J’ai encore fait une bêtise, encore, encore, il faudrait que j’arrête, c’est de ma faute, enfin, je ne fais pas totalement exprès, juré, je ne voulais pas ça, moi, je fais toujours tout de travers, je me demande si Cupidon va me renvoyer, j’espère que non, je veux pas repartir, et pas pour une bêtise, c’est pas bon, je le sais, la situation, ça va pas. Je regarde le désastre que j’ai –encore- causé, et je ne sais pas comment faire, là, vrai, que je commence à paniquer un peu, j’ai mon cœur déjà emballé, et j’arrête pas de tourner en rond, et je regarde ma bêtise, et je marche. J’ai fait tomber quelque chose, en me brossant les dents, une mallette de maquillages, il me semble, enfin, oui, c’est ça. Elle s’est cassée, la mallette, et pire, il y a de la poudre partout, partout, du maquillage, je ne sais pas trop exactement, mais tout est renversé, je suis sûre que j’ai tout cassé, que je ne peux pas arranger ça, alors, ça va pas, et j’arrête pas de mordiller le cordon du sweat de Jamie, sans savoir quoi faire, je suis presque sûre que la fille à qui appartient ça va m’en vouloir, ouah, je le sais, ça, et elle aura raison, c’est de ma faute, j’aurais pas dû.

La veille, le prime. J’ai survécu aux nominations. Mais pas tout le monde. Pas Rhys et Kali. Je les appréciais beaucoup ces deux là. Rhys, lui, il est sorti parce qu’il a disparu subitement…Peut être des problèmes personnels à régler en dehors. Mais il aurait quand même pu dire au revoir. Partir par la petite porte, comme un voleur… Je trouve ça moyen. Mais soit. Quant à Kali, elle, a été éliminée par les téléspectateurs. C’est dommage, elle avait du potentiel. Malheureusement, une semaine de moins bien, et ça lui a été fatal. Je ne sais pas les autres, mais moi ça m’a quand même un peu attristé. Je suis trop sensible aussi faut dire. Mais bon, l’aventure continue, et ce n’est que le début. Chaque semaine des candidats vont partir, alors… Il va bien falloir que je m’y fasse. Ce matin, je me suis réveillée tôt. Sans la moindre envie de dormir un peu plus. Non ça m’est suffisant. Faut dire que je ne me suis pas couchée très tard non plus, aux alentours de minuit. Evidemment la première direction que je prends c’est la loge maquillage où se trouvent les douches. Et lorsque j’arrive, je tombe nez à nez, sur une candidate, à l’air quelque peu paniquée. Je baisse les yeux. Elle a renversé une mallette de maquillage, résultat des courses, tout est déversé sur le sol. « Tu pouvais le dire si mon maquillage ne te plaisait pas hein, pas besoin de l’étaler sur le sol… » dis je en plaisantant. Oui, parce que j’ai reconnu, ça m’appartient. C’est malin. « Tu veux de l’aide ? » Que je me propose gentilment.

Quelqu’un arrive, j’entends, je reste là, à mordiller ce cordon, toujours, toujours, j’ai presque envie de m’enfuir, comme ça, pour ne pas me faire gronder, ou dire que ce n’était pas moi, que c’était déjà comme ça avant que j’arrive. Mais ce ne serait pas bien. Alors, je regarde mon désastre, et puis la fille qui arrive, puis le désastre, puis elle, et elle dit quelque chose, je lâche le cordon, c’est pas ce qu’elle croit, ça, non. « non, non, non, c’est pas ça, il est très joli ton maquillage. » enfin, très joli, je ne sais pas, moi, pour moi, ça n’est que de la poudre, ou autre chose d’un peu visqueux, ça dépend, alors, je ne sais pas si c’est vraiment joli, en fait. « j’ai pas fait exprès, juré, que c’était pas voulu ! » c’est vrai, je voulais pas, moi, ce serait pas bien, en plus, de tout casser volontairement, comme ça, j’espère qu’elle me croit, j’espère vraiment, et qu’elle ne m’en veut pas, et puis, ce n’était pas contre elle, je ne savais même pas à qui c’était moi. Elle me propose de l’aide. « tu crois qu’on peut… tout remettre ? » enfin, je ne sais pas moi, ce serait dommage de devoir tout jeter, vraiment, ce serait du gâchis, peut-être qu’on peut le remettre, je ne sais pas, je m’y connais pas trop moi, en maquillage.

Il y’en a partout. De la poudre étalée sur le sol. Fond de teint, batons de rouge à lèvre, eye liner… Enfin tout est sur le sol. Maladroite la jeune femme. Je l’accuse sur le ton de la boutade, d’avoir voulu se débarasser de mon maquillage qui ne lui plaisait pas. « Non, non, non, c’est pas ça, il est très joli ton maquillage. » Elle n’a pas l’air d’avoir saisi que c’était de l’humour. Je ne l’accusais en rien de vrai. D’ailleurs elle continue en insistant bien sur le fait qu’elle n’a pas fait exprès. Je me doute bien. Mais ça semble l’inquiéter que je puisse croire qu’elle ait eu des intentions malveillantes. « Je sais, je sais, ne t’inquiètes pas je ne t’en veux pas. Ce n’est pas grave, ça arrive à tout le monde. » Moi la première, ça m’ai déjà arrivé de renverser des choses par inadvertance. A qui n’est ce pas arrivé d’ailleurs ? Après certains sont plus maladroits que d’autres, donc ça leur arrive plus souvent. « Et puis ce n’est que du maquillage, ce n’est pas bien grave, ça se remplace. » Je ne vais pas le pleurer. Au pire je piquerais celui des autres. Ou au supermarché il y a un rayon beauté, alors. Je trouverais surement mon bonheur là bas. « tu crois qu’on peut… tout remettre ? » Remettre ? On va pas ramasser la poudre pour la remettre dans sa boite quand même. « Non la poudre s’est fichu, mais il y a quelques trucs qu’on peut récupérer, le rouge à lèvres tout ça, ce n’est pas cassé » Je commence alors à ramasser le tout avec l’aide de la demoiselle. C’est assez rapide. Il ne reste plus qu’à nettoyer la poudre partout. J’attrape une éponge, et enlève le tout. Je la repasse sous l’eau pour la nettoyer un peu. « Et voilà, c’est comme si rien ne s’était passé. Catastrophe réparée » lui dis je en lui souriant.

Elle sait que je voulais pas tout abimer, et elle ne m’en veut pas, elle rajoute, elle fait bien de rajouter ça, parce que je pensais qu’elle allait m’en vouloir, moi, parce que ce n’est pas bien de casser les affaires des autres, ça je le sais, même si ce n’était pas volontaire, le résultat est le même, j’ai tout fichu en l’air. Ça arrive à tout le monde. Je ne sais pas trop. J’ai toujours l’impression d’être la seule à faire tout ça, sans le vouloir. Mais si elle le dit, c’est que ça doit être vrai, n’est-ce pas ? Je pense. Ça se remplace, le maquillage. « mais j’en ai pas moi. » je lui dis, en me mordillant la lèvre. Peut-être qu’elle veut remplacer son maquillage avec le mien. Mais j’en ai pas, j’ai rien, j’en veux même pas. « du maquillage, on peut pas remplacer le tien par le mien. » je rajoute, pour être un peu plus précise, c’est mieux, d’être précise. Parce que moi, j’ai compris ça comme ça, qu’elle voulait prendre le mien, et je comprends, et ça ne me dérangerait pas, mais on peut pas. On ne peut pas tout remettre. C’est fichu. J’ai fichu ça en l’air. Je l’écoute, on peut récupérer. D’accord. Je ramasse ce que je peux, avec Sun-Hi, même si elle ne devrait pas faire ça, c’est ma faute, pas la sienne, elle devrait me laisser faire. Et puis, elle nettoie tout, Sun-Hi. Elle a réparé ma catastrophe à moi, à elle presque toute seule. J’aurais dû tout faire, je crois, c’est pas de sa faute à elle. « tu mets souvent du maquillage ? » je demande, pour savoir. Peut-être qu’elle s’en moque de ça. Ou peut-être qu’elle en met tous les jours. Je ne sais pas. Kat en met tous les jours. Mais pas beaucoup. Les filles que Jamie voit en ont beaucoup plus en tout cas. Mais ça fait joli sur elles. La plupart du temps.