Je n'ai pas dormis alors j'ai quitté le lit très tôt en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller ma partenaire ni mes compagnons de dortoir. Besoin de prendre l'air, envie d'assister au lever du soleil tant qu'il se lève encore. J'avais pas remis les pieds sur la fausse plage depuis la première soirée commune du Nid. Si je me sent bien dans le jeu c'est le seul endroit qui me met mal à l'aise, il me ressemble et pourtant je ne suis pas dans la réalité. Dans la réalité, dehors, quand je termine la nuit éveillé sur une plage c'est à Miami face à l'océan à perte de vue et le bruit des vagues qui cède doucement la place aux rumeurs de Brickell qui se manifestent. Miami j'y vais rarement, pas le temps, pourtant il n'y a que lorsque je suis sur place que je me souviens de pourquoi je risque ma vie et menace celle des autres pour y aller. Le crime paie, money means something, l'argent achète tout même un petit coin de paradis alors que de naissance on y a pas le droit.

Ici, tout est fake, ça me rappelle simplement que j'ai pris une fuite en avant. Tic Toc, comme la marée l'extérieur me rappelle doucement mais surement au fur et à mesure que les semaines passent. Ici, le soleil ne se lève même pas si ça se trouve, si ça se trouve je vais juste avoir le droit à un projecteur qui vas soudainement m'éclairer la gueule pour la rediffuser sur le petit écran de millions de connards et dans les pages d'un torchon qui peut débattre encore longtemps de la nature de mon oseille pendant que j'ai pas le temps de me demander ce que je vais en faire tellement je suis occupé à survivre pour l'accumuler.

Ne confond pas les météores et les astéroïdes. Je souris, les yeux fermés les cheveux décoiffés par un vent qui viens peut être du ventilateur géant de notre super production. Pendant que des mecs sont nés dans le pognon et l'utilisent pour courir après le soleil toute l'année en s'arrangeant pour être sur les plages privées des plus beaux resorts du monde printemps été automne hivers, d'autres, moi, sont nés et élevés pour être la réponse à ce type de trou du cul: l'Eclipse. Gamin la seule flotte à laquelle j'avais le droit de rêver c'est celle de la Seine entassés à Paris Plage comme à Auschwitz-birkenau, et mes potes du bled à celle de la méditerranée. Depuis le balcon du Carlton peut être même que si tu scrute l'horizon tu peux les regarder arriver à la nage et repartir en charter. Mais tu nous verras surement dans d'autres gamos, d'autres terrains, d'autres fours, dans la jungle et ses tumultes, j'ai atteint ma taille adulte...

«Bonjour, Bella.»

Anakin Skywalker j'ai pas ouvert les yeux mais j'ai entendu Sun-Hi arriver dans mon dos. Je suis pas extra lucide, elle ne le sait pas mais dès notre première rencontre j'ai appris à la reconnaitre et à la retrouver dans le noir s'il le faut. Ca pourrait être glauque, mais c'est simplement ma partenaire. J'ai du la réveiller en quittant le dortoir. Je m'en veux de l'avoir réveillé, et d'avoir un passé qui me rattrape dans ce jeu plus vite que je rattrape un fils de pute en territoire hostile. Ca m'a tenu éloigné d'elle toute la semaine dernière et mon seul soucis reste son bien être dans le jeu avant le miens. D'autre matos, d'autres terrains, d'autres tours. Une chose est sure ne t'approche pas de mes effets ni de me refrés ou bien tu verras mon reflet dans l'oeil du mur.