chose, encore moins ce qu’il faudrait faire. « Non, tu ne devrais pas. » je réponds, rapidement. Mais je ne sais pas. Je ne veux pas qu’il m’en veuille, vrai, mais peut-être qu’il aurait raison de m’en vouloir. « c’était vraiment mal, ce que j’ai fait ? » je lui demande. De l’avoir repoussé comme ça. S’il pense que c’était vraiment une mauvaise chose, il devrait peut-être m’en vouloir encore, alors. Il s’assoit à son tour. Il ne veut pas partir, il accepte de parler un peu avec moi. Peut-être que je ne suis plus son problème, alors. J’aimerai bien. « Tu m’aimes un peu ? » ça non plus, je ne le sais pas. Je ne sais pas grand-chose, avec Sandro. Parfois, j’ai l’impression qu’il ne m’aime pas du tout, du tout, du tout. Peut-être parce que j’ai mal agit. Mais là, il m’en veut moins, je pense, parce qu’il reste, alors, je ne sais pas, moi, s’il m’apprécie un peu ou pas.

Non, tu ne devais pas lui en vouloir, apparemment. C’est ce qu’elle te dit, la petite brune. Peut-être qu’elle a raison. Peut-être qu’elle a tort. Bien que tu ne lui en veuilles pas plus que ça, au final, tu ne réponds pas à la chose. Tu ne comprenais pas trop comme elle réfléchissait, Louise. Elle était bizarre. Tu l’étais aussi. alors ça donnait quelque chose de vraiment très bizarre, à vous deux. Et puis, elle te pose une question à laquelle tu ne t’attendais pas vraiment, il faut dire. Est-ce que c’était mal. Tu la regardes. Tu hausses les épaules. Comment tu pouvais savoir ? « Je suppose que non. » Tu n’étais pas vraiment quelqu’un pour juger ce qui était bien ou mal, même si tu avais ta petit idée la dessus. Tu n’étais pas quelqu’un de bien. Donc bon. Puis finalement, tu t’assois, sans savoir pourquoi. Parce que t’avais rien d’autre à faire, sans doute. Elle te pose une autre question. Encore. Tes sourcils se froncent pour la enième fois, et ton regard se pose à nouveau sur elle. Si tu l’aimais, un peu. Tu ne la connaissais pas. Tu hausses les épaules. « J’aime pas grand monde. » expliques-tu en reposant ton regard sur la mer.

Il suppose que ce n’était pas mal, ce que j’ai fait. Ce n’est certes qu’une supposition, mais ça me rassure quand même un peu, un petit peu. Je ne voulais pas mal agir, moi. Je sais bien qu’il fallait accepter de l’embrasser, dans les règles du jeu, mais, ce ne sont pas les seules règles à suivre, et je ne savais pas quoi faire, mais ça va, si ce n’était pas mal. « alors… je suppose que tu ne devrais plus m’en vouloir. » il me semble. Si je n’ai rien fait de mal, c’est comme ça que ça marche. Enfin je crois. Il me regarde, après mon autre question. Je suis presque sûre qu’il ne l’aime pas, cette question. Il n’aime pas beaucoup de questions. Peut-être que je n’aurais pas dû lui demander, ça non plus. Je ne sais pas. Il me répond finalement qu’il n’aime pas grand-chose. Je me mordille un peu la lèvre. « ça veut dire non ? » je demande, un peu déçue, même si je devrais peut-être pas, je ne sais pas. Mais je sais déjà que ça non plus, je n’aurais pas dû le lui demander. Mais j’y peux rien si les mots sortent tout seuls. Ce n’est pas de ma faute, juré. « tu aimes qui ? » il doit bien avoir des parents. Des frères, des sœurs. Il doit les aimer, il doit les aimer fort, c’est obligé.