Mes enfants me manquent. Je le dis que rarement, voir jamais, parce que je n'ai pas envie de passer auprès d'un homme faible. Je n'ai pas envie que l'on me dise que si ils me manquent tant, me suffit de faire mes valises et de rentrer chez moi pour serrer mes petits dans mes bras. Je le dis rarement, ce qui ne veut pas dire que je n'y pense pas très souvent. Pour être honnête, ils occupent énormément de mes pensées. Je me demande comment ils vont, ce qu'ils font, ce qu'ils apprennent... Des tas de choses qui ont leurs importance quand on est papa. Et j'y pense d'autant plus que je me trouve sur un terrain de jeu. Soit un terrain pour les enfants. Un terrain où mes enfants adoreraient venir jouer. A un détail près, celui-ci est adapté à une taille d'adulte et non d'enfant. Je me suis simplement assis sur une balançoire, je ne fais aucun mouvement. Mon regard se perd un peu plus dans le vide à chaque seconde, jusqu'à ce qu'une silhouette se dessine devant moi. Cette silhouette grandit au fur et à mesure qu'elle se rapproche. Elle se dessine très clairement sous les traits d'Ismène et je me dois de reprendre mes esprits rapidement. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres, je chasse rapidement mes pensées afin de ne pas avoir l'air trop déprimé. Non, je ne veux pas. Surtout pas devant Ismène qui semble respirer la joie de vivre. « Ismène, quel bon vent t'amène ? Comment tu vas ? » M'empressais-je alors que je me levais de la balançoire sur laquelle je me trouvais. « Tu peux t'asseoir si tu veux ... »  et je lui désignais alors le siège de balançoire que je venais de quitter.

Ismène est à la ramasse, oui. Elle dépasse le jardin botanique et elle remarque la présence d'un immense terrain de jeu qu'elle n'avait jamais vu jusqu'ici. Oui, c'est une découverte pour elle qui croyait avoir tout vu des studios et du nid de Cupidon, mais il faut croire que non. Qu'elle n'a pas toujours ouvert ces yeux et que cet endroit est une découvert magnifique en milieu de parcours. Un sourire se dessine sur ses lèvres, bah oui, c'est quand même merveilleux. Ce n'est pas exagéré pour elle : c'est merveilleux de voir ce genre de jeu, normalement adressés aux enfants, en version géante pour eux, adultes. Si on part du principe qu'elle à vingt-six ans maintenant et qu'elle est adulte à tout les niveaux (parce que mentalement parfois, on se demanderait). Elle passe à côté du tourniquet, qu'elle se souvient d'avoir souvent joué. Elle continue de marcher et elle voit au loin une balançoire. Enfin, avant de voir que c'est une balançoire, elle voit Charles-Emmanuel. Assis sur la balançoire. Elle lui fait un petit signe, tout en s'approchant de lui. Evidemment, elle a toujours ce soucis de ne pas vouloir déranger, mais il ne semble pas embêter de la voire arriver. Ca la soulage. Au contraire, il sourit et lui demande quel bon vent l'amenait ici. Elle lui adresse un beau sourire, alors qu'il se lève de sa place. « Oh ! T'as fais une jolie rime ! 'Imène, quel bon vent t'amène'... » Elle rit, alors qu'on s'en fichait sérieusement de cette rime. Elle répond en haussant les épaules : « Ca va ! Tout va bien, mais, oh non garde ta place... » Qu'elle lui répond en secouant lentement ses mains devant elle, quand il lui dit qu'elle peut s'asseoir à sa place si elle voulait. Mais il est déjà debout. Du coup s'approche en sautillant. « Bon d'accord, mais si je suis certaine que tu veuilles bien me pousser... ! » Qu'elle lui demande, avec un large sourire. Oui, être sur une balançoire, mais ne pas se balancer... Pourtant avant elle le regarde un peu, avec une petite moue : « Au fait... Pourquoi tu es ici tout seul ? C'est pas terrible de jouer tout seul alors, ça va pas ? » Qu'elle demande, soudainement inquiète. Elle ne peut pas savoir quelqu'un malheureux ici, alors, elle est là pour le consoler si, comme elle le pense, son isolement est dû à un malheur.

Ismène rit de sa rime, mais c'est vrai qu'elle est jolie. Même s'il ne l'avait pas fait exprès, il fallait le souligner et la jeune fille n'hésite pas ! Elle le fait sourire, voire même rire, c'est plus important. Elle aime bien ça, c'est son moteur alors ça va... Elle accepte, après un petit moment de s'asseoir sur la balançoire à la seule condition qu'il la pousse. Ouai, elle aime bien aller super haut et c'est pas toute seule qu'elle peut y arriver. Du coup elle s'assois à sa place et le laisse faire. Elle, elle se place bien et elle tient bien les cordes pour ne pas tomber. Il lui dit qu'il ne pourrait pas refuser, alors elle sourit, contente. Il lui demande aussi si elle n'a pas peur de la hauteur. Elle bouge sa tête de droite à gauche « Non j'ai pas peur ! » Qu'elle lui dit, en tournant doucement sa tête un peu vers lui, mais pas trop. Il la pousse quand même. Elle ajoute, un brun un peu plus amusée encore : « Je vais voler ! Je vais faire comme l'oiseau ! Youpiii ! » Elle exagère un peu elle aussi, mais c'est pour rire. Elle lève un peu les bras, mais pas trop longtemps de peur de tomber. Elle rigole. Il ne lui faut peu pour s'amuser et une simple balançoire fait totalement l'affaire. Et puis finalement elle lui demande comment il va. Non pas parce qu'il était forcément seul, comme elle le lui disait, mais aussi parce que, quand elle est arrivée, il ne semblait pas dans son assiette. Un peu renfermé sur lui-même. Elle s'inquiète, évidemment, alors certes elle ne connaît pas encore bien Charles, mais ce n'est pas une raison pour l'ignorer. Il lui dit alors penser à ses enfants en étant ici, qu'il se rend compte qu'il est en manque d'eux en fait. « Oh... » Qu'elle lâche, avec une petite moue triste. Elle sait ce que c'est que d'avoir sa famille qui lui manque, mais des enfants non. Ca doit être plus fort quand même. Un manque plus douloureux, du coup elle ne sait pas quoi lui répondre. « Oh tes enfants... Ils doivent être fiers d'avoir un papa à la télé... ! » Lâche-t-elle ne sachant trop quoi dire sur le coup, alors qu'il est en train de la pousser. « Ils ont quel âge ? » Lui demande-t-elle, en se penchant un peu. Elle laisse parfois échapper un léger cris ou rire quand elle sent qu'elle va un peu plus haut qu'avant, même si pour l'instant, elle est encore près du sol. « Ca te dérange peut-être d'en parler, justement, de tes enfants... ? »

Ayant accepté de pousser Ismène sur la balançoire que je lui ai cédé, je lui demande, afin de mesurer ma force au besoin, si elle n'a pas trop peur de la hauteur. Ce serait étonnant pour uen jeune femme de son âge mais vraiment pas impossible alors je préfère être prévoyant avant de l'envoyer aussi haut que les nuages. Non, je n'exagère pas du tout la hauteur, non non. « Non j'ai pas peur ! » Je n'ai donc pas à limiter ma force. Enfin si, quand même, je ne voudrais quand même pas la faire tomber et casser la balançoire, d'ailleurs je préfère commencer à la balancer en toute délicatesse. Doucement mais surement comme on dit. « Je vais voler ! Je vais faire comme l'oiseau ! Youpiii ! » Ismène se prête au jeu, avec -presque- la même naïveté qu'une enfant. Dans un sens, c'est beau à voir. Oui, moi je trouve ça beau de voir quelqu'un qui sourit de cette façon à la vie. D'une façon constante. Quelqu'un qui s'amuse sans se prendre la tête. J'aime bien sa façon de voir la vie. J'aime beaucoup. Je pense que c'est le genre de personne qui peut nous faire oublier nos ennuies et ça tombe bien, en ce moment, j'en ai un peu des ennuies. Lui faisant suffisamment confiance pour lui -ce qui est bizarre puisque je la connais que très peu- je décide de lui avouer ce que j'ai sur le coeur. Mon soucis à moi n'en est pas tellement un. Enfin si, c'est le manque. Le manque de trois personnes. Mes enfants. Paul, Louise et David, leurs prénoms résonnent sans arrêt dans ma tête et j'aimerais vraiment avoir de leurs nouvelles. Malheureusement, on sait que ça n'est pas possible dans un endroit comme celui-ci, alors courageusement, je prends sur moi.« Oh tes enfants... Ils doivent être fiers d'avoir un papa à la télé... ! » Ayant commencé à la balancer, je continue doucement les mouvements mais ceux-ci sont plus léger et plus petits que ceux que je lui avais promis afin de permettre à cette discussion d'avoir lieu.« Oui, je suppose... Je sais pas trop.  J'espère en tout cas. » Je ne voudrais absolument pas leur faire honte, alors oui, j'espère qu'ils sont fiers de dire que je suis leur papa. « Ils ont quel âge ? » J'allais directement lui répondre mais Ismène reprend la parole et je ne souhaite pas la lui couper. C'est mal poli et ça ne me ressemble aucunement. « Ca te dérange peut-être d'en parler, justement, de tes enfants... ? » Un simple mouvement de tête peut lui faire comprendre que non, ça ne me gêne pas. Mais celle-ci me tournant le dos, elle ne doit pas l'avoir repéré, alors je décide de prendre la parole. « Au contraire ... J'adore parler d'eux. Le plus grand a dix ans déjà et les jumeaux ont six ans. T'aimerais en avoir toi, des enfants ? »