Je ne suis pourtant pas fatiguée, mais ça ne m'empêche pas d'être là, allongée. Dans la salle de détente. C'est fait pour ça, après tout. Pas que je suis tendue. Non mais c'est vrai, là, je ne le suis pas. Je suis détendue. Comme quoi, cette salle porte peut-être bien son nom. Je joue avec mes doigts, simplement pour me distraire, pour m'occuper l'esprit. Une fois que j'en ai terminé, je continue de jouer, en tirant cette fois-ci sur le bas de mon t-shirt. Puis je le remonte au fur et à mesure. Au cas où. Parce que je n'ai pas envie que qui que ce soit ait une jolie vue sur ma poitrine. Je préfère éviter, quand même. Je me tourne, je me positionne sur le ventre et je regarde les instruments de musique qui se trouvent là. Je ne sais pas en jouer. Pas du tout. Vraiment, vraiment pas. Je ne saurais pas enchaîner deux notes correctes, sans rire. Je ne suis pas persuadée d'avoir envie d'apprendre, de toute façon donc je m'en fiche un peu. Je détaille tous les instruments du regard, longuement. Puis mes yeux se lèvent et croisent une silhouette. Ah. Pas difficile à reconnaître. C'est Monroe. Je l'avoue, il y a un truc qui m'intrigue, chez elle. Je ne sais pas vraiment pourquoi. C'est comme ça, c'est tout. Je la regarde tout en me positionnant sur le côté. Finalement, je me redresse, je suis assise en tailleur et j'avoue, je ne l'ai toujours pas quitté du regard. Ça va peut-être devenir bizarre, si je continue. Peut-être, oui. « Monroe ? » que je l'appelle de ma voix d'enfant pour attirer son attention. Parce qu'il y a une question que je veux lui poser, oui. C'est important. Si, ça l'est. « Comment tu fais pour avoir une poitrine aussi grosse ? » je lui demande, en plissant un tout petit peu le regard. Je baisse mes yeux en direction de la poitrine en question. Non, non, elle n'a toujours pas dégonflé. Je me pose la question, moi. C'est perturbant quand même, je trouve. Non ?

J'aime jouer, je joue toujours. Tout le temps. Surtout maintenant. Ici alors qu'on a rien à faire. Je gratte les cordes de la guitare, elle n'est pas vraiment accordée, je ne sais pas quel idiot a joué avant mais ça ne devait pas être super harmonieux. A la base j'étais venue mettre mon blog à à jour j'ai pas mal de photos à déposer, sauf que la guitare elle m'a appelé. Elle m'a regardé avec ses petits yeux et elle m'a demandé de venir gratter ses cordes. C'est ce que j'ai fait. Je n'ai pas vraiment fait attention au fait qu'il puisse y avoir quelque ou non dans la pièce. Il y a toujours du monde partout, je m'adapte. Si je dérange ils me le diront, et au pire je m'en fiche pas mal. Non mais bon, je joue un peu, je gratte, une douce mélodie, mélodieuse. Ouais logique. « Monroe ? » Je lève la tête. Cette voix elle ne m'est pas réellement familière, elle est pourtant douce et assez enfantine. Bon. Opaline. Tiens, c'est bizarre, elle ne parle pas souvent, alors du coup je suis super attentive. Je ne sais pas trop pourquoi elle m'appelle. « Comment tu fais pour avoir une poitrine aussi grosse ? » Je suis obligé de rire, légèrement c'est juste un petit rire spontané. Hum elle n'est pas sérieuse ? Je la regarde, elle fixe ma poitrine. J'pense que si en fin de compte. Mon dieu. Bon alors là. « Et bien en fait, je les arrose tous les matins avec de l'engrais magique, c'est un peu comme une plante, faut en prendre soin. Une journée sans et ils dégonflent c'est assez affolant d'ailleurs. » Je ne suis pas sérieuse. Enfin j'imagine qu'elle le sait, je souris depuis le début, c'est du second degrés, mais d'un côté.  « Je te le donnerais si tu veux, y'a des crèmes aussi, suffit que tu te l'appliques et bam. Miracle. T'as des nichons de la taille d'une pastèque. » Non mais j'vais lui dire que je me fiche d'elle. Mais bon, c'est pas méchant. Elle doit bien s'en rendre compte de toute façon.

Je ne sais pas, moi. Je pose la question. Pour une fois que je pose une question. Ça me paraît important de l'interroger sur le sujet. C'est un peu comme un truc qu'on ne voit pas souvent dans la nature, une espèce en voie de disparition, j'en sais rien. Moi, ça m'intrigue. Parce que j'ai déjà vu des poitrines normales, qui ne sont ni trop grosses, ni trop petites. Mais après, pour les poitrines comme celle de Monroe, en général, c'est parce qu'il y a eu un petit coup de bistouri pour arranger tout ça. Alors je me pose la question. Peut-être qu'elle a fait de la chirurgie, je ne sais pas. Je penche la tête sur le côté, un tout petit peu, quand elle commence à me répondre. De l'engrais magique, qu'elle me dit. Donc sous la douche, elle se fout de l'engrais sur la poitrine ? Je ne sais pas trop si elle se fout de ma gueule ou non, en fait, là. Parce que ça me paraît un peu gros, cette histoire d'engrais. Mais après, elle me parle d'une crème et ça me paraît déjà plus logique. Elle se met de la crème donc. Je me demande depuis combien de temps elle s'en met. Et combien de temps elle compte en mettre. Parce que sa poitrine a l'air un peu agressive, en fait. Si elle continue à grossir, on ne verra même plus le visage de Monroe, vous voyez. Ça serait dommage, quand même. En tout cas, elle m'a proposé de me passer tout ça mais moi, non, je préfère pas. Je me rallonge sur le canapé, toujours sur le côté. Je pose ma tête sur mon bras étendu. « Je préfère garder ma poitrine. Ça ne va pas à tout le monde, je crois, d'avoir une grosse poitrine. » Je suis toute maigre. Si j'avais une immense poitrine, ça ferait trop bizarre. Je préfère mes petits seins. Même si je les aime pas beaucoup, c'est toujours mieux que d'en avoir une immense. « Ça te va bien, à toi. » que je souffle ensuite. Parce que c'est vrai. Mais c'est parce qu'elle n'est pas aussi maigre que moi aussi. Je suis sûre que si elle avait ma poitrine, elle paraîtrait toute difforme. Elle est bien avec celle qu'elle a, c'est sûr.

Bon c'est vrai que j'abuse pas mal de raconter des conneries à Opaline. Mais c'est juste pour savoir si elle allait tomber dans le panneau ou quoi. Elle ne semble pas vraiment réagir, bon c'est pas grave. De toute façon je vais lui dire pas de panique. Bon c'est vrai que le coup de la crème c'est possible. J'en connais même qui se foutent des machins sur les seins. Certains qui s'en font greffer des nouveaux, tout est naturel chez moi. C'est comme ça. j'y peux rien en fait. Enfin si j'imagine que je pourrais me les faire réduire mais bon ce n'est pas comme si ça me dérangeait outre mesure. Peut être qu'un jour je le payerais ça me fera mal au dos tout ça, mais là pour le moment tout va bien dans le meilleur des mondes. « Je préfère garder ma poitrine. Ça ne va pas à tout le monde, je crois, d'avoir une grosse poitrine. » Je suis d'accord, du coup je hoche la tête. « Ça te va bien, à toi. » Je souris. « Merci. Je pense que tu es plus jolie comme ça qu'avec des seins comme les miens c'est sûr.  » Parce qu'elle est super jolie même si je ne suis pas sûre qu'elle s'en rende compte. J'en suis même certaine. « Je mets rien dessus, c'était pour te faire marcher. C'est naturel, j'suis née comme ça. Enfin non mais parce que ce serait bizarre d'avoir un bébé avec de gros nichons mais t'as compris le principe ? » J'espère. Je l'observe un moment dans le silence. « Comment tu fais pour endurer tout ça ?  » Je parle de son secret, sa vie. Comment elle fait ? Ça me dépasse assez en fait. Peut être que je mets les pieds dans le plat mais bon ça m'intrigue assez.

C'est dingue ce que les scientifiques peuvent inventer quand même. De la crème pour avoir une plus grosse poitrine. Je ne vois vraiment pas pourquoi il y a certaines femmes qui font de la chirurgie esthétique, du coup. C'est peut-être que ça ne marche pas sur tout le monde, la crème, je ne sais pas. Mais c'est vrai que ça lui va bien à Monroe. Et que ça ne m'irait pas à moi. Elle le dit elle-même. D'après que je suis plus jolie comme je suis. Ah. D'accord. Si elle le dit. Heureusement qu'elle reprend la parole, ça m'évite d'avoir à me demander ce que je dois lui répondre. Là, elle avoue que c'est juste une connerie. Qu'elle est juste née comme ça. Ah. Donc elle s'est un peu foutue de moi, en fait. C'est... pas très gentil, ça. Je la regarde pendant quelques secondes, le temps d'intégrer ces informations. Elle est juste née avec. Pas dès sa naissance, je me doute bien. Ça aurait été bête que sa poitrine soit plus grosse qu'elle, à sa naissance. J'acquiesce. Oui, oui, j'ai compris. C'est la nature. C'est comme ça qu'elle est faite, Monroe. Dame Nature l'aime bien, c'est tout. Mais elle ne peut pas aimer tout le monde, celle-là.  Je ne vise personne en pensant ça. Oui. Bon. Je regarde Monroe quand je vois qu'elle fait pareil avec moi. Je finis par détourner le regard. Parce que c'est bizarre de se regarder comme ça. Et elle me pose une question. Comment je fais pour endurer tout ça. Tout... quoi ? Naïvement, j'ai envie de croire qu'elle parle de ma poitrine. Mais non, bien sûr. Je crois savoir de quoi elle veut parler. Je suppose que c'est de ça. De ma vie. Je ne vois pas ce que je pourrais endurer d'autre, en même temps. Du moins, dans la liste de choses qu'ils savent, ici, dans ce jeu. « J'ai appris à vivre avec. » Disons plutôt que je n'ai pas eu le choix. On ne me l'a pas laissé, le choix. On s'en fiche, de ce que je veux, de ce que je pense. Certains pensent peut-être que j'accepte ce qui m'arrive. C'est peut-être vrai. Mais je crois qu'ils ne peuvent pas comprendre comment les choses se sont passées, comment elles se passent. Je n'ai pas trop envie d'en parler. C'est pour ça que je cherche une autre question à lui poser. « Du coup, toi, tu portes quoi comme sous-vêtements ? » D'accord, c'est une question con mais ça m'intrigue quand même. Parce que moi, je porte des trucs légers, qui ne servent quasiment à rien. Mais elle, elle doit avoir besoin d'un sacré maintien si elle ne veut pas se retrouver avec la poitrine sur les genoux dans cinquante ans, non ? Oui, je vais arrêter de m'intéresser autant à sa poitrine, promis.