Je suis debout depuis à peine heure, j'ai pris la douche, j'ai sauté le petit déjeuner, je suis déjà entrain de manger une glace vanille noix de macadamia en bâton avec coque en chocolat blanc. J'ai donné rendez-vous à Casey à la gare, j'ai des choses à lui dire. Je crois que je l'ai un peu effrayé d'ailleurs lorsque je lui ai demandé de me rejoindre, mon ton mystérieux et l'heure de rendez-vous pointilleuse en insistant sur le fait qu'il devait être à l'heure n'a pas dû arranger les choses. Moi je suis arrivée là un peu avant l'heure. J'ai même eu le temps de terminer ma glace et de jeter le bâton dans la poubelle lorsque je vois le candidat arriver. « Pile à l'heure ! » Ce qui est assez drôle parce qu'il n'a pas de montre à son poignet. Peut être qu'il en a une dans la tête ou qu'il se repère à l'aide du soleil, après tout il vit sur ce fuseau horaire lui aussi alors c'est facile. Quoi qu'il en soit je lui souris lorsqu'il s'approche de moi. D'ailleurs le train ne tarde pas à arriver, on entend la petite locomotive. Il s'arrête et j'invite le candidat à me rejoindre sur la banquette arrière. Au fond, comme les cancres. Je ne le quitte pas du regard alors que je sors une cigarette de mon paquet. Paquet que je lui tends ensuite. « Cigarette ? » Il n'a pas vraiment une tête de fumeur mais bon, on ne sait jamais puis c'est la moindre des politesses. En attendant, je coince ma clope à moi entre mes lèvres. Je l'allume et savoure cette première taffe, la nicotine qui se répand dans mes poumons. « Alors, c'était bien ? » Je demande finalement, un sourire aux lèvres. Il sait de quoi je parle n'est-ce pas ? Oh oui qu'il le sait.

Il prend ma cigarette, tiens je pensais qu'il allait refuser poliment. Je ne l'ai jamais vu fumer. Il joue avec. Il ne la porte jamais à sa bouche. Jamais. Moi j'allume la mienne et je le regarde. Je lui demande si c'était bien, j'évoque sa soirée avec Brune même si je ne le dis pas explicitement. Mais il semble comprendre. « Non. Si. Je... Non Monroe, je ne dirais rien. Tu ne veux pas savoir, parce que de toute façon tu ne sauras pas. J'ai pas envie. C'était non, mais je ne peux pas. Si tu crois que... Non. Je vais descendre je crois. » Je pose ma main sur son bras pour le retenir. il est chou quand même ce petit Casey. « Excuse moi. Ça va, j'arrête avec les questions gênantes. Reste.  » Je souris. Je suppose qu'il ne l'a pas baisé, il a l'air d'un mec qui n'a pas baisé. Ou sinon ils l'ont fait et c'était nul. C'est possible aussi après tout, pas parce que ce sont deux mauvais coup mais il est tellement stressé que c'est tellement prévisible que ça pourrait rater. Bref plus de sexe. « Tu sais c'est mieux quand on l'allume...  »  Je désigne la cigarette et lui tends mon briquet. Bah oui ce sera plus simple quand même. Il est cool Casey. « Bon alors c'est quoi ? On est trop con ou t'es trop intelligent ? T'as des idées sur mon secret ? J'dois craindre ton courroux ? Oh et Brune, tu la kiffes comment ? J'suis trop fan de vous, je te jure, vous êtes mignons tout plein, un peu comme dans les films de Katherine Heigl, mon héroïne. C'est mignon. Mais bon fais gaffe, va y avoir un autre mec dans l'histoire, ou une autre nana, vous allez vous embrouiller et ensuite vous allez vous marier et avoir beaucoup d'enfants. Enfin j'veux pas te faire flipper mais ça fonctionne comme ça à Hollywood et vu qu'on est sur un plateau de cinéma, à L.A c'est ton destin mon pote ! Ton destin !  » Je lui souris. Bon là j'imagine qu'il va sans doute vouloir se barrer en courant.

A ma plus grande surprise il prend le briquet et allume la cigarette. Il ne tousse même pas. Je suis sincèrement impressionnée. Mais je ne dis rien, c'est lui qui prend la parole. « Tu devras dire à ma mère que c'est de ta faute si je recommence à fumer... » Je ris. Ce genre de réplique ne m'étonne même pas de sa part. « T'étais pas obligée de la fumer. Mais si tu veux, je pourrais le dire à ta mère qui doit sans doute observer son fiston.  » Si ça la préoccupe autant qu'il fume, enfin qu'il se remette à fumer j'imagine qu'elle doit avoir l'oeil sur lui. Qu'elle doit même être abonnée à la chaîne vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Du coup elle doit être fière de lui qu'il découvre tous ces secrets tout ça, en si peu de temps. Alors du coup moi je lui demande si je dois craindre pour ma peau. C'est légitime quand même. On sait jamais. Je crois que je vais un peu trop loin avec Brune tout ça parce qu'il devient tout rouge. « Euh non je ne crois pas. Je... Je crois que j'observe beaucoup, toi tu parles trop tu peux pas observer. Et moi j'observe et je buzze. Non... Je, je ne sais pas ce que tu peux cacher. J'en sais rien. Peut être sur ta vie, tes addictions, je ne sais pas. J'en sais rien. Brune ? Brune je l'aime beaucoup, c'est ma partenaire et, je l'aime beaucoup. Merci du coup, mais je ne crois pas que, enfin je ne veux pas me marier moi. Et les enfants, je ne sais pas si c'est mon truc. Je... Ton plan il ne peut pas fonctionner. C'est pas possible. » Je souris, je n'ai pas le temps de répondre que déjà il enchaîne. « Il fait un peu peur Sandro, pourquoi t'es tout le temps avec lui ? Et ça te dérange pas que ce soit un traître ? Il me fait peur... » Je ris, c'est assez spontané comme rire, mais j'suis obligée de rire parce que son détournement d'attention est assez drôle. « C'est parce que c'est un traître qu'il te fait peur ou parce que tu crois qu'il va venir te découper en rondelle durant ton sommeil ? Enfin tu sais moi les mauvais garçons ça m'attire, ça n'a rien d'étonnant que j'aille vers lui.  » Je souris, j'ai beau plaisanter ce n'est pas totalement faux. « C'est vrai qu'on ne dirait pas comme ça, surtout en ce qui concerne Sandro mais c'est un humain avant d'être un traître.  » Et en plus j'ai touché son cœur pour vérifier que c'était bien un humain et pas un androïde ou je ne sais quelle connerie. Il me fait rire en tout cas. Enfin quand même. « Tu sais les enfants, le mariage tout ça, ça peut changer si tu trouves la bonne personne. Et ouais, j'suis une romantique on dirait pas comme ça. Enfin bon, c'était surtout une façon de parler le mariage et les enfants.  » Moi tout ce que je dis c'est qu'ils sont mignons ensemble, tout ça.

« Oui, c'est sûr. De toute façon je crois qu'elle a l'habitude que je la déçoive. » Pardon ? J'imagine mal un garçon comme Casey décevoir ses parents. Il a tout l'air du genre idéal. Il est nerveux, peu sûr de lui, oui et alors ? Ça le rend d'autant plus attachant. j'suis assez estomaqué moi du coup. « Ecoute la déception ça me connait et si ta mère est déçue par ton aventure, excuse moi mais c'est une connasse. Enfin j'sais pas t'es gentil comme tout, t'es serviable tu fais à bouffer tout le temps, tu ranges tu emmerdes personnes et en plus t'es genre un serial buzzeur. Tu serais un serial baiseur, il y aurait de quoi, encore que bon, j'ai toujours pensé qu'il n'y avait pas de mal à se faire du bien mais ça, tu vois les parents ont toujours du mal. Dis-toi que mes parents sont à quelques miles d'ici. J'sais pas trop où on est mais j'suis sûr que la maison de ma mère est pas si loin vu le paysage, elle aurait de quoi venir me coller deux trois paires de baffes par jour et repartir. » Ma mère elle habite dans la vallée, elle est n'est pas du genre à être choquée comme peuvent l'être les autres mères parce qu'elle est pas mal atteint, qu'elle a fait des conneries quand elle était jeune. Elle s'est quand même tirée de chez elle pour aller retrouver mon père qui ne la connait pas. Elle m'a fait aussi. Elle se droguait aussi. Et enfin c'est pas une mère comme les autres, mais j'suis presque certaine que mon comportement parfois la déçois c'est même une certitude. Ça ne me fait pas super plaisir mais qu'est-ce que je peux y faire ? Elle pourra toujours venir me foutre une bonne paire de claque quand je sortirais si ça peut la soulager. « Je sais... C'est bête. Ils, enfin ils y sont pour rien au fond. Ils ne font qu'obéir aux règles. Enfin je n'aimerais pas être à leur place, et puis je n'ai même jamais essayé de lui parler. A Sandro. Alors que toi, je t'aime bien, j'imagine que tu n'irais pas vers lui s'il n'avait pas quelque chose d'intéressant. Et, peut être. Enfin je devrais au moins lui parler une fois. » Je souris, qu'est-ce que je disais. Il est vraiment chou. Du coup, je me penche et lui dépose un baiser sur la joue. Moi aussi je l'aime bien il est cool. Trop gentil pour exister d'ailleurs. J'pense que c'est sa fraîcheur et son innocence qui me changent. « Ouais enfin t'attends pas trop à un miracle, c'est Sandro pas le Père Noël. Cela dit, si tu ne le contrarie pas trop ça devrait aller. En plus il aime les choses fragiles, bon t'es pas une nana et... Désolée j'voulais pas dire ça comme ça. Mais, bon t'as compris que c'était censée être un compliment n'est-ce pas ? » Et là il voit bien que je me rattrape et tout ? Enfin j'espère en tout cas, j'fais des efforts mais c'est dure de ne pas dire tout ce qui me passe par la tête. « Je sais mais je sais aussi qu'on a tendance à reproduire le schéma de mes parents et je n'en ai pas trop envie. Je.. Je ne sais pas. J'ai pas vraiment envie d'être... De penser à ça, c'est trop tôt, trop compliqué déjà. Et... Je ne sais pas. Merci en tout cas. De nous trouver mignon. Enfin c'est gentil. Et puis, toi tu vas bien avec Sandro. Enfin je ne sais pas si tu veux être avec lui ou si c'est juste enfin comme ça. Pour le sexe. Si il te plait ou pas. Je... Enfin ça ne me regarde pas trop je crois. » Oh qu'il est mignon. j'ai trop envie de le prendre dans mes bras, et je le fais en fait, je le prends dans mes bras. Et je me rends compte que c'est bizarre sans doute. « Désolée. Enfin je crois. Bref. Non mais tu sais, c'est sûr qu'on reproduit le schéma de nos parents parce qu'on les a devant nous, mais bon enfin c'est pas une fatalité non plus. Mais j'imagine que du coup ils ne sont plus ensemble. C'est le cas des trois quarts des gens de nos jours. Tu sais si j'étais sensée je dirais que la relation de mes parents est à proscrire mais au fond, ils s'aiment passionnément, c'était rock n roll à la maison, ils se tapaient dessus, c'était assez, enfin rock n roll, mais j'crois que c'est ce que je cherche bizarrement. Une relation compliquée. En plus dis-toi que tes parents n'ont pas tout raté de leur mariage parce que toi tu es là et t'as l'air assez réussis dans ton genre. T'es pas parfait, personne ne l'est. En tout cas t'as raison de te dire que c'est trop tôt. Ça l'est même s'il parait que tout est décuplé ici...  » C'est ce qu'il ressort des précédentes éditions et tout. enfin j'imagine que c'est vrai, que l’enfermement tissent les liens et les accentuent, les rends plus fort, j'en sais rien. Quant à Sandro, encore. Je souris. « Non non c'est pas pour le sexe. Mais, j'pense que je devrais même pas réfléchir au pourquoi du comment et prendre juste ce qu'il me donne puisque de toute façon ce n'est pas comme si on allait vivre dans une ferme avec des chèvres à la sortie tu vois.  » J'sais pas pourquoi j'parle de chèvres ou de ferme d'ailleurs m'enfin, c'est le premier truc qui m'est venu. Je me vois bien entrain de défoncer dans un champs entouré de chèvres qui viendraient me bouffer les pieds tiens. N'importe quoi. Je soupire, je me fais peur à moi même parfois. « Je peux ? » Je demande en désignant son épaule, et ma tête quoi en gros. Je pense qu'avec n'importe qui je l'aurais sans doute fait sans me poser de questions mais avec lui c'est mieux.