Il rigole encore une fois. D'accord. Il ne se moque pas de moi, là ? Je ne sais pas. Je ne vais pas me hasarder à lui demander. Je redoute de finir par le mettre en colère, à force de dire qu'il se fout de moi. Autant garder ça pour moi. C'est quand même vrai. Il n'est pas habillé. Il n'a qu'une serviette autour de la taille et rien que pouvoir dire ça avec certitude, c'est gênant. Parce que j'ai pu voir son torse dénudé. Il a un tatouage, d'ailleurs. On ne peut pas dire que j'ai pris le temps de le remarquer avant ça. J'aurais pu dans la chambre mais mes yeux ont été occupés ailleurs, à ce moment-là. Ça me rend presque curieuse, cette histoire de tatouages. Mais non, je ne vais pas lui poser la question. Il pourrait croire que je l'ai maté. C'est pas le cas. Toujours pas. Il rigole en répliquant. D'après qu'il a oublié de mettre des trucs. Haha. C'est pas drôle. Je suis sérieuse, moi. Je ne veux pas risquer de le voir à poil. J'en ai déjà trop vu, l'autre jour, dans la chambre. Et d'ailleurs, il mentionne ce moment. Encore une fois. Il n'arrête pas d'en parler. Je crois qu'il m'en veut. Il m'en veut d'être rentrée dans la pièce. D'avoir cassé, brisé en morceaux le moment qu'il vivait avec Jaileen. Un moment intime. Un moment qu'ils n'auraient pas dû partager avec moi. Je me pince les lèvres. Il ajoute autre chose que je ne retiens pas. Je repense à ce qui s'est passé dans la chambre. Et je ne veux pas que Valeri m'en veuille. Je ne veux pas qu'il soit en colère, qu'il soit agacé. Je n'ai pas fait exprès. « J'voulais pas vous déranger, l'autre jour. » je souffle d'un ton qui doit montrer que je suis désolée. Je ne le dis pas directement mais peut-être que je devrais. Je devrais m'excuser pour être entrée dans la pièce. « Je me doute que tu aurais préféré avoir à embrasser que Jaileen.   » je continue, toujours d'une voix basse. Parce qu'il y a Cupidon qui a débarqué et Valeri, il a dû m'embrasser. Je ne sais pas pourquoi, parce qu'il aurait pu se contenter d'embrasser Jaileen. Je ne sais pas. Mais je suis sûre qu'il aurait préféré être juste avec la blonde, pour continuer ce qu'ils faisaient. Et pour pouvoir l'embrasser comme il avait peut-être envie de le faire. J'ai cassé l'ambiance, je sais. C'est souvent ce que je fais. « Pardon d'être arrivée au mauvais moment. » je finis par dire avant de me mordiller la lèvre. Oui, je suis désolée d'être arrivée au mauvais moment. J'aurais préféré ne pas y aller du tout, dans cette chambre. Et j'aimerais bien qu'on arrête de parler de ce moment, à vrai dire. Parce que j'aimerais bien pouvoir effacer toutes ces images de Jaileen, à califourchon sur Valeri. Oui, j'aimerais bien pouvoir oublier tout ça.

C'est vrai, je ne l'ai pas fait exprès, moi, d'entrer dans la chambre au mauvais moment. Je ne voulais pas. Mais je crois que ça le dérange, Valeri. Ma venue, ma présence. Ça a dû le déranger. C'est vrai, je crois que ça dérangerait tout le monde d'être en face d'une Jaileen en petite tenue et de devoir se rhabiller parce que je débarque. Je comprends. Alors oui, je suis désolée. Je suppose qu'il m'en veut. Il ne parlerait pas autant de ce moment si c'était pas le cas, si ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'il a une nouvelle fois fait un sous-entendu mais moi, je suis toujours gênée de le voir en petite tenue. Je ne veux pas le voir à moitié à poil, non merci. Il sait au moins que je suis désolée. Je ne veux pas qu'il m'en veuille. J'ai pas voulu le contrarier. Je ne sais pas, moi. Je crois qu'il n'a plus envie d'en parler, de ce moment. Ah. Tant mieux. Parce que je ne veux plus en parler non plus. Je me pince les lèvres. Je n'ai pas à être désolée. Apparemment. D'accord. S'il le dit. J'le suis quand même, désolée. Même si ça aurait pu être n'importe qui, c'est quand même tombé sur moi. Ça me perturbe, cette histoire. Je ne sais pas s'il est en colère contre moi ou pas. Je préférerais savoir. Pour savoir à quoi m'attendre. Je me mordille l'intérieur de la joue, toujours. J'ai envie de jouer avec mes doigts, de les laisser se batailler mais je ne peux pas, là. Puisqu'ils cachent ma vue. Merde. Tant pis. Tout doucement, je déplace mes mains, je baisse la tête. Comme ça, je peux jouer avec mes mains. C'est mieux. J'aime bien. En quelque sorte. J'inspire longuement. « Donc tu... m'en veux pas ? » je souffle, hésitante. Parce que tout le monde sait ce qui se passe quand on m'en veut. Ou quand j'agace les gens. Moi, en tout cas, je le sais. Je devrais peut-être me taire, parce que j'ai l'impression que ça serait mieux si je la fermais plus souvent mais je préfère lui demander. Pour savoir. Je comprendrais qu'il soit en colère contre moi, vraiment. J'aime mieux le savoir. Même si ce n'est pas rassurant, au contraire.