Je dois être suicidaire ou quelque chose comme ça. Car déjà lors de ma première visite en ces lieux, j'ai fait dans mon slip, alors pourquoi tenter à nouveau l'aventure ? Je dois avoir un côté sadomasochiste. Mais dans le fond c'est uniquement parce que je ne peux pas partir sur un échec. J'ai craqué la dernière fois que j'y ai mis les pieds, donc dans ma tête, il faut que j'y retourne et cette fois-ci, ne pas crier, gesticuler les bras et partir en courant. Me voilà à parcourir les lieux hantés depuis une bonne dizaine de minutes. Je fais abstraction des bruits étranges qu'il y a autour de moi, je plisse les yeux et j'avance petit à petit. Je dois avoir l'air ridicule, mais au moins j'ai tenu le coup bien plus longtemps que la dernière fois où à peine avais-je posé le pied dans l'hôpital, que j'étais reparti en détalant à toute vitesse. Pour le coup je suis fier de moi. Un véritable guerrier des temps modernes le Kimo. Je continus ma route et décrète qu'il est enfin temps de sortir. Je ne vais pas y passer la nuit, je ne suis pas taré à ce point. Confiant, l'air vaillant, je tombe au détour d'un couloir sur une tête blonde. Immédiatement un cri de fillette sort de ma bouche et je gesticule des bras. Effrayée à son tour, elle en fait de même. À l'instant même on dirait deux guignols. En réalité, je reconnais après coup Zola. Je me calme et je sors un. « Ah c'est toi ! ». Soudain je suis soulagé, je reprends mes esprits. L'air de rien, comme si on ne venait pas de s'époumoner en criant, je continus de lui parler. « .. hum .. sinon ça va ? ».

Je suis une mauviette. Pourtant robuste comme je suis, je devrais avoir peur de rien. Mais ça ne suffit pas, car au moindre bruit, au moindre craquement, à la moindre mouche qui vole, je fais dans mon froc. Comme pour maintenant, j'aperçois une tête blonde qui surgit de nulle part et je cris comme une fillette. Je suis même sûr d'avoir crié plus fort dans les aigus que la demoiselle. Au final je n'assume pas le fait d'être un trouillard et je fais genre il ne sait rien passé après m'être calmé. De toute façon Zola n'est pas mieux que moi, elle fait la même chose. « Ouais, ouais, ça roule.. ». Elle fait style qu'elle est tranquille, mais la seconde suivante elle gueule comme une truie. « Aahhh ! » « IHHHH ! ». Ben quoi, je ne m'y attendais pas et elle m'a surpris. Et ça recommence. Ça va être ainsi jusqu'au long ou quoi ? Du style je cris, j'ai peur, puis la seconde suivante, « alors comment ça va ? » avec un air hyper détendu, genre il n'y a pas de soucis. C'est tellement ridicule que j'en rigole légèrement. « Ah putain, j'kiffe trop cet endroit.. j'déconnais quand j'ai crié, hein.. Tu..tu t'en doutais. Ca m'fait pas peur, j'suis..enfin tu vois. » Et là mademoiselle se la raconte genre je n'ai pas les pétoches, je suis hyper relax, pas paniquée. Elle arrive même à en faire des caisses. « Si tu veux une visite guidée, demandes-moi, j'connais bien cet hôpital. Ca m'fais pas peur de me balader dans ces couloirs, tu vois.. » « Oh vraiment ? Je prends note .. ». Là je reprends un air posé, je détourne la tête un instant, j'observe le plafond, le sol, je laisse planer un moment de silence complet et soudain. « AAAAAAAH ! ». Je bondis vers la demoiselle, les yeux écarquillés et là ... c'est le drame. Elle panique, crie, gesticule dans tous les sens. Et moi .. je ne peux pas m'empêcher de rire, car juste avant elle se la pétait limite de connaître les lieux comme sa poche. Oui, je suis fier de ma petite blague.