/w Odessa.

Je regarde les vagues, l'horizon marin. Ce paysage est décidément toujours aussi délicieux ... Mais ce n'est pas pour cela que je suis ici. Pas aujourd'hui, en tous les cas. Vous la voyez, la rousse, étalée sur son transat', là bas ? C'est elle que je suis venu chercher. Je suis venu la chercher parce que ... Parce qu'elle me manque, je crois. On avait pas vraiment eu l'occasion de se reparler depuis la révélation, en fait, et je devais avouer que j'avais peur qu'elle ne me rejette, là, ce soir. C'est donc avec prudence que je me suis dirigé vers elle. L'une des filles m'avait dit qu'elles l'avaient vue sur la plage, et, heureusement pour moi, elles ne m'avaient pas menti.

- Un peu tard pour venir ici, tu ne crois pas ? lui demandais-je alors, avant de m'assoir près d'elle.

- Je ... je peux ?

Ses cheveux sont plus sombres, avec la lumière de la nuit ... Mais elle n'en perd pas en beauté pour autant, bien au contraire. J'espérais sincèrement ne pas avoir foutu en l'air toutes mes chances avec elle, avec cette histoire de traitres ... Surtout qu'à elle, j'avais toujours été sincère, d'après mes souvenirs.

Je suis malade, depuis samedi soir. Complètement malade. Je ne sais pas pourquoi en plus, j'ai certainement dû manger un truc pas très frais ce qui ne serait pas tellement étonnant vu le frigo et la manière dont il est rangé et approvisionné. Résultat, dès la veille du prime, je sentais que ça n'allait pas le faire et j'avais eu raison. Le réveil aura été tellement difficile que j'avais finalement décidée de rester au lit, qu'elles qu'en soient les conséquences. Après tout, c'était tout de même mieux que de me rendre au prime et de devoir m'éclipser toutes les trente secondes tout en obligeant un candidat à me supporter. Puis la journée aidant, j'ai réussi à reprendre du poil de la bête et en début de soirée, j'étais venue m'allonger sur la plage, avec un couverture au cas où les températures deviendraient plus fraîches et finalement, je m'étais assoupie, me réveillant en pleine nuit noire. Je restais donc là, un instant et c'est alors que je remarque qu'on se rapproche de moi. Puis une voix se fait entendre, une voix que je reconnais très rapidement. Cosmas. Depuis sa révélation, nous n'avions pas parlé. J'étais en colère, déçue et c'était un peu... idiot. Je le sais, j'en suis tout à fait consciente et je m'en veux un peu. Peut-être parce qu'il n'y est pour rien, en effet et aussi peut-être parce que cette semaine, je suis à mon tour montrée du doigt. Par contre, s'il y a bien quelque chose qui me rassure, en un sens et assez étrangement, c'est qu'en étant traître, il connaît mon secret et je n'ai donc plus à avoir cette appréhension sur sa réaction, au moment où il l'aurait su. Le sentant s'asseoir à mes côtés, je me tourne alors légèrement dans sa direction et je hausse les épaules. Il est tard, certainement oui mais je n'ai pas l'heure alors.... voilà. Puis il me demande la permission de rester. « Oui, tu peux... » Ma voix est assez faible, je ne sais pas trop pourquoi en fait. Je ne sais pas tellement quoi dire d'autre non plus et puis finalement, je décide de crever l'abcès. « Je suis désolée, je n'aurais pas du réagir comme ça, c'est juste que... sur le moment tu sais... je l'ai mal pris mais c'était... stupide. » Ça au moins, ça sera fait. Et puis, mine de rien, il me manque un peu...

Elle semble hésitante, quand elle me parle ... Sa voix meurt à la fin de sa phrase, en fait, et j'en hésite presque à me relever brusquement de peur de la déranger, et de repartir de là où je venais ... Mais non. Elle m'avait dit que je pouvais le faire, et je le ferais. On reste là, un instant, à regarder la "mer", et l'envie de lui prendre la main est forte ... Mais je résiste, parce que je ne veux pas commettre d'erreur. J'en avais assez fait, comme ça, après tout, des erreurs ... Et je m'étais dit de ne plus en faire à présent. Je me répète, là, je crois. Cela devrait donc vous montrer à quel point je le pense. Je la regarde, doucement ... Attentivement. Mes yeux caressent son visage de loin. J'attends qu'elle, elle parle, en fait. J'attends qu'elle me dise ... Quelque chose. Ou que le silence nous noie à tout jamais. Elle s'exprime, alors, et mes yeux s'agrandissent. Elle ... s'excuse. Je suis surpris, là, pour le coup ; sur le cul, même. Je la regarde, un peu attendri, la gorge sèche. Je ne sais pas trop quoi lui répondre, moi ...

- Je ... C'est à moi de m'excuser. je me mets cependant à affirmer, malgré moi. Mais ... Je veux que tu saches que chaque mot que j'ai pu te dire était pensé. Je me demande pourquoi il m'est important de préciser cela ... Mais c'est trop tard, de toutes façons. Mes doigts s'autorisent alors à tenter de caresser les siens, doucement.

- Il parait que tu vas pas très bien, en ce moment. j'ajoute finalement.

Je me sens bête, vraiment bête d'en avoir voulu à Cosmas comme je l'ai fait, de l'avoir évité alors que j'aurais du au contraire le soutenir. Des tas de gens ont du avoir des réactions étranges et mauvaises à la révélation de son secret et si ce genre de choses de la part d'inconnus est désagréable, de la part d'amis, ou plus, c'est blessant. En plus de ça, suite à toute cette histoire, certaines paroles de Cosmas ont pris un autre sens. Il a du me protéger, peut-être, il me l'avait dit, que je ne risquais rien avec lui, pas comme d'autres et si je pensais qu'il parlait du jeu en général, ou du fait qu'il n'allait pas me laisser tomber pour une autre, ou un autre, sait-on jamais, je n'avais pas pensé au fait qu'il puisse parler de ses histoires de traître. Alors je m'excuse, c'est plus fort que moi et surtout, ça meuble un peu ce silence qui me met la pression. La tension est palpable entre nous, je le sens et alors que je termine de parler, il prend la parole à son tour, pour s'excuser et je souris légèrement. « Merci... alors. » Je dois le remercier non ? De m'avoir protégée ? Je n'en suis pas sûre, je suis un peu perdue par tout ça. Je sens alors ses doigts caresser les miens et je suis rassurée. Rassurée qu'il ait été sincère avec moi et que les choses commencent à reprendre leur cours habituel. Il me questionne ensuite, en quelque sorte et je hausse les épaules. « J'ai juste du manger un truc pas très frais hier et j'étais mal ce matin mais rien de grave. » A moins qu'il parlait d'autre chose, je ne sais pas. Et puis c'est alors qu'un détail me revient en mémoire... « Ça veut dire que... tu connais mon secret alors ? » Et donc qu'il sait quand je mens, quand je cache des choses et... je me sens assez honteuse. Je n'imagine même pas sa réaction quand il m'entendait et qu'il savait que tout était faux. C'est... déroutant.

Si Odessa m'avait tourné le dos, ces derniers temps, j'avais fait en sorte de ne pas trop me laisser affecter par sa réaction. Je me doutais bien que personne ne pourrait me "pardonner" le fait d'être un traitre. C'était stupide, quelque part, vu que c'était un secret comme un autre ... Mais c'était une réaction logique et facile à anticiper. Toujours est-il qu'elle s'excuse, et, pour moi, c'est ça, l'essentiel. Je m'excuse à mon tour ; j'aurais eu envie de lui en parler, moi, vraiment ... Mais je n'en avais pas eu le droit, évidemment. Elle me remercie, et je lui souris, faiblement. Je marche sur des champs de mines, là, parce que je ne sais pas vraiment, voire, même, pas du tout, quoi dire ... Le sujet change, je préfère ça, d'ailleurs. Elle m'avoue ne pas avoir mangé quelque chose de très frais, et, souriant, je plaisante un peu :

- La seule semaine où tu ne manges pas mes petits plats tu tombes malade ... Je crois que ça veut dire quelque chose. Je me mets à serrer sa main un peu, dans la mienne, comme par peur qu'elle disparaisse, et je souris doucement lorsqu'elle me demande si je connaissais déjà son secret. Je ne réponds pas, pour autant. Je me contente de sourire, pensant que ça lui suffirait. Elle m'amusait, avec ces histoires, d'ailleurs. C'était probablement pour cela qu'elle me plaisait autant, à moi.

- Je n'en pense pas moins de toi pour autant. soufflais-je alors faiblement, en toute sincérité.