Sega prend une mine outrée à la suite de mes propos. Il est offusqué que je ne veuille pas le revoir à ma sortie. « C’est si surprenant ? Attends, je ne fais que te supporter là moi » Bah ouais, je n’aime pas sa compagnie tsss. Je suis là, juste par obligation, parce que je tiens parole, rien de plus. Très crédible. Le jeune homme me dit alors que j’ai tout le temps d’évoluer et de changer. Certes. « Sauf que je n’ai pas envie de changer. » Mais peut être qu’il va falloir tôt ou tard que j’évolue. Et peut être qu’à ce moment là, j’opterais pour le journalisme oui. Je l’interroge alors sur son métier. Il connait le mien, autant que je sache ce qu’il fait dans la vie. Gardien de parking. Ah. Je n’aurais jamais trouvé si on avait dû me demander. Je suppose que ce n’est pas tellement le métier de ses rêves. Je doute qu’étant gamin, il s’était dit, moi quand je serais grand plus tard, je voudrais surveiller un parking. Pas tellement le job qui fait rêver. Cela doit être très ennuyant. Mais bon, il faut bien gagner sa vie, alors c’est un métier comme un autre. « Tu n’as pas de diplôme ? » Peut être n’a-t-il pas eu la chance de pouvoir faire des études. Ou peut être n’était ce tout simplement pas fait pour lui. Tout le monde n’est pas destiné à faire de grandes études. Ou peut être qu’il est diplomé, mais qu’il fait ça en attendant de trouver quelque chose de mieux, je ne sais pas. « Désolée, ce n’est peut être pas très délicat… » Peut être est ce un sujet sensible. Féministe moi ? Ouais, peut être un peu dans le fond. « Ah non ! T’es folle ! Pas lui. Surtout pas lui. » Et bien dites donc, c’est un non catégorique. Mais bon je peux comprendre, on parle de Sandro là. « Valeri peut être ? » Que je lui demande en souriant. Bon c’est pour le taquiner. « Tu voudrais que je sacrifie ma barbe rousse ? » C’est qu’il a l’air d’y tenir à sa petite barbe. « De toute façon, j’ai l’impression que tu ne le ferais pas même si on te le demanderait » Un sacrilège. « Je serais quand même curieuse de te voir sans barbe… » Cela doit changer. On évoque ensuite les relations amoureuses. Il me confie qu’il a du mal à s’attacher. J’essaie d’en savoir plus. « J’sais pas. J’suis pas psy. » Oh je vois il se braque. En même temps c’est un mec, il ne faut pas s’attendre à grand-chose de ce côté-là. Pas du genre à parler de leurs sentiments. Faut croire qu’il ne déroge pas à la règle. « Quelques mois. » Ce n’est pas beaucoup. Je ne vais rien dire de plus, parce que de toute façon, je n’ai pas l’impression qu’il ait envie de rajouter quoi que ce soit sur le sujet. De toute façon, c’est ce moment là que Cupidon choisit pour nous interrompre, en lançant sa musique. Après avoir délaissé mes ingrédients et m’être lavé les mains, je m’approche de lui, et l’embrasse. Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes. Filles ou hommes du reste. Pour moi, un baiser, a toujours eu tendance à avoir une signification. Sauf qu’ici…avec la musique de Cupidon, je n’ai jamais autant embrassé de personnes différentes. Le baiser dure quelque secondes. Ni trop peu, ni trop long. Raisonnable. Pas désagréable, je dois l’avouer. Même si oui, il pique. « Un peu… Ne t’étonnes pas, si un jour au réveil, tu te retrouves sans barbe ! » Parce que je lui aurais rasé dans la nuit. Je plaisante, mais c’est aussi une façon de cacher ma légère gêne. Je n’y peux rien, c’est dans ma nature. D’autant que j’ai toujours ma main dans ses cheveux. Ah ouais, il faudrait peut être que je l’enlève. Ce que je fais. Je reprends ma place initiale, près du plan de travail. « Bon, cela ne va pas se faire tout seul… » Je recommence à couper des aliments.

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