Oui, Sully préférait véritablement penser que certaines strip-teaseuses finissaient par réaliser qu'elles valaient quand même mieux qu'un tel boulot. Il devait bien y avoir d'intéressantes reconversions, à condition qu'il y ait eu, au préalable, une prise de conscience. Le petit commentaire d'Avalon, en tout cas, eut le mérite de le faire sourire. « Oh tu sais, il en faut pour tous les goûts » qu'il souffla alors, culpabilisant presque de rire de ce genre de choses. Disons qu'il estimait que certains pouvaient apprécier de voir des femmes plus mûres se dévêtir, mais très franchement, il n'avait pas nécessairement envie de trop penser à tout ça, sait-on jamais que des visions gênantes lui parviennent, hm. En tous les cas, non, il n'y aurait a priori aucun strip-tease, ni ce soir, ni jamais. Déjà parce que ça n'était absolument pas le genre de Sully de demander à une jeune femme de se déshabiller devant lui - du moins, dans ces conditions - mais aussi parce qu'il était certain qu'Avalon n'était pas non plus disposée à le faire, ce qu'il pouvait tout à fait comprendre. Donc tout ce délire n'avait naturellement rien de sérieux, et il va de soi que même si la cagnotte de Sully n'avait pas été vide, il n'aurait pas eu à lui verser quoi que ce soit, vu qu'il n'y aurait de toute façon pas eu de strip-tease. C'est d'ailleurs pour se sortir de tout ça qu'il en vint à dire que les gens se rendraient compte de ce qu'il cachait, et qu'Avalon enchaina sur le fait que Lena serait la plus choquée. « Oui, je le crains. Tant pis, je pourrai toujours me consoler en me disant que j'ai quand même failli obtenir un strip-tease de toi. C'est toujours mieux que rien. » Non, évidemment, il n'en viendrait pas à se réconforter avec ce genre de pensées, étant donné que rien n'était sérieux. Il demanda ensuite à sa camarade si elle n'avait pas eu d'autre problèmes avec son médaillon, et fut rassuré d'entendre que ça n'était pas le cas. « Il faut croire que ta mésaventure de l'autre fois t'a servie de leçon » qu'il souffla alors, en lui souriant. Il valait mieux qu'elle soit prudente désormais, c'est certain. Mais voilà qu'Avalon le questionna sur sa famille, ce qui le surprit légèrement. « Je ne sais pas ce que je pourrais te raconter au sujet de ma famille » qu'il souffla alors, car sa question restait vague, et qu'il n'était pas certain de savoir l'intéresser. « Tu as du comprendre qu'elle s'est coupée en deux lorsque mon frère a quitté Philadelphie, mais la partie la plus 'homogène' de ma famille se divise pourtant elle aussi en plusieurs fractions. Il y a mes parents, qui sortent très peu de chez eux et qui se coupent petit à petit du monde extérieur. C'est à cause du handicap de mon père, car ma mère passe tellement de temps à vouloir lui faciliter la vie qu'elle en oublie presque de vivre ... » Et lui, il le vivait mal, parce qu'il était forcé d'aller chez eux pour avoir des nouvelles, vu qu'ils n'en donnaient que trop peu. « Ma sœur, elle, a construit sa propre petite famille. Elle est mariée, mère d'une fillette et j'ai cru comprendre qu'elle voulait retomber enceinte ... Elle est tellement prise que je la vois peu également. » Et ça lui était tout aussi pénible, parce qu'elle ne venait souvent vers lui que pour qu'il garde sa nièce, ce qu'il jugeait un peu limite, quand même. « Et puis moi, bah, je perds petit à petit l'espoir de tous les réunir. En soit, ma famille est loin d'être aussi unie que je le voudrais. » Et le plus dur, dans tout ça, c'était de constater qu'il était un peu le seul à le déplorer.

Le strip-tease d'Avalon n'eut alors finalement pas lieu. Et bien non, dans la mesure où il valait mieux que tout le monde ignore que Sully avait un sacré penchant pour ce genre de choses, dans l'hypothèse où cette séquence serait diffusée, il valait véritablement mieux s'abstenir de faire jaser, car il serait tout de même dommage que tout le monde change d'opinion et le voit dorénavant comme un gros pervers cachant bien son jeu. Le pire, ce serait effectivement que Lena soit choquée, car elle le serait forcément si elle le voyait assister au strip-tease d'Avalon. Alors oui, tant pis, il valait mieux y renoncer, aussi déchirant cela soit-il. De toute façon, il pourrait effectivement se consoler en se disant qu'il était quand même passé à rien d'avoir ce fameux strip-tease, ce qui en soit était sans doute déjà beaucoup plus que ce que bien des hommes avaient obtenu, hm. « Je garderai donc ce semblant de fierté au fond de moi pour le restant de mes jours » déclara-t-il, à la reprise de parole de la jeune femme, et d'une manière assez solennelle. C'était à croire qu'il prenait tout ça très à cœur, alors qu'en soit, il est certain que rien de tout ça n'avait été un tant soit peu sérieux. Après tout, Sully n’exigerait jamais un strip-tease d'une femme de qui il n'était pas un tant soit peu intime. Question de principes, disons. Quant au reste, il fut assez satisfait d'apprendre que le médaillon d'Avalon n'avait pas tenté de se sauver à nouveau, car il avait bien compris que cet objet lui était très cher, sachant qu'il avait appartenu à son défunt père. Il espérait donc qu'elle ne le perdrait plus jamais, ou qu'elle penserait à lui demander à nouveau de l'aider si c'était le cas, parce qu'il le ferait évidemment avec grand plaisir. Avalon lui demanda alors de lui parler un peu de sa famille, manifestement curieuse de savoir comment elle était, alors qu'il n'y avait en soit pas grand chose à en dire. Si tout le monde en dehors de Dean semblait parfaitement uni, il fallait y regarder de plus près pour constater que chacun était en fait occupé à sa petite vie, et que la famille n'avait plus rien de franchement soudée. C'était surtout l'isolement de ses parents qui le minait, et c'est sans tellement s'en rendre compte qu'il évoqua le handicap de son père, dont il ne parlait pourtant jamais. Il évoqua aussi sa sœur et le fait que celle-ci ait fondé sa propre petite famille, ce qu'il trouvait bien, mais qui ne les rapprochait hélas pas tellement. « Au fond, je peux comprendre qu'ils aspirent à vivre chacun de leur côté, qu'il n'aient plus grand chose à se dire, mais moi je suis très nostalgique de l'époque où l'on était tous très unis, où ma famille en était vraiment une. » Car lui, il était de toute façon très porté sur les rapports familiaux et déplorait effectivement ce manque de cohésion à ce jour. Il sourit en tout cas aux propos d'Avalon, qui sans le savoir avait plutôt bien cerné ses projets de vie. « C'est ce que j'aspire à faire, dans la mesure du possible du moins, et peut être effectivement que je vis ça difficilement simplement parce que je suis tout seul et que ça ira mieux si je parviens à m'entourer d'une femme et à faire des enfants. » C'est ce qu'il voulait, lui. Fonder une famille, c'était son but dans la vie. Peut être était-ce démodé au possible, mais il avait tendance à penser qu'il ne serait jamais pleinement heureux tant qu'il n'aurait pas connu cette réussite-là. « Quant à toi, tu as des frères et sœurs ? » qu'il finit par demander, ne pensant pas qu'elle lui en ait déjà parlé. Il aimerait savoir si elle n'était pas trop seule, au quotidien. Il préférait penser que non.